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Citation de PetiteBichette


Je ne sais pas comment elle avance depuis la mort de Vincent. Je me souviens de ce jour blanc, celui des obsèques, au retour de ce tournage tragique. Elle avait pris dans ses bras l'urne de céramique bleu nuit qu'un appariteur en mauvais costume sombre lui avait remise. Elle ne s'attendait pas à la sentir tiède encore, tiède du corps juste brûlé, elle avait eu un moment de surprise, proche de la panique, puis elle l'avait serré fort contre elle, sur son cœur, comme on serre un enfant, comme si elle demandait à ces quelques poignées de cendres de la réchauffer une dernière fois.
Il avait fallu que j'écarte ses doigts, que je détache ses mains crispées pour qu'elle me laisse prendre l'urne et que j'arrive à la convaincre de la déposer dans le casier qui lui était réservé. Je me souviens de la force de ses doigts plaqués sur la céramique, sur sa poitrine, difficile de la lui faire lâcher sans forcer, j'avais peur de lui faire mal. Derrière nous, l'appariteur passait d'un pied sur l'autre, vaguement impatient, blasé. Je me souviens du crissement de ses semelles en caoutchouc sur le sol en ciment, avec quelques brins d'herbes égarés entre les joints. Elle avait fini par déposer elle-même la sphère bleue, ses mains tremblaient, j'avais touché son bras et senti combien son tremblement venait de loin, de très loin sous la maigreur de ses épaules. Nous sommes repartis tous les deux, elle pas très assurée et moi le bras accroché au sien, je ne savais que faire d'autre. (p.169, 170)
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