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Citation de enkidu_


Sans aucun doute, le Christ n’était pas opposé au mariage, et il n’était peut-être pas davantage opposé à la polygamie ; la parabole des dix vierges semble en témoigner. Dans le monde chrétien, il eût fallu permettre la polygamie aux princes, sinon à tous les fidèles ; bien des guerres et bien des pressions tyranniques sur l’Église eussent été évitées ; entre autres le schisme anglican. L’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni, a dit le Christ en condamnant le divorce ; or les mariages princiers furent le plus souvent des marchandages politiques, ce qui est sans rapport avec Dieu, et ce qui n’a pas davantage de rapport avec l’amour.

La polygamie, comme la monogamie, se réfère à des facteurs naturels : si la monogamie est normale parce que le premier mariage fut forcément monogame et que la féminité, comme la virilité, réside entièrement dans une seule personne, la polygamie, elle, s’explique d’une part par l’évidence biologique et par l’opportunité sociale et politique – dans certaines sociétés du moins, – et d’autre part par le fait que l’infinitude, que représente la femme, permet une diversité d’aspects ; l’homme se prolonge vers la périphérie, qui libère, comme la femme s’enracine dans le centre, qui protège(1). A cela il faut ajouter, toute considération d’opportunité mise à part, que les peuples ou moins nordiques se trouvent plutôt portés à la monogamie, et cela pour des raisons évidentes de climat de tempérament, tandis que la plupart des peuples méridionaux semblent avoir un penchant naturel vers la polygamie, quelle qu’en soit la forme ou le degré.

Quoi qu’il en soit, ce fut une erreur, en Occident, d’imposer à tout un continent une morale de moines parfaitement légitime dans son cadre méthodique, mais néanmoins fondée sur l’erreur – quant à son extension sur la société entière – que la sexualité est une sorte de mal ; un mal qu’il convient de réduire au minimum et ne tolérer qu’en vertu d’un biais qui met entre parenthèses tout l’essentiel.

(1) En revanche, la polyandrie ne trouve aucun appui dans les données de la nature ; rarissime, elle s’explique sans doute par des raisons économiques très particulières et peut-être aussi par des concepts propres au chamanisme. – Il y a également le cas de la prostitution sacrale, – hétaïres, hiérodules, dêvadassîs, gaïshas, – où la femme se fait centre puisqu’elle se donne à une pluralité d’homme ; force nous est d’admettre que ce phénomène est une possibilité dans le cadre des traditions archaïques, mais il est en tout cas exclu des religions plus tardives, à quelques exceptions près, mais trop marginales pour mériter une mention explicite. (pp. 128-129)
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