Le journaliste Frédéric Amat vit au Cambodge et séjourne régulièrement en Thaïlande depuis 15 ans. Il est l’auteur d’un petit livre politiquement incorrect, La drôle de vie des expatriés au Cambodge.
Il arrive toutefois que l’expat’ regrette d’avoir passé tant d’heures à étudier le cambodgien. Maîtriser une langue, c’est aussi comprendre ce que les gens ont à dire. Une fois le processus engagé, impossible de faire demi-tour. Le pied passe de l’autre côté du miroir. Les individus ne sont plus vus de la même manière lorsqu’on sait ce qu’ils racontent. L’exotisme en prend parfois un sérieux coup !
Cette migration consentie est un phénomène qui s’est généralisé ces dernières années. Il touche principalement les personnes épuisées de respirer l’air vicié des pays en trompe-l’œil sur une façade de démocratie décadente.
L’expat’ de 50 ans le sait désormais : il peut encore séduire. La preuve vivante est ce corps qu’il écrase durant de longues minutes du poids de son égoïsme voluptueux. L’homme prend une prostitué comme il prend un miroir, non pour le regarder, mais pour s’y admirer.