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Citations de Frédéric Gros (325)


Il fallait finir en marchant. La nécessité de terminer sur ses jambes comprend plusieurs leçons. C'est d'abord le rappel de la pauvreté christique. Humilité : celui qui marche est pauvre d'entre les pauvres. Le pauvre, pour toute richesse, a son seul corps. Le marcheur est fils de la terre. Chaque pas est un aveu de gravité, chaque pas témoigne de l'attachement et martèle la terre comme un tombeau définitif, promis. Mais c'est aussi que la marche est pénible, elle exige un effort répété. On n'approche bien un lieu sacré qu'en ayant été purifié par la souffrance et marcher exige un effort indéfiniment réitéré.

p158
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La République, l'État, le Souverain n'ont rien de mystique, rien de sacré, rien de vertical. Le gouvernement est un mal nécessaire dont il faut juste espérer qu'il gouverne le moins possible.
9. La promenade de Thoreau (p.169).
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– Il devait être trois heures cette nuit. Je crois que le bruit de la porte me réveilla. Son grincement exactement. Même doux, même faible, son grincement. J’ai ouvert les yeux dans le noir, le croirez-vous j’entendais les pas sur le parquet. Et j’étais paralysée, inerte totalement, incapable d’atteindre ma bougie. Et le corps dans le noir je le sentais se déplacer, j’entendais respirer près de moi et peut-être aussi un faible rougeoiement je crois qui dessinait la silhouette. Sœur Claire oui, c’était un homme d’Église, en soutane, le même. Mais j’ai vu son visage, je l’ai reconnu. Et qui donc… ? Et savez-vous la suite ? Ce serait une honte de le dire, mais enfin quoi, elles ont tout entendu !

La dernière phrase est hurlée d’une voix suraiguë, faisant frémir l’assistance.
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Je n'ai rien appris de l'existence. Ce qu'on apprend de la vie, ce sont des histoires qu'on se raconte.

p298
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Marcher, ce n'est pas s'élever, ce n'est pas tromper la pesanteur, ce n'est pas s'illusionner, par la vitesse ou l'élévation, sur sa condition mortelle, mais plutôt l'effectuer par cette exposition à la solidité du sol, à la fragilité du corps, à ce mouvement lent d'enfoncement. Marcher, c'est exactement se résigner à être ce corps qui marche, incliné.

p 250
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la différence entre l'assurance et la confiance .
- L'assurance nous est donnée parce qu'on sait qu'on dispose du nécessaire pour faire face : faire face aux intempéries, aux sentiers multiples, à l'absence de source, à la fraîcheur des nuits. On sent alors qu'on peut compter sur son matériel, son expérience, ses capacités d'anticipation. C'est l'assurance de l'homme technique, qui maîtrise les situations. Avisé, responsable.
- Marcher, sans même le nécessaire, c'est s'abandonner aux éléments. Désormais, plus rien ne compte, plus de calculs, plus d'assurance en soi. Mais une confiance pleine, entière dans la générosité du monde. Les pierres, le ciel, la terre, les arbres : tout devient pour nous auxiliaire, don, secours inépuisable. En s'y abandonnant, on gagne une confiance inconnue, qui comble le coeur, parce qu'elle fait dépendre absolument d'un Autre et nous ôte jusqu'au souci de notre conservation. L'élémentaire, c'est ce à quoi on s'abandonne, et qui nous est donné absolument. Mais pour en éprouver la consistance, il faut prendre le risque, le risque de dépasser le nécessaire.

p255
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La sérénité, c'est de seulement suivre la route.[...] La sérénité, c'est la douceur immense de ne plus rien attendre : juste avancer, marcher.

P200
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Il y a bien trop de régularité, de mobilité rythmée dans la marche pour provoquer l'ennui qui s'entretient d'une agitation vide (âme qui tourne en rond dans un corps immobile). C'est ainsi que les moines avaient proposé la promenade comme remède à l'acedia, ce mal insidieux qui ronge l'âme.
Il faut donc opposer généralement la marche, qui suppose un but, où on avance, à l'errance mélancolique.

p278
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Cette marche ne fait plus revenir doucement des souvenirs, mais elle multiplie les coïncidences. Prolifération des signes : c'est bien ça.
[...] Mais sait-on pourquoi on marche ?

P207
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Mais dans tout cela, il s'agit de recevoir. Le bonheur suppose de se trouver destinataire d'un spectacle, d'un instant, d'une atmosphère, et de prendre, accepter, saisir la grâce du moment. Il n'y a pour cela ni recettes, ni préparation : il faut être là quand il tombe. [...] Le bonheur est fragile au sens exactement où il n'est pas répétable. Ce sont des occasions, comme des fils d'or dans la trame du monde. Il faut s'y abandonner.

P198
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Les grands chemins pour les chrétiens sont d'abord ceux de Rome ou de Jérusalem. Jérusalem, dès le IIIe siècle, c'est pour les chrétiens le pèlerinage absolu en tant qu' accomplissement de la présence : fouler le sol même sur lequel il avait marché, refaire le chemin du calvaire, être pris dans le même paysage, approcher le bois de la Croix, se tenir auprès de la grotte où il parlait à ses disciples.[...]
Rome offre bientôt une destination plus sûre. Deux apôtres majeurs y reposent ( Pierre et Paul ). Rome est immédiatement sacrale : nombril et coeur de l'Eglise catholique instituée.

P159
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Mais son tombeau surtout était peut-être plus facile d'accès (cols plus aisés, régions paisibles) que ceux de Pierre ou Paul [...] en tout cas certainement plus proche que Jérusalem. D'autres raisons, plus mystérieuses et fortes, expliquent le succès du pèlerinage jacquaire : c'est l'éclat même du chemin et du récit. Pour Rome et pour Jérusalem, chaque cité contient en elle une telle intensité mystique que le chemin pour y mener ne peut jamais être qu'une série longue, presqu'indifférente, de balises, de médiations. Le rayonnement du lieu brûle la singularité des étapes qui y mènent.

P161
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Pourquoi se promènent-elles ? La Bruyère croit savoir : " pour montrer une belle étoffe et pour recueillir le fruit de leur toilette".

p231
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Il faut toujours partir à l'aube quand on marche. Pour accompagner le lever du jour. Et dans cette heure indécise, bleue, on ressent comme les balbutiements de la présence. Marcher le matin, c'est rencontrer la pauvreté de notre volonté, au sens où vouloir est le contraire d'accompagner.

p136
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Si je ne suis pas moi, qui le sera à ma place ?
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L'âme alors, c'est la fierté du corps. Dès que je marche je m'accompagne, je suis deux.

p83
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Compostelle est la dernière destination majeure. On raconte de saint Jacques - un des trois préférés du Christ, premier des apôtres martyrs, décapité sur ordre du roi Hérode - qu'il aurait été transporté par ses disciples sur une embarcation, finalement échouée sur les plages de Galice. Là, on aurait soigneusement porté en terre le lourd tombeau de marbre, bientôt oublié... Jusqu'à ce fameux jour où un ermite nommé Pélage aperçoit en songe des anges lui découvrant l'emplacement exact du tombeau, tandis qu'au même moment, toutes les nuits, le ciel indique une direction par un filet d'étoiles. On construira sur la sépulture redécouverte un sanctuaire, puis une église, enfin une cathédrale. Et la visite du saint deviendra un des plus fameux pèlerinages, prenant bientôt sa place aux côtés de Rome et de Jérusalem.

P160

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En marchant, ce n'est pas tant qu'on se rapproche, c'est que les choses là-bas insistent toujours davantage dans notre corps.
Le paysage est un paquet de saveurs, de couleurs, d'odeurs, où le corps infuse.

p55
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La disponibilité, c'est une synthèse rare d'abandon et d'activité, faisant tout le charme de l'esprit à la promenade. L'âme s'y trouve en effet disponible au monde des apparences.

p225
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Il y a : la promenade comme rite absolu, création d'une âme enfantine; la promenade comme libre délassement, récréation de l'esprit; la promenade comme redécouverte.

p217
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