Frédéric Gimello-Mesplomb

Georges Delerue (1925 – 1992) est un compositeur qui s'est illustré dans la musique de film où il a pu développer son sens de la mélodie et du lyrisme en accompagnant les réalisateurs de la Nouvelle Vague (Godard et surtout Truffaut) avant de quitter la France, en grande partie à cause des budgets contraints dévolus à la musique de film par le cinéma français. Hollywood l'a alors accueilli à bras ouverts et il est vite devenu le compositeur des films profonds ou sentimentaux. Au delà du talent du compositeur, l'homme est lui aussi remarquable. Issu d'un milieu provincial, sans introduction particulière dans le milieu artistique parisien, il a su s'y imposer, toujours soucieux de faire passer les messages du film et du réalisateur plutôt que de se faire plaisir musicalement. D'une grande humilité, il a pourtant composé quelques thèmes mémorables pour le Mépris, la Nuit américaine ou l'indicatif de l'émission Radioscopie.

Né le 15 mars 1925 et décédé le 20 mars 1992, Georges Delerue a laissé la famille du cinéma orpheline. Rarement un compositeur était parvenu à faire une telle unanimité auprès des professionnels, accumulant les succès et laissant derrière lui des chefs-d'œuvre de la Nouvelle Vague (Jules et Jim, L'amour à vingt ans, Hiroshima mon amour, Le mépris), des longs métrages de pure distraction (L'homme de Rio, Les tribulations d'un Chinois en Chine, Viva Maria) et des standards estampillés Art et Essai (Les gommes, L'immortelle, L'important c'est d'aimer, Quelque part quelqu'un). Si Hollywood lui a ouvert les bras, c'est naturellement en connaissance de cause. Les studios adoraient la fluidité de son écriture, le sérieux de ses orchestrations et le son particulier qui distinguait son style dès les premières mesures. Partant de sources éparses et d'une analyse personnelle, cet ouvrage n'entend pas se profiler comme une biographie du compositeur. On le verra plutôt sous l'aspect d'une piste pour aider le lecteur à cerner ses univers, son parcours et ses relations privilégiées avec plusieurs metteurs en scène. En cours de lecture ou après, pourquoi ne pas s'enthousiasmer à redécouvrir ses plus belles créations ?

Si la scène est demandeuse de compositeurs, l'univers cinématographique l'est encore plus et la démocratisation de ce genre de spectacle accroît la demande d'habillages sonores. Intégrant le milieu du cinéma par la petite porte, Delerue s'attelle, dans un premier temps, à la composition de bandes pour quelques courts-métrages pas forcément inoubliables, mais lui permettent d'intégrer la conception très particulière de l'habillage musical adaptée au découpage d'un film. C'est en1959 qu'il rencontre Alain Resnais qui lui demande de composer la bande originale d'Hiroshima, mon amour, sa première contribution d'importance à la musique de films. ce livre revient naturellement sur son travail pour l'écran, tant en France qu'à l'étranger. Un travail d'orfèvre !

Dans un style fluide, élégant mais sans emphase, l’auteur nous fait partager sa passion, sa connaissance encyclopédique de la musique et du cinéma à travers ce livre qui semble incontournable pour qui veut connaître l’œuvre de Georges Delerue Un livre à dévorer et dans lequel puiser de nouvelles découvertes musicales ou cinématographiques d’un compositeur venu de la musique classique, élève de Darius Milhaud et qui a terminé sa carrière à Hollywood.

Livre-traité abordant la thématique de la musique de film sous différents angles : analyse musicale et filmique, l'enseignement en Conservatoire et en école et la pédagogie de manière générale. L'ensemble du texte est appuyé de quelques témoignages de compositeurs (Cosma par exemple) et de professeurs émérites.

Seulement, le texte se noie dans ses propos et finit par tourner en rond, sonner creux. L'ensemble ressemble davantage à une ébauche, et peut donner envie de creuser le vaste sujet de la musique à l'image. Pour autant, ce seul ouvrage ne permet pas vraiment de se former ni de donner de réelles clés pour l'analyse cinématographique. Un complément divertissant à la lecture des ouvrages de Michel Chion par exemple.

Ce titre est épuisé et reste, à mon avis, le meilleur sur ce compositeur aujourd’hui disparu. L’auteur a eu accès aux archives de la famille Delerue. Le livre suit la chronologie de ce musicien et bénéficie de belles photographies noir et blanc. On sent l’admiration de Frédéric Gimello-Mesplomb pour le cinéma en général et sa musique en particulier. Un ouvrage agréable.