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Citations de Frédérique Clémençon (16)


Ils avaient quitté la maisonnette qui bordait le village pour cette maison bourgeoise hérissée d'ardoises qu'on appelait le Château, qu'eux-mêmes appelaient ainsi et avaient continué à appeler ainsi lorsqu'ils avaient pris possession des lieux, une réussite qui dans les années suivant leur installation avait donné au grand-père d'Edith le droit de figurer au conseil municipal puis celui de le présider. Cette promotion leur tenait lieu de revanche, celle des épiciers économes et tenaces qu'avaient été les arrière-grands-parents d'Edith...
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Je dis que je me suis trouvée jolie dans la glace cet après-midi mais ce n'est pas vrai, parce que je ne sais pas ce que c'est qu'être jolie ou laide. Je sais que mon corps vieillit mais je ne sais pas si ce corps est aimable, si on peut le trouver beau, si on peut vouloir le caresser, le prendre dans ses bras.
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Quand allez-vous nous donner de beaux enfants ? répétaient ses parents à chacune de leur visite, évoquant devant les jeunes mariés la joie de ces nouveaux voisins, plus chanceux, déjà gratifiés d'un ou plusieurs petits-enfants, disaient-ils du même sourire envieux, dans le jardin desquels fleurissaient avec les vacances ballons, balançoires, vélos qu'il leur tardait d'acheter. Quand ?
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J'avais appris à reconnaître les arbres, les fleurs et les champignons qui poussaient à des kilomètres autour de la maison, dans les champs, les sous-bois, au bord des ruisseaux. Leurs formes, leurs couleurs, leurs odeurs m'étaient devenues familières. J'en connaissais même le nom latin.
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Il y a des souris dans le grenier. Je les ai entendues la nuit dernière s'agiter et trotter au-dessus de ma tête, caracoler dans la poussière, les papiers déchiquetés, les vieilles toiles d'araignées tombées du plafond, petits paquets grisâtres moelleux comme du coton contenant encore le cadavre d'une mouche, d'un moustique, d'une abeille ou d'une guêpe.
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Ta grand-mère me soufflant le jour du mariage, il fallait oser, mais c'est qu'elle avait un sacré culot cette vieille cinglée, les saletés qu'elle m'a dites ce jour-là tout de même, ratatinée dans sa robe à frous-frous qui laissait voir les bretelles de sa combinaison, il faisait si froid, on n'avait pas idée, on peut dire que j'en ai eu pour mon compte, pas du tout ce qu'on pouvait imaginer pourtant car elle y a mis les formes, ce qu'elle disait très calme, très doux, un filet de voix, pas de scandale ou quoi que ce soit de ce genre, les cris, les hurlements, le tralala habituel, je n'ai d'ailleurs pas compris tout de suite ce qu'elle me disait, il fallait la voir se frotter contre moi comme une chatte, elle avait dû répéter ça des dizaines de fois, se réjouissant de ce qu'elle me glisserait bientôt à l'oreille, (...)
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J'ai des oiseaux dans le crâne, docteur, plein d'oiseaux, lui avait dit un jour David, l'un de ses jeunes patients, et quand les oiseaux sont là, les mots s'embrouillent, vous avez déjà vu un vol d'étourneaux? la façon dont ils crient, dont ils se déplacent, par centaines, comme si une main invisible les poussait, leur donnait cette drôle de forme.

C'était exactement ça: il avait des oiseaux dans le crâne.
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La lune enveloppait la terre d'une lumière douce et bleue, la lumière des rêves dans lesquels on attend mi-rassuré mi-inquiet une révélation, un dénouement, mais jamais rien n'arrive et on continue à attendre.
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Je ne dis pas que ton appartement n'est pas bien, pas du tout, ni qu'ils y sont malheureux, je sais bien que ces enfants ne manquent pas d'affection, mais on peut comprendre qu'ici, ce soit l'endroit rêvé pour se défouler.
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Marc avait lu que, en novembre 2010, une pluie de méduses avait coulé au fond d’un fjord, cinquante mille cadavres que des charognards avaient mangé avant qu’ils arrivent en bas. La plupart des touristes étaient partis, les autres s’étaient entassés avec leurs enfants sur quelques mètres carrés de plage disponible.
Pour Hélène, c’était un séjour plein de remords, dont ces méduses avaient été la matérialisation pénible, nuages s’amoncelaient au-dessus de leur tête, annonciateurs du désastre à venir. Une vie lisse, parfaite, enviée, on le leur avait dit, la chance qu’ils avaient leur entente. Au boulot, dans leur cercle d’amis. Une histoire ordinaire d’amour encore neuf, grandi par la naissance d’un enfant, un bel enfant, vif, joyeux, fin, beau.
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Peupler, oui, c’était le mot, occuper, habiter, les souvenirs nous collaient aux basques, et puis elle s’était ravisée ou plutôt apaisée, la colère l’avait quittée, Hélène songeant que Paul aurait peut-être un jour aimé tomber sur eux, tous ces trucs, se fondre en eux, ressusciter à travers eux ce qu’il n’avait pas connu. Fouiller, se fabriquer des images, construire le passé, des images de son père, de lui, ensemble.
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Il n'est pas facile de nommer le mal qui reste au chaud, barbote dans les replis du coeur, du cerveau, du corps tout entier.
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L’heure était venue de lui montrer un peu le monde, un autre monde, celui des sycomores et des aubépines, des châtaigniers et des digitales, des violettes des bois, des lamiers jaunes, la nature est moins décevante que les hommes, disait-il, mais ça ne doit pas t’empêcher de tomber amoureux.
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Pour Hélène, c’était un séjour plein de remords, dont ces méduses avaient été la matérialisation pénible, nuages s’amoncelant au-dessus de leur tête, annonciateurs du désastre à venir. Une vie lisse, parfaite, enviée, on le leur avait dit, la chance qu’ils avaient, leur entente.
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Le monde était une farce, une farce heureuse ou malheureuse. Pour l’heure la farce lui souriait, et il fallait en profiter.
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Inspirer l’air à pleins poumons comme un prisonnier recouvrant la liberté, aimer à nouveau l’odeur de l’iode et des algues séchées, la poisse dans les cheveux, les poissons frits, les grillades, le sable entre les orteils, dans les draps, les jeux sur la plage, entre les rochers, les boutiques de souvenirs, les promenades sur le sentier des douaniers, la masse sombre de la mer, intimidante, quand ils rentraient tard, prolongeaient loin des habitations leur balade près de l’eau, quand elle se fracassait contre la digue, éclaboussait les promeneurs venus s’offrir quelques frissons, les courses des enfants criant sous les tunnels d’écume et d’eau, un ogre magnifique, les réveils paresseux, les gueulantes du patron de l’hôtel.
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