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Critiques de Gabriela Manzoni (11)
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Une héritière

« La littérature est pour moi la promesse de je ne sais quelle félicité, une promesse souvent non tenue, mais à laquelle le lecteur que je suis veut toujours croire. » ● Nora Lefebvre, la narratrice, est une « héritière » au sens de Bourdieu, c’est-à-dire une jeune fille issue d’un milieu favorisé et doté de capital pécuniaire et culturel. Elle est au lycée en classe de Terminale à Bordeaux. Elle y fait la connaissance d’Anna Berl, sa professeure de philosophie, et éprouve envers elle une attirance qui se révèle réciproque. Anna initie Nora aussi bien à la philosophie qu’à l’amour. Elle lui fait aussi prendre son envol professionnel, puisque la jeune fille est reçue deuxième à l’agrégation de philosophie à vingt-trois ans, ce qui va l’amener à partir pour Paris… ● C’est là un magnifique roman d’apprentissage, superbement écrit, qui a pour objet une jeune fille qui sait où elle va et ne s’embarrasse guère de sentiments ; l’ironie est constante, le cynisme affleure. Il n’y a aucun temps mort, le récit est mené de mains de maître. Le roman est court et très efficace – « [S]i je devais me mettre un jour à l’écriture, je ferais court », dit Nora. ● Sagan est plusieurs fois citée, non sans intention. Les écrivains du « développement personnel » comme Matthieu Ricard ou Frédéric Lenoir sont égratignés, de même que (injustement à mon avis) Antoine Compagnon. On reconnaîtra d’autres écrivains, parfois sous des pseudonymes divers. ● Au passage, une réflexion sur l’art contemporain : « — Ah, oui ! Duchamp !… Ils n’en finissent pas de reproduire chacun dans son style, si j’ose dire, son esthétique des ready-mades, comme si elle était toujours aussi subversive que dans les années 1910. Ils ne s’en remettent pas de l’audace de Fontaine. L’image de la pissoire les poursuit. Alors tu les vois cavaler dans la régression et la provocation. Ils plongent des cadavres de vaches dans de grands bacs de formol, exposent des boîtes de conserve pleines de fiente humaine, érigent des plugs anaux géants dans des jardins publics, que sais-je encore. Ils croient heurter le bourgeois alors qu’ils distraient tout au plus le badaud qui en a vu d’autres au journal télévisé ou sur Internet dans le genre dégueu, obscène, violent, scato, même. » ● J’ai beaucoup aimé, je recommande, et je vais suivre cette autrice. Merci à @LicoriceWhip pour cette découverte.
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Une héritière

C'est en lisant une brève critique de ce livre sur un hebdomadaire bien connu qu'est née en moi l'envie de me le procurer et de le lire.

C'est un roman court et assez bien écrit. Malgré tout, ce n'est qu'à la fin ou plus précisément à partir du chap 19 (sur 27) que tout l'intérêt du livre surgit. Et il est vrai que je ne m'attendais pas à ça!

On comprend, tout à coup, pourquoi tant d'impudeur. On juge moins les actes de la jeune narratrice. On comprend peut être comment de tels actes arrivent et détruisent.

Encore un! me direz-vous? Oui, ce sujet est un peu à la mode, ces derniers temps! Et pour cause! A la manière d'un Flaubert qui fera d'un fait divers sa Emma Bovary (la référence est de l'autrice, et non de moi ! Rendons à César ce qui est à César!), Gabriela Manzoni se base également sur des faits divers, malheureusement trop nombreux et donne ainsi à son récit un réalisme poignant, dérangeant parfois mais c'est ce qui en fait toute sa force. Bravo à Gabriela Manzoni pour ce 1er roman. L'autrice s'était fait connaître en partageant des détournements de comics americains sur les réseaux sociaux. Elle signe là un premier roman qui risque fort de faire parler de lui.
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Comics retournés

Avant tout, un grand merci à Babelio et aux éditions Séguier pour ce petit cadeau sympathique qu’est « Comics retournés » de Gabriela Manzoni.

Le principe : Extraire des vignettes de Comics gnangnan et les détourner de leur sens initial en y apposant des textes percutants, forts, philosophiquement absurdes et amenant souvent un décalage humoristique bien cynique.

Comics retournés est un ouvrage simple mais qui ratisse large !! Beaucoup de thèmes y sont abordés comme la mort, la politique, l’amour (hétéro et gay), la religion, le machisme, les bimbos etc… bref tout le monde en prends pour son grade, bien que quelques fois la critique acerbe est plus ciblée (en citant par exemple I-Télé, Télérama, Lucchini, Yann Moix ou Umberto Eco…)

Evidemment, chacun y trouvera sa réplique préférée.

En voici quelques-unes que j’ai appréciées mais il est difficile de transcrire la situation sans le dessin:

- Gros plan d’un bellâtre blond, type allemand disant « Il n’y a qu’un nabot pour concevoir l’idée du surhomme… »

- Ou bien ce gros plan sur un vieillard paraissant sénile presque fou disant « les asiles de fous existent pour faire croire à ceux qui n’y sont pas enfermés qu’ils ont toute leur raison… »

- Ou bien encore cette jeune femme en nuisette allongée sur le lit, vu de dos, sa tête dans ses mains pensant « je vais raconter mes peines de cœur à Sophie… elle n’a pas d’autre vie amoureuse… »

- Mais ma préféré restera cette femme blonde bon chic bon genre en gros plan affirmant « A présent je le sais. Un ami est soit un loup que nous avons pu apprivoiser pour un temps, soit un renard qui a su endormir notre méfiance… »



Certaines de ces phrases sont donc très cinglantes et dans tous ces détournements il y en aura forcément un (voir beaucoup plus d’ailleurs) qui ne vous laissera pas indifférent.

L’auteure nous confie donc une certaine vision paraissant absurde mais souvent que trop réaliste, de notre monde actuel, le tout avec un humour noir frappant.

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Comics retournés

J'aime ce qui est décalé, ce qui étonne et surtout ce à quoi je n'aurai pas pensé et là j'ai été servi. J'ai beaucoup aimé l'idée de détourner des vieilles vignettes de comics à l'eau de rose des années 50 et c'est savoureux. Tantôt drôle, tantôt philosophique, cynique ou cruel j'ai vraiment apprécié cet univers féministe parfois, cynique souvent. Totalement dans l'air du temps, l'auteur est donne par ses réflexions son avis sur la société actuelle, sur ses travers : réseaux sociaux, solitude, féminisme, avortement, politique...



Ca se lit vite, s'emmène partout, le format est pratique, on passe un bon moment. J'ai beaucoup aimé c'est très original.



VERDICT



Très sympa, original, c'est du détournement de qualité. A offrir et se faire offrir.
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Une héritière

On avait connu Gabriela Manzoni avec ces inénarrables et impertinents Comics retournés" . Nous la retrouvons enfin, mais en tant qu'écrivaine d'un premier roman au titre fleurant bon le classique ou la littérature de gare ( c'est selon son imaginaire).

Première chose, son roman, est court et en cela il est conforme aux déclarations de son héroïne Nora qui rewrite chez un éditeur : " ... si un jour je devais me mettre à l'écriture, je ferai court, ..." Cependant, cette brièveté ne semble pas un passage au lance-flammes du roman tant l'intrigue paraît être loin des détournements de comics sarcastiques qui ont fait sa ( petite) réputation. On se dit qu'il y a peut être de l'autobiographie dans cette histoire de lycéenne qui devient la maîtresse de sa prof de philo avant de devenir, plus grande, la secrétaire à tout faire d'un éditeur connu ( mais vraiment tout, de l'écriture jusqu'à des pipes dans des sex shops et autres fantaisies érotiques), mais allez savoir...

C'est vrai que le roman démarre par un léger petit règlement de compte de la famille, mais en version soft, avec juste quelques petites piques pas bien méchantes. Puis arrive l'histoire d'amour avec Anna ( Berl... petit clin d'oeil à Emmanuel? ), un peu longuette ( mais oui, même dans un roman de peu de pages) pour se conclure, peut être plus perfide ( et à clef ?) , par un portrait de l'édition où les petites mains se rebiffent contre d'autres plus baladeuses. On va retrouver cité, comme dans ses comics, quelques Lacan ou Houellebecq, on constatera un coup de griffe ( justifié) à nos gourous actuels Ricard et André et c'est un peu tout.

Peut être qu'il n'aurait pas fallu connaître ses comics ( ni avoir lu beaucoup de romans d'apprentissage) pour apprécier pleinement cette "héritière", qui se lit facilement, surfe avec l'air du temps mais s'avère être ni un pastiche, ni un nouveau détournement d'un genre bien codé ou alors de façon trop tiède.
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Une héritière

Avec Une héritière, Gabriela Manzoni signe un roman d'apprentissage et une éducation sentimentale à la langue recherchée, précise sans être précieuse. Un texte fulgurant, sans excès ni fioritures, qui suit le parcours de Nora, issue d'un milieu bordelais aisé, douée pour les lettres qui trouve en Anna Berl un mentor érotique et intellectuel qui va guider sa trajectoire dans le milieu littéraire.



Nonchalante et étrangère aux tourments du coeur, Nora bien que lycéenne, jouit pleinement de cette relation avec Anna, qui n'est autre que son professeur de philosophie. Grâce à ses relations et son entregent, Nora s'installe à Paris et se fait embaucher dans une maison d'éditions au prestige équivalent à celui de Gallimard ou Grasset. En acceptant de devenir le nègre d'un grand ponte de cette maison (et dans le même temps sa maitresse), Nora découvre un univers en trompe-l'oeil, où savoir jouer la comédie passe bien avant l'amour de la littérature.



Redoutablement efficace, ironique, parfois trop, au point de faire sourire devant cette jeune femme qui traverse son existence comme si rien ne pouvait l'atteindre, Une héritière n'en est pas moins savoureux et admirable par son refus de faire de sa Nora un jouet des circonstances, mais un personnage intelligent qui sait exactement se servir d'elles quand elles se présentent.
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Une héritière

— Nora est une "héritière" au sens bourdieusien. À 17 ans, son parcours scolaire est fléché vers la réussite matérielle. Comme Emma Bovary, elle s’ennuie pourtant, et tombe amoureuse de sa professeure de philosophie, Anna. Son apprentissage est alors double, tourné vers les plaisirs charnels et l’élévation de l’esprit. Son amante et mentor lui ouvre les portes des raouts littéraires et des cercles mondains. Nora finit par se soumettre – en tant que "ghost writer" – aux désirs d’un éditeur pervers, en écrivant ses mémoires. Entre le café de Flore, cher à Beigbeder, et les non-lieux houellebecquiens, Nora fait l’expérience d’un microcosme décadent.
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Comics retournés

Je me suis régalée avec ce petit bijou d'humour insolent.



Il est difficile de vous parler de ce livre sans vous montrer une vignette. Si c'était le cas, vous verriez à quel jeu irrévérencieux l'auteure s'est livrée.

Cela donne ça :



J'adore ces comics qui représentent une partie de cette culture américaine des années 50. L' esthétique vintage me plaît énormément. Il est vrai que c'est un genre très codifié où l'originalité n'a pas vraiment sa place. Quel plaisir de voir donc ce retournement, ce détournement de l’œuvre originale. Il n'y a de parodie. Il y a véritablement un retournement de l'image d'origine. Elle est support inspirant...



Ce n'est pas un livre qu'on lit d'une traite. C'est comme une anthologie de réflexions comiques, philosophiques, désabusées, politiques...à lire assurément au second degrés. Tout le monde y trouvera son compte.



Ainsi une bulle avec un gros plan d'un couple en voiture. La femme nous fait part de sa réflexion quant à son compagnon :



« Son amour de la vie me fait penser à l'érection de l'homme que l'on pend... ».



Il y a énormément d'humour dans le livre. Il vient souvent du décalage entre la légèreté du dessin et la gravité du message véhiculé. Ainsi, on a une pin up en tenue légère qui se maquille. Devant son miroir, elle a cette réflexion :



« Linda veut en finir...que lui dire ? L'ennui avec le suicide, c'est qu'on ne peut ni le conseiller ni le déconseiller... »

Il y a énormément de politiquement incorrect. Ça peut faire grincer des dents ou provoquer des fous rires. Pour moi, il s'agit de la deuxième option.

J'ai donc beaucoup aimé l'exercice de style auquel s'est livré Gabriela Manzoni.



Seul bémol, je trouve le livre cher pour le format proposé. Il s'agit d'un livre de poche dont le coût avoisine les 13 euros.



Hormis cela, j'ai beaucoup aimé le concept qui peut se prêter à d'autres types de comics. Les références m'ont plu même s'il faut avouer que les comics retournés que j'ai préféré sont les plus légrs.



Bref, si vous aimé les comics des années 50.

Si vous aimez les détournements.

Ne passez pas à côté de ce livre

qui réussit admirablement l'exercice.
Lien : http://lachroniquedespassion..
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Comics retournés

Un petit livre sympathique rapidement lu. L'association des images et des textes dans les bulles fonctionne bien et divertit. J'ai eu un peu de mal avec certaines que j'ai trouvée un peu trop philosophiques et j'ai préféré les plus simples ,celle où la petite fille caresse son chat dans l'herbe est terrible ! Je citerai aussi celle de la femme qui, comme elle n'a rien à faire, se déshabille... En règle générale,celles avec une connotation sexuelle m'ont énormément plu et j'ai apprécié de redécouvrir les comics des années 50 dans ces retournements. L'auteure fait preuve de beaucoup d'humour (et d'une bonne dose de cynisme) dans ses associations et au final, c'est réussi





Ce que j'aime : l'humour cynique, les comics, la manière dont l'auteure se sert des comics des années 50 pour critiquer notre société actuelle





Ce que j'aime moins : certaines citations sont très philosophiques





En bref : Un ouvrage divertissant et mordant qui se révèle receler des pépites.





Ma note





6,5/10
Lien : http://jessswann.blogspot.fr..
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Comics retournés

Gabriela Manzoni ( dont une recherche sur le net, proche de l'idôlatrie, m'a fait découvrir un compte Facebook où elle publie tous ses retournements ) n'est ni auteure, ni dessinatrice, simplement elle détourne des vignettes de comics gnangnans des années 50 par amusement. Au premier abord, cette sympathique activité, pas réellement originale, attire par sa promesse de passer un petit moment drôle et récréatif.

Drôle, ça l'est assurément ! La collusion entre ces nouvelles répliques totalement décalées et ces images figées, stéréotypées, qui dans leur version originale plongeaient dans la mièvrerie sentimentale, réjouit sans limite. Mais où la surprise fut de taille, c'est que cette accumulation de textes cyniques, mordants, philosophico/cruels, fait apparaître la pensée d'une auteure qui vise fort et juste. Complètement en phase avec la société actuelle, malaxant l'actualité la plus récente ( la suspicion terroriste évoquée dans une pastille hilarante et glaçante à la fois), se moquant de tous nos travers contemporains, Gabriela Manzoni déroule un humour décapant, portant un regard acide sur toutes nos faiblesses, nos compromis dans un monde qu'elle perçoit de moins en moins capable de penser. Rien n'échappe à sa sagacité. L'avortement, le suicide, Facebook, la famille, l'amour, la construction du soi commercial, passent dans son broyeur à empêcher de tourner en rond .

Pour le plaisir, je ne résiste au plaisir de citer deux vignettes, prises au hasard, mais hélas sans les images qui accentuent le percutant des nouveaux textes :

Un bellâtre, cigarette en main, déclare :

" On ne comprendra rien à la société marchande si on ne voit pas qu'elle vise avant tout à détruire toute forme de vie intérieure."

Ou, plus loin, une belle blonde inexpressive se laisse murmurer à l'oreille par un fiancé tout aussi fade :

"Je suis contre l'avortement... Tuer un être humain avant sa naissance ? Quelle impatience ! "

La suite sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Une héritière

Héritière s'il en est, l'auteur signe un ouvrage bien bâti, à la langue soignée, roman à tiroirs et aux imaginations systémiques, comme saurait l'écrire cette génération d'écrivains français nés peu après la guerre.

Nous observons bien ici les marques du premier roman. Un passage par toutes les stations, des lettres et des arts, empruntant le dernier TGV Bordeaux-Paris du roman compendieux, hypersexualisé ; mélancolie du vide et de la solitude par l'avenue du Maine jusqu'au luxe d'un appartement de la rue du Cherche-midi, dans lequel nous serions spectateurs de toute la vanité et la vérité de celui qui aurait prétendu à une supériorité du destin, régnant sur un milieu décadent immanquablement cruel.

Le personnage central ne serait donc pas une femme mais bien un homme, victime du puritanisme décliné à notre province, la France.

Un roman qui décrirait ses méthodes de fabrication, un roman où même un octogénaire libidineux pourrait prendre la peau d'une jeune femme rien que pour avoir le plaisir d'être l'esclave d'un vagin savant, se défendant entre quelques coups de langue de son péché de luxure, un roman où le réviseur aurait paraphé quelques pages, un roman où l'on solderait l'esprit d'une génération.

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