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Citations de Frans de Waal (128)


Le pardon n'est pas, comme certains semblent le croire, une idée mystérieuse et sublime que nous devons à quelques millénaires de judéo-christianisme. Il n'est pas apparu dans l'esprit des êtres humains et aucune idéologie ni aucune religion ne peut donc se l'approprier. Le fait que les singes, les grands singes et les hommes ont tous des comportements de réconciliation signifie que le pardon a probablement plus de trente millions d'années, et qu'il est antérieur à la séparation intervenue dans l'évolution des primates.
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On maintient les visiteurs du zoo à une certaine distance, pour les empêcher de provoquer les anthropoïdes par leurs cris, l'apport de nourriture ou l'imitation. Contrairement à l'opinion générale, l'homme imite le grand singe plus souvent que l'inverse. La vue des grands singes induit chez les gens un besoin irrésistible de sautiller, de se gratter exagérément et de brailler, ce qui doit conduire les primates à se demander comment cette espèce si intelligente par ailleurs en est venue à dépendre de moyens de communication aussi frustes.
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Darwin décrit son face à face, avec Jenny, une orang -outan, dans une lettre:
"Le gardien lui a montré une pomme, mais il refusait de la donner, si bien qu'elle s'est jetée à terre en donnant des coups de pied et en pleurnichant, comme un enfant gâté. Elle a eu l'air de bouder, et après 2 ou 3 accès de colère, le gardien lui a dit:
Jenny, si tu arrêtes de hurler et si tu es sage, je te donnerai la pomme.
Elle a parfaitement compris chaque mot et elle a eu du mal à arrêter de gémir, comme un enfant. Mais, elle a fini par y arriver et elle a obtenu la pomme, aussitôt elle a bondi dans un fauteuil pour commencer à la manger, affichant un ait satisfait inimaginable."
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Darwin se demandait si la morale ne découlait pas en droite ligne des instincts sociaux des animaux.
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La différence fondamentale entre nos deux plus proches cousins est que l'un résoud les problèmes de sexe grâce au pouvoir, tandis que l'autre résoud les problèmes de pouvoir grâce au sexe.
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Dans les années 1970, les animaux étaient des créatures dignes de Hobbes: violentes, sans cesse en rivalité, égoïstes, jamais sincèrement bonnes. Mettre l’accent sur l’idée qu’ils puissent faire la paix n’avait aucun sens. En outre, l’expression sous-entendait la présence d’émotions, ce qui était mal vu. [...] Plusieurs décennies ont passé, des centaines d’études ont été publiées, aujourd’hui nous savons que la réconciliation est un phénomène répandu parmi les mammifères sociaux, des rats aux dauphins, en passant par les loups et les éléphants, même parmi les oiseaux. C’est un comportement qui vise à restaurer les relations, à tel point que, si l’on découvrait que tel animal social ne se réconciliait pas après un conflit, on serait surpris. On aurait du mal à comprendre comment il maintient la cohésion de sa société.
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Pourquoi tous les politiciens convoitent-ils un poste élevé, si ce n'est en vertu de la soif de pouvoir propre à tous les primates ? (...) Nous sommes des animaux. Je ne pense pas que notre espèce soit très différente des autres mammifères sur le plan des émotions. J'aurais même du mal à isoler des émotions exclusivement humaines.
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Chez les hommes, les mensonges collectifs sont un moyen familier pour sauver la face. Colin Turnbull a décrit un magnifique exemple chez les pygmées Bambutti du Congo. Chez ces hommes de la forêt, ce sont toujours les femmes qui construisent les huttes, ce qui leur permet de montrer leurs désaccords au cours de disputes conjugales en démolissant une partie de la maison. Habituellement, le mari laisse tomber lorsqu'une dispute atteint ce niveau. Une fois, cependant, un homme particulièrement obstiné n'a pas arrêté sa femme et a même fait remarquer à tout le campement qu'elle allait avoir terriblement froid cette nuit-là. Pour éviter la honte, la femme devait continuer sa destruction. Lentement elle a commencé à retirer les bâtons qui formaient la charpente de la hutte. Elle était en larmes parce que, selon l'anthropologue, l'étape suivante devait l'amener à rassembler ses affaires et à retourner chez ses parents. L'homme avait l'air aussi malheureux. Il est clair que la situation commençait à leur échapper, et pour tout aggraver, le campement tout entier était sorti pour regarder. Soudain, le visage de l'homme s'est éclairé et il a dit à la femme qu'elle pouvait laisser les bâtons : seules les feuilles étaient sales. Elle l'a regardé d'un air intrigué, puis elle a compris. Ensemble, ils ont porté les feuilles jusqu'à la rivière et les ont lavées. Tous deux étaient de bien meilleure humeur lorsque la femme a remis les feuilles sur la hutte, et l'homme est parti chasser pour déjeuner. Selon Turnbull, bien que personne n'ait cru au mensonge que la femme ait retiré les feuilles parce qu'elles étaient sales, tout le monde avait joué le jeu. « Pendant plusieurs jours les femmes ont parlé poliment des insectes qui se trouvaient dans les feuilles de leurs huttes, et ont amené quelques feuilles à la rivière pour les laver, comme s'il s'agissait d'un précédé parfaitement normal. Je ne l'ai jamais vu faire avant ni depuis. »
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Frans de Waal
Les politiciens se présentent comme des serviteurs de l’État qui sont là pour relancer l'économie et améliorer le système éducatif. Mais, qui croit que c'est pour notre bien qu'ils acceptent de participer au jeu de dénigrement caractéristique de nos démocraties ? Voilà pourquoi je trouve réjouissant de travailler avec des chimpanzés : ce sont eux, les politiciens honnêtes dont on rêverait. On a beau les regarder se bousculer pour grimper, inutile d'aller chercher des motivations cachées ou de fausses promesses. Ce qu'ils veulent est là, sous nos yeux.
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Ce que nous observons, ce n’est pas la Nature en soi, mais la nature exposée à notre méthode d’investigation.

Werner Heisenberg.
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C'est ainsi que Greg étudie l'activation des zones de plaisir. Ses buts sont pour l'instant assez modestes : montrer que des processus cognitifs similaires chez les humains et chez les chiens engagent les mêmes aires cérébrales. Il est en train d'établir que lorsqu'il y a un aliment en perspective le noyau caudé s'active dans le cerveau du chien comme chez les hommes d'affaire qui anticipent un bonus financier. Des découvertes dans d'autres domaines confirment que les cerveaux de tous les mammifères fonctionnent fondamentalement de la même manière.
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Les neurosciences nous adressent deux messages fondamentaux sur l'empathie. Le premier est qu'il n'existe aucune frontière claire et nette entre émotion humaine et émotion animale. Le second est que l'empathie va de corps à corps. On enfonce une aiguille dans le bras de la femme et les centres de la douleur s'allument dans le cerveau du mari du simple fait qu'il regarde.
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Mon but était d’analyser les rivalités entre mâles pour des questions de rang, le rôle de médiation des femelles dominantes, comme Mama, et les différentes façons de surmonter les conflits. Pour y parvenir, il a fallu que je m’intéresse à la hiérarchie sociale et à l’exercice du pouvoir, des thèmes qui, à l’époque, étaient controversés. C’était les années 1970, l’heure de gloire du flower power. Nous étions jeunes, plus ou moins anarchistes, farouchement en faveur de la démocratie et méfiants vis-à-vis des autorités qui dirigeaient l’université (on les appelait « mandarins », comme les bureaucrates de la Chine impériale). La jalousie sexuelle était jugée dépassée, et toute espèce d’ambition, suspecte. Hélas pour moi, la colonie de chimpanzés que j’étudiais trahissait toutes ces tendances « réactionnaires » à la puissance 1000: goût du pouvoir, arrivisme et jalousie. […]
Premièrement, en tant qu’être humain, j’étais sidéré par les ressemblances avec nos cousins les plus proches. Je traversais la phase que connaît tout primatologue, celle du: « Si ça, c’est un animal, je suis quoi, moi? » Deuxièmement, je faisais partie d’une joyeuse bande de hippies, et je constatais chez les grands singes des comportements courants dénoncés par les gens de ma génération. Loin de leur permettre d’influencer mon regard sur les grands singes, j’ai commencé à avoir une vision plus juste de mes camarades. Au fond, cela revenait aux fondamentaux de l’observation: la reconnaissance des formes. Peu à peu, je découvrais les manœuvres cachées pour décrocher tel ou tel poste, les coalitions qui se forment, les intrigues pour obtenir des faveurs, l’opportunisme politique, et ce dans mon propre environnement. Je ne parle pas exclusivement de la génération qui précède la mienne. Les mouvements étudiants avaient leurs mâles alpha, leurs luttes de pouvoir, leurs groupies et leurs jalousies. Pire encore, plus nous étions proches, plus la jalousie sexuelle pointait sa tête hideuse. Mes recherches sur les grands singes me donnaient la distance idéale pour identifier ces tendances; pour qui se donnait la peine de les observer, elles étaient claires comme le jour. Les leaders ridiculisaient et isolaient tous ceux qui les menaçaient et piquaient les copines des autres, alors qu’ils prêchaient les bienfaits de l’égalitarisme et de la tolérance. Il y avait un hiatus énorme entre ce que ma génération, dans ses discours politiques enflammés, prétendait être, et son comportement réel. Nous étions complètement dans le déni !
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Une véritable observatrice des animaux ayant toujours l'esprit en alerte, l'éthologue britannique Nicky Clayton a fait une découverte majeure pendant sa pause déjeuner à l'université de Californie à Davis. Assise en terrasse, elle a vu des geais buissonniers s'envoler avec des restes volés sur les tables. Non contents de les cacher, ils les protégeaient contre les voleurs. Si un autre oiseau voyait où ils cachaient leur nourriture, celle-ci serait forcément chapardée. Clayton a remarqué que, une fois leurs rivaux hors de vue, nombre de geais revenaient enfouir leurs trésors ailleurs. [...] Confirmant le dicton "Il faut être un voleur pour comprendre un voleur", les geais semblent déduire de leur propre criminalité les mauvaises intentions des autres.
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Qui pense sérieusement que nos ancêtres n'avaient aucune norme sociale avant d'avoir une religion ? N'aidaient-ils jamais leurs semblables en difficulté, ne protestaient-ils jamais contre une injustice ? Les humains se sont forcément préoccupés du fonctionnement de leurs communautés bien avant la naissance des religions actuelles, qui ne datent que de deux ou trois millénaires. (p.11)
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Récemment, lorsque nous avons confronté nos chimpanzés à un problème de cacahuète flottante, une femelle nommée Liza l'a résolu immédiatement en ajoutant de l'eau dans le tube en plastique. Après avoir secoué et frappé le tube de quelques coups vigoureux et inefficaces, Liza s'en est soudain détourné pour aller au distributeur d'eau s'emplir la bouche, puis elle est revenue ajouter cette eau dans le tube. Elle a fait plusieurs voyages, jusqu'à ce que la cacahuète atteigne le bon niveau pour qu'elle puisse la prendre avec les doigts. (...) Ce problème était totalement neuf pour elle.
(...)
Notre expérience s'inspirait d'un test de la cacahuète flottante qui avait été effectué sur un grand nombre d'orangs-outans et de chimpanzés, et que certains avaient réussi du premier coup d’œil. C'est d'autant plus remarquable que - contrairement aux corbeaux - ces grands singes n'avaient reçu aucun entraînement préalable et n'avaient aucun outil à portée de main. Ils ont nécessairement compris l'efficacité de l'eau dans leur tête avant de se donner la peine d'aller la chercher. L'eau n'a même pas l'apparence d'un outil.

La difficulté de la tâche est devenue évidente lorsque nous l'avons proposée à des enfants : beaucoup n'ont jamais trouvé la solution. Seuls 58% des enfants de huit ans ont réussi, et 8% seulement des petits de quatre ans. La plupart tentent frénétiquement d'attraper la récompense avec les doigts, puis renoncent.
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Toutes les sociétés humaines distinguent entre le fait de tuer à l'intérieur de sa propre communauté, acte jugé et puni en tant que meurtre, et le fait de tuer des étrangers, acte souvent considéré comme un service rendu à la communauté.
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Irene Pepperberg a fait l'expérience de la gratification retardée avec Griffin, un de ses perroquets du Gabon, qui a réussit à patienter particulièrement longtemps. Il était sur un petit perchoir alors que l'on déposait une tasse d'un des aliments qu'il aimait le moins, des céréales, par exemple, et qu'on lui demandait de ne pas y toucher. Griffin savait que, s'il attendait assez longtemps, il aurait des noix de cajou, voire des bonbons à la place. Dans 90% des cas, il y parvenait, arrivant même à des délais de 15 minutes.

[...] les animaux comprennent-ils qu'ils résistent à la tentation? Sont-ils conscients de leur désir? Quand les enfants évitent de regarder le marshmallow ou se cachent les yeux avec les mains, nous supposons qu'ils sont en proie à la tentation ; ils parlent tout seuls, chantent, inventent des jeux de mains et de pieds, voir s'endorment pour ne pas avoir à endurer une si longue attente. […] On dit qu'ils ont recours à des stratégies de diversion conscientes. […] Griffon, le perroquet, résistait aussi activement pour exclure la nourriture peu prisée qu'il avait face à lui. Une fois, à peu près au tiers d'un de ses plus longs temps de patience, il a jeté la tasse de céréales à l'autre bout de la pièce. Sinon, il la déplaçait pour qu'elle soit hors d'atteinte, parlait tout seul, lissait ses plumes ou les secouait, bâillait ostensiblement ou tombait de sommeil. Il lui arrivait de lécher la nourriture sans rien consommer, mais en hurlant : « Veux des noix ! »
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L'empathie fait partie intégrante de notre évolution. Elle en est non pas une caractéristique récente, mais une capacité innée vieille comme le monde. Par leur sensibilité automatique aux visages, aux corps et aux voix, les humains sont en empathie depuis l'aube des temps.
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Je ne cherche pas à nier que les humains soient exceptionnels – par certains aspects, nous le sommes de toute évidence –, mais, si nous faisons de cette idée le postulat a priori pour chaque capacité cognitive qui existe au monde, nous quittons la sphère de la science pour celle de la croyance. [...] En biologie, dans les neurosciences et en médecine, la continuité est le postulat par défaut. Il ne peut en être autrement : pourquoi étudierait-on la peur sur l'amygdale cérébrale des rats afin de traiter les phobies humaines si l'on ne supposait pas que tous les cerveaux mammifères se ressemblent ? La continuité entre les formes de vie va de soi dans ces disciplines, et, si important que soit l'humain, il n'est qu'un grain de poussière dans le vaste panorama de la nature.
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