Citations de Frédéric Clément (42)
"Je suis un livre vieux, un vieux livre d'images
fatigué, lissé par tant de mains que mes couleurs
s'écaillent et laissent sur le bout de vos doigts
des paillettes d'argent comme les papillons, usé
par tant de visages que les grains de mon papier
s'effritent comme le sable de ton désert.
Pas un mouvement. Proche d'un sommeil de Belle au bois dormant. Même un être aussi petit que moi, Pisello Petit-Pois, peine à percevoir sa faible respiration par les minuscules trous de sa fine cuirasse de chrysalide. Pourtant, à l'intérieur tout bouge, tout se transforme. Secrètement. Minutieusement. Formidablement.
A mon grand soulagement, dans le chapeau de Lewis Carroll, ont disparu à jamais les mille feuillets de l'inventaire du chapelier fou qui notait tous les chapeaux extraordinaires volés à la reine d'Angleterre.
Un peu d'eau, quelques lichées de jus aspirées aux fruits tombés seront ses seules nourritures au cours de son si bref mois de vie...
Savez-vous , Mademoiselle, que j'ai dans mon Magasin Zinzin, l'écharde qui, jadis, piqua le doigt de la Belle au Bois Dormant ...
J'ai aussi l'authentique petit pois de la Princesse au petit pois et bien d'autres merveilles encore ...
Entrez, entrez... laissez vous tenter ...
Sur l'île d'Insomnie, toute petite île de rien du tout,
pas plus grande qu'un caillou, un tout petit homme
pas plus grand que trois pépins de pomme
tourne, tourne, tourne en rond.
Suspendu à son ancienne peau, le papillon défroisse et déplie ses ailes pendantes. Il attend que le soleil sèche et durcisse le million d'écaille colorées pailletant ses ailes.
Quelques battements, encore hésitants...
Et c'est le premier envol de ce merveilleux bijou volant !
Chaque année, aux premiers coquelicots, Jan se rendait devant le tableau de son père Jeux d'enfants, son préféré, celui qui montre des ribambelles de gamins, jouant, riant, galopant sur la place.
J'ai des graines de citrouilles et des graines de carrosse
Si vous comptez aller au bal du printemps
Il vaut mieux planter dès maintenant
Les graines de carrosse
Sauf, bien sûr, si dans votre entourage vous avez une tante, une amie
Ou une marraine fée...
Alors là
Les graines de citrouille suffiront
Ovo
Trente-six jours que je suce ce mot. Ce petit mot joli, rond comme un noyau de cerise.
Ovo
Trente six jours que, du bout de ma langue, je le fais rouler sur mon palais. Le mouille. Que j’en savoure le velouté. Le sèche. Le fais cliqueter sur mes dents de devant. Claquer sur mes molaires. Le coince entre mes canines. Quelquefois. Je serre à l’entendre craquer.
Ovo
Alors voilà, permettez-moi de me présenter: Frédéric Tic Tic, marchand d’allumettes, d’amulettes, de miroirs, d’alouettes, représentant en temps et en heure, colporteur de merveilles, pour fêtes et anniversaires, sur les chemins de terre, dans les chemins de fer.
Moi Aquilon, vent du nord, le plus grand voleur et receleur de chapeaux sur la terre et sur mer, confesse avoir soudoyé un des marmitons du cuisinier pour qu'il escamote le chapeau rouge de l'infâme Barbe Bleue. Je garde dans un coffre-fort cet abject objet qui me brûle la conscience, témoin de tant d'infamies.
Ovo
Je m’appelle Moineau. Moineau comme l’oiseau. Comme le passereau de la famille des Fringillidés, conirostre, à livrée brune striée de noir, dit Robert le Dictionnaire. Et Raphaël, comme le peintre. Et Raphaël comme l’ange.
" Je te donne une de mes ailes cramoisies,garantie pu sang dragon.Tu la plies menue.Tu la mêles à deux gouttes d'huile d'oeillette et sept de térébenthine.Tu l'étales sur ta palette.Cueille ensuite un bouquet de coquelicots.Peins-le vite,vite,avant que les pétales ne tombent...
Puis..."
IF ... IF ... IF ... ... SI ... Si, en attendant la capture du MUFLIER qui s'est fait la belle sur l'île du château d'IF... IF ... IF ... IF ... Si nous en profitions pour souffler, souffler, soutenir, soutenir, éventer, éventer... Chuchoter, murmurer de bouche à oreille l'arrivée du Géant aux feuilles de chou, le clou du spectacle du BOTANIQUE CIRCUS ... ... ... ... IF ... ... IF ... IF ...
Le livre épuisé gisait,
là, parmi les ondes
de sable
provoquées
par le choc.
Marquise… Oh, Marquise, les créatures criardes et gesticulantes entre les doigts de Tuan sont de petites femmes! De toutes petites femmes ailées!
Mi-noctuelles, mi-pipistrelles, mi-hirondelles, mi-demoiselles. Des elfes. En tout point comme il est écrit dans les contes. Ailes cendrées, effilées, poudreuses, marbrées de gris. Corps pâles et polis comme mes ivoires, nus, glabres et musclés. Visages en éclats de silex, plats, de la taille de l’ongle auriculaire, enfouis dans des cheveux beiges, secs et crêpés comme des fleurs de coton. Bouches béantes sur des râles, sur des cris et des crachats. Des yeux en grains de sésame, noirs et huileux.
Le chapeau enchanté et sa merveille ailée trônent aujourd'hui dans la chapellerie sur le tapis volant qui me sert de lit. Les plus grands chapeliers de princes, les plus riches collectionneurs m'en offrent chaque jour de colossales fortunes. J'ai refusé.......
Nuit après jour, l'enchanteur charme le serpent qui devient docile et doux comme un coupon de soie. Jour après nuit, l'oiseleur apprivoise la sauvage sirène qui peu à peu volette avec grâce parmi les lianes, les volutes de myrrhe et d'encens. Le maître chanteur cisèle sa voix et lui apprend les chants dignes des plus grandes divas. Nuit après jour, jour après nuit, patiemment, le mage de Chandernagor monte un numéro envoûtant de chapeau enchanté.
Quand son chapeau était très usé, trop lustré, monsieur Magritte se rendait dans l'appentis de son petit jardin belge, plantait une graine dans l'ancien chapeau. Une poignée de terreau. Arrosage chaque nuit de sept gouttes de rosée mêlée d'encre. Et à la fin de l'été Monsieur Magritte avait un nouveau chapeau melon gonflé à souhait, mûr, noir comme la nuit et gorgé d'idées nouvelles, fantasques et fantastiques.