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Critiques de Frederick Busch (21)
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Filles

Me voici devant une critique fort peu aisée à faire. J’ai aimé le roman, mais… Ben oui, il y a un "mais".



Qu’est-ce qui m’a empêché de savourer le roman alors que les autres l’ont adorés ?



Serait-ce le manque d’action ? Non, pas vraiment. Le récit prend son temps, certes, ce qui nous laisse tout le loisir de faire plus ample connaissance avec Jack, un ancien flic devenu vigile dans une université fréquentée par des gosses de riches.



Les personnages seraient-ils mal travaillés, alors ? Non, pas du tout ! Que du contraire ! Notre Jack est un homme blessé par la mort de sa petite fille et lui et sa femme, Fanny, ont bien du mal à communiquer entre eux.



Leur souffrance est latente, comme prête à exploser. Ils s’aiment mais chacun vit sa vie de son côté, lui travaillant la journée, elle la nuit. Leur couple ne tient que pas habitude, la souffrance vécue étant leur ciment. Ciment qui a tendance à foutre le camp…



Durant toute la lecture, j’ai tenté de deviner ce qu’il s’était passé avec leur enfant, de comprendre pourquoi Fanny avait l’air de reporter toute la culpabilité sur son mari. Comme si c’était lui qui faisait tout à l’envers, comme s’il ne souffrait pas assez, comme si Fanny était la seule à avoir du chagrin…



Comme si le couple voulait oublier les causes de la mort de leur enfant : accident, fatalité, meurtre, omission… Chape de plomb coulée sur la chose.



En tout cas, de ce point de vue là, je ne peux pas reprocher à l’auteur de ne pas avoir su me faire ressentir toute la souffrance de ce couple et de ne pas m’avoir démontré que la perte d’un enfant, dans un couple, pouvait le dévaster profondément. Ici, c’est à petit feu que tout se désagrège.



Alors quoi ? Le fait que ce polar tienne plus du drame psychologique que d’une enquête dite "classique" ? Non, pas vraiment… Cela ne m’a pas trop dérangé que l’enquête sur la disparition de Janice Tanner passe un peu au second plan.



Jack n’est pas le meilleur enquêteur de cette petite ville de l’Amérique du Nord, il part parfois dans tous les sens, cassant la gueule à un petit dealer, omettant de fouiller aussi la chambre de la gamine, mais bon, ce n’est pas son job et il a accepté de s’occuper de l’affaire un peu à contrecœur.



Le temps démoralisant m’aurait-il tapé sur les nerfs ? Non plus, la neige, tombant quasi sans discontinuer, donne un faux air de huis clos à ce récit et le rend même oppressant à force d’étaler tant de blancheur sur tant de noir.



En fait, mon problème est venu du style d’écriture de l’auteur auquel je n’ai pas accroché. Jack, le narrateur, du fait de sa souffrance intérieure, a une manière de nous raconter les choses et c’est là que le bât à blessé entre lui et moi.



Bon, vers la moitié, ça allait mieux, m’étant habituée…



Voilà pourquoi je râle en écrivant ma chronique : ce roman avait tout pour me plaire de par sa psychologie des personnages poussée très loin, leurs blessures profondes, un couple déchiré, un environnement sombre, noir, de la neige pour rendre l’affaire plus complexe et ajouter une note dramatique à une partition qui l’était déjà.



Et moi, je bloque sur le style et la manière de construire le texte…



Y’a des jours comme ça où un grain de sable fait dérailler toute une belle machinerie bien huilée. Malgré tout, no regrets, quand on aime les récits psychologiques, avec un tel roman, on est bien servi.


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Filles

Ca se passe en hiver, sous plus d'un mètre de neige, dans l'état de New York où Jack, vigile sur un campus universitaire, enquête sur la disparition d'une adolescente.

Jack met 80 pages à se décider si, oui ou non, il tentera de retrouver la gamine, car Jack a vécu un drame familial qui l'a laissé fracassé, qui empoisonne ses relations, et qui l'a rendu incapable de communiquer. Or, Jack est le narrateur de cette histoire, et éprouvant des difficultés à s'exprimer, il place le lecteur dans la même situation que son entourage : il agace, mais on ne peut pas l'abandonner car on a envie de l'aider -même si on a parfois du mal à le suivre.

C'est là que j'ai trouvé brillante l'écriture de Frederick Busch, qui au départ me laissait perplexe, car il réussit peu à peu à nous plonger dans l'histoire sans qu'on y prenne garde, et on se retrouve avec de la neige jusqu'à la poitrine, et on se débat dans une ambiance ouatée qui ne parvient pas à étouffer toute la douleur qui irradie de Jack.

Ca m'a bouleversée. Ce n'est pas un roman noir comme les autres, car il ne se livre pas facilement. Il faut un peu de patience pour comprendre ce que dit ou pense Jack, et d'imagination pour deviner ce qu'il tait ou fait. Mais ça prend : l'intrigue prend forme, les personnages prennent vie, l'enquête progresse. Et je reste béate d'admiration devant tant de sobriété et de beauté.
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Filles

Jack, ancien policier militaire devenu chef de la sécurité d’une petite université privée du nord de l’État de New-York, accepte, parce que cet événement fait écho à son propre drame d’enquêter sur la disparition de Janice Tanner. Alors que l’hiver devient de plus en plus rude et que d’autres filles disparaissent, Jack s’enfonce dans la déprime, la culpabilité et les vaines tentatives pour effacer de sa mémoire la mort de sa fille.



Roman à l’atmosphère glaciale et hypnotique, Filles oscille entre le polar et le drame psychologique avec un talent égal bien que l’enquête sur la disparition de Janice Tanner soit avant tout le prétexte au dévoilement des blessures intimes de Jack et de sa femme, Fanny. Couple brisé par la mort de leur bébé et par le voile qu’ils ont jeté sur ce décès dont ils refusent de se rappeler les circonstances et dont ils ne savent plus s’il a été provoqué par la négligence, l’emportement de l’un ou de l’autre d’entre eux ou simplement par la fatalité.

En enquêtant, Jack ne cherche point le rachat, ce qui serait trop facile, mais une manière d’exutoire à sa frustration et à sa peine, au délitement inexorable de son couple, et sans doute aussi à se punir un peu. Tout ici se fait écho : la disparition de Janice Tanner fait donc écho à celle du bébé de Jack et Fanny, l’hiver glacial et interminable aux cœurs définitivement gelés de Jack et Fanny, le travail de protection des étudiants à l’incapacité de Jack à protéger sa propre famille et à sauver son couple.

Roman du désespoir et de l’absence, Filles n’est pas un livre qui réconforte le lecteur. Frederick Busch y parle de l’amour, certes, mais surtout de la souffrance qu’il entraîne en disparaissant, et nous montre à travers Jack et Fanny comment la gangue de douleur créée par l’absence, le soupçon et la culpabilité rend les hommes durs et éveillent en eux ce qu’ils peuvent avoir de mauvais, la tentation de faire souffrir l’autre pour ne pas être seul à avoir mal. Quelques lueurs d’espoirs existent et brillent parfois au fil du roman, mais Frederick Busch a tôt fait de les voiler elles-aussi et démontre une grande capacité à mettre mal à l’aise et à bouleverser le lecteur. Âpre mais généreux à sa manière, Filles mérite sans nul doute la bonne réputation qui est la sienne et l’on ne peut que se réjouir qu’il soit aujourd’hui disponible en poche.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Nord

Et dans cette suite de "Filles" du même Frederick Busch, je retrouve "mon" beau Jack de douleur.

15 ans après avoir quitté le Nord enneigé et glacé de l'état de New York, Jack y revient pour retrouver un jeune homme disparu. Jack a toujours le cerveau et le coeur fracassés par la tragédie familiale qui l'a percuté. Il est toujours en décalage avec son entourage et avec lui-même. Toujours enclin à essayer de sauver les autres au lieu de se sauver lui-même, il s'applique à mener son enquête dans ce coin d'Amérique déserté, où ne restent que les laissés-pour-compte, les flics énormes, et les vieilles dames qui préparent le meilleur café du monde.

Une fois encore, avec son écriture pure et (un peu) exigeante, Frederick Busch m'a emportée et chavirée. Ce roman est une pépite, qui célèbre la Nature (les descriptions des champs, lacs et forêts, sont magnifiques) et met en exergue la difficulté de vivre -surtout quand on est Jack. C'est douloureux, mais c'est d'une splendeur absolue.

A recommander à ceux qui ont un faible pour les personnages torturés et autres écorchés vifs !
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Filles

Un polar ennuyant et pourtant...



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Nord

Jack a vécu un drame dans sa vie et il est parti dans le sud. Pour oublier. Pour continuer. Puis il rencontre une avocate qui lui propose un travail de détective : retrouver son neveu dont elle est sans nouvelles et qui serait parti se cacher dans le nord. Le nord de l'état de New York. Le nord où Jack a vécu une vie heureuse avec sa femme et sa petite fille, jusqu'au drame.

Jack va accepter pourquoi ? Pour qui ? Car sa recherche de la personne disparue devient vite une quête personnelle : tenter de recoller les morceaux du puzzle qu'est devenue sa vie. Et se souvenir. Si douloureux soit-il.



On s'attache vite à Jack. Sa ténacité, sa folie, sa solitude, son tempérament. Et donc, on s'attache à l'histoire.

Même si parfois j'ai un peu décroché dans es états d'âme et ses pensées profondes, j'ai passé un bon moment de lecture.

Mais je ne sais pas si elle sera inoubliable.
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Nord

On est habitué des flics au lourd passé qui traînent leur mal de vivre tout au long de leurs enquêtes dans les bas-fonds de l'âme humaine.

Mais Jack, le héros de Frederick Busch, détient certainement une palme : son passé pèse des tonnes !

Avec Nord on le découvre un peu tard (1) mais cela rend son histoire encore plus mystérieuse et plus épaisse. Il devenu "le-flic-qui-ne-retrouve-pas-les-enfants" ...

À commencer par sa propre fille qu'il n'a pas su ou pu sauver. Du coup son couple a explosé en vol.

Une autre enquête vient hanter ces nuits, une histoire où il s'est avéré incapable de retrouver une jeune fille (seulement son meurtrier, c'est déjà pas mal).

De flic en shérif puis en gardien de campus, le voici maintenant vigile dans un bar quelconque d'un état du sud. La dégringolade. Et même son chien fidèle, un trop vieux labrador, est en train de le lâcher. La déroute.

Lorsqu'une belle avocate vient lui proposer de chercher un neveu (encore un grand gosse à retrouver ...) il saisit l'occasion de tout larguer dans le sud et de retourner sur les traces de son passé, dans le Nord, un nord qu'il a perdu depuis de nombreuses années.

Le voici donc revenu près de la frontière canadienne, à la recherche du neveu disparu, rôdant autour de quelques fermes louches dont les champs de maïs pourraient bien cacher des cultures moins fourragères ...

Évidemment il n'est pas vraiment le bienvenu parmi les bouseux du coin, visiblement plus soucieux de protéger le secret de leurs petits trafics.

Heureusement il retrouve son seul et vrai ami, un grand black désormais atteint d'un cancer. Et sa femme Sarah.

Une Sarah dont notre ami Jack fut un peu trop proche à une lointaine époque désormais révolue : quand on vous disait que son passé pesait des tonnes.

Et puis il y a Georgia, la fille d'un notable du coin, une jeune femme qui n'a pas froid aux yeux (et qui n'a pas froid du tout d'ailleurs). Elle se prend pour une journaliste et aimerait bien écrire l'histoire de Jack, ce qui a le don de le mettre en rogne.

Ça c'est du polar, du beau, du vrai, du noir.

Malheureusement, on a vécu un peu le même syndrome qu'avec le récent Signal : une première partie forte, une histoire qui dépote, une écriture qui accroche ... et puis une seconde partie qui s'enlise dans les clichés et les péripéties convenues.

Comme les scènes de cul (2) avec la bombe Georgia qui n'étaient ni faites ni à faire. C'est pas qu'on n'aime pas les histoires de fesses (bien au contraire !) mais là, franchement, qu'est-ce que ça pouvait bien apporter à notre héros (3) ?

Du coup, l'ami Jack tombe dans l'archétype du vrai dur qui ne danse pas, le sombre héros à la John Wayne (d'ailleurs cité), celui qui éructe un “Yes, M'ame !” au comptoir. Bof ...

Les histoires à peine effleurées avec la lointaine avocate ou même avec la mamie qui tient le “diner” en bas de la colline sont quand même d'une toute autre tenue et on aurait aimé que l'ensemble du récit sorte de la même fabrique. Plus grandes sont les attentes, plus grandes sont les déceptions !

Bien dommage que Frederick Busch se soit parfois égaré sur les chemins de campagne, le livre aurait mérité plus de rigueur.

Mais que ces quelques critiques de fine bouche ne vous empêche pas de découvrir un bon polar, un beau, un vrai, un noir. Et le héros qui va avec, viril, sombre et dur.

_________________________

(1) : Nord n'est pas son premier roman traduit en français, mais qu'à cela ne tienne, il se lit facilement sans avoir eu connaissance des précédents épisodes, bien au contraire, cela ajoute au mystère et au plaisir de la lecture et de la découverte

(2) : désolé, c'est bien le mot, on dirait du Millenium

(3) : oui évidemment, un peu de satisfaction, on avait compris, et encore, il est plein de remords
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
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Filles

Quand on commence ce roman, on entre dans un univers, à la fois littéraire et psychologique. D’emblée, on est plongé dans la tête de Jack, un homme malade, dont il ne reste que quelques ruines, de par son passé que l’on va découvrir plus tard. On y retrouve une abondance de petits détails, sur tous les petits gestes qui font notre quotidien, car Jack ne vit plus, il erre comme un fantôme, essayant de sauver ce qui peut l’être dans sa misérable vie.



Jack est marié à Fanny. Depuis qu’ils ont perdu leur enfant en bas âge, leur vie n’est plus la même. S’ils continuent à survivre, ils passent leur temps à supporter leur quotidien fait de routine. Alors, Jack regarde les autres et s’intéresse à leur va et vient. La disparition de cette jeune adolescence va lui donner un objectif, et lui permettre de chercher une rédemption envers les autres, mais surtout aussi envers lui-même. De même, il regarde les femmes, les jeunes filles, et ressent du désir ; il arrive à se prouver qu’il est encore vivant, malgré le fait que son esprit soit mort en même temps que l’enterrement de sa fille.



Ce roman est littérairement impeccable, irréprochable, et c’est passionnant d’un point de vue psychologique. L’enquête n’est ici qu’un prétexte pour fouiller le mental de cet homme à la dérive, et cela pourra en rebuter certains, de la même façon que d’autres y verront un roman culte. Inutile de vous dire qu’en lisant ce roman, j’ai eu l’impression de découvrir un énorme auteur, malheureusement injustement reconnu et trop peu traduit en France. Je ne peux que vous recommander cette lecture incroyablement forte et vraie, pour peu que vous aimiez les romans psychologiques.
Lien : https://blacknovel1.wordpres..
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Nord

Ah la vache, il n’y a bien que les ricains pour vous mettre la rate au court-bouillon et le cœur en marmelade de la sorte. Dès les premières pages, on sent que les aventures de Jack, l’ex-flic déclassé, caféïnomane, traînant sa carcasse et son chien d’un boulot à l’autre, d’une ville à l’autre, va nous toucher immensément. Et c’est le cas. Jack donc, qui dans son boulot de videur fait la connaissance d’une avocate New Yorkaise un peu désœuvrée. Elle lui confie la tâche de retrouver son neveu, disparu depuis des mois dans le Nord de l’Etat de New York. Le Nord de cet Etat, Jack le connaît bien, il a passé tout une partie de sa vie là-bas. La partie qu’aujourd’hui il ne cesse de fuir. Un moment de sa vie où il avait une femme et un enfant, qui aujourd’hui ne sont plus là.



Lire la critique complète sur mon site :
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Filles

j'ai dû passer à coté de quelque chose.

Ce roman avait tout pour me plaire (ou presque...).

J'aime l'ambiance glaciale de l'hiver enneigé mais celle-ci ne transparaît pas.

J'aime les enquêtes mais celle--ci n'avance pas pendant une longue partie et se précipite dans la dernière partie.

L'auteur passe un très long moment, un trop long moment à installer cet homme dévasté par le drame de sa vie (la mort de son enfant) et ce n'est pas ce que je recherchais.

Ce n'est pas ce roman qui va me rabibocher avec la littérature américaine.
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Filles

On avait fait la connaissance de l’américain Frederick Busch avec son deuxième polar traduit en français : Nord.

Aujourd’hui voici le précédent : Filles.

L’air jovial de F. Busch cache des bouquins très noirs. Très très noirs.

Dans l’épisode suivant (Nord, donc), le sombre héros Jack, le flic qui ne retrouve pas les enfants disparus, était tombé très très bas.

Dans l’épisode précédent (Filles, donc), il est à peine plus haut sur l’échelle de la désolation : son couple n’en finit pas de finir, tout comme l’hiver qui sévit cette année-là. Jack est désormais déchu en vigile de campus et seul son chien puant semble pouvoir le supporter (ou réciproquement ?).

Malgré quelques jeunes filles disparues, il n’est pas vraiment question d’enquête policière (encore moins que dans Nord). Non.

Il s’agit tout simplement d’une descente aux enfers (enfin on est déjà tout en bas : Jack est déjà bien descendu) et F. Busch essaie de nous faire partager une souffrance.

L’indicible douleur de la perte d’une enfant (on peut se rappeler L. Tardieu dans un tout autre registre romanesque).

Les disparitions d’enfant (vous avez compris que le couple Jack-Fanny a perdu sa fille également) viennent hanter l’esprit de Jack, un peu comme les disparitions hantent les cauchemars islandais d’Indridason.

Au fin fond de l’enfer et de l’hiver, il y a Jack et son mal de survivre. Entre deux murs de neige.

L’écriture est sèche et un peu hachée. Peut-être est-ce la traduction ou bien un autre moyen de nous atteindre et de nous faire partager la douleur.

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L'Inspecteur de nuit

The Night Inspector

Traduction : Nadia Akrouf



Sobre et tranquille, "L'Inspecteur de Nuit" dérange. Son titre fait référence au personnage de M., qui n'est autre que le romancier américain Herman Melville, autrefois auteur connu et encensé dans les journaux américains mais désormais oublié et qui subsiste avec sa famille en tant qu'inspecteur des douanes dans le port de New-York.



Le narrateur, lui, s'appelle William Bartholomew. Pendant la guerre civile, il était tireur d'élite (ou sniper, comme vous préférez) pour l'armée de l'Union. Il a traqué, il a tué. Un jour, la chance a tourné. Un confédéré l'a visé, l'a raté mais a fait éclater le magasin de son fusil - un fusil utilisé aussi pour tirer le bison. L'explosion l'a défiguré à tout jamais mais il a survécu. Depuis la fin de la guerre - nous sommes en 1867 - il s'est créé ne position en spéculant à New-York. Il a peu d'amis - il ne fait pas confiance. De plus, il porte désormais un masque de porcelaine blanche, avec deux trous pour les yeux mais aucun pour la bouche. Quand il veut manger en public, il pose un voile sur sa tête et alors seuleement, il enlève son masque ...



Et malgré tout ça, malgré son enfance, aux mains d'un oncle pédophile qui avait mis le marché entre les mains de sa mère : "Ou tu couches avec moi, ou je viole ton fils", malgré un certain nombre de choses que l'on apprend peu à peu, on se prend d'affection pour cet homme en apparence si froid mais d'une intégrité morale exemplaire. Car on peut aimer à tuer et être honnête.



Bartholomew a une maîtresse, une prostituée métisse, Jessie, qui parvient à le convaincre de sauver un certain nombre de petits enfants noirs qui, bien que l'esclavage n'existe plus en théorie, sont tout de même susceptibles de se retrouver prisonniers de tel ou tel sombre organisme - et bien loin des Etats confédérés, soyez-en certains.



Et tout cela se passe dans un New-York qui n'est pas encore "la Grosse Pomme" mais qui commence à enfler, à ne plus se sentir, à déborder. Les principes de l'aristocratie fondatrice, celle des planteurs de coton, ont été balayés par la guerre : place à la consommation, au capitalisme triomphant, à l'exploitation. Oh ! on a libéré les Noirs, oui ... Mais c'était pour les rassembler dans les quartiers les plus pauvres des villes du Nord, se donner bonne conscience en se disant qu'on avait fait une très bonne action et puis ... partir, s'en aller et les laisser là, avec leur misère.



Bartholomew utilisait un fusil pour tuer mais il y a tant de manière de tuer. Surtout, ne vous fiez pas aux apparences : les gentils ne sont jamais si vertueux qu'ils veulent le faire croire et les méchants ne sont pas tous des salauds.



Un grand livre, au charme discret et vénéneux, dont on ne saisit tout le désespoir et l'amertume que très lentement. En revanche, on ne l'oublie pas de sitôt. ;o)
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Filles

Pas un polar, pourtant une enquête, celle conduite par un ancien policier, à la recherche de la fille disparue d'un couple. Lui-même sait ce qu'est la perte d'un enfant et sa démarche est conduite par sa douleur. De multiples blessures chez les protagonistes de ce roman très noir qui se déroule dans le froid et le blanc. Tentative d'amour également mais sans issue.
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Nord

Ancien G.I, ancien shérif adjoint, ancien vigile sur le campus d'une université, Jack revient dans l'Etat de New-York qu'il a quitté depuis quinze ans, pour tenter de retrouver Tyler Pearl, le neveu de Merle Davidoff. Ce retour dans le Nord est surtout, pour lui, une confrontation avec des souvenirs si douloureux qu'il a préféré les fuir pour espérer survivre.

A son enquête sur la disparition de Tyler se superposent les réminiscences de sa recherche infructueuse du cadavre d'une jeune fille assassinée quinze ans plus tôt.

L'intrigue policière ne sert que de fil conducteur à ce roman bouleversant sur le chagrin d'un homme qui porte comme une punition son sentiment de culpabilité. Comme si la souffrance empêchait les mots, son récit dévoile le passé par bribes, laissant le lecteur combler les vides, avant de raconter comme on avoue.

il m'a semblé lire ce livre à travers un brouillard de larmes trop longtemps contenues. Aucun pathos, aucune sensiblerie, mais un effet de réel bouleversant. C'est déchirant d'humanité, de compassion, d'une profondeur qui fait vibrer le sentiment subtil d'une solidarité indicible. Un pur diamant !
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L'Inspecteur de nuit

Quel roman étrange ! Encore un titre énigmatique grâce au génitif : est-ce la nuit qu'inspecte l'inspecteur ? Ou bien ne travaille-t-il que la nuit ? Quand on sait que cet inspecteur est l'auteur de "Moby Dick", cela devient encore plus significatif.

Une histoire de masques, de morale, de guerre et de paix. Une histoire de toutes les violences, dont le narrateur est, lui-même, tireur d'élite et meurtrier. Mais le ton est paradoxalement tout empreint de douceur et de compassion. De grands moments d'introspection, de réflexions à la limite de la métaphysique mais tout semble très "naturel" comme si cela coulait de source après les morts et les existences masquées et révélées. Ecriture, littérature, écrivain... toutes ces choses que le personnage de Melville rend presque banales. Un roman vraiment envoûtant !
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Filles

Jack est flicaillon sur un campus universitaire fréquenté par la progéniture bourgeoise du coin. C'est l'hiver (très froid, plein de neige) et une fille a disparu. La copine de Jack bosse de nuit, et ça ne communique pas beaucoup entre eux. Malaises conjugaux, vieux traumatismes irréparables, enquête en pointillés et embrouilles avec un petit dealer arrogant. Une propension à l'analyse psychologique (pas très fine), pour faire plus littéraire peut-être, nuit à ce roman qui s'en serait bien passé mais qui reste tout de même d'un bon niveau.
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Filles

Sombre. Très sombre...
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Filles

Ancien policier militaire, Jack est maintenant chef de sécurité dans une petite université dans le nord de l'état de New York. Sa vie de couple avec Fanny se détériore à petit feu depuis la mort de leur petite fille encore bébé, incident qu'aucun des deux n'a envie de se souvenir et encore moins d'en parler. Pour échapper à son quotidien qui va de plus en plus en mal, ou pour se faire pardonner une quelconque culpabilité, Jack accepte d'enquêter sur la disparition d'une jeune fille, Janice Tanner.





« Filles » est un polar très noir qui met beaucoup plus en évidence la souffrance du couple liée à la perte de leur enfant, que l'enquête elle-même. Cette dernière est plutôt longue à se mettre en place et même à se poursuivre, elle n'est que le reflet de ce que ressentent Jack et Fanny depuis le drame. Leurs sentiments sont constamment mis en avant et très forts. On ressent la douleur les envahissant chaque jour, leur lien qui s'effiloche à cause de la souffrance et malgré l'amour qu'ils se portent, le poids de la culpabilité qui repose sans cesse sur Jack où l'on a l'impression qu'il vit pour vivre mais qu'il n'y prend jamais de plaisir...

Ce polar est de plus en plus oppressant à mesure qu'on s'y aventure, voire même dérangeant. L'enquête prend du temps à se résoudre et la vie du couple est tellement présente et encrée qu'elle en est pesante.





Frederick Busch était vraiment doué pour démontrer que l'amour, à cause d'une perte, peut être dévastateur. Il a décrit avec brio, bien qu'avec beaucoup de longueurs, cette volonté de faire mal pour ne pas être la seule personne à souffrir, l'amour qui s'en va petit à petit sans que l'on puisse rien y faire, sans que l'on ne voit rien venir. Le lecteur s'en retrouve bouleversé voire épuisé par tant de déchirures et de dénis.

Je trouve simplement dommage que l'enquête soit mise au second plan. C'est tout ce que je pourrai y reprocher.
Lien : http://uneenviedelivres.blog..
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L'Inspecteur de nuit

New-York by night.

Premier roman de cet auteur américain né en 1941 que je lise. Ce livre a été édité aux États-Unis en 1999.

Plus d'une vingtaine d'ouvrages ponctue une carrière qui s'est échelonnée des années mille neuf cent soixante dix à deux mille six, année de sa mort et de l'édition de son dernier roman.

Nous sommes à la fin des années 1860 à New-York, la guerre de Sécession est terminée depuis peu. Le pays tente de panser ses plaies, l'argent coule à flot, la spéculation entraîne des profits énormes.

Lire la suite ici : http://eireann561.canalblog.com/
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Filles

Noir. mais je n'ai pas plongé
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