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3.8/5 (sur 28 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Chatou , le 27/08/1952
Biographie :

Archiviste paléographe (1976), Frédéric Barbier est l’auteur d’une thèse de l’École des chartes intitulée Nouvelles recherches sur l'imprimerie strasbourgeoise (1676-1830). Il soutient ensuite un doctorat en histoire et est docteur d’État ès lettres et sciences humaines.

À sa sortie de l’École des chartes, Frédéric Barbier est conservateur de la bibliothèque municipale classée de Valenciennes.

Il quitte cependant rapidement la conservation pour devenir chercheur au CNRS et enseignant à l'École pratique des hautes études (EPHE), section des sciences historiques et philologiques. Il a été directeur du centre historique français de Göttingen, et a occupé pendant deux ans, en délégation, le poste de professeur en histoire du livre de l'Enssib. Il poursuit et approfondit les recherches d’Henri-Jean Martin, dont il est l’élève et dont il a pris la suite dans la chaire d'histoire du livre à l'EPHE.

Il est aujourd’hui directeur de recherche au CNRS (Institut d'histoire du monde contemporain, École normale supérieure Ulm) et directeur d’études à l'École pratique des hautes études. Il est co-directeur du Centre Gabriel Naudé, centre de recherches en histoire du livre qui réunit l'Enssib et l'EPHE.

Auteur de nombreux livres, il a été rédacteur en chef de la Revue française d'histoire du livre ; il est aujourd'hui rédacteur en chef d’Histoire et civilisation du livre : revue internationale créée en 2005.

On peut le suivre sur son blog :

http://histoire-du-livre.blogspot.com/
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Bibliographie de Frédéric Barbier   (19)Voir plus

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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
La tradition égyptienne veut que les hiéroglyphes aient été inventé par Toth, le dieu Lune à tête d'ibis. Mesureur du temps, il est le dieu des savants, le patron tutélaire des scribes et le secrétaire des dieux. Dieu magicien, Toth sera celui auquel on fera appel pour envoûter ou pour guérir par le charme des hiéroglyphes : la dimension magique de l'écriture est largement répandue, et parfois jusqu'à aujourd'hui.
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Conclusion : un changement de climat

La période de la basse Antiquité et du haut Moyen Age, décisive pour la tradition de la culture livresque occidentale, est marquée par plusieurs phénomènes contradictoires.
Nous sommes, à l'origine, dans une époque de déconstruction, voire de destruction, qui voit la disparition des plus grandes bibliothèques et collections de livres et, avec elle, d'une grande partie de la culture de l'Antiquité classique. (...)
Cet effacement de la civilisation livresque ancienne s'est produit alors même qu'un nouveau paradigme émerge et s'impose, celui du christianisme. Originaires souvent d'Orient, les cadres de l'Eglise sont formés selon le cursus d'études traditionnel, dont ils conserveront le modèle à la fois comme projet et comme méthode. En Occident, d'abord dans les territoires byzantins, en Italie, puis en Gaule, non seulement les élites de l'Eglise catholique, à commencer par les évêques, sont des lettrés, membres des plus grandes familles, mais ils se substituent aux pouvoir traditionnels en voie de désagrégation. Même si les destructions de livres sont massives, le modèle de l'Eglise articulera ainsi la foi chrétienne avec la tradition de la culture antique, tandis que le pouvoir politique se pense lui-même comme fondamentalement chrétien. Lorsque Charlemagne et ses proches conseillers et collaborateurs procèdent à la renovation imperii de 800, ils affirment que l'héritage de l'Antiquité est désormais relevé par l'Occident, et qu'il s'accompagne d'une renaissance intellectuelle portée par l'écrit et par le livre. La société chrétienne s'organise ainsi autour du double pouvoir de l'empereur et du pape. (...)
Partout, des monarchies se mettent en place, liées à l'Eglise catholique, partout, le maillage de la hiérarchie ecclésiastique progresse, partout, des maisons religieuses s'établissent. Désormais, l'avenir du monde occidental sera lié au christianisme et se jouera, aussi dans les livres et dans les bibliothèques.
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Dans la plupart des maisons, la bibliothèque, l'armarium, ne désigne en général qu'un meuble, ou un espace relativement étroit ménagé dans l'un des murs du cloître : on y trouvera les manuscrits non liturgiques, les livres d'études et de référence. Lorsque les collections s'accroissent et que le scriptorium se développe, il devient nécessaire de mettre à disposition un local spécifique pour abriter les livres, d'autant que le travail dans les galeries ouvertes du cloître est de plus en plus inconfortables. Certains copistes se plaignent, et ces inconvénients ne sont pas sans conséquences sur la conservation même des volumes :
"Vous verrez peut-être un jeune écervelé, (...) tandis qu'il est transi par le froid de l'hiver et que, comprimé par la gelée, son nez humide dégoutte, ne pas daigner s'essuyer avec son mouchoir avant d'avoir humecté de sa morve honteuse le livre qui est au-dessous de lui. Plût aux dieux qu'à la palce de ce manuscrit on lui eût donné un tablier de savetier (Richard de Bury, p. 110)."
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" Très vite, la Bibliotheca Angelica située au coeur de la ville, en arrière de l'actuelle place Navone, devient un lieu de travail pour les savants et prend rang parmi les curiosités visitées par les voyageurs. Naudé la considère comme un modèle, et le Père Jacob confirmera : "Entre toutes les bibliothèques des quatre ordres mandians, je n'en ay point veu de plus belle dans Rome que celle des Pères Augustins ; laquelle doit sa gloire à Ange Rocca, (...) du nom duquel est-elle appelée la Bibliothèque Angélique. ce docte religieux ne se contentera pas seulement de procurer ce bien aux religieux de son ordre. Mais encore il a ordonné qu'elle seroit publique et ouverte tous lesmatins à ceux qui y veulent aller estudier, au grand soulagement de tous les curieux (p. 102-1032)."

Chapitre 5. L'innovation baroque (1545-1627)
D'abord, l'Eglise...
Rome et la Bibliotheca Angelica
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Qu'est-ce qu'un livre ? Pour le sens commun, la question est une fausse question. Mais, si le livre est effectivement un objet usuel, omniprésent depuis des siècles, son évidence même l'enveloppe dans une forme d'imprécision qu'il convient d'essayer de lever pour partie.
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Saint-Amand est lié, aux IXe et Xe siècles, aux cercles les plus étroits entourant le souverain, notamment grâce à l'école de l'abbaye, qui accueillait non seulement des jeunes gens se destinant à l'état monacal, mais surtout des laics appartenant aux plus grandes familles princières du royaume. L'abbé Gozlin, probablement un petit-fils de Charlemagne, quittera St-Amand pour devenir évêque de Paris, (...).
On réalise toujours au scriptorium de l'abbaye, au IXe siècle, des manuscrits particulièrement luxueux, dont le modèle est donné en 871, par la Seconde Bible de Charles le Chauve, léguée à l'abbaye de St-Denis par le testament du souverain. Nous connaissons les noms de deux écolâtres : Milon, mort en 872, est l'auteur d'une Vie de saint Amand en vers; son élève et successeur, Hucbald (930), est un théoricien de la musique. Au total, nous conservons 63 volumes du IXe siècle ayant appartenu à St-Amand, ce qui a pu correspondre à un fonds de plus de cent volumes disponibles sur place.
D'autres maisons devraient être encore citées, parmi lesquelles Clairvaux, Ferrières, etc. Lorsch est fondée en 743 dans la plaine du Rhin moyen : l'abbaye, qui suit la règle bénédictine, possède une très riche bibliothèque au IXe siècle, dont nous conservons un catalogue des années 830 et où figure le célébrissime Evangéliaire de Lorsch. Le duc d'Aquitaine et comte de Mâcon Guillaume le Pieux fonde en 910 un monastère à Cluny, sur les emprises d'un vaste domaine carolingien, possédant déjà une église et remontant probablement lui-même à une villa gallo-romaine. (...)
Cluny devient l'un des pôles de la réforme grégorienne, et sa bibliothèque et son scriptorium sont célèbres, même si les premiers abbés sont apparemment très méfiant à l'encontre de la culture profane.
Chapitre 2. Le temps de Dieu ( VIe siècle -968).
La renaissance carolingienne et les livres § Les bibliothèques des maisons religieuses et des évêchés
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Héritier d'une riche famille d'Italie centrale, Benoît vit d'abord en ermite dans la région de Subiaco. Il crée vers 529 l'abbaye du mont Cassin (l'année même où Justinien dissout l'Académie platonicienne d'Athènes...), à l'origine de l'ordre des bénédictins. D'après la règle établie par lui, les moines devront lire régulièrement les textes sacrés, et les étudier à travers les commentaires des Pères de l'Eglise. Par ailleurs, le monastère doit autant que possible être en mesure de vivre en autarcie, de sorte que les moines auront ainsi, parmi leurs tâches quotidiennes, à copier les textes pour enrichir la bibliothèque : celle-ci est donc couplée avec le scriptorium, et le chef de l'un est très généralement responsable de l'autre. Ce travail intellectuel (lecture et méditation, mais aussi copie) occupe, d'après la règle, quatre heures par jour. La volonté du fondateur, de constituer une cité coupée du monde ( puisque les moines ne sortent pas), a pour effet de favoriser l'enrichissement de bibliothèques servant à la lecture individuelle ou collective, à la vie liturgique et à l'enseignement au sein de l'école (...).
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Montaigne se met en scène lui-même, dans la "librairie" de son château du Périgord, et il nous rappelle combien cet environnement silencieux, celui des livres et du temps qu'on leur consacre, est indissociable de la pensée et de l'écriture : "Je me détourne un peu plus souvent à ma librairie (...). Là, je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessein, à pièces décousues..."
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Conclusion

Le monde des bibliothèques antiques forme un ensemble d'une très grande richesse, mais dont il ne subsiste plus que de rares épaves conservées par hasard. Ces institutions, tant en Mésopotamie qu'en Egypte, dans les cités grecques et dans l'empire romain, peuvent être qualifiées de "bibliothèques-mondes", dont le contenu ne peut jamais concerner qu'une minorité de la population (la majorité est analphabète et n'a pas accès au livre) et qui disparaissent avec la civilisation correspondante -avec leur "monde". La disparition et l'oubli sont tels qu'il faudra même après coup réinventer le déchiffrement d'écritures non seulement abandonnées, mais complètement tombées dans l'oubli -qu'il s'agisse des hiéroglyphes ou du cunéiforme. (...)
Le plus frappant reste, pour l'historien des bibliothèques, que ce monde totalement disparu a pourtant constitué l'horizon rêvé des bibliothèques et de la culture livresque des siècles durant, que le Musée d'Alexandrie s'est imposé comme un véritable mythe, et que le modèle de sa bibliothèque perdure dans les fondations les plus contemporaines.
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Les Pères du désert

Le second modèle de bibliothèque dans l'Eglise primitive, réservant une place certaine à la tradition de la culture antique, relève du monde des réguliers, dont (...) l'origine remonte au Musée d'Alexandrie et à ses savants vivant plus ou moins en communauté. Pourtant , un premier modèle de vie en dehors du siècle se développe, à l'écart des villes. La tradition orientale est en effet celle des anachorètes, qui vivent retirés dans le désert, notamment en Syrie ou en Egypte. Le premier, Antoine (356), s'établit au désert, et son renom arrive jusqu'à Milan, où il excite l'admiration de saint Augustin, alors à peine âgé d'une trentaine d'années :

"Un gentilhomme d'Afrique, nommé Potitien, (...) commença à nous parler d'Antoine, solitaire d'Egypte, dont le nom qui était si célèbre et si illustre parmi (les chrétiens), nous avait jusqu'alors été inconnu (...). Il nous parla ensuite de cette grande multitudes de monastères, de la sainte manière de vivre de ces saints anachorètes, (...) et de cette merveilleuse et divine fécondité des déserts (Confessions, VIII, VI)
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