Connaissance et voie d'intériorité : Biographie, études et témoignages de
Frithjof Schuon
Schuon adopta, chez lui, le code vestimentaire de l’Islam. Durant toute sa vie il porta surtout des vêtements islamiques de style maghrébin, de même qu’il apprit le style de calligraphie propre à la région du Maghreb. Il calligraphiait magnifiquement, ayant toujours été, depuis sa prime enfance, un artiste doué, et conversait en arabe avec ceux qui connaissaient cette langue.
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La vie privée de Schuon s’est déroulée dans une atmosphère qui recréait, en plein cœur de l’Occident, l’ambiance traditionnelle du monde islamique. L’intérieur de sa maison évoquait les plus beaux intérieurs traditionnels du Maghreb, et l’on s’y sentait en contact étroit avec la civilisation de l’Islam. Cela ne tenait pas seulement à la présence de nombreux artefacts musulmans dans la décoration : les journées de Schuon étaient ponctuées par les prières canoniques, et lorsqu’il était plus jeune il faisait abstinence non seulement pendant la période obligatoire du Ramadan, mais observait aussi de nombreux jeûnes surérogatoires, en conformité avec l’exemple (sunnâh) du Prophète. Chaque jour, ou presque, il récitait des versets du Coran.
Qu’on nous permette de mentionner un autre souvenir personnel : dans les années soixante, lorsqu’il se mit à faire de plus longs voyages, il nous demanda de lui envoyer les trente parties (juz’) du Coran, reliées séparément, de manière à pouvoir en emporter une ou deux avec lui, plutôt que l’ensemble du Livre, qui est bien sûr assez lourd, surtout imprimé en gros caractères.
Dès sa conversion à l’Islam, il vécut en musulman, s’immergeant dans la tradition, de ses couches les plus exotériques jusqu’en son cœur ésotérique, tout en dissimulant son appartenance aux yeux du monde extérieur. Comme nous l’avons déjà dit, sa fonction de porte-parole de l’ésotérisme et de la métaphysique universelle ne changea rien au fait qu’il fut, sur le plan des formes, intégralement musulman. Et bien qu’il ait écrit de superbes pages sur le Christianisme, l’Hindouisme, le Bouddhisme, le Chamanisme et d’autres religions, le nom qu’il porta toujours, pour ses disciples, fut celui de Cheikh ‘Isa Nur-ed-Dîn Ahmed, et nul autre. Après son décès, il fut inhumé selon les rites de l’Islam, rigoureusement accomplis dans le respect de la coutume traditionnelle.
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Schuon s’était familiarisé avec le Coran, qu’il lisait régulièrement dans la langue de la révélation, cet arabe qu’il connaissait et aimait (…) dans sa conversation quotidienne il utilisait souvent certains versets coraniques bien connus, et consacra beaucoup de temps à l’étude du sens intérieur du Texte sacré.
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Schuon demeura jusqu'à la fin de sa vie enraciné dans la tradition islamique, sachant mieux que personne que l'on ne peut dépasser le niveau formel tant qu'on vit dans le monde des formes, que même l'Au-delà est déterminé par la tradition à laquelle on a appartenu ici-bas. (pp. 125-128 & 139)
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