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Citation de enkidu_


Nous rejetons l'idée de Dieu car nous avons le sentiment que si Dieu est, l’homme n’est pas libre. C’est le contraire qui est vrai : si nous savons être en lui comme des flèches d’or dans le ciel, Dieu se fait l’azur infini de notre liberté. Le Christ nous délivre du fatum des stoïques. En choisissant l’amor fati pour formule de la grandeur de l’homme, Nietzsche n’avance pas, il recule. Et la mort de Dieu conduit nécessairement à la mort de l’homme. Notre seule issue est la divino-humanité, dont l’incarnation est le prémice et dont le but est la déification qu’annoncent l’Évangile et les Pères : « L’homme est une créature qui a reçu l’ordre de devenir Dieu », écrit saint Basile.

Il faut plonger en Christ comme on plonge dans l’océan. Au risque de se noyer. Un jour que je confiais à Mgr Antoine cette crainte de la noyade, il m’a répondu : « Il y a trois folies : la folie de la foi, la folie de l’espérance et la folie de l’amour. »

N’ayons plus peur de la folie. Le christianisme est la religion de la paix de l’âme, mais il est aussi la religion de la brûlure de l’âme. Soyons des torches en feu.

Pour cela nous devons nous faire humbles, car l’humilité, c’est l’humus, la terre fertile qui seule permet au nouvel Adam de s’épanouir tel un lys royal.

Semblables à ces singes qui, dans les zoos, n’ont pas de plus grand souci que de montrer leurs culs aux visiteurs – regardez-moi ! c’est moi qui ai le plus beau cul ! –, les artistes, et singulièrement les écrivains, sont des monstres de vanité et de superbe. Ils sont, plus que quiconque, assujettis à leur moi peccamineux, coursés par la meute impersonnelle de leurs passions. C’est pourquoi ils répugnent tant à la conversion, et je suppose qu’il existe au paradis des brigades chérubiniques spécialisées uniquement dans le salut des hommes de lettres.

Je ne suis pas meilleur que mes confrères, loin de là ! Si néanmoins j’échappe mieux que d’autres à cette vogue aux fatuités qu’est la vie littéraire, c’est parce que j’ai l’extraordinaire bonheur d’être orthodoxe. Je ne suis pas sûr d’être chrétien, mais je sais que je suis, de toutes mes fibres, orthodoxe. L’orthodoxie étant le christianisme dans sa plénitude lumineuse, une pareille distinction peut paraître absurde. Elle l’est sans doute, mais, outre que l’absurde ne me fait pas peur, voici ce que je veux dire : pécheur, négateur, transgresseur, je me sens à l’aise dans l’orthodoxie ; j’y suis chez moi. (XII)
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