AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Gabrielle Tuloup (93)


La frontière entre humour et provocation est parfois aussi difficile à établir que celle entre colère et chagrin.
Commenter  J’apprécie          310
Gabrielle Tuloup
Aujourd'hui, moi aussi je marque. J'ai peut-être un peu trop triché. Moi aussi, Nathan, j'ai mes sillons et mes parcelles disparues trop tôt. Je signe un bail avec l'oubli, mais qui gardera la mémoire de mes biens, de mes compromis, de mes dédits ? Il ne reste déjà qu'un bien maigre territoire de mon passé. Tout file. Ton père est mort et tu es parti au loin. A moins que ce ne soit moi qui n'aie jamais pu être proche.
(...) Je sais qu'il est temps d'oublier, de tout alléger, mais pas avant d'avoir rempli le registre. Aujourd'hui, mon fils, il me faut te décrire mes terres muettes, le bien qu'on m'a volé. Il me faut te confier ce que je n'ai dit à personne, pas même à ton père.
Commenter  J’apprécie          292
Il y a des espaces de sa vie que l’on n’habite pas.
Commenter  J’apprécie          220
Un aéroport de nuit, c'est sinistre comme un parking de gare désert le dimanche en province. J'étais fatigué des arrivées qui n'avaient rien d'un retour, puisque personne n'attendait. Alors j'ai pleuré. Avec une lettre repliée dans la main. J'ai pleuré comme un môme en descendant de l'avion, tirant ma valise à roulettes, qui ne pèse rien. J'ai pleuré dans le taxi avec les informations en slovène à la radio, que je ne comprenais toujours pas. Je me suis arrêté sous l'oeil gêné du chauffeur qui me surveillait dans le rétroviseur et montait le son à chaque reniflement. Un entracte, quelques minutes. Et j'ai pleuré à nouveau à la maison en ouvrant le frigo.
Commenter  J’apprécie          190
Personne n'enseigne à regarder la vie qui s'efface. Alors on fait comme on peut.
Commenter  J’apprécie          170
Elle aurait aussi bien pu être morte. Ça n'aurait pas changé grand chose, au fond. Il aurait fallu s'organiser, voilà tout. Les pompes funèbres, les faire-part de décès, quelques poignées de mains contrites, j'aurais fait bonne figure et puis on aurait été quittes. Ça n'aurait pas été un drame. (Incipit)
Commenter  J’apprécie          130
L'enfance a une date de péremption, pas la même que celle indiquée sur les paquets. Elle pensait qu'elle avait le temps de voir venir. On ne voit jamais rien venir. 
Commenter  J’apprécie          130
J'exagère sûrement. C'est facile après coup. J'ai toujours considéré les femmes avec une envie trouble, mêlée de suspicion. Les hommes pouvaient faire preuve de douceur, je le savais par mon père. Pourtant il y avait bien quelque chose qu'elles seules, je le pressentais plus que je n'en faisais l'expérience, pouvaient offrir. Quelque chose comme un repos, imprimé dans la tiède mollesse de leur chair et la blancheur de leurs bras. Il est, me disais-je, des femmes comme des pays lointains où s'abandonner.
Commenter  J’apprécie          100
(Courier adressé au juge, fautes d’orthographe comprises)
« Cher Juge, je connais bien ces huit garçons, je les connais depuis longtemps et je peux vous garantir que ces jeunes hommes sont innocent. Ils sont comme des frères pour moi et m’imaginer les voir faire une tel chose m’est aussi insupportable qu’incrédible. Je suis contre le fais que ces jeunes soit pénaliser or que certains ne l’on pas toucher. ni même parler. De plus cette jeune elle a déjà une réputation car il y a des rumeurs sur cette personne et ce jour-là je ne doute pas qu’elle était consentante. Je compte sur vous pour prononcer la sentence la plus juste en espérant avoir un jugement clément pour mes amis. Merci d'avance. »
Commenter  J’apprécie          101
On n'a pas idée de ce que c'est qu'une chemise sans les épaules de l'homme qu'on aime. On n'a pas idée du monde infiniment plat et chiffonné, roulé en boule, qui reste quand l'autre déserte la vie, quand son corps est soustrait aux étoffes et aux caresses. L'existence n'a plus d'odeur. On marche le ventre en creux, encore et encore (...). On arrose quand même les fleurs une fois par semaine parce qu'elles n'y sont pour rien et que le monde est assez fané comme ça. (...)
Commenter  J’apprécie          100
Le réel ne prend pas de gants.
Commenter  J’apprécie          70
C'est plus difficile de lutter contre les angoisses ennemies dans l'obscurité.
Commenter  J’apprécie          60
On n'a pas idée de ce que c'est qu'une chemise sans les épaules de l'homme qu'on aime. On n'a pas idée du monde infiniment plat et chiffonné, roulé en boule, qui reste quand l'autre déshabite la vie, quand son corps est soustrait aux étoffes et aux caresses. L'existence n'a plus d'odeur. On marche le ventre en creux, encore et encore. C'est raconté dans tous les livres mais Jacques, lui, n'avait jamais écrit ces lignes-là, et c'était lui que je croyais. On arrose quand même les fleurs une fois par semaine parce qu'elles n'y sont pour rien, et que le monde est assez fané comme ça. On boit son thé à la même heure et on attend. C'est le dernier effort dont on est capable, l'attente. Le vide glisse ses doigts entre chaque côte et serre. La douleur a des ongles et elle vous donne du corps. Elle vous raidit, c'est elle qui vous fait tenir debout. Et c'est elle qui plus tard sait quand peu à peu relâcher l'étreinte. Il fallait qu'elle tenaille pour qu'on n'oublie pas de respirer, mais le souffle parfois revient sans qu'on y pense. Le deuil est un sommeil, plus long que les autres. Le noir et blanc finit toujours par rendre l'âme, lui aussi.
Commenter  J’apprécie          60
Moi aussi, j'ai changé de pays. l'absence nous fait entrer dans une terre étrangère.
On n'a pas idée du monde infiniment plat et chiffonné, roulé en boule, qui reste quand l'autre dés-habite la vie, quand son corps est soustrait aux étoffes et aux caresses. L' existence n'a plus d'odeur.
Commenter  J’apprécie          60
« Puisqu’ Alzheimer a choisi d’élire domicile dans mes souvenirs, j’ai décidée d’être polie : j’ouvre la porte. On ne s’oppose pas à un hôte de cette envergure. »
Commenter  J’apprécie          60
On ne choisit pas d'être éducateur si on n'espère pas réécrire la fin.
Commenter  J’apprécie          50
Sur l'écran de mon portable un numéro inconnu s'est affiché. Je regrette que ma confiance instinctive n'ait pas pris le dessus. On peut toujours s'arranger après avec son répondeur.
Commenter  J’apprécie          40
Il était là face aux mots grillagés par la barrière des dents. Jacques m’a appris à désapprendre l’angoisse qui détricote le sommeil et tire le fil de la mémoire. Il défaisait sans relâche et sans même le savoir la toile des souvenirs où je me débattais comme un insecte. J’ai désappris le froid sous les ongles, la peau qui refuse, les cils barricades. Il ouvrait les rideaux et laissait partout entrer la lumière.
Commenter  J’apprécie          30
Notre histoire sentait le renfermé. Un comble pour des amants qui n’avaient connu aucun toit. Les hommes cloisonnent si bien qu’ils finissent par vous faire prendre la poussière. Il m’avait fallu le voyage pour me rendre à cette évidence.
Commenter  J’apprécie          30
Moi aussi, Nathan j’ai mes sillons et mes parcelles disparues trop tôt. Je signe un bail avec l’oubli, mais qui gardera la mémoire de mes biens, de mes compromis, de mes dédits ? Il ne reste déjà qu’un bien maigre territoire de mon passé. Tout file. Ton père est mort et tu es parti loin. À moins que ce soit moi qui n’aie jamais pu être proche.
Je ne veux surtout pas emporter mon secret. Mes vices cachés le sont au pli d’une ride mais les caresses de Jacques ne me lisent plus. Ton père avait de ces mains qui savent quand la peau braille d’avoir eu mal quelque part. Le corps qu’on n’aime plus se tait doucement.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gabrielle Tuloup (238)Voir plus

Quiz Voir plus

Explicit (ou excipit)

"Et pour premier acte de défi qu'il portait à la Société, Rastignac alla dîner chez Madame de Nucingen"

Le Père Goriot (Balzac)
Les Illusions perdues (Balzac)
Splendeurs et misères des courtisanes (Balzac)
La Peau de chagrin (Balzac)

10 questions
146 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , livres , oeuvres , phrasesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}