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Critiques de Fredric Jameson (6)
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Raymond Chandler. Les détections de la totalité

Une approche de l’œuvre romanesque de Chandler méthodique, passionnante et exigeante.
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Raymond Chandler

Sa peur est l’organe de perception et d’exploration du monde de ténèbres qui l’environne

Je n’aborde pas ici, les dimensions philosophiques développées par Fredric Jameson. En lisant cet ouvrage je me suis demandé ce qui entrait en résonance avec mes souvenirs, avec mes regards sur les romans noirs (pour Raymond Chandler, les romans, une partie des nouvelles et des lettres). Donc, juste quelques repères, sensations ou réflexions.



« Du point de vue de la curiosité abstraite, on pourrait s’attendre à ce que le lecteur ait une réaction ambivalente : satisfait que lui soit donné la solution de l’énigme, irrité d’avoir été mené en bateau, d’avoir dû traverser tant d’épisodes qui n’avaient aucun rapport réel avec le mystère. Sur le plan esthétique, l’irritation demeure, mais transfigurée ».



Est-il possible de lire quelque chose sur Raymond Chandler sans avoir à l’esprit des adaptations cinématographiques, à commencer par Le grand sommeil, Humphrey Bogard et Lauren Bacall ?



Essayons cependant d’en revenir au texte qui en dit plus et moins, qui dit surtout autrement. Sensations, expériences. Fredric Jameson parle, entre autres, de perception, d’attention, « Tout se passe comme si certains moments de la vie n’étaient en effet accessibles qu’au prix d’un certain manque de focalisation intellectuelle : comme des objets situés dans les marges de mon champ de vision et qui disparaissent quand je tourne le regard pour les fixer directement ». Concernant le cadre de l’histoire policière, ce que je nommerai plutôt le cadre du roman noir, il indique « le moment de violence, apparemment central, n’est rien d’autre qu’une diversion ».



Los Angeles, ville dépourvue de centre, « dans laquelle les différentes classes ont perdu tout contact les unes avec les autres parce que chacune vit isolée dans un compartiment géographique ». Une ville et des lieux, « Marlowe visite soit des lieux que l’on ne voit pas, soit des endroits que l’on ne peut pas voir ».



L’auteur parle des regards, des textures du visage, du glamour photographique, des obsessions et dissociations mentales des étasunien-e-s, de force et d’argent, de résistance des choses, de fragmentation de la société, de « la figure qui contemple, d’un œil distrait ou attentif, ce qui se passe dans un autre monde », de répliques, de linguistique, de nostalgie, des « artéfacts idéologiques », de cinéma, de rapidité des changements, d’obsolescence des produits, des noms de marques, de désirs artificiels…



Il évoque des témoignages sur la vie quotidienne, « une vie assez semblable à la notre pour paraître particulièrement lointaine », les meurtres, les recherches, leurs liaisons littéraires, les déplacements entre réalités sociales, les diversions, les permutations, les combinaisons, « la comparaison entre tous les meurtres secondaires, relativement institutionnalisés (meurtres commis par des gangs, brutalités policières) et le crime privé ou domestique qui constitue l’événement central du roman et se révèle, à sa manière, tout aussi sordide et violent »



Sur les violences et les crimes, les analyses soulignent « la démystification chandlérienne », le « saut abrupt et dénué de justification logique dans le monde réel », l’ancienneté du crime sous-jacent…



J’ai apprécié les développements sur Los Angeles, l’esthétique, « la marque de l’artifice », les temporalités, l’idée de clôture, la culture radiophonique, la présence de la voix off…



Fredric Jameson travaille sur le rythme propre aux événements, « l’éclat momentané de l’ampoule est à la fois un meurtre et une agression sexuelle »…



Ce livre offre beaucoup d’autres perspectives…



Une invitation à relire Raymond Chandler. « Notre distraction formelle atteint enfin son objectif fondamental : en nous détournant du but rituel de l’histoire policière – trouver le coupable, faire de lui l’Autre -, elle nous confronte, sans nous avertir, à la réalité de la mort, de la mort la plus froide, qui rappelle aux vivants ce lieu où leurs restes iront un jour reposer et pourrir ».




Lien : https://entreleslignesentrel..
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Archéologies du Futur, tome 1 : Le Désir Nommé Ut..

Nourri d’utopie et de science-fiction, un grand ouvrage récent de philosophie politique.



Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/08/16/note-de-lecture-archeologies-du-futur-le-desir-nomme-utopie-fredric-jameson/

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La totalité comme complot : Conspiration et p..

Le travail incisif de Fredric Jameson sur les racines de l’imaginaire contemporain de la conspiration et de la paranoïa.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/03/10/note-de-lecture-la-totalite-comme-complot-fredric-jameson/



Fredric Jameson est sans aucun doute l’un des penseurs et analystes contemporains les plus stimulants qui soient. Ses textes de philosophie hardcore, au plus haut niveau, ont contribué et contribuent largement à maintenir vivante une tradition de curiosité marxisante qui s’applique aussi aux grandes réflexions du passé, considérées à raison comme n’ayant rien perdu de leur pertinence et de leur résonance actuelle (et comme l’incarne chaque trimestre encore aujourd’hui le travail réalisé au sein de la New Left Review, par exemple) : ses travaux sur Hegel, sur Marx, sur Walter Benjamin, sur Sartre ou sur Brecht, pour n’en citer que quelques-uns, font toujours autorité.



Sa renommée mondiale a toutefois été plutôt acquise dans le champ de ce que les Anglo-Saxons, à l’origine, appelaient les cultural studies, discipline riche et mouvante située au carrefour de la philosophie et des sciences humaines, des sociologies de la production culturelle et de la réception publique, des arts, de la littérature et du cinéma. Il a été notamment l’un des premiers penseurs à reconnaître pleinement la part décisive que prend la culture populaire (sous sa forme contemporaine de pop culture) dans la formation des esprits et des politiques : « L’inconscient politique – Le récit comme acte socialement symbolique » (1981) et « Le postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif » (1991), tout particulièrement, sont considérés à bon droit par toutes et tous – ou presque – comme des textes majeurs de la pensée contemporaine et de l’appréhension de nos réalités actuelles.



Il ne faudrait pas oublier, bien entendu, parmi ses apports essentiels, celui pratiqué en contributeur fidèle, depuis l’origine, de la revue Science Fiction Studies et de tout ce qu’elle représente, notamment l’inscription de plain pied de ce « mauvais genre » qu’est la SF (de l’avis historique de tous les académismes) dans l’esthétique et la politique les plus prégnantes d’aujourd’hui. Si l’on pourrait y inclure, un peu plus que pour l’anecdote, son mentoring à l’égard du jeune Kim Stanley Robinson (on peut l’entendre évoquer ici, par exemple) et la supervision de sa thèse sur « Les romans de Philip K. Dick », avant qu’il ne devienne le puissant romancier que l’on sait, on pense évidemment à ses nombreux articles pour Science Fiction Studies, toujours incisifs, et surtout à son monumental « Archéologies du futur » (2005), avec ses deux volumes « Le désir nommé utopie » et « Penser avec la science-fiction », qui poursuit et amplifie le travail pionnier d’un Darko Suvin pour atteindre une importance presque inégalée dans le champ et en dehors.



Dans cet ouvrage particulièrement précieux – et plus encore en guise d’introduction possible à une oeuvre particulièrement dense et multi-cellulaire, publié en 1992 (en tant que premier chapitre de « The Geopolitical Æsthetic ») et traduit en français en 2007 par Nicolas Vieillescazes (qui en signe aussi la superbe préface) pour Les Prairies Ordinaires (désormais intégrées aux belles éditions Amsterdam), Fredric Jameson se penche sur l’objet que constituent « la conspiration et la paranoïa dans l’imaginaire contemporain » (le sous-titre de l’ouvrage), en d’autres termes sur la genèse et le développement culturels des théories du complot, sous leurs formes ramifiées – et souvent moins évidentes qu’il ne semble.



Il y parcourt, avec ce mélange toujours étourdissant de pur brio et d’érudition orientée, des œuvres aussi diverses que celles de Sydney Pollack (« Les Trois Jours du Condor », 1975), Thomas Pynchon (son « Vente à la criée du lot 49 » de 1966 comme son « Vineland » de 1990), Brian de Palma (« Blow Out », 1981), Francis Ford Coppola (« Conversation secrète », 1974), David Cronenberg (« Videodrome », 1983) – qui tient ici une place particulièrement importante, Per Sjöwall et Maj Wahlöö (« Le policier qui rit », 1968), Vadim Abdrashitov (« Le train s’est arrêté », 1981), Oliver Stone (« Salvador », 1986), Roger Spottiswoode (« Under Fire », 1983), Costa-Gavras (« Missing », 1982), Alan J. Pakula (pour lequel il entrechoque soigneusement « Les hommes du président » de 1976 avec « Klute » de 1971 et « À cause d’un assassinat » de 1974) ou encore Richard Fleischer (« Soleil vert », 1973), pour ne citer que les ingrédients essentiels de son mélange abrasif et détonant.



Dans cet ouvrage, Fredric Jameson exploite bien davantage le cinéma que la littérature : son approche résonne néanmoins fortement avec, et complète de plus d’une manière, celles adoptées par Luc Boltanski dans son excellent « Énigmes et complots – Une enquête à propos d’enquêtes » (2012) – on notera d’ailleurs chez les deux chercheurs la même fascination pour le film « La Mort aux trousses » (1959) d’Alfred Hitchcock – et par Wu Ming 1 dans son très récent « Q comme Qomplot » (2022) – dont on vous parlera enfin prochainement sur ce blog -, bien que le Français et l’Italien se soient eux davantage servis d’écrit que de visuel scénarisé comme carburant principal. En tout état de cause, aussi bien belle introduction à la façon de faire de Fredric Jameson en matière de cultural studies et de politique de l’imaginaire que somptueuse analyse de filiations thématiques durables dont l’impact souterrain ne se mesure souvent que bien des années après leur production, « La totalité comme complot » est un ouvrage qui se doit de figurer en bonne place dans une bibliothèque d’imaginaire et politique qui se respecte – et bien au-delà.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Penser avec la science-fiction : Tome 2 d'A..

Douze articles sur la place essentielle de la SF dans la sauvegarde d’un élan utopique vital.



Désormais sur mon blog : [http://charybde2.wordpress.com/2014/08/29/note-de-lecture-archeologies-du-futur-penser-avec-la-science-fiction-fredric-jameson/]

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L'inconscient politique. Le récit comme acte ..

La difficulté de l’ouvrage provient de la position acrobatique et donc sophistiquée que l’auteur essaie de défendre et d’illustrer.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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