Je n’ai pas lu le premier roman de Frasse Mikardsson, Autopsie Pastorale. C’est avec ce polar si particulier que je le découvre…
Mais alors que nous raconte ce « Je crois que j’ai tué ma femme«
En Suède, Sara, médecin légiste, assiste les policiers et la procureure dans leur enquête pour faire condamner le mari de Fatiha qui l’a tué et lui a découpé le visage.
Les questions sont nombreuses.
Il faut identifier l’implication de la famille, il faut déterminer s’il s’agit d’un crime d’honneur ou alors un crime commandité.
Ce roman singulier a été inspiré d’un fait réel sur lequel a travaillé notre auteur.
On va donc suivre au plus près de l’enquête les investigations que vont à la fois mener la police, la justice mais aussi notre médecin légiste.
Frasse Mikardsson ne nous épargne rien. Il nous offre ici un true-crime plus véridique que nature. Nous allons être au plus près de la recherche de la vérité sur ce crime odieux.
Chaque protagoniste va jouer sa partition avec rigueur.
Les policiers vont mener des investigations de voisinage, savoir comment vivez la famille. Comment Ohran le mari de Fatiha se comportait avec son épouse.
Sara Israelsson, elle est d’astreinte au poste de garde stockholmois de médecine légale ce soir-là. C’est elle qui va se déplacer sur les lieux du crime. C’est elle qui reçoit en plein face le corps supplicié de cette jeune femme originaire de Turquie. Son corps est criblé de trop nombreux coups de couteaux. Et elle est totalement défigurée.
Mais que s’est-il passé ce soir-là à Märsta ? Nous étions pourtant au 66 chemin du bonheur …
Victoria Holmqvist, elle aussi va mener ses investigations avec la plus grande minutie. Elle ne va rien laisser passer. Hors de question que ce féminicide reste impuni.
Elle va tenter de répondre aux nombreuses questions liées à ce meurtre sordide et pourtant bien ordinaire.
Victoria va mener des interrogatoires musclés. Elle découvrira que Fatiha n’a pas couvert ses épaules, les laissant dénudées lors d’un mariage auquel elle aurait participé. Cela aurait provoqué la colère de Ohran son époux mais pas seulement. Cette facétie de sa femme aurait apporté la honte sur sa famille et devant sa communauté en plus.
Nos deux héroïnes vont devoir déterminer si on est là face à ce que l’on nomme, un crime dit « d’honneur ». Fatiha a-t-elle été sacrifiée pour cause de « comportement immoral » réel ou supposé. Il faut dire qu’on ne badine pas avec l’honneur et le code de l’honneur est implacable. Les femmes qui sont soupçonnées n’ont aucune possibilité de se défendre et, pour les membres de leur famille, la seule solution socialement acceptable consiste à rétablir leur honneur en les condamnant. Dans les crimes d’honneur, la femme victime de l’agression est considérée comme la coupable ; l’homme à qui elle « appartenait » est partie lésée et bénéficie du soutien de sa communauté
Et Frasse Mikardsson compile tout cela, il nous donne à lire les rapports d’autopsie, PV les auditions, les témoignages des familles, des voisins, de l’entourage … On peut même lire les SMS échangés entre le coupable supposé et sa femme. Je vous l’ai dit tout est passé au crible. Aucun détail ne nous est épargné. Les descriptions détaillées des coups portés, de la dissection de la victime. Tout ici est documenté pour déterminer le mobile du crime.
Mais « Je crois que j’ai tué ma femme » n’est pas qu’un simple true crime. C’est aussi un bouquin qui nous fait réfléchir sur notre société et sur quelle société on veut pour nos démocraties occidentales.
L’auteur aborde des thèmes passionnants : le poids des traditions, du déracinement, la place des femmes, etc. On parle aussi ici de manipulations, celles qui consiste à s’approprier ces faits divers odieux pour retourner l’opinion et fragiliser la paix sociale.
Ce roman procédural c’est aussi l’histoire de ces immigrés qui ont choisi l’exil pour vivre de miracles et croire aux mirages, qui ont choisi la liberté et l’amour quand d’autres restent ancrés dans les traditions et portent au pinacle l’honneur d’une famille.
Alors sommes-nous prêt.es à tout accepté au nom du bien vivre ensemble ? Même et surtout les violences faites aux femmes ?
Pour moi un féminicide reste insupportable quelles qu’en soit les raisons. Et il ne doit jamais rester impuni.
Et à travers ce polar passionnant, Frasse Mikardsson nous en apprend beaucoup sur notre société et sur nous par la même occasion !
Aussi je ne peux que vous recommandé la lecture de ce titre qui m’a bousculée tout au long de sa lecture. Et pour ma part, je vais chercher à découvrir la premier roman de cet auteur à découvrir de tout urgence.
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