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Critiques de Gérard Mordillat (419)
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Les roses noires

En quelle année se passe cette dystopie, ce roman d’anticipation, Les roses noires ? Gérard Mordillat parle de 2028 mais le désastre qu’il décrit ne semble pas si éloigné de nous. Bien des détails qu’il donne sur l’environnement, le capitalisme, la vie politique, le tout sécuritaire, la chasse aux étrangers sont hélas de plus en plus actuels.

Dès le début, le tableau est un vrai désastre avec une guerre quasi mondiale alors qu’Orden, un poète, alerté par un ami, doit quitter précipitamment son domicile, abandonnant tous ses livres. Heureusement, ses poèmes jalonnent régulièrement le récit.

Intervient alors la première des quatre roses noires, Cybèle qui, avec Nora, Rome et Vivi, aura un rôle essentiel dans les événements terribles à venir.

J’apprends alors que les Souchiens qui, comme leur nom l’indique, sont de souche, du pays depuis plusieurs générations, ces Souchiens font la chasse aux étrangers, aux pauvres, aux mendiants, aux jeunes des banlieues.

Tous les habitants du pays ont dû passer des tests d’utilité alors que tous les artistes ont été déclarés inutiles. Un système de castes avait alors été mis en place avec les Puissants, les Possédants, les Dominants, les Sachants, les Servants et les Inutiles. Ces derniers étaient considérés comme SERF (Sans Emploi et Revenu Fixe).

Cette folle histoire, basée sur un règne sans partage du capitalisme et du fascisme, m’a fait rencontrer plusieurs personnages très attachants, comme Cybèle et Orden mais Toller (66 ans) est de ceux-là comme Fanch, Tank ou M’Ba et surtout les trois autres femmes : Nora, Rome et Vivi. Elles aiment, souffrent, sont violentées mais luttent et se battent pour tenter de renverser une oppression ignoble.

Justement, d’autres personnages, absolument odieux, prêts à violer, à torturer, à tuer, suivent les ordres de Thor qui représente le Conseil et se croit tout permis, allant jusqu’à voler le bébé de sa propre fille pour tenter d’assurer sa descendance.

Avec Les roses noires, Gérard Mordillat ne néglige aucun pouvoir. Il implique la télévision, aux ordres bien sûr, décrit d’abominables prisons, un hôpital psychiatrique, véritable enfer, et surtout montre un racisme omniprésent envers ceux que les Souchiens nomment les niggers. Les Noirs, eux, sont obligés de vivre sous terre mais préparent la révolte qui fédèrera tous ceux qui veulent en finir avec « la servitude, la violence capitaliste, l’arrogance bourgeoise, cléricale et fasciste. »

Au cours de ma lecture, j’ai vibré, frémi, tremblé, souffert, été horrifié, déploré toutes ces vies sacrifiées mais j’ai surtout fait le parallèle avec ce que nous vivons. Je pense que Gérard Mordillat, hélas, n’exagère pas en nous offrant ce tableau apocalyptique qu’il faut lire et qui doit nous faire réfléchir avant qu’il ne soit trop tard.

Les alertes existent, les faits sont là. Il suffit de ne pas fermer les yeux et d’agir.


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Ces femmes-là

Anticipation ? Scénario catastrophe ? Appel désespéré afin de réagir avant qu’il ne soit trop tard ?



Gérard Mordillat, auteur et réalisateur que j’apprécie beaucoup (Les vivants et les morts, Xénia, Rouge dans la brume, La Brigade du rire…), Gérard Mordillat prouve une fois de plus tout son talent. En lisant ce livre, je ne pouvais m’empêcher de penser à un scénario de film, à une histoire toute prête pour être portée à l’écran…

En dévorant ce roman qui anticipe tout juste puisque tout se passe avant ces fameux Jeux Olympiques de 2024, j’ai pensé à tout ce qui est dit pour nous faire rêver en cachant toutes les conséquences désastreuses que cette organisation va générer.

L’histoire se déroule en trois temps : Avant, Pendant et Après. Au cours de ma lecture, je me suis familiarisé avec une quantité de personnes, pas toutes très recommandables mais bien représentatives de notre société. Si le Covid-19 est absent bien sûr, les pluies acides très spéciales de la fin des manifestations sont une conséquence des dégâts irréversibles que l’homme a causés à la planète Terre.

Peu de temps avant ces fameux Jeux Olympiques donc, la France a basculé complètement dans le camp d’une droite dure au sein de laquelle quelques transfuges, ex-socialistes, ne sont pas en reste par goût immodéré des honneurs et du pouvoir. Quelques noms me viennent à l’esprit…

Le dernier projet fou de cette majorité aux ordres du Triumvirat, les trois principaux grands patrons, est d’expulser tous les musulmans de France, par tous les moyens. Presse et syndicats muselés, citoyens fichés au maximum, une grande manifestation se prépare ainsi que, bien sûr, une contre-manifestation pro-gouvernementale. Les extrémistes de tout bord s’activent, s’arment mais l’auteur, avec un récit très rythmé, réussit parfaitement à m’attacher aux principaux protagonistes et surtout aux femmes qui se révèlent, au fil des pages, d’une importance essentielle : Ces femmes-là.

Ces femmes-là, malgré un déroulement catastrophique des événements, soulèvent des idées essentielles et ouvrent les yeux sur ce patriarcat qui nous conduit vers le pire, une inhumanité qui gagne chaque jour.

Au cours de ma lecture, j’ai vibré, j’ai paniqué, j’ai été choqué mais j’ai été aussi ému par les amours, les scènes intimes où chacune et chacun révèle sa vraie nature, prenant conscience de la nécessité de changer.

Alors, qu’elles ou qu’ils se nomment Maxence, Faustine, Charlie, Cassandre, Anie, Daisy ou Morgane ou tout autre prénom, cette aventure humaine terrible et pourtant si proche de nous, est finalement très instructive et révélatrice de ce qui se prépare pour les années à venir si notre vigilance faiblit.



Le drame actuel causé par la pandémie du Covid-19 est un autre signal d’alarme tellement important que nous risquons, malgré les belles résolutions et les grandes déclarations, de recommencer comme avant dès que le danger semblera s’éloigner ou bien nous tomberons dans ce que raconte tellement bien Gérard Mordillat.
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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

36 auteurs pour autant de nouvelles, illustrés par les dessins de Mako.

36 auteurs engagés, car cet ouvrage polyphonique n'a qu'une seule ligne éditoriale : celle de défendre les services publics, un certain « idéal de solidarité »

concrétisé ici par le train dans la tourmente de cette nouvelle « bataille du rail ».



36 pierres apportées à l'édifice d'une lutte, puisque les droits d'auteurs sont entièrement reversées aux caisses des grévistes contre cette réforme ferroviaire 2018.

À chacun d'en juger la nécessité bien sûr, mais il fallait le préciser, car il ne s'agit pas ici d'un don seulement caritatif, mais profondément politique.



Bien sûr, ces nouvelles sont très différentes, et parfois inégales, mais toutes réussissent la gageure de parler à nous tous, qui avons en commun cet « imaginaire du rail».

Comme Didier Daenincks dont « le sang noir du monde ferroviaire coule dans [s]es veines. »



Lu en juillet 2018.
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Les roses noires

Les roses noires de Gérard Mordillat est une dystopie, c'est-à-dire, selon la définition de wikipédia, « un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'il soit impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer une autorité totale et sans contraintes de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre arbitre ».

Les roses noires est une fiction, certes, mais ce roman d'anticipation, situé dans un avenir proche, en 2028, nous réserve une vision cauchemardesque du monde, un monde alors gangrené par le néofascisme où la démocratie s'est effacée au profit d'un ordre nouveau qui gouverne le pays et qui nous laisse des sueurs froides tant les sujets abordés se rapprochent de l'actualité et d'un monde qui est presque déjà le nôtre. Mais l'insurrection guette…

Tout commence avec Orden, ce poète écrivain qui reçoit un appel de Fauch : Barre-toi ! Barre-toi ! Fous le camp… Orden écrase alors son portable, laisse derrière lui sa bibliothèque et près d'un millier de livres qu'il ne reverra sans doute jamais et s'empresse de fuir. Il court se réfugier chez Cybèle, son premier et grand amour qu'il n'a pas vu depuis plusieurs années. Mais les Souchiens, des français de souche qui ont fait de ce sobriquet un titre de gloire, une milice armée qui traque tous les opposants à l'ordre nouveau qui désormais, gouverne le pays, va rapidement être à leurs trousses et les obliger à passer dans la clandestinité. C'est la guerre. Les syndicats, les associations sont interdits, il n'y a plus de presse, sinon les communiqués officiels, etc. Trois autres jeunes femmes entreront bientôt en résistance avec eux, Nora, la collègue de travail de Cybèle, ainsi que Rome et Vivi, quatre femmes avec chacune sa propre histoire, quatre femmes à l'existence bouleversée, quatre roses noires, chacune représentant une forme de résistance, résistance à la guerre, au fascisme, à la mort, à l'oubli. Déterminées et armées de leur seul courage et de leur force d'aimer, elles seront les fers de lance d'un réseau de résistance et instigatrices d'une insurrection qui va peu à peu prendre de l'envergure, de véritables héroïnes.

La démocratie s'est en effet effacée au profit d'une oligarchie financière qui a réinventé un système de castes avec cinq degrés : les Puissants, les Possédants, les Dominants, les Sachants, les Servants. Ceux obtenant de mauvais résultats aux tests sont par ailleurs classés Inutiles. La littérature, le cinéma …en font les frais.

Une imagination débridée nous conduit dans ce monde du futur qui pourtant, ne semble pas si éloigné que cela du monde d'aujourd'hui et c'est bien ce qui fait la pertinence du bouquin. Gérard Mordillat, avec des dialogues très politiques montre comment, malgré le réchauffement climatique qui a engendré incendies, sécheresses, inondations, disparitions de multiples espèces animales, dans un monde où la précarité, la misère, les épidémies et la mort sont devenus l'ordinaire d'une majorité d'êtres humains, malgré les manifestations, les dirigeants et leurs porte-parole médiatiques n'ont eu que du mépris ou la répression policière comme réponse à leurs manifestations. Les tenants du pouvoir ont provoqué une guerre sans fin, préférant le chaos à la moindre remise en cause de leurs richesses et de leurs places, l'économie libérale s'accordant bien avec la dictature. « le pouvoir est devenu anonyme et cet anonymat est sa force ».

En nous immergeant dans ce monde en guerre, dans ce chaos absolument terrifiant, l'auteur lance un véritable cri d'alerte en nous décrivant ce monde apocalyptique qui pourrait devenir le nôtre si nous n'y prenons garde, celui de la confiscation des outils démocratiques, de la carte blanche laissée à la police, de la surveillance généralisée, de l'ambiance insurrectionnelle qui ne cesse de croître.

Les roses noires est un roman noir, un roman militant, un roman d'action, un roman angoissant mais ô combien puissant et passionnant dans lequel Gérard Mordillat interroge le présent à travers la fiction et dans lequel il réussit à nous entraîner et à nous faire participer.

C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai suivi le cheminement de tous les personnages, combattant, souffrant, mais espérant avec certains, notamment ces roses noires, les accompagnant tout au long de leurs luttes et en en haïssant d'autres, escomptant bien leur élimination.

Des chapitres courts, des personnages aux noms originaux et souvent pertinents participent au plaisir de la lecture.

Je salue la large place accordée à la poésie, Orden nous faisant l'honneur de nous offrir quelques-uns de ses poèmes. Son dazibao (poème rédigé par un simple citoyen traitant d'un sujet politique ou moral et affiché pour être lu par le public), qu'il avait écrit contre la soumission passive des élèves devant leurs enseignants et dont « il restait encore parfois des traces malgré les déchirures et tags », m'a particulièrement marquée.

Après m'avoir enchantée avec Les vivants et les morts, Xénia, La brigade du rire, Gérard Mordillat avec ce roman engagé, Les roses noires, a une nouvelle fois conquis mes suffrages. du vrai Mordillat comme j'aime !

J'espère une seule chose : que ce roman ne devienne jamais réalité !


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Les Vivants et les Morts

La lecture du roman Les Vivants et les Morts, de Gérard Mordillat, m'avait beaucoup marqué. Lorsque j'ai appris que le livre avait été adapté en série pour la télévision, j'étais curieux de comparer les deux. Or, je n'ai pas été déçu.



Après avoir vu les six premiers épisodes, je me suis rendu compte que cette immense fresque sociale et souvent très intimiste, ne pouvait être adaptée que par son auteur lui-même. Le récit est tellement dense que la réalisation a imposé de résumer certaines parties de l’histoire en deux épisodes.



Les Vivants et les Morts permet de comprendre de l’intérieur ce qui s’est passé et se passe encore lorsque la finance l’emporte sur l’humain. Cette recherche permanente et obsessionnelle du profit détruit tout simplement la vie. L’auteur décortique bien le mécanisme diabolique mis au point pour réussir à déposséder les ouvriers de leur outil de travail.

Les ouvriers, les employés sont prêts à tous les sacrifices pour conserver ce qui est leur dignité et leur fierté. D’autres hommes – méritent-ils ce nom ? – n’hésitent pas à employer tous les stratagèmes pour parvenir à leurs fins. Témoins de ce spectacle désolant, les hommes politiques sont pathétiques et Gérard Mordillat démontre bien toute leur impuissance devant ce véritable massacre. Les vrais décideurs sont ailleurs et ils se gardent bien de se montrer.

Les deux derniers volets de cette terrible histoire bien trop contemporaine m’ont laissé KO. La révolte de toute une ville qui sent qu’on est en train de l’assassiner, est montrée avec brio et beaucoup de réalisme par le réalisateur : « Qui sème la misère récolte la colère ! »

Ce sont les femmes qui font prendre conscience à tous du drame qui se joue alors que, de réunion en réunion, responsables et hommes politiques tentent d’en finir en douceur. Arrive alors la répression aveugle et dévastatrice des forces de l’ordre. L’auteur nous montre bien que ce sont ceux qui les dirigent, de loin, par radio, qui portent la faute de la catastrophe qui s’amorce.

Dans le film, Marie Denarnaud qui joue le rôle de Dallas, se révèle vraiment dans ses deux derniers épisodes où elle est tout simplement extraordinaire de présence, de force et d’émotion. Elle vole même la vedette à son mari, Rudy, joué par un très bon Robinson Stévenin, et finit par imposer sa volonté.

Inutile de détailler tout ce qui se passe dans Les Vivants et les Morts, tellement cette histoire est dense et riche en émotions. L’œuvre cinématographique réalisée est à la hauteur du roman et tout le mérite en revient à Gérard Mordillat et à tous ceux qui l’ont soutenu pour réaliser cette superbe fresque.



Que vous ayez vu ou pas le film, lisez sans plus tarder le livre, vous ne le regretterez pas !
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Les Vivants et les Morts

- Flash spécial, l'usine de la Kos celle là même qui avait faillit disparaitre sous les eaux et sauvé par ses ouvriers est en liquidation judiciaire. En direct de Raussel notre envoyé spécial michemuche, vous avez l'antenne.

En effet chers auditrices et auditeurs je suis devant le portail de l'entreprise, c'est un coup de massue que les ouvrières et ouvriers ont reçu ce matin en apprenant le dépôt de bilan de cette usine de plastique....

Bon vous connaissez la suite pas besoin de faire un dessin. " Les vivants et les morts " de Gerard Mordillat est un livre sur le combat de femmes et d'hommes qui pour sauver leurs entreprises sont prêts à toutes les folies.

Des livres qui parlent du monde ouvrier il y a bien sur " Germinal" d'Emile Zola ou " La jungle " de Upton Sinclair et dernièrement le très beau livre de " Joseph Ponthus " " A la ligne".

En fait rien n'a vraiment changé, je ne vais pas faire un cour d'économie, ni sur ce que je pense du néo- libéralisme. ( Il va falloir que je jette un œil sur le dernier livre de " Thomas Piketty".)

Comme Rudi, Dallas et Lorquin les héros de " Les vivants et les morts " j'ai connu moi aussi dans ma vie professionnelle ce genre de situation.

En 35 ans de carrière j'ai subi un dépôt de bilan, deux redressements judiciaires et le rachat de mon entreprise par une grande multinationale.

J'ai toujours été étonné par la complaisance des pouvoirs publiques de droite comme de gauche, la façon qu'ils ont de tourner la tête pour ignorer le drame social qui se joue. Comment peuvent ils accepter de fermer les yeux sur un patron qui met la clé sous la porte pour un motif fallacieux et remonter une autre société un mois plus tard.

Pour en revenir au roman, j'ai trouvé l'histoire réaliste, la psychologie des personnages convaincante. Un bémol, j'ai trouvé navrant et incongru ces scènes de sexe qui ne servent à rien et qui ralentissent l'histoire.

j'ai une pensée pour les ouvriers de Bridgestone de Béthune.
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Le Suaire : Lirey, 1357

Lirey, 1357.

Lucie, jeune nonnes qui doit bientôt prononcer ses vœux, est éperdument éprise de son cousin Henri, évêque de Troyes en sa personne. Un amour réciproque mais interdit, qui pousse la jeune fille à se réfugier dans les bras de Dieu. Quitte à ce que son engagement mette en péril la situation précaire de sa famille, elle préfère voler au secours des lépreux et autres nécessiteux, fuyant ainsi le destin tragique auquel elle se croit destinée.

C’est sous la protection de Thomas, prieur de Lirey qu’elle trouve le repos. L’abbaye qui l’accueille, encore inachevée, doit recueillir en son sein, un morceau de la "vraie croix", que Thomas a ramené de Palestine. Mais, cette relique est-elle la seule que celui-ci a rapporté de son long pèlerinage pédestre ?

En effet, un linge étrange est également en sa possession... L’on peut y distinguer le visage d’un homme gravé dans ses fibres, mais qui plus est, en présence de ce tissu magique, des miracles se sont produits... Serait-ce le visage de Jésus-Christ ? Prouvant à tous l’existence des pouvoirs divins de celui-ci, et par là-même l’existence de Dieu ?

Ou bien, ne serait-ce qu’une macabre supercherie du moine afin de tromper ses ouailles et faire tinter les pièces de monnaie dans son écuelle – un miracle n’est pas gratuit – pour finir de construire son abbaye ? Un sorte d’opération commerciale avant l’heure ?

Ce récit captivant, sur un scénario de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, connus, entre autres, pour leurs travaux écrits et télévisuels sur le christianisme, est sublimé par le dessin tout en subtiles nuances de noir et de blanc d’Éric Liberge.

Premier tome d’une trilogie sur l’histoire de ce linceul hautement symbolique pour les chrétien. Trois tomes pour trois époques et trois lieux : le XIVe siècle, en France pour le premier, suivront le XIXe siècle, en Italie, et enfin le XXIe, au Texas... On attend la suite de cette « trilogie à travers le temps et l’espace » !



Lu en janvier 2018.
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Ulysse Nobody

C'est l'histoire, triste et banale, de l'un de ces perdants (Loosers, comme il est de bon ton de dire maintenant) même pas magnifiques!

Ulysse Nobody, qu'on se le dise, est un raté, un mauvais!

Mauvais en humour, qui le fait virer de Radio Plus un soir de Noël.

Mauvais en politique, récupéré par un parti qui sent le moisi et voudrait faire de Nobody son chantre du fascisme...

Le récit de Gérard Mordillat appuie sur le furoncle extrême-droitier! Celui ou Nobody himself se fait traiter de juif par plus facho que ce qu'il est devenu.

Ulysse Nobody va bien évidemment mal se finir, en laissant un sale goût de rance, de goémon et de vase au fond de la bouche... Au reste, comment en serait-il autrement dans une histoire de manipulations populistes d'extrême (et même) ultra-droite? Un récit où le candidat-député du parti fasciste doit payer dix-sept-mille boules pour un "kit de campagne". Hallucinant!

Une Bande dessinée, Ulyssse Nobody, pas inutile à lire en cette période dans laquelle il est bon de réveiller les mémoires!
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Jésus sans Jésus

On peut être passionné par l'histoire des religions , avoir des affinités avec le sacré ou même le contraire , et être un anti clef Ricard ( je blague ) , fervent détracteur de bondieuseries et pourfendeur de vierges en chocolat ou être un don quichotte laïc-hard et revanchard , un Bennet naïf ...

On peut aussi , comme le disait ma prof de haut moyen-âge , avoir un clitoris de 25 centimètres :

Il n'en demeure pas moins que si l'historien ( ou autre ) aborde ces thématiques d'histoire des religions , on doit le faire non dans un registre de procès à charge mais en resituant l'examen de ces thématiques dans un contexte historique et une dynamique sociale ou psychosociale étayée et rigoureuse et surtout en se gardant de raisonner sur ce qui est finalement un édifice de fiction , tout en dégageant du sens et surtout en sachant reconnaitre quand il est impossible d'accéder à la connaissance historique faute de documents sérieusement exploitables ... ..



Qu'importe-il de savoir si Jésus , Moise et la Papesse Jeanne ont réellement existés ? car ils ont existés de facto pour les exégètes , le clergé et les masses et ils ont réellement contribués à définir et à pétrir des sociétés entières et d'ailleurs d'une certaine façon , Jésus semble exister de nos jours même , pour les auteurs , car à mon humble avis , j'ai l'impression que à ce jour , il semble toujours leur pourrir activement la vie ( sourire ) ... ...



L'ouvrage est à première vue excellemment documenté , mais fondamentalement , c'est un procès à charge contre les fondements du christianisme et de ce fait , cet ouvrage ne recèle comme principal intérêt que de permettre d'accéder vaguement à des textes rarissimes pour le grand public . Les hypothèses sont fréquemment dénuées de tout intérêt car on considère comme opératoire des fictions à la limite du romanesque , alors qu'il s'agit de problématiques probablement à jamais inconnaissables , ou au contraire excessivement circonstanciées : dans ce cas à mon humble avis il vaut mieux écrire un roman que de consigner ces fictions dans un ouvrage qui se veut historique , car celui-ci est pétrit d'hypothèses naïves extrapolées sur du vent ....



Les procès à charge et les lourdeurs idéologiques , l'ignorance des contextes , n'ont rien à faire en histoire et les fantasmes et mirages non plus .. Ne faut-il pas laisser cela aux polémistes et aux psychothérapeutes ou aux romanciers .... ?



Les auteurs se livrent à un tel procès à charge que l'on se demande si l'emprunte « idéologique « les aliénant ( je ne sais laquelle ) , ne les empêche pas tout simplement d'accéder aux sources et d'en tirer quelque chose qui tient historiquement la route ...



L'idéologie n'est pas l'ami de la science historique et en histoire avant de pondre des thèses il faut s'assurer d'être capable d'accéder aux sources et à leurs différents contextes opérationnels au grès du temps et des temps , en étant ainsi plus crédibles qu'avec un noeuds papillon .



Ce texte prétend reconstituer les christianismes originels et il pose comme certitude opératoire ce qui ne sera jamais de fait et par nature objet de certitudes ...



Enfin , sur la base des documents lapidaires des évangiles ou des pères de l'église, il faudrait croire par exemple , que ¨Pierre prônait et appliquait un communisme doctrinaire ...

Et pourquoi pas aussi prétendre que Jésus prêchait la dépopulation en espérant interdire et proscrire toute copulation , tant que l'on y est .



En matière d'histoire du christianisme , il est absolument impératif de comprendre qu'il ne faut pas manger du curé , au risque de partir en vrille et se retrouver dans les choux à explorer d'autres sujets sans même s'en être rendu compte ...

Des sujets plus en rapport avec la psychanalyse que qu'avec la science historique .



Bon , le prochain travail de recherche des auteurs , c'est l'aéroport extraterrestre de Cuzco il y a trois siècles ?

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Les Vivants et les Morts

Avec « Les vivants et les morts » , Gérard Mordillat signe une œuvre ambitieuse, profondément humaniste. Un gros pavé pour dénoncer la lâcheté de patrons voyous, qui n’hésitent pas à mettre sur le carreau des centaines de salariés pour satisfaire leurs actionnaires. A la Kos, la direction justement a décidé de fermer définitivement l’usine qui fait vivre une ville entière. Après l’ abattement, l’écœurement, la révolte gronde et la lutte s’organise. A travers le couple Rudy, Dallas ainsi qu’un bon nombre de personnages attachants ou infâmes, Mordillat décrit avec une grande justesse, cette fronde sans merci que vont livrer les salariés face une direction aussi lâche qu’invisible. Mordillat, artiste engagé renoue avec un genre, le roman social avec force et passion. Il montre avec justesse les dégâts directs mais aussi les dommages collatéraux (la vie de couple, les enfants, le lien social, les crédits à rembourser, les tensions qui apparaissent entre salariés etc ... ). Ces nombreux personnages donnent un souffle et un rythme remarquable à son récit. Un roman que l’on ne lâche pas et que l’on quitte à regret.

Mordillat a adapté son roman pour le petit écran. Il a la même puissance que son bouquin.



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La brigade du rire

Le propos initial est assez banal : une bande de potes de lycée qu’une victoire lors d’un tournoi de hand-ball immortalisée par une coupe et un entre-filet dans l’Equipe a soudé pour la vie, se retrouve quelques années après l’événement, façon « on s’était dit rendez-vous dans dix ans ». Ils sont presque tous là, et apprennent de la bouche de sa compagne disparition de l’un deux. Elle le remplacera.

Et qu’avait derrière la tête l’initiateur des retrouvailles? Qu’est ce qui peut encore unir ces anciens sportifs que la vie a éloignés? Les corps et les préoccupations ont évolués, mais reste au fond d’eux la hargne contre le système pourri du libéralisme et la concentration des richesses entre les mains de quelques uns. Le dessein se fait jour : les compères décident d’enlever le chantre du capitalisme nationaliste, Pierre Ramut, éditorialiste de Valeurs françaises.

Pour une séquestration formatrice : le lascar est enfermé dans un bunker avec une perceuse et des plaques de duralumin , une cadence à soutenir, un salaire équivalent au SMIC moins 20% pour concurrencer les chinois et de la bouffe de supermarché, dont le coût est prélevé sur le salaire. Educatif.

Au cours des mois de détention, le lecteur fait connaissance avec chaque kidnappeur, qui livre ses douleurs plus ou moins vives, ses chagrins et sa révolte.

C’est aussi l’occasion d’une diatribe bien sentie sur la société dans laquelle nous vivons, ses inégalités et ses injustices flagrantes, bien illustrée et documentée, mais on n’en attendait pas moins de l’auteur de La Sociale.



Le roman est épais, mais s’avale sans difficultés, avec même un effet de page-turner lorsqu’avec le temps qui passe, on se demande bien comment vont s’en sortir le reclus et ses geôliers.



Les personnages féminins sont très caricaturaux, façon pin-up de calendriers, mais apportent un peu de fantaisie au propos qui, somme toute, est assez noir.



Un très bon moment de lecture, distrayant et instructif, avec la voix de Mr Mordillat qui m’a accompagnée en filigrane.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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La guerre des paysans

Club N°49 : BD sélectionnée

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Une excellente histoire, un dessin surprenant, une thématique complexe et pourtant limpide par le support...



Une réussite Futuropolis.



VT

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BD illustrant les inégalités sociales de l'Allemagne du 16e siècle.



Très bien illustré.

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La narration est très claire, intelligente et permet une approche 'pédagogique' de cette période sans pour autant être pesante.



Gwen

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Les Vivants et les Morts

Superbe !

Plongée au coeur d'une famille d'ouvriers d'aujourd'hui. Un roman fleuve qui vous transporte comme rarement. Sur fond de passion amoureuse, se dessine une hronique sociale très actuelle : lorsque l'usine ferme, ne reste qu'une alternative : vivre ou mourir.



03/01/2010
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La brigade du rire

L'idée de départ est drolatique : un groupe d'anciens amis enlève le rédacteur en chef d'une revue de droite, qui prône l'ultra-libéralisme, pour le mettre au travail aux conditions qu'il recommande : salaire diminué pour tenir compte de la concurrence chinoise, quarante-cinq heures par semaine de labeur abrutissant etc.



Il y a incontestablement de très belles pages et pour n'en retenir qu'une seule, j'épinglerai celle à propos de la charité qui est l'inverse de l'égalité, selon l'auteur, car la charité suppose que l'Etat a démissionné de sa fonction première d'assurer l'égalité entre ses citoyens, et surtout l'égalité des moyens d'exister.



A part cela, mon plaisir est resté mitigé. Je soulèverai à nouveau la critique de la longueur du livre, qui entraîne pas mal de pages inutiles, que j'aurais volontiers sabrées, et du trop grand nombre de protagonistes, tous affublés, qui de plus est, de surnoms ou de diminutifs et j'avoue m'être perdue allègrement dans tous ce fatras, ne sachant rapidement plus qui était qui, ni quelle était leur histoire personnelle. Dommage. L'idée de départ était amusante et aurait pu être mieux exploitée, à mon estime.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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Xenia

Gérard Mordillat est un auteur engagé, prenant fait et cause pour les petites gens. Si louable que soit son attention, "Xénia" est un roman qui enfile les stéréotypes avec une constante qui très vite devient pénible. Les traits sont gros pour ne pas dire plus, les personnages pas franchement attachant, quant à l'écriture ça frôle souvent le ridicule. La subtilité remisée au placard, on oublie vite ce roman malgré son sujet, lui malheureusement très actuel.
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Ulysse Nobody

C’est Noël et Ulysse Nobody, petit acteur, doit raconter un conte de Noël sur Radio Plus. Il va marquer tous les esprits avec son histoire ; Noël triste !

Dire que la déception est grande, est un doux euphémisme. Il a réussi à plomber la soirée de Noël de tous les auditeurs qui ont eu la « chance » de l’écouter…



La sanction ne se fait point attendre : il est viré ! Et la patronne de la station se fera un plaisir de le cramer dans toutes les sphères artistiques : audiovisuel, théâtres, cinémas…



Ulysse Nobody n’est plus personne ! Plus de sous ! Adieu logement ! Que va-t-il lui rester ? Et ses amis que vont-ils faire pour l’aider ? Il y en a un qui lui propose un job de télévendeur qu’il abandonne le jour-même. Il n’était déjà rien, il devient moins que rien… Même pas le droit à des allocations de chômage…



Au moment où il semble avoir tout perdu, un homme, Fabio, l’aborde. Un individu qui voit en lui un artiste de grand talent, un futur député ! Pas pour n’importe quel parti ! Non ! Pour le PFF, comprenez le Parti fasciste français…



Critique :



C’est un roman graphique qui sort des sentiers battus et nous entraîne dans les arcanes d’une vie d’acteur misérable qui va se faire récupérer par le PFF. En peu de temps, Ulysse Nobody va se transformer en un porte-parole fasciste.



Ce qui est intéressant, c’est de voir comment un « communiquant » s’y prend pour transformer un individu lambda en tribun portant des paroles d’exclusion avec un langage composé d’idées simplistes.



Toute ressemblance avec les discours de personnalités politiques françaises n’est pas accidentelle, jusqu’au nom du leader d’extrême-droite, le sieur Maréchal.



Est-ce un ouvrage politique ? Clairement ! Le scénario ne paraîtra certainement pas sympathique à des gens qui se sentent des sympathies envers l’extrême-droite ou qui envisageraient d’un bon œil la prise en main du pays par un dictateur « éclairé ».

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La tour abolie

Malgré les incohérences langagières : les personnages les plus populaires parlant un argot dâté alors que les scènes sont censées être actuelles, l'émotion est pour moi toujours grande de lire un nouveau livre de Gérard Mordillat. Un des rares auteurs (le seul ?) à parler des classes sociales les plus populaires. Et il va loin, l'intrigue se passant dans une tour de bureaux de La Défense. 38 étages et 7 sous-sols, représentant chacun un niveau social de notre pays.

Malheureusement, j'ai trouvé cette fois-ci que la mayonnaise ne prenait pas. Les personnages sont bien campés, mais ils manquent cruellement de cœur, de corps, de chair tout simplement. Je ne m'y suis pas attaché et l'émotion n'est pas venue.

Ce n'est pas grave M. Mordillat, pour moi, votre meilleur livre est toujours celui à venir. Merci pour votre ouvrage, et merci pour la parole que vous donnez à une population que d'aucuns appellent "ceux qui ne sont rien".
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Les Vivants et les Morts

CHALLENGE PAVES 2014/2015 (10/10)



Magnifique peinture sociale d'une France industrielle qui se meurt.

La première scène de ce livre est très forte. Raussel, petite commune de l'Est, sous un déluge venu du ciel, les ouvriers d'une usine de plasturgie, la Kos, se battent corps et âme pour sauver leur outil de travail de l'inondation. Il y a là toute l'équipe de maintenance emmenée par le chef Lorquin, la cinquantaine triomphante, Rudi, à peine trente ans, l'orphelin à l'enfance tumultueuse, mais aussi Totor, Luc, Serge, Hachemi, Willer, Saïd... Ils réussiront leur pari, l'un deux y laissera même la vie. Deux ans plus tard, une décision du holding allemand qui détient l'entreprise vient rompre le fragile équilibre : pour la sauver, leur dit-on, un plan social est nécessaire. Malgré la grève, ce sont les femmes et les anciens qui vont en faire les frais, dont Lorquin que l'on croyait indétrônable.

Ah oui, je ne vous ai pas parlé des femmes, Dallas, Varda, Micky, Gisèle et les autres ; c'est vrai qu'au début, elles jouent plutôt les seconds rôles.

La Kos ne doit pas disparaitre car avec elle, elle entrainera la mort de la commune, voire de la région. C'est l'escalade dans la violence. Finalement, politiques, élus locaux, syndicats, forces de l'ordre et envoyés du gouvernement écriront ensemble la chronique d'une mort annoncée, sous les yeux des médias et des ouvriers anéantis. L'amour permettra à certains de rester vivants, d'autres n'y survivront pas.



J'ai trouvé ce roman parfaitement réussi. J'avais pu voir, il y a quelques années, son adaptation télévisée qui lui était tout à fait fidèle. J'avais donc le visage de Robinson Stevenin en mémoire, magnifique incarnation de Rudi.

Par moment, au cours de ma lecture, j'ai ressenti le souffle de Zola dans "Germinal", en version moderne. La vision finale du fantôme de la Kos abandonnée laisse un goût amer car malheureusement ce récit fait référence à une triste réalité, celle d'un monde où la valeur financière l'emporte sur les valeurs humaines. J'ai dévoré ce pavé, aux chapitres très courts car tous les protagonistes, hommes ou femmes sont attachants dans leur force comme dans leurs faiblesses. Si je n'accorde pas la note maximale, c'est tout simplement que j'ai trouvé certaines scènes plutôt crues assez déplacées dans cette lutte anticapitaliste. Déplorant aussi le manque de panache du rôle accordé aux femmes (elles soutiennent les grévistes en manifestant de leur côté bien sûr, mais c'est en tapant sur des instruments qu'elles connaissent parfaitement : des casseroles !), toute fierté ravalée, j'accorde cependant un 17/20.
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