Jason Fung

Pourquoi ne pas tout simplement jeûner? Pour moi, il est clair que c’est la solution. Pourtant, en tant que médecin, si je recommande à un patient de procéder à l’ablation d’une partie saine de son estomac et de reconfigurer ses intestins, on va considérer que je m’occupe bien de ce patient, alors que si je lui conseille de jeûner pour arriver aux mêmes résultats qu’avec la chirurgie bariatrique sans complication ni frais, je serai considéré comme quelqu’un de peu sérieux. Cette conclusion est pour le moins étrange. Il est beaucoup plus sûr et facile de jeûner, et les résultats sont tout aussi probants, voire meilleurs.

Les jeûnes étendus – d’une durée supérieure à 42 heures – sont pratiqués dans différentes cultures à travers le monde depuis des siècles. Ils font l’objet d’études approfondies dans la littérature médicale depuis 1915, lorsque les docteurs Otto Folin et Willey Glover Denis ont décrit le jeûne comme étant une «méthode sûre et efficace pour faire perdre du poids aux personnes souffrant d’obésité»; la même année, Francis Gano Benedict leur emboîtait le pas avec un ouvrage traitant du jeûne prolongé (plus d’une semaine). Cet engouement pour le jeûne étendu à visée thérapeutique semble toutefois s’être évanoui par la suite.

Ce protocole de jeûne de 36 heures vous fera jeûner une journée complète au moins trois fois par semaine. Contrairement au protocole de jeûne de 24 heures, aucun repas n’est prévu les jours de jeûne, seulement des boissons (voir page 317). Il est globalement plus efficace pour la perte de poids (page 320). La longueur accrue du jeûne favorise par ailleurs la baisse de la glycémie et convient donc peut-être mieux aux prédiabétiques. En outre, certaines personnes trouvent plus simple de jeûner toute une journée plutôt que de prendre un repas les jours de jeûne, comme avec le protocole de jeûne de 24 heures précédent. Les jours où vous vous alimentez, il est conseillé de suivre un régime pauvre en glucides raffinés et riche en matières grasses naturelles. Efforcez-vous de ne manger que des aliments complets, non industriels, et d’éviter les aliments transformés ou préparés, dans la mesure du possible.

L’une des astuces les plus utiles que j’ai apprises lors de jeûnes étendus, consiste à préparer une liste de choses à faire pour se distraire de la faim les premiers jours. J’avais placé cette liste sur la porte du frigo et, chaque fois que je voulais l’ouvrir, j’interrompais mon geste et je choisissais à la place quelque chose à faire dans la liste. Aller me promener, ranger un tiroir, boire un verre d’eau… Cela fonctionne très bien: le temps d’accomplir la tâche et la faim disparaît! — Karine T.

Le jeûne est également connu pour engendrer une rapide perte de poids initiale pouvant aller jusqu’à 1 kilo par jour les premiers jours. Il ne s’agit malheureusement pas de perte de graisse corporelle. Pendant le jeûne, cette dernière avoisine en moyenne 250 g par jour. Si vous perdez 500 g ou plus par jour, tout ce qui excède les 250 g est à mettre sur le compte de la perte d’eau, et vous regagnerez très vite ce poids lorsque vous recommencerez à vous alimenter. Il n’y a là rien d’anormal ou d’inhabituel. Ne soyez pas déçu lorsque les kilos correspondant à la perte d’eau reviennent, et n’en concluez pas que le jeûne est inefficace.

Il serait vain de prétendre que vous n’aurez pas faim pendant un jeûne. Il faut toutefois toujours garder à l’esprit que l’expérience de la faim n’est pas aussi terrible qu’on le pense. Nous imaginons souvent que la sensation ne cessera d’augmenter jusqu’à devenir insupportable et que l’on sera tenté de se gaver du premier aliment venu. Ce n’est absolument pas le cas. Le secret, c’est de comprendre que la faim vient par vagues . Il suffit donc de laisser mourir ces vagues.

Le «jeûne sec» n’autorise quant à lui aucun liquide, ce qui entraîne souvent une légère déshydratation. C’est le jeûne diurne que pratiquent les musulmans pendant le mois du ramadan. Selon moi, il est beaucoup plus difficile que les autres types de jeûnes, et je le déconseille pour des raisons médicales. La déshydratation accroît considérablement les risques de complications.