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Critiques de Frédéric H. Fajardie (175)
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Brouillard d'automne



Pendant sa captivité à Beyrouth, après son enlèvement dramatique en mai 1985, le grand journaliste Jean-Paul Kauffmann a lu 10 fois "Brouillard d’automne" , le roman de son ami Fajardie, qui venait de paraître à Paris.

Il se trouve que Kauffmann a été un ami proche de Frédéric H. Fajardie, qui s’appelait de son vrai nom Roland Moreau, né à Paris en 1947 et mort d’un cancer en 2008, à l’âge ďe seulement 61 ans.



C’est cette amitié qui explique la préface de Kauffmann dans l’Édition de La Table Ronde de 1997, dans laquelle il rend un bel hommage à l’homme et à son œuvre riche et variée. Si Fajardie est surtout connu pour ses romans noirs, il a été également l’auteur de romans historiques, de livres pour la jeunesse, de pamphlets, d’essais et de 365 nouvelles. Sans oublier, bien entendu, ses scénarios de films à succès, comme "Parole de flic" avec Alain Delon et "La femme fardée" avec Jeanne Moreau, etc.



Selon "Livres Hebdo", Frédéric H. Fajardie est avec Jean-Patrick Manchette (1942-1995) un des plus brillants représentants du néo-polar et le maître du polar social.

Jean-Paul Kauffmann, dans sa préface, précise que Fajardie est un "écrivain inclassable, non conforme, il occupe une place exceptionnelle et incommode en même temps qu’enviable dans le monde du polar."



"Brouillard d’automne" est aussi ce que les Américains appellent un "hard-boiled novel" ou un roman très dur et violent.



À l’initiative d’un ex-braqueur de banques, l’indomptable Louis Leptke, 37 ans, surnommé dans le milieu "Trois-Doigts", à cause de 2 doigts qu’il a perdus lors d’un hold-up qui lui a valu 6 ans de taule, une opération de très grande envergure est préparée pour dérober une somme fabuleuse à la mafia chinoise de Paris, sous la direction d’un certain Diem, un ex-général de la police chinoise particulièrement cruel.



Fajardie a conçu pour cette opération 3 étapes essentielles : 1) la constitution d’une équipe de 12 spécialistes redoutables ; 2) la liquidation du grand manitou Diem ; 3) la razzia proprement dite sur le trésor chinois.



J’ai surtout aimé la sélection de cette équipe de braves-sans-peur, tel Roger Buchalter (= comptable en Français), un Alsacien d’un 1,92 mètre comme assistant de Leptke ; Aquilo Do Santos, qui a fait toutes les guerres du Portugal en Afrique ; Max Epstein, surnommé Nono, la soixantaine, mais expert en mitrailleuses ; Philippe Subborg, un tireur d’élite mondialement réputé, ...



Sur le déroulement de la deuxième et la troisième phase, je ne puis évidemment rien dévoiler !



Mais rassurez-vous il n’y a ni l’action, ni les imprévus qui manquent dans ce récit qui m’a bien plu, mais que je ne lirais pas pour autant dix fois comme Jean-Paul Kauffmann.

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Ciao, bella, ciao !

"O partigiano portami via

O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao

O partigiano portami via

Ché mi sento di morir"

Un roman dédié aux partisans italiens par un Fajardie toujours chantre de l'amour fou et absolu. Ivan Steens est le fils d'un pétainiste fervent dont les affaires ont bien prospéré pendant l'Occupation. Son fils aîné a fui la France avec les troupes allemandes. Quand Ivan, le cadet, un sympathique dilettante, est arrêté en août 44 par les F.F.I., il ne sait pas que sa vie va basculer. Au cours de son incarcération, il rencontre Palmiro Pavollli, un communiste italien combattant antifasciste qui a perdu son fils résistant. Palmiro a aussi une fille, Paola, militante comme lui. Entre le fils de bonne famille et la belle Italienne, c'est le coup de foudre. Mais la guerre n'est pas finie, et Ivan, après avoir passé les cinq dernières années le nez dans les livres, se découvre une âme de combattant. Il s'engage dans l'armée de de Lattre de Tassigny.

Ciao, Bella, Ciao! m'a fait penser à une version juvénile d'Après la pluie, quand Joe Dickman, un intellectuel cynique ancien de la 2eme DB tentait de refaire sa vie dans la France libérée et tombait amoureux d'une femme d'origine modeste. Le roman est un peu léger mais on y retrouve toujours ce que l'on aime chez Fajardie, l'humanité, la sincérité et l'amour que l'on croit éternel.
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Commissaire Padovani : La Théorie du 1 %

♫Allez, allez,

Pas d'discussion

Allez, allez,

Exécution

Allez, allez,

J'connais l'métier♫

La tactique du gendarme -Bourvil-1949





Volonté anarchique,

Son choix éthique

Romantique homéopathique

Placebeau à l'esthétique

de la tête à la queue

tout y est délicieux

Style qui nous rend saigne

Cérumen et chair humaine

Du sang Antonio chez Fréderic

comme un Dard homothétique

toute une" taca ta tac tique"

page 48



fast moralité : Fajardie & le Néo-Polar

C'est tout un écrit d'Art Dard



relecture incitée par Koalas's critique

du 15 Février 2018

CHALLENGE MULTI-DEFI 2019

item : lecture mystère





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Les foulards rouges

AAAAAAAAAAH ! Quel souffle épique ! Quelle aventure ! Que dis-je, quelle épopée !

Je ne sais plus, là non plus, comment j'en suis venue à mettre ce livre d'abord dans mon pense-bête, puis dans ma PAL. Je sais que ça vient d'ici, mais par qui, quand et comment, je ne sais plus.



Mais les perles qu'on peut dénicher sur Babelio, c'est juste pas croyable. Et c'est encore un auteur, français, qui plus est, que je ne connaissais pas, que je découvre, et que j'aime tout de go, paf, le coup de foudre ça s'appelle.



Bon je vous avoue un truc... J'aime pas l'hiver. J'ai beau lutter, faire du yoga, prendre des vitamines, des oméga3 ou que sais-je encore, rien à faire. A partir de mi-novembre, je m'étiole, je me ratatine, je perds ma joie de vivre, j'ai plus qu'une envie c'est hiberner. Je traverse une période encore plus difficile depuis fin décembre, mon homme ayant décidé cette année de faire un voyage "baroudeur" avec un sien copain. La plus mauvaise période, à dire vrai, ou la plus favorable (tout dépend de l'angle sous lequel on la regarde) pour que je finisse de m'étioler et sombre dans une déprime un peu plus intense que d'ordinaire... Je n'apprécie déjà pas des masses quand il part (souvent) en déplacement de travail court, alors un voyage de 15 jours... Bref...



Bref, dans ces moments-là, j'ai besoin d'évasion. Voire de fuite, lâchons le mot. Tomber sur un bouquin qui m'embarque ailleurs, tout entière, quel qu'il soit, c'est une bénédiction. Ce livre m'a apporté tout ce dont j'avais besoin... Bon, certes, je l'ai fini trop vite, du coup. Mais que c'était bien ! Il y avait tout ce que j'attends quand je lis un roman de capes et d'épées !



Le style "à l'ancienne" de l'écriture colle parfaitement à la période couverte (la Fronde). C'est vraiment plaisant comme tournures de phrases et ça met dans l'ambiance sans pour autant être "trop" ou dérouter. Il y a une bonne dose d'humour, en plus, c'est agréable !



Les personnages sont grandioses. Aussi bien les bons que les méchants, d'ailleurs. La bande des "Foulards Rouges" est très attachante, ce sont des personnages hauts en couleur, emmenés par un "Loup de Pommone" formidable, auquel une loyauté sans faille les attache. Autant vous dire que par moments, ça déchire le coeur, bah oui forcément, à vie aventureuse, mort violente... Je suis très contradictoire dans mes goûts, je me rends compte. Autant j'aime les héros héroïques, autant j'aime les affreux jojos type "Benvenuto" (Jaworski). C'est vrai que du coup j'aime deux fois plus de livres, lol, c'est pratique !



Le contexte historique est formidablement bien exploité, et les batailles sont épiques, qu'elles soient personnelles entre individus, ou entre armées... Certaines de celles des Foulards rouges sont juste trop amusantes, un comble !



Bref, j'ai passé un très bon moment avec ces héros, malgré les clichés, certaines répétitions de situations un peu maladroites (pour les amours de ces messieurs). Je me suis tellement régalé que je pardonne tout... Crac ! M'en vais me pencher sur le reste des écrits de ce monsieur...

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Clause de style

J'ignorais que le polar des années 80, Ne réveillez pas un flic qui dort de José Pinheiro, dans lequel s'affrontaient Serrault et Delon, était l'adaptation d'un roman signé Fajardie, Clause de style.

Si sur grand écran Delon était un quadra triomphant, dans le bouquin le commissaire divisionnaire Grindel est un homme d'un certain âge usé par la maladie, qui enquête sur une cascade d'assassinats. Des membres de la pègre, un militant d'extrême-gauche, un chanteur à succès, le secrétaire général du parti communiste sont abattus dans les rues de Paris.

Des policiers appartenant au groupuscule Fidélité de la police (inspiré de l'organisation Honneur de la police) qui noyautent les institutions, décident d'éliminer ceux qui leurs déplaisent, et deux enquêteurs chevronnés, Grindel et Péret, remontent la piste.

Clause de style, c'est de l'action pure et des dialogues qui claquent, l'auteur va droit au but. Fajardie nous sert un polar sans temps mort et sans fioriture. Pour les analyses psychologiques fouillées et une intrigue tarabiscotée, on repassera. C'est carré, efficace, ça sent les années 80, on en redemande.
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Un dimanche anglais

J'ai vu trente-six chandelles...

Euh... J'ai lu trente-six nouvelles du prolifique et regretté Frédéric H. Fajardiie.

Six étoiles pour chacun de ces récits brefs et ciselés.

Trente-six nouvelles d'amour, d'affection profonde, de drame, de comédie, de tout et parfois de ces riens qui font la vie sympa, tragique, diverse.

Fajardie était un maître-scribe généreux et prolixe: Ce Dimanche anglais le prouve encore s'il en était besoin! Et quel souffle, dans cette plume sans cesse inspirée!

Ma trentième (!) lecture de Maître Frédéric H. (et il en reste encore d'autres à entreprendre) m'a réjouie, passionnée et remplie le cœur comme les vingt-neuf autres jamais ne m'ont déçues!

Fajardie? Un remède fortifiant comme on en fait plus.
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Commissaire Padovani : La Théorie du 1 %

Un fantôme de la Wehrmacht,

qui revient la faux à la main,

semer la terreur dans le bocage normand

c'est un peu gros comme tableau...

Le commissaire Padovani, ethnologue de déformation

ne croit pas à ces histoires de revenants

et mène son enquête avec ses seconds couteaux

à cran au pas de charge...

Le style de Fajardie est révolté, désembourgeoisé

Comme son héros qui dès son réveil lâche un tonitruant :

"Justice, concept de merde !"

s'étale "morose la crème William sans Blaireau sur la gueule."

et constate la bile amère "petit à petit comme l'Empire Romain,

les choses s'étaient barrées en couille..."

Fajardie a la langue incisive et ça me plaît !

Dommage que son histoire soit si peu crédible

mais les personnages flics ou ordures ont de la consistance

et le monstre vengeur à Pourceauville

produit un effet...des plus macabres :

le tueur capé n'y va pas avec le dos de la cuillère,

il tranche net, la tête, alouette,

la langue et la zigou..nette.

La théorie du 1% , approuvé à 99 pour cent

Place au suivant sur ma liste des néo-polars...malabar !
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Des lendemains enchanteurs

Fajardie un peu court mais avec des pages d'une fulgurante beauté, Des lendemains enchanteurs est un roman de classe enraciné dans la guerre d'Espagne et la Résistance, comme souvent chez l'auteur.

Michel Wetzinsky , né en Pologne, a grandi dans le nord de la France. Ancien des brigades internationales, résistant FTP de la première heure, il a été intégré à l'armée française. Il revient des combats avec un solide bouledogue prénommé Tanz, qui appartenait à un Oberleutnant et qui a fait en tant que mascotte l'Afrique du Nord, la Russie, la Bohème, les Balkans et l'Alsace.

Le destin de Wetzinsky bascule au cours de l'année 1948, lorsqu'il est radié du Parti par le potentat communiste du coin, Prigent, un technocrate planqué. Pas assez stalinien, le brigadiste a droit à son procès informel devant ses anciens camarades. Ostracisé, Westzinsky, l'homme aux idéaux intacts, le chevalier des temps modernes avec le sens de l'honneur chevillé au corps va prendre une décision radicale qui ne sera pas sans conséquence sur la vie de sa compagne, la très belle Béatrice, et sur celle de Tanz, son fidèle compagnon à quatre pattes.

Dans Des lendemains enchanteurs, Fajardie marque une nouvelle fois son opposition au stalinisme, soulignant les mensonges et les méthodes du P.C.F. à la botte de Moscou. On y retrouve les thèmes qui lui sont chers, la déception des Résistants qui constatent que leurs idéaux ont pris du plomb dans l'aile mais qui veulent toujours continuer le combat au nom de la justice sociale et de la lutte contre la droite ainsi que l'empathie pour la guerre d'Espagne et l'anarcho-syndicalisme.

Des lendemains enchanteurs est aussi le roman de la classe ouvrière, une vive critique sociale qui pointe du doigt des générations condamnées à la pauvreté parce qu'elles sont nées au mauvais endroit, ainsi que le sort des femmes écrasées par le mariage. Heureusement, l'espoir, les solidarités individuelles et l'amitié jamais galvaudée volent au secours des plus vulnérables. Et l'amour sauve du désespoir.
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Commissaire Padovani : Le Souffle court

Le Souffle Court, c'est un peu la promesse de l'écrivain faite au lecteur.



Un double meurtre vient d'être perpétré.

Le puissant et richissime industriel Lansel, ainsi que son chauffeur, n'avaient pas l'ombre d'une chance.

Cinq mecs pour leur faire la fête. Des crocs de boucher comme cadeau. C'était plié d'avance.

Le commissaire Padovani hérite du bébé. Salement vicelard le moutard.

Aussi froid et déterminé que la filière Yougoslave qu'il a en ligne de mire.



Je découvre Fajardie tout comme son commissaire emblématique.

Et là, j'ai comme une furieuse envie d'enquiller sur l'ensemble de son œuvre pour peu qu'elle soit du niveau de ce court roman.

Sec, nerveux, direct, épuré jusqu'à l'os, Fajardie a tout du fan de l'OM, les méninges en plus. Droit au but, tel est son credo.

D'une rare intensité, il oppose flicaille et truands tout en décortiquant les liens respectifs les unissant avant que la grande quinzaine du tir au pigeon ne débute.

Puissant !
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Commissaire Padovani : La Théorie du 1 %

Deuxième volet de la série du commissaire Padovani, flic anticonformiste, « de gauche », qui sait manier l'humour acide comme d'autres leur Magnum 357, appréciant le Calva comme le Chivas. Désormais salement amoché (depuis « Tueurs de flics »), il cherche, dans cette période giscardienne de la fin des années ‘80, un peu de repos dans la campagne... à Pourceauville dans le Calvados.



Or, là-bas, que ce soit déguisé en soldat de la Wehrmacht ou vêtu d'une cape et chapeau noirs, la faux sur l'épaule, un tueur sévit de nuit, perturbant ce petit bourg agricole, autrement paisible...

Autrement oui, mais pas autrefois, quand en 1944, les uns comme les autres ont jugé bon de sceller le destin d'un très jeune déserteur, avec toute la hargne dont l'homme est capable.



Et puisque Padovani est déjà sur place... autant traquer ce faucheur d'âmes qui a mûri sa vengeance depuis de nombreuses années et qui est certain de réussir... à 99 %.



Padovani est un mec que j'apprécie, autant pour sa franchise que pour ses divagations, parfois sans queue ni tête, politiques ou non.

Et comme c'est Fajardie (paix à son âme de partageux) qui me l'à fait connaître, il va sans dire que j'aime autant le père spirituel qui a su user d'un style d'écriture naturel, simple et « baïonnetté à la rose ».
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Commissaire Padovani : Tueurs de flics

"Tueurs de flics" est un neo-polar ou polar post-'68. Premier roman de Fajardie, écrit en 1975 et finalement édité qu'en 1979. Pour avoir lu d'autres livres de l'auteur, j'ai reconnu dans celui-ci son presque légendaire style direct. Il sera plus juste de parler des "directs", tant les gnons, coups-de-boule et autres balles fusent dans le quotidien du commissaire Padovani dont c'est ici la première mise-en-scène (sur les six tomes parus le concernant), face à un trio de dépeceurs de flicards.



Padovani, espèce d'inspecteur Harry à la française, qui ne mâche pas ses mots (surtout vis-à-vis de son supérieur qui est aussi son oncle par adoption), n'est pas un super-flic pour autant. Honnête et fiable, souvent révolté, il lui arrive d'avoir la trouille, il aime rentrer chez lui auprès de sa femme après le boulot et pense régulièrement à son père décédé... surtout quand, dans le cadre de l'enquête, il fait la connaissance de "Ouap" qui a fait la guerre d'Espagne, comme le père de Padovani.



L'enquête en soi est lapidaire et sert, comme généralement dans le neo-polar, de prétexte pour dénoncer la société (politisée), les magouilles de politicards, décrire l'ambiance -violente- urbaine, s'attacher aux réprouvés ou aux marginaux, comme "Ouap", p.e.



Ce n'est (à mon avis) peut-être pas le meilleur roman que j'ai pu lire de Fajardie, or, celui-ci restera néanmoins dans ma mémoire comme un texte, certes violent, mais aussi très humain et dans lequel humour et quelques élans lyriques ne sont pas absents.

La suite logique veut donc que je lirai prochainement "La Théorie du 1%".
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Les foulards rouges

Loup de Pomonne, comte de Nissac, issu d'une très vieille lignée de nobles et grands marins de Saint Vaast la Hougue, a préféré se mettre au service du Prince de Condé où il a fait preuve d'une bravoure à toute épreuve mais à la mort de Louis XIII, nombreux sont, parmi les proches du pouvoir, à contester la régence de la reine Anne d'Autriche, au côté de Mazarin, alors que le futur Louis XIV n'est pas en âge de régner. de Nissac, loyaliste, se range au côté de Mazarin avec ses compagnons d'armes et recrute egalement trois repris de justice, promis aux galères. Ensemble, ils arrivent à s'emparer de richesses détenues par un banquier frondeur, en portant foulard rouge sur le visage pour financer la riposte et combattre les armées des Frondeurs - soutenus par le Prince de Condé -, désormais précédés de leur réputation de fins bretteurs, connus comme les foulards rouges mais sans que l'on connaisse leur réelle identité. Mais la période déjà agitée politiquement, laisse le champ libre à un mystérieux personnage identifié comme l'Écorcheur, qui commet ses exactions auprès de jeunes femmes dont il exècre la beauté et qu'il torture par sadisme en les écorchant puis en les décapitant et les exhibant dans un cercueil de verre. le chef de la police criminelle met tout en place pour arrêter l'Écorcher, au'il soupçonne être un grand du royaume ayant épousé la cause de la Fronde.



Roman historique, d'aventures et enquête policière, les Foulards rouges ne manquent pas de péripéties. Pour ce qui est de positif, le roman de Fajardie aborde une époque difficile pour le royaume de France et surtout pour Mazarin, le cardinal italien dont la noblesse de se méfie, le soupçonnant de manipuler le pouvoir et Anne d'Autriche, la régente, en premier lieu. Les héros sont assez solaires, voire un peu trop surhomme en ce qui concerne le comte de Nissac se sortant à un contre cinq, sans la moindre égratignure et quand il est gravement blessé et amnésique, recouvrant la mémoire en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Pour le moins positif, sur ses amours, assez naïves, les dialogues amoureux sont d'une platitude et les histoires restent mièvres. Et sur l'enquête policière, il n'y a pas grand chose de crédible, l'auteur semble en rajouter dans le trash, mais c'est un peu trop décalé pour être vraiment cohérent.

C'est donc une lecture en demi-teinte, avec un contexte historique très intéressant, traité de façon un peu confuse, mais le mélange roman historique et d'aventures avec un thriller trash ne fonctionne pas vraiment.

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Bleu de méthylène

Un roman flash, un polar à la française avec des personnages forts décrits en très peu de lignes et une fin surprenante, près de Lisieux. Une écriture très particulière que j'aime beaucoup. C'est enlevé et chiadé. Un grand merci pour vos conseils, je me suis régalée. Et l'enquête ? Ben suivez les membres et recomposez le tout pour faire une classe et un prof. C'est ébouriffant. Mais surtout gare au commissaire principal Inckel, il troue les casques, « ça fait bataille de Berlin. ». Exactement ce qu'il faut pour un prof d'histoire géo !
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Les enfants de lune

Lire Fajardie, c'est retrouver un peu d'humanité dans un monde de brutes, même si ses héros ne sont pas des enfants de choeur. En ouvrant ces Enfants de la lune, on se doute bien que Giancinto, petit truand d'origine italienne qui a grandi dans les bidonvilles de la banlieue nord et Anastasia, son copain d'enfance rangé des voitures vont se mettre de sales draps. Parce que les héros de Fajardie ne peuvent s'empêcher de se prendre les pieds dans le tapis, au nom de l'honneur, de la fidélité à la parole donnée, de l'amitié et de l'amour: « Même s'ils héritaient de tout le pognon entassé à Fort Knox, cela ne changerait rien parce qu'ils portaient quelque chose d'autre en eux. Pas le goût du malheur, pas vraiment. Mais une action généreuse malgré -ou contre- le système social. Et puis cet insupportable sentiment de dérision concernant l'existence alors qu'autour d'eux chacun s'agitait en tout sens pour consolider des positions minables et cependant convoitées par d'autres. »

Giancano a descendu un politicien véreux et quelques invités triés sur le volet qui participaient à une partie fine et doit se refaire avant de prendre le large. C'est court, intense, et bourré de dialogues comme on aimerait en lire plus souvent:

« Exit Dietmer, la tronche en tranches et ses muqueuses moqueuses prenant le frais. (…) le genre de gars qui aurait pu tourner dans La planète des singes en s'abstenant de passer préalablement chez le maquilleur! lança-t-il à voix haute.



« T'es resté fidèle à l'eau de vichy pendant tout ce temps?

-Oui. Au début, c'était pour provoquer mon père. Tu te souviens qu'il avait été kollabo?

-Oui, tu me l'avais dit.

-Après, j'y ai pris goût à cette flotte… »



Jamais déçue avec Fajardie.

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Après la pluie

Un grand Fajardie sur la France de l'après-guerre, quand les héros sont fatigués. La population nauséeuse tente d'oublier les années d'occupation, entre marché noir, système D, G.I.'s en goguette et bistrots transformés en boites zazous. A bord de sa Simca 8, Joe Dickman sillonne Paris. En cet hiver 1946, cet engagé de la première heure rallié au général Leclerc, revenu indemne de Koufra et de Bir Hakeim, a fondé avec un compagnon d'armes l'Agence de détectives Cyclope. Une affaire va bouleverser sa vie, la mort de Jules Farnoux, baron de l'industrie qui a su louvoyer entre collabos et résistants et faire prospérer ses affaires.

Après le magnifique portrait d'un chef de la résistance dans Un homme en harmonie, Fajardie nous offre une saisissante radiographie d'une nation en pleine désillusion à travers la destinée d'un homme usé par sept années de combats: "A part cette femme et cette guerre que j'avais voulu accomplir jusqu'à l'effondrement des fascismes, voilà longtemps que je ne désirais plus rien. Concernant la vie courante, je protestais rarement et ne manifestais rien, définitivement vaincu par la connerie triomphante qui s'étalait partout."

Anciens collabos, combattants, résistants de la dernière heure, épurateurs zélés, flics pourris et habiles opportunistes se croisent au sein d'une intrigue complexe. Les plus faibles tentent de survivre à la rigueur de l'hiver 46, les plus forts souhaitent occulter définitivement un passé devenu gênant, et la plupart des Français veulent rattraper les années volées par la guerre .

Un constat assez désabusé sur l'engagement et la perte des idéaux nuancé comme toujours chez Fajardie, par l'humour, l'élégance, la finesse, avec une certaine vision chevaleresque de l'amitié virile et des amours partagées. Un beau roman sur les lendemains de la guerre et les choix d'une vie, un regard teinté de tristesse sur un pays qui ne sera plus jamais le même.
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Les foulards rouges

Le roman historique, pour autant qu'il soit crédible dans sa restitution du contexte dans lequel il incorpore son intrigue, est une façon d'aborder l'histoire de manière moins scolaire. La fiction servant de liant aux faits historiques qu'elle agglomère pour forger son intrigue.



Les foulards rouges de Frédéric H. Fajardie nous implique dans une page de l'histoire qui fit en son temps douter de la longévité du règne du dauphin devenu roi à l'âge de cinq ans. Il fut au final le règne le plus long de notre histoire. Sous la gouvernance de la régente Anne d'Autriche sa mère et de l'homme fort du royaume, le cardinal Mazarin, Louis XIV commençait son règne en un royaume alors englué dans la plus grande confusion. Ce trouble est resté dans l'histoire sous le vocable de Fronde. Terme qui dissimulait mal une guerre civile larvée.



Et si l'histoire pouvait manquer de gloire et rengaine d'amour, le roman de Fajardie l'en augmente à satiété. Au point de forcer le trait à couvrir de renommée un héros devenu sous sa plume invincible, le comte de Nissac, tout empanaché de rouge et de blanc sur son fidèle destrier noir, héros confondu d'amour pour la plus belle femme de la capitale, il va de soi. Au point d'outrepasser la barrière de la condition, le comte succombant aux charmes d'une roturière. Et fort de cette passion irrépressible, la plus fine lame du pays se bat à un contre multitude sans jamais faillir, se réclamant du service du cardinal, se stimulant de son sentiment tout neuf.



La guerre étant la continuation de la politique par d'autres moyens selon Clausewitz, si péripéties politiques et guerrières ne suffisaient pas à sublimer notre héros, Fajardie l'implique dans une énigme policière lorsque ce qu'on appellera plus tard un psychopathe tueur en série s'ingénie à écorcher vives de jolies femmes. En exutoire sans doute à de vieilles frustrations lesquelles renvoient comme souvent à une enfance lésée en son quota minimal d'amour pour construire la personne. La dénonciation sera délicate, le tueur est de haute naissance. Gageons qu'en ces temps de privilèges dans une société très cloisonnée la justice n'y trouve pas tout à fait son compte.



Notre héros invincible, suffisamment pourvu en cicatrices de guerre attestant de sa bravoure, s'entoure d'acolytes à la Vidocq, rescapés de justesse des rigueurs des galères, formant une équipée improbable et crainte comme le diable sous l'anonymat de son foulard rouge. Equipée laquelle intervient avec le plus grand succès aux faveurs du premier ministre cardinal pour que vive ce roi naissant à l'histoire. Un roi qui restera dans nos manuels affublé de l'astre solaire en qualificatif.



A une époque où l'on chevauchait sus à l'ennemi en dentelle, se battait en duel en faisant des phrases apprêtées, ennoblies de force passés du subjonctif, c'est la restitution de cette langue sophistiquée, au point d'en devenir précieuse dans la bouche des « bien-nés », qui donne sa saveur à cet ouvrage. La langue d'époque mise en oeuvre dans cet ouvrage ne souffre d'aucun anachronisme de langage. Elle nous rappelle à une grammaire que notre temps oublieux de ses racines martyrise à souhait, la sacrifiant sur l'autel de l'audimat à grand renfort d'onomatopées et anglicismes dont les locuteurs modernes impénitents ignorent jusqu'au sens premier.



S'il ne cautionne pas le scenario d'un super héros échappant toutes les chausse-trappes que ses ennemis lui placent sous ses pas, l'amateur d'histoire sera quand même comblé par cet ouvrage pour ce qu'il semble fidèle aux faits historiques que sa mémoire aura sauvegardés de ses lointaines universités. Bonne mise en situation en ces temps d'ancien régime servie par une belle langue, en contrepoids d'une fiction un peu trop édulcorée. Mais le rythme est enlevé et l'ouvrage n'est pas pesant à lire.

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L' Homme de Berlin

La fougue et le style concis de Fajardie conviennent parfaitement au format de la nouvelle. Dans « l'Homme de Berlin », un recueil de quatorze récits, il s’essaie à différents registres. Ses histoires peuvent être abracadabrantesques : un banquier décide de transformer son bureau en ruche, un escargot prend en otage un patron de radio, un viking mène des attaques dans le centre-ville de Caen... D’autres récits illustrent les vicissitudes du destin. Un vieil escargot souffreteux peut par exemple secouer le cours d’un procès. Il évoque également ces instants fatidiques où l’absurdité d’un malentendu ou d’une guerre devient évidente. Et puis il y a ces portraits de femmes soumises qui vont s’affranchir des fers de l’amour conjugal. Je garde en mémoire deux textes qui proposent deux échappatoires pour fuir un « monde dégueulasse ». On peut faire le choix « d’un bonheur bien dodu » (l’amour) ou celui de l’imagination en se réfugiant dans des « vies rêvées ». Frédéric H. Fajardie possède un vrai talent de conteur. Il sait tisser des histoires percutantes, chaudes d'une tendresse fraternelle ou d'une révolte dévorante.
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Le faiseur de nuées

Willy quitte la maison centrale de Fontevrault après de longues années de détention. Il n'a pour tout bagage qu'un costume gris étriqué et son honneur qu'il a défendu avec acharnement. Il rejoint Paul Avenel, un détenu qui a partagé sa cellule, avant de retrouver Marilu, une chanteuse de cabaret, qui l'attend depuis le premier jour de son incarcération. Il l'aime, elle l'aime, cela fait quinze ans qu'ils ne se sont pas vus, la soirée s'annonce idyllique… Mais n'oubliez pas que nous sommes dans un polar : des truands entrent dans la boîte de nuit, c'est le début des ennuis. N'oubliez pas non plus que c'est Frédéric H. Fajardie qui mène la danse : voilà Willy, notre chevalier des temps modernes, confronté à de dangereux mafieux. Baissez la tête, ça va défourailler, Willy a la main lourde. L'adversité est rude mais heureusement, il peut compter sur un amour et des amis qui lui sont totalement dévoués. Un roman bref et violent qui n'a pas dû enchanter Gaston Defferre… Mais qui moi m'a beaucoup plu.
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Commissaire Padovani : Full Speed

Pour la dernière aventure du commissaire Padovani, Frédéric H. Fajardie a mis le (gros) paquet!

Le lecteur, s'il est un randonneur de l'oeuvre fajardienne, retrouve avec plaisir Primerose et Hautes Études... Ces derniers étant les membres récurrents et survivants de l'équipe originelle du célèbre flic.

Chez Fajardie, ça explose, ça torture et ça canarde dans un crescendo rarement atteint: l'équipe Padovani se coltine un cauchemar bien pourrave d'attentats monstrueux dans un Paris froid et neigeux.

Le lecteur est prévenu: il va y avoir du grabuge, de la casse et d'innombrables cadavres...

Mais pas que...

Malgré le manque d'effectifs et une hiérarchie souvent obtuse, le "team" Padovani va devoir alpaguer un tueur de travestis et un tueur d'enfants.

Lecteur, guette bien les rayons de lumière, dans Full speed, parce qu'ils sont très chiches et bouleversants... Car Fajardie accorde la grâce à l'un de ses anciens personnages, et c'est assez rare pour être signalé.
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Sous le regard des élégantes

Un tour sur sur la piste de l'hippodrome d'Auteuil, volant sur le dos de « Hard to Beat », je sentais sa nuque chaude et sa respiration sereine, il allait l'emporter. J'allongeai le bras juste ce qu'il faut pour lui caresser l'encolure, lui et moi ne formions qu'un. Le monde des courses est passionnant. Puis je remarquais que des cracks tombaient, des jockeys aussi tout comme des mercenaires, des tireurs d'élites. Les balles et les explosions soufflaient tout. Allait-il m'arriver la même chose ? Mais j'étais jeune. Aujourd'hui j'ai trente ans de plus et je vais vous raconter mon histoire. Des rencontres allaient tout changer dans ma vie. Une femme, des hommes, un vieux monsieur et des tordus de fachos allaient faire de moi un crack-jockey.

Je découvre Frédéric H. Fajardie avec ce roman. J'aime son écriture et son humour. La construction du roman est très amusante également, tout comme les personnages. Il y a de l'humanisme dans cet écrivain.
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