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Citations de Frédéric Lordon (159)


Les luttes contre les dominations sont entièrement légitimes – dit le capitalisme – tant qu’elles continuent de se couler dans la grammaire de la domination capitaliste. C’est vrai, dans notre histoire, nous ne nous sommes pas toujours très bien comportés, mais après tout rien ne s’oppose à ce que le Noir soit un exploiteur comme les autres, et la femme tout autant, bienvenue à eux, notre tolérance est entière.
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Éloigné des conditions historiques, colonialistes, de l’accumulation primitive, le capitalisme considère cependant la rémanence des rapports racistes dans la société où il évolue, traces profondes laissées par le passé esclavagiste ou la décolonisation, et voit ce qu’il peut en faire. Si ces rapports, qui lui sont secondaires, lui offrent des opportunités simples de surexploitation, il les saisit sans hésiter. Mais si les données politiques générales se modifient, qui mettent ces rapports autres en question, voire sous pression, si de la société se font connaître des protestations pour les corriger, le capitalisme saura faire avec.
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L’histoire ne connaît pas d’autres responsables du niveau de violence que les dominants.
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Imaginairement, le capitalisme a fait main basse sur la couleur, la lumière et jusqu’à la vie même. Il faut les lui retirer, lui qui dans la réalité détruit absolument tout : la planète, les lieux d’habitation sauf pour les riches, la santé physique sauf celle des riches, la santé mentale, il est vrai celle des riches y compris, mais différemment. Pour être imaginairement, puis politiquement viable, le communisme doit tout se réapproprier. Il doit même revendiquer le luxe – puisque lux c’est la lumière. Or c’est bien de cela qu’il s’agit : de lumière dans l’existence.
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Sans doute aussi, il y aura du trader et du banquier d’affaires sur le carreau – mais on peut songer aux armées de chômeurs, de précaires et de suicidés qu’ils auront contribué à former pendant les décennies de leur toxique industrie, et retenir ses larmes. D’ailleurs la société communiste, bonne fille, leur accordera, comme à tout le monde, les droits du salaire à vie (sans doute pas au plus haut niveau de qualification…) – enfin à ceux qui n’auront pas fui à l’étranger, que nous ne regretterons pas, à qui même nous aurons tenu la porte.
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Dans le bilan historique du capitalisme, il restera donc qu’il était sur le point de détruire l’humanité en l’homme, de lui rendre la planète inhabitable, mais aussi qu’il nous laisse l’état de très haut développement de ses forces productives et, partant, nous permet d’envisager de l’abandonner dans des conditions matérielles plus favorables que jamais – merci, au revoir.
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Vivre d’une vie qui n’est pas seulement biologique étant par excellence une affaire de qualité, il est normal qu’elle soit traitée comme une donnée dénuée de toute pertinence par la logique de la quantité. Elle peut alors entrer dans un traitement nombré – un calcul – dont les autres termes se compteront eux en points de PIB, ou en pourcentage de dette.
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L'économie, au sens contemporain du terme, c’est la production de valeurs d’usage monstrueusement colonisée par la valeur d’échange devenue folle, à savoir : la production finalement indifférente à ce qu’elle produit, gouvernée exclusivement par la perspective de la mise sur le marché en vue de la conversion monétaire et de l’accumulation indéfinie.
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S’il est une chose dont on peut être certain, c’est que l’histoire n’a jamais avancé « tous ensemble » – car l’histoire n’est pas un buffet. Croit-on vraiment qu’on va arrêter le capitalisme « tous ensemble » ? Mais sous quelle circonscription du « tous » ? Capitalistes inclus ? Bourgeoisie avec ? Si pas inclus, avec qui, et par quelles voies ? Anticipe-t-on que les capitalistes ne seront pas trop partants ? A-t-on un début d’idée de ce qu’ils feront au moment où ils se déclareront « pas trop partants » ? Et de ce que nous ferons – de ce que nous devrons faire – alors, « nous », le « tous » capitalistes-pas-inclus ?
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Le capitalisme nous détruit, il faut détruire le capitalisme. Il n’y a pas d’échappatoire, les fausses solutions sont fausses.
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La fatalité historique du communisme est de n’avoir jamais eu lieu et pourtant d’avoir été grevé d’images désastreuses. À la place desquelles il faut mettre enfin des images de ce qu’il pourrait être lui, réellement. Sortir du capitalisme demeurera un impensable tant que le communisme demeurera un infigurable (ou un « inrefigurable »). Car le communisme ne peut pas être désirable seulement de ce que le capitalisme devient odieux. Il doit l’être pour lui-même. Et pour l’être il doit se donner à voir, à imaginer : bref, se donner des figures.
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Dans la situation qui est la nôtre en effet, la conséquence commande de se rendre à trois énoncés qui ne se négocient pas facilement : 1) le capitalisme est entré dans une phase où il détruit l’humanité, par conséquent l’humanité va avoir à choisir entre persévérer tout court et persévérer dans le capitalisme – pour s’y éteindre ; 2) jamais les capitalistes ne se rendront à leur responsabilité homicide ni (donc) ne renonceront à la poursuite du (de leur) jeu, les tours les plus spécieux de raisonnement seront déployés pour convaincre de la possibilité, de la nécessité même, de continuer, les pires violences aussi s’il le faut (et de plus en plus il en faudra) ; 3) il n’y a aucune solution de renversement, ni même de simple arraisonnement, du capitalisme dans le cadre des institutions politiques de la « démocratie », ou plutôt de ce qui se fait appeler ainsi, seul un dégagement d’énergie politique phénoménal peut empêcher le capitalisme d’emmener l’humanité jusqu’au bout du bout, un dégagement qui porte usuellement le nom de « révolution ».
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Frédéric Lordon
Nous en sommes à un point où même une partie de la bourgeoisie commence à contempler, effarée, le cinglé qu'elle a porté au pouvoir.
(...) La domination porte souvent les dominés à sous-estimer la fragilité du camp d'en face. Or, en face, même si ça n'est pas encore tout à fait apparent, ça commence à se lézarder. Ce n'est donc pas le moment de lâcher.

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• "Une grève reconductible causant un choc économique : Macron nous donne la méthode !" Frédéric Lordon - 13 mars 2023
https://www.youtube.com/watch?v=N9_031lS5s0
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Le rétablissement de l'égalité dans le rationnement kilométrique (ou plutôt en CO2) — puisqu'on voit mal par quel autre procédé produire un effet concret en cette matière — s'obtient en extrayant le voyage de sa forme capitaliste, qui le défigure en TOURISME. Et en prenant l'habitude d'une révision drastique de nos normes de mobilité internationale, c'est-à-dire en rompant avec celles que le capitalisme nous a mises dans la tête, et qui nous font trouver ordinaire d'avoir le changement de continent à une demi-journée de transport. Sauf dernier degré de l'inconséquence, il faut admettre que ces normes étaient folles, que nous partirons moins, séjournerons moins, mais avec quelques chances que ces séjours, plus rares mais possiblement plus longs, s'apparentent davantage à quelque chose comme des VOYAGES.
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En France, par exemple, la galerie des références du journal de référence est une sorte d'EHPAD de la vie des idées (et ceci de manière tout à fait indépendante de l'âge des pensionnaires, bien sûr), la pensée consacrée y a le pouvoir de percussion d'une pantoufle ou d'un déambulateur.
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Dans les multiples, grotesques, et honteuses usurpations dont ils se sont rendus coupable, les publicitaires, après le « concept » et la « créativité » (misère des « créatifs »), ont jeté leur dévolu sur « la ville », ses « lumières » et ses « couleurs ». La publicité « embellit la ville », voilà le genre de saleté que ces crétins barbus en tongues et lunettes épaisses n'hésitent pas à soutenir. Ôtez la publicité et vous retournez à Berlin-Est d'avant la chute du mur, ou à Tirana. La vérité est plutôt : mettez à bas les panneaux JC Decaux, rendez la ville aux grapheurs, aux artistes de rue, en fait à tout le monde, et vous verrez l'explosion de formes, de couleurs, d'idées, de slogans. Qu'on ouvre des concours pour les gigantesques bâches des immeubles en travaux — pour sûr on y verra autre chose que des montres, des parfums ou des téléphones portables en 20 mètres par 10. Mais on ne sait pas si l'on doit en vouloir aux publicitaires : eux-mêmes morts-vivants, comment pourraient-il faire la différence entre la vie vivante et la vie morte, perdus dans le flot des images marchandes ? On sait en tout cas qu'on les empêchera de nuire : évidemment, la publicité viendra très haut dans la liste des choses à abolir. Fermeture du secteur de la publicité : en voilà un exemple typique de l'orientation de la division du travail.
L'erreur publicitaire, concentré pur de l'erreur capitaliste, c'est d'avoir pris le désir de marchandise pour le désir tout court. Puis d'avoir conclu que, sans marchandise, le désir désertait le monde — et la couleur et la lumière avec. Avec un peu de recul, on n'en revient pas d'une escroquerie de cette magnitude. Tout dans la conjoncture présente, notamment dans les prises de vue, contredit ce mensonge énorme, et dit la poussée du désir — de faire, de peindre, de grapher, d'écrire, de construire, de créer, mais cette fois pour de vrai, c'est-à-dire hors de la valeur d'échange, hors des commandements du capital.
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Fini l'arrivée continuelle sur "le marché" de voitures clinquantes farcies d'options ineptes, fini les téléphones portables à performances aussi mirifiques qu'inutiles, ou les frigos connectés.
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Contrainte et consentement, ce sont des formes vécues (respectivement triste et joyeuse) de la détermination. Être contraint, c'est avoir été déterminé à faire quelque chose mais en s'en trouvant triste. Et consentir, c'est vivre l'obéissance mais allégée de son fardeau intrinsèque par un affect joyeux.
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Obéir est un fardeau car les hommes n'aiment pas se trouver sous la coupe de ceux qu'ils tiennent pour leurs égaux.
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Les hommes se trompent quand ils se croient libres ; car cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes qui les déterminent.
Spinoza.
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