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4.01/5 (sur 318 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Nantes , le 27/05/1920
Mort(e) à : Francfort-sur-le-Main , le 22/12/2002
Biographie :

Gabrielle Wittkop, née Gabrielle Ménardeau, est une écrivaine.

Elle rencontre dans le Paris sous occupation nazie un déserteur allemand homosexuel du nom de Justus Wittkop, âgé de vingt ans de plus qu'elle. Ils se marient à la fin de la guerre, union qu'elle qualifiera d'« alliance intellectuelle », elle-même affichant à diverses reprises son homosexualité affirmée. Le couple s'installe en Allemagne, à Bad Homburg, puis à Francfort, où Gabrielle Wittkop vivra jusqu'à sa mort.

Même si elle continue d'écrire en français, elle collabore à divers journaux allemands, dont entre autres le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Soutenue et encouragée par son mari, historien et essayiste, elle développe son écriture en langue allemande, et publie plusieurs œuvres en allemand. Son mari se suicide en 1986, alors qu'il est atteint de la maladie de Parkinson. Atteinte d'un cancer du poumon, elle choisit la mort à 82 ans, en se suicidant: « J'ai voulu mourir comme j'ai vécu : en homme libre ».

Depuis la parution du Nécrophile en 1972 chez Régine Deforges, Gabrielle Wittkop est l’auteur d’une dizaine de «livres noirs chargés de mort, de poison et de tourments gothiques» (Éric Dussert in Le Matricule des Anges). En 2001, les éditions Verticales ont réédité deux de ses chefs-d’œuvre: La Mort de C. et Le Nécrophile, et ont publié un roman inédit, Sérénissime assassinat, tous trois fort remarqués par la critique, les libraires et de nombreuses maisons d’éditions étrangères, notamment en Allemagne, son pays d’adoption où elle a rencontré un véritable succès.

Ont paru depuis de façon posthume, Le sommeil de la raison, recueil de «six récits cruels et raffinés», et deux romans inédits de Gabrielle Wittkop intitulés La Marchande d’enfants et Chaque jour est un arbre qui tombe. Son œuvre est traduite dans une dizaine de langues.

Est parue chez Verticales en mai 2009, la réédition des Rajahs blancs, roman historique qui raconte un épisode peu connu de la colonisation en Inde et les destins extraordinaires des Brooke, aventuriers anglais (de père en fils) qui régnèrent près de cent ans durant sur l'île de Bornéo.

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Source : Wikipédia, editions-verticales
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Soirée spéciale Gabrielle Wittkop.


Citations et extraits (73) Voir plus Ajouter une citation
Les femmes de ménage ne manifestent nul trouble particulier en nettoyant le magasin d'antiquités que j'ai hérité de mon père. Tout au plus, de temps à autre, un vague ronchonnement sur les vieilleries, les nids à poussière, les trucs fragiles tellement moches alors qu'on pourrait avoir du neuf pour bien moins cher. C'est seulement dans mon appartement privé, au cinquième étage, que leur comportement me donne à réfléchir. Elles regardent les coins, d'un air de prudente suspicion. Elles m'observent sournoisement et, surtout, elles reniflent l'odeur de l'appartement, en remuant les yeux. Elles reniflent et reniflent, cherchant dans leur mémoire, ne trouvant rien qui vaille, reniflent encore, jusqu'à ce qu'une étrange inquiétude s'empare d'elles. Alors, elles deviennent comme des bêtes traquées puis s'échappent. Quand j'essaie de les relancer, elles me font des réponses vagues d'un air peureux et secouent la tête si je propose d'augmenter leurs gages. Je mets une nouvelle annonce dans les journaux et la même histoire recommence.
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Toujours cette vieille et aberrante confusion entre deux êtres aussi foncièrement opposés que le vampire et le nécrophile, entre le mort qui se nourrit des vivants et le vivant qui aime les morts.
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Il y a bien longtemps que j’ai oublié l’odeur sèche du bombyx et maintenant celle de la charogne qui envahit les airs. Une flaque de ce suc noir que vomissait l’enfant pieuvre s’est épandue sous le ventre des anges, une encre putride qui traverse le matelas, goutte sur le sol, un jus de pestilence qui m’enivre comme celui de la mandragore. Cette liqueur vient d’eux lentement, ainsi que l’eau d’une très antique source, elle glousse d’une voix embarrassante à la lisière de leurs entrailles, sursaute et s’épanche. Leurs yeux tombent à l’intérieur du crâne, comme jadis ceux de la délicieuse vieille Marie-jeanne.
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Solitaires, nous ne sommes même pas le lien entre la vie et la mort. Il n'y a pas de lien. Car la vie et la mort sont unies à jamais, indissociables comme l'eau mélangée au vin.
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Déjà tôt dans la nuit le peuple romain avait envahi le lieu du supplice et attendait. Une espèce de feulement bruissait dans le rêche tapis de foule sous lequel disparaissait le sol. Comme beaucoup arrivaient en bateau, les barques heurtaient leurs coques, entremêlaient leurs rames à grand bruit et il y avait tant de lanternes sur le Tibre qu’on eût pu croire à quelque fête, n’eussent été la sauvage passion des regards et la menaçante touffeur de l’air. Le matin du 11 septembre se leva sur un ciel soufre où chassés par le sirocco des nuages cuivrés roulaient si bas qu’ils semblaient vouloir se précipiter sur la terre. Les cloches sonnaient toutes seules, les oiseaux tombaient du ciel, des bêtes fuyaient au galop à travers la ville et, croyant venu le Jugement dernier, certains virent même les morts sortir des tombeaux. Devant le ponte Sant’Angelo la foule était si dense que lorsque quelqu’un s’évanouissait on faisait passer son corps par-dessus les têtes, porté à bras tendus jusqu’à ce que dans quelque rue voisine on trouve enfin un peu de sol libre pour l’y allonger. Bientôt les tribunes préparées pour les notables furent elles aussi couvertes d’assistants. Fort de ses relations, don Marianno s’y était assuré une place de choix et étrennait ce jour-là un superbe pourpoint de velours vert avec une cape de même et des hauts-de-chausses à l’espagnole.

Àneuf heures, le funèbre cortège partit de Tor’di Nona, déroulant sous le ciel couleur de dent gâtée un long ruban sombre d’où montaient des bannières oscillant sur un rythme de marionnettes. Les sbires et les soldats encadraient un chariot où Bernardo était assis enchaîné face à son frère nu jusqu’à la ceinture, près d’un petit fourneau bien protégé de la tempête et au feu duquel le bourreau rougissait ses tenailles. Il y en avait toujours quelques-unes de prêtes comme les fers des lingères, de façon que le tourmenteur ne chôme pas, si bien qu’à tout instant mastro Peppe arrachait à Giacomo un lambeau d’épaule ou de mamelle, dans une puanteur de chair brûlée. À chaque hurlement de son frère, Bernardo retombait sur lui-même, mol et blanc comme un mouchoir. La cloche de la chapelle que les fratelli dei Agonizzanti avaient sur la piazza Pasquino sonnait inlassablement le glas, d’une voix dure et grêle. Pareil à quelque épouvantai!, un grand crucifix dont le porteur baisait les pieds précédait le char, entouré des pénitents psalmodiant sous leurs cagoules. On avait éteint les cierges à cause du sirocco, tandis qu’une lueur irréelle, dépourvue de source eût-on dit, enveloppait l’immense scène des rues bondées. Muette, la foule regardait progresser le cortège vers Corte Savella. Il s’arrêta devant le portail et les femmes sortirent, accompagnées d’un grand tumulte.

Ceux de la Buona Morte et ceux de San Giovanni Decollato portant sur leur froc noir le plat de Salomé brodé en argent, soutenaient Beatrice Cenci. Depuis si longtemps elle n’avait pas vu la lumière du jour que l’éclairage crépusculaire du sirocco suffit à l’aveugler. Les cris de Giacomo lui hérissèrent le poil. Lumière de mort, clameurs de mort.
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On parle du sexe sous toutes ses formes, sauf une. La nécrophilie n'est ni tolérée des gouvernements ni approuvée des jeunesses contestataires. Amour nécrophilique, le seul qui soit pur, puisque même "amor intellectualis", cette grande rose blanche, attend d'être payé de retour. Pas de contrepartie pour le nécrophile amoureux, le don qu'il fait de lui-même n'éveille aucun élan.
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Tandis que je me glissais dans cette chair si froide, si douce, si délicieusement étroite qu'on ne trouve que chez les morts, l'enfant a brusquement ouvert un œil, translucide comme celui d'une pieuvre et, dans un épouvantable borborygme, a rejeté sur moi le flot noir d'un mystérieux liquide.
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Il meurt seul. La mort aime venir quand il n'y a pas de visiteurs. Il meurt de male mort entre la lune descendante et la nouvelle lune. Né un samedi, mort un jeudi. Il a vécut trente-sept ans et vingt et un jours. Il est mort sans avoir possédé de nid. Il est mort couché sur le dos, les bras écartés, les jambes tendues. Il est mort le jour de la purification et du jeune feu, pour l'antique fête des déesses-mères. A personne il n'a légué son sourire, le geste bref et volant de sa main, l'arrogance du ton. Il n'a laissé ni message ni héritage.
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On devrait lors des obsèques jouer quelque valse, funèbre vertige, enveloppe enrubannée de névroses, car toujours l'homme voulant échapper à la souffrance tourbillonne sur lui-même.
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Regardant une veuve orner la tombe du défunt d'un petit arbre de Noël, je notai soudain à quel point sont devenues rares les femmes en grand deuil, en voiles flottants, et d'ailleurs souvent blondes, qui hantaient les nécropoles, il y a une vingtaine d'années. C'étaient en général - toutefois pas toujours - des professionnelles pratiquant leur art derrière les monuments de famille, avec un manque de brio et de sincérité absolument déprimant. De la viande à veufs.
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