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Citation de Sachenka


FRANZ : (troublé) Si au moment de mourir l'effroi me saisit?
MOSER : J'ai vu déjà d'autres misérables qui, jusqu'à ce moment-là, opposaient à la vérité un défi opiniâtre, mais, en face de la mort elle-même, l'illusion s'évanouit. Je me tiendrai à votre chevet quand vous mourrez - j'aimerais voir partir un tyran - je serai là, et je vous regarderai dans les yeux quand le médecin prendra votre main froide et couverte de sueur, qu'il pourra à peine trouver votre pouls imperceptible, qu'il lèvera les yeux et vous dira, avec son terrible haussement d'épaules : tout secours humain est impuissant. Prenez garde alors, prenez garde de ne pas avoir l'apparence d'un Richard ou d'un Néron.
FRANZ : (se promenant avec agitation) Bavardage de curés que tout cela!
MOSER : Alors, pour la première fois, les glaives de l'éternité traverseront votre âme, et cette première fois sera trop tard. L'idée de Dieu éveille une terrible voisine, qui est l'idée du Juge. Vous, Moor, vous avez entre les mains la vie de milliers d'hommes, et, sur mille, vous en avez rendu malheureux neuf cent quatre-vingt-dix-neuf. Pour être un Néron, il ne vous manque que l'empire romain, pour être un Pizarre que le Pérou. Eh bien! croyez-vous donc que Dieu va permettre à un seul homme de se conduire comme un furieux dans son univers, et de mettre tout sens dessus dessous? Croyez-vous donc que ces neuf cent quatre-vingt-dix-neuf ne soient là que pour leur ruine, pour servir de jouets à vos sataniques amusements? Oh! ne le croyez pas. Toutes les minutes que vous avez tué pour les autres, toutes les joies que vous leur avez empoisonnées, toutes les perfections dont vous leur avez barré le chemin, il vous en sera demandé compte un jour, et si vous trouvez quoi répondre, Moor, vous aurez gagné.
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