Roman Polanski,
Gabriel Matzneff, Heidegger
La sociologue
Gisèle Sapiro publie un essai «
Peut-on dissocier l'oeuvre de l'auteur ? », dans lequel elle revient sur des polémiques récentes, aux ressorts divers, qui ont toutes posé cette question ancienne.
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Lettre à Tristan
Avec une indifférence digne de l'antique, vous avez échoué à votre bachot. Ce n'est pas une tragédie : vous avez seize ans, toutes vos dents et l'avenir devant vous. (...) L'important n'est pas d'être un intellectuel, mais d'être intelligent. Soyez un intelligent, Tristan, c'est à dire un esprit délié, indépendant, apte à réfléchir par lui-même, à comprendre, à refuser, à s'enthousiasmer, à aimer.
Depuis mon adolescence, je demande à la philosophie d'être pour moi une école de bonheur, un eudémonisme. Je n'ai jamais eu le goût de la connaissance spéculative, et je ne lis les maîtres qu'afin d'y toruver des leçons que je puisse appliquer dans ma vie de tous les jours. J'attends de la philosophie qu'elle soit semblable au népenthès, cette substance qu'Hélène (la belle Hélène de Homère et d'Offenbach) rapporta d'Asie et qui, mêlée au vin, chasse la tristesse. Si elle est inapte à me délivrer de mes angoisses, à me cuirasser contre les chagrins, la sagesse n'est qu'une imposture ou, du moins, une jonglerie avec le réel, et cela ne m'intéresse pas. Je ne suis pas un philosophe universitaire, je suis un amateur, un dilettante, et seule est capable de me charmer une sagesse telle que la définit Sénèque, dans la XX° de ses "Lettres à Lucilius" : "La philosophie enseigne à agir, non à parler", facere docet philosophia, non dicere.
Ces impressions furent d'abord moins vives.En voyage, la première heure n'est pas l'heure du recueillement.
Nous voici déjà place Maubert ! Tout le monde descend. Rue Monge, votre narine palpite lorsque vous longez la brûlerie d’où, des sacs de jute, s’échappe une bonne odeur de café ; vous jetez un regard gourmand aux saucisses des Trois Petits Cochons. A l’angle de la rue des Bernardins, une dame encore alerte et quelques messieurs millésimés, genre anciens combattants, discutent debout autour d’un stand de presse improvisé. A peine sur le parvis, vous êtes enveloppée d’un tourbillon de scouts en uniforme, de bonnes sœurs qui vendent du miel, du pain d’épices, d’appétissantes tartes aux poires. Un jeune homme aux cheveux courts explique l’Europe de Maëstricht à une jolie fille bon chic bon genre, ragazza perbene
incipit :
1er janvier. La comète qui fait son vol dans le ciel me captive moins que le coeur de Francesca, lorsqu'il bat contre le mien.
Les politiciens parlent volontiers du redressement de la France, mais toute révolution sera vaine tant que le Pouvoir ne mettra pas fin à l'entreprise de crétinisation du peuple français, de décervelage de la nation qui tend à transformer nos compatriotes en un troupeau d'ilotes imbéciles. La vulgarité, la bêtise, la bassesse de la plupart des émissions dites « de variétés » sont la pierre de touche qui nous permet de juger un régime et, par-delà ce régime, une civilisation. A voir la France livrée aux chienneries des prétendus amuseurs de la télévision, on en vient à vomir une certaine forme de démocratie occidentale; on se sent devenir communiste ou fasciste, ce qui, hélas ! n'est pas une solution satisfaisante.
incipit :
Il est, selon que je le sens, de bon augure que je m'envole vers l'Orient en cette quatrième semaine du Grand Carême où l'Eglise célèbre un des flambeaux du christianisme arabe, saint Jean Climaque, supérieur du monastère Sainte-Catherine du Sinaï, auteur de la fameuse Echelle, qu'a excellement traduite l'un de mes chers Messieurs de Port-Royal, Arnauld d'Andilly, et dont le thème cardinal est celui, brûlant, de la métanoïa, de la conversion. "Par le flot de tes larmes tu as fait fleurir le désert aride", chante le tropaire de la fête, qui s'applique avec une acuité singulière au conflit qui empourpre présentement le Proche-Orient.
Le grand révélateur d’un être, ce n’est pas le devoir, c’est l’amour, et les maladroits sont souvent des gens à qui il n’a pas été donné de mettre la main à une œuvre qu’ils auraient aimée.
incipit :
Vendredi 1er janvier. Contre les souffrances de l'amour, le plus sûr remède est le mépris. Lorsqu'il n'y a plus ni confiance ni estime, la plaie se cicatrise avec promptitude.
(Noté en traversant la place Sant-Michel).
Soyons des torches en feu.