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Hypokhâgne, khâgne, une licence d'histoire, un diplôme à l'institut d'études politiques de Paris, voilà le brillant parcours d'Arnaud Delalande. Mais c'est surtout à son imagination fertile et à ses divers talents auxquels nous allons nous intéresser. Repéré par la célèbre éditrice Françoise Verny, Arnaud Delalande publie son premier roman en 1998, « Notre Dame sous la terre », un thriller ésotérique qui connait un joli succès et reçoit plusieurs prix. C'est dans cette veine du roman noir historique qu'il va publier plusieurs titres dont « La musique des morts » ou encore « le piège de Dante » dans la Venise du XVIIIème siècle et « Les fables de sang » avec un tueur en série semant la terreur dans les jardins de Versailles sous le règne de Louis XVI et Marie-Antoinette. Ces deux titres entamant la saga de « L'orchidée noire » avec un héros récurrent, Pietro Viravolta, fine lame et espion discret, sorte de James Bond du XVIIIème siècle. On citera aussi le très remarqué « Piège de Lovecraft », thriller fantastique paru en 2015 qui reçoit le prix du roman fantastique francophone.
Mais Arnaud Delalande est un touche à tout. Outre ces romans alliant habilement le l'intrigue policière et la saga historique, il est aussi un scénariste réputé dont le nom apparaît aussi bien sur des génériques de films que sur des couvertures de bandes dessinées. Il participe notamment au film d'animation d'Antoon Krings, « Drôles de petites bêtes » sorti en 2017. Quant à la bd, c'est avant tout sur des scenari d'intrigues historiques qu'on le sollicite. « La jeunesse de Staline », « Aliénor la légende noire » ou « Catherine de Medicis, la reine maudite » permettent de porter un autre regard sur ces personnages du passé.
L'actualité d'Arnaud Delalande est double justement. Il vient de publier chez Glénat cette bande dessinée, « Notre Dame de Paris, la nuit de feu » qui raconte minute par minute l'incendie du 15 avril 2019 mais revient aussi sur la grande histoire de la cathédrale au fil des siècles.
Et dans un tout autre registre, le nouveau polar d'Arnaud Delalande est aussi une réussite. Sur les traces d'une jeune femme flic cherchant à oublier une enfance chaotique, nous voilà embarqués au coeur des montagnes enneigées des Alpes, dans un établissement hospitalier où les patients sont traités pour leur perte de mémoire. Dans cet univers oppressant, un suicide a eu lieu devant huit témoins. Mais aucun d'eux ne s'en souvient. Et notre jeune femme flic s'aperçoit bien vite que ce suicide est un crime déguisé.
Une écriture alerte, une intrigue bien ficelée, une réflexion sur la mémoire et le passé et au final, un roman qui se dévore de la première à la dernière page.
« Memory » d'Arnaud Delalande est publié aux éditions du Cherche-midi.
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Je ne nie pas les dévouements que suscitent les détresses, mais nous n'aimons pas notre prochain comme nous-mêmes, ou plutôt nous nous aimons si peu, si mal.
Avec Dieu, l'homme peut se dépasser, atteindre sa transcendance, vaincre la souffrance et la mort.
Staline... aujourd'hui encore, malgré l'horreur que m'inspirent ses crimes, une part de moi-même ne peut s'empêcher de l'associer à la revanche et à l'espoir de ce temps-là : Stalingrad.
806 - [p. 20]

Ce titre marque la pauvreté d’une démarche sans cesse remise en cause par moi-même.
Je ne cesse de rencontrer Dieu pour le renier aussitôt. Je le questionne sans relâche et n’écoute pas sa réponse.« L’Église ne m’offre ni famille ni réconfort.
Si l’Église catholique reste enfermée dans ses certitudes et ses structures, elle ne répondra pas aux aspirations de ce temps.
Cette Église, que je fréquente sans passion et considère avec méfiance, me donne cependant l’espérance : je ne sais pourquoi ni comment, moi dont la foi vacille sans cesse, je crois résolument à la communion des saints, au lien des hommes dans le temps et hors le temps.
J’ai écrit ces confessions dans la fièvre, brûlant de les terminer pour en connaître le dénouement. Énigme policière : allais-je rencontrer ce Dieu qui me hante ? Je ne cherchais pas une certitude impossible, j’aspirais à la lumière. J’ai mené l’enquête honnêtement – sans masquer mes fautes ni mes défaillances -, cédant souvent au doute : sur la voie de l’ineffable, me suis-je laissé entraîner par les mots ? Ce livre avait-il un sens ? Pendant 63 ans, je suis restée dans le flou. Je passais pour croyante mais nul ne songeait à m’interroger, à exiger une explication. Situation confortable. En m’exprimant publiquement, je m’expose à la critique, et pire encore, je devrai répondre aux questions, à l’attente des autres…moi qui déteste aborder l’essentiel. (…) Je ne regrette cependant pas le chemin parcouru depuis un an : en me réveillant, je me suis condamnée à persévérer. Je n’ai rédigé que le début de mon histoire. Elle commence à peine et je m’en réjouis : j’aime les découvertes.
On ne peut déterminer le profil idéal de l'éditeur. Le métier relève du savoir-faire artisanal, dans le choix des sujets, des couvertures, dans le travail
avec l'auteur...et il fait appel aux techniques modernes de gestion. Le livre est à la fois création et produit. Encore faut-il ne pas s'en tenir au court terme. (p. 327)
Il faut défendre les opprimés, hommes et femmes, et non isoler la cause de ces dernières: je ne me sens, je ne me veux pas femme d'abord. Puritaine comme les communistes de l'époque, je méconnais toutes les questions relatives au sexe. Comme eux, je n'envisage que des inégalités économiques et politiques. (p. 42)
Je ne pense pas que le spectacle remplace la lecture qui, seule, éveille l’esprit à la liberté d’interprétation. Mais il crée du plaisir et il peut faire naître des envies. Si l’image se révèle incapable de suivre la démarche intérieure d’un écrivain, si elle ne restitue pas la beauté d’un style, elle donne cependant vie à des personnages de papier, à un monde de papier et elle peut provoquer une curiosité.
Je ne crois pas en la disparition du talent, je pense que nous sommes incapables de le discerner chez nos contemporains parce que leur œuvre n’est pas achevée, parce que le succès occulte notre jugement, comme auparavant : Paul Bourget occultait déjà Marcel Proust.
Le livre facile à manier et à transporter est un outil unique de liberté et de mémorisation. Il ouvre la voie à l’imaginaire de chacun.
Rien ne me passionne plus que l'étrange relation de l'homme avec Dieu.