Camille Claudel. La Rencontre avec Alfred Boucher, instrument de son destin
[...]La jeune artiste répand dans l'atelier de Rodin les bienfaits, de son intelligence nette, de sa volonté rapide, de son souci de l'ordre, de son honnête et profonde sincérité. J'ai dit que Mademoiselle Camille Claudel était l'élève de Rodin : il serait plus conforme à la vérité de dire qu'elle devint sa collaboratrice clairvoyante et sagace. Rodin, qui a tout de suite reconnu en elle la future grande artiste, ne la considère que comme telle. Sans doute, il lui communique tout ce qu'il peut lui communiquer de sa grande expérience. Mais il la consulte elle-même sur toute chose. (...) (p. 276)
Morhardt (son premier biographe), 1898
Le métier [de sculpteur ] s'apprend auprès d'un maître qui conseille, corrige, guide, et dont le patronage est très utile dans l'organisation très hiérarchisée du milieu de l'art, notamment pour accéder au Salon annuel. A ses débuts, Camille Claudel est entourée de trois maîtres d'orientations artistiques différentes : Alfred Boucher, second prix de Rome et prix du salon de 1881, Paul Dubois, directeur de l'Ecole des beaux-arts, chef de file des néo-florentins, et Auguste Rodin, artiste naturaliste et indépendant qui commence à se faire connaître et en même temps suscite la polémique. (p. 19)
Le Musée Camille Claudel n'est donc pas une création ex-nihilo. Il s'inscrit dans la continuité de l'histoire commencée en 1902, d'un musée consacré à la sculpture autour d'un noyau d'oeuvres d'artistes ayant, à un moment de leur vie, entre 1830 et 1880, vécu à Nogent-sur-Seine. Si Camille Claudel, l'artiste qui donne son titre distinctif à l'établissement, n'y a résidé que trois ans, cette petite ville de l'Aube est son "lieu de naissance artistique". La fillette de 12 ans y modèle ses premières esquisses qu'Alfred Boucher découvre à l'occasion d'une visite à ses parents. Constatant le talent précoce de la jeune Camille, il va jouer un rôle clef dans sa destinée. Il accompagne ses débuts, la conseille et la met en relation avec Rodin en 1882. (p. 15)
Bruno Gaudichon ["Camille Claudel en musée de connaissance" ], p.15
Au temps de Camille Claudel--La Représentation des travailleurs
C'est tardivement dans le siècle que la sculpture française se décide à aborder les sujets ouvriers et paysans sous langle du réalisme. A partir des années 1880 progresse l'idée que cette sculpture qui adresse un discours politique au public le plus large, doit recourir, pour convaincre, à un langage direct, simple, dégagé des vieilles formules classiques. -La Paysanne reprisant- de Nivet en offre un bel exemple. Mais c'est Paul Richer, médecin et sculpteur, auteur de nombreuses publications, qui présente à l'Exposition universelle de 1900 un archétype du réalisme scientifique le plus parfait avec son -Bûcheron de la forêt de Londe- en grès grandeur nature. (p. 155)
Et il ne faut pas oublier que l'un des plus grands statuaires de notre temps, qu'on peut citer auprès de Rodin, est une femme, l'admirable auteur de l'Implorante, de la Valse, de Persée, des Bavardes : Mme Camille Claudel.
Morhardt (son premier biographe), 1898