Nouvelle chronique Lettres it be en vidéo, cette fois pour Fin de partie de Frank Brady publié chez Aux forges de Vulcain.
Une biographie passionnée et passionnante par un intime de l'immense joueur d'échecs américain, Bobby Fischer. de ses premiers exploits à sa fin de vie islandaise au bord de la paranoïa, Frank Brady retrace l'existence d'un homme hors du commun avec une plume vivante et agréablement rythmée.
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D'abord, enfant, il y avait eu le judaïsme, dont il ne s'était jamais vraiment senti partie intégrante; puis le fondamentalisme protestant, jusqu'à ce qu'il ne passe plus confiance aux dirigeants de la Worldwide Church of God. L'antisémitisme avait été une quasi-religion - en tout cas une profonde conviction - qu'il n'avait jamais abandonnée. A un moment, il fut athée, mais ça ne dura pas. Il était intrigué par la secte de Rajneesh plus que par les pratiques du gourou. Et pour finir, à la fin de sa vie, il entreprit d'exploiter le catholicisme.
Affronter Bobby était comme lire la poésie de Robert Frost ou prendre un long bain chaud : on se sentait toujours mieux après. Peut-être apprenait-on quelque chose, ou peut-être que la concentration que cela exigeait se révélait apaisante, même si on perdait la plupart des parties. Souvent, les joueurs souriaient en concédant leurs défaites, admiratifs devant son génie.
Henry Stockhold, un joueur d'échecs qui couvrait le match pour Associated Press, accompagna un soir Bobby dans un bordel et l'attendit dehors. Quand Bobby en ressortit une heure après, Stockhold lui demanda si ça lui avait plu. Sa réponse, qu'il a souvent répété par la suite, est régulièrement citée : "Je préfère les échecs."
"Je suis à présent de bonne humeur et je mange bien. (Comme) dans Alice au pays des merveilles. Vous vous rappelez ? La Reine Rouge pleure avant d'avoir une poussière dans l'oeil. Moi, je suis de bonne humeur avant d'avoir gagné toutes mes parties."
La guerre froide - sous une forme certes insolite - se jouerait non pas sur un champ de bataille ou à la table des négociations, mais dans un combat de l'intelligence et de l'esprit qui impliquait trente-deux drôles de pièces.
Après ces dix minutes de conversation, Bobby annonça qu'il jouerait "quoi qu'il arrive" et que les intérêts de son pays étaient plus importants que ls siens. Dès lors, il ne se considérait plus comme un joueur d'échecs, mais comme un soldat de la guerre froide prêt à défendre son pays.
Après des mois de négociations, Slater, épaulé par Kissinger, avait réussi l'impossible. Qu'est-ce qui avait poussé Bobby - vers l'Islande, en l'occurrence ? Trois éléments, semble-t-il : l'orgueil, l'argent et le patriotisme.
"Je suis vraiment un perdant au jeu de la vie" : c'est peut-être le commentaire le plus lucide et poignant fait par Bobby, à Zita ou n'importe qui d'autre.
Bobby était assez lucide pour savoir qu'à force de proclamer à l'antenne que les Etats-Unis étaient une "saleté de pays criminel", qu'il fallait un nouvel Holocauste pour les Juifs et qu'il souhaitait la "mort du Président", il augmentait de beaucoup le risque de se faire arrêter. Comme il ne se passait rien, il se sentait invulnérable et continuait à voyager sans se cacher.
He died there, peacefully, on January 17. Like the number of squares on a chessboard - an irony that nethertheless cannot be pressed too far - he was sixty-four.