
Et Marylou est arrivée. Elle adore s’enfoncer dans la forêt avec sa grand-mère, apprendre ses secrets, parler avec les fées et les nutons sans les offenser, se reposer au pied de l’Arbre-aux-Murmures et tendre l’oreille pour surprendre les souvenirs que celui-ci accepte de partager avec celles et ceux qui savent l’écouter. Dire que des adultes veulent l’abattre ! Les yeux de la fillette piquent. Elle les essuie d’un revers de manche rageur et renifle un coup pour faire bonne mesure. Les lapins et les oiseaux ne seront pas les seuls à se retrouver sans abri si des bulldozers détruisent la forêt. Où les fées et les nutons pourront-ils se réfugier ?
La résolution de Marylou se raffermit tandis qu’elle s’avance dans la clairière. Elle ne laissera pas son vieil ami mourir, foi d’ensorceleuse ! Sa main se pose sur l’écorce rugueuse et elle grimpe sur une racine tortueuse pour étreindre le tronc. Ses bras n’en font pas le tour, loin s’en faut ! Une farandole1 d’enfants n’y suffirait pas. Son doigt heurte une écorce plus dure, plus râpeuse et s’y entaille la peau.

Fille et petite-fille d'ensorceleuse, elle sait exactement qui l'appelle et où elle doit se rendre. Pour lutter contre le froid hivernal, elle a enfilé des collants en grosse laine sous sa jupe. Ils la grattent, mais c'est un moindre mal. La forêt ardennaise n'est pas aussi dangereuse que la Fagne, mais le Pas-du-Loup n'est pas un bois ordinaire...
Dans l'obscurité trompeuse de cette nuit de décembre, elle pourrait presque oublier ces quatre ans de guerre, tous ces mois à vivre dans la crainte des bombardements. Dans le lointain - pas si loin que ça - elle entend, pourtant, les explosions, les rafales des mitraillettes qui lui rappellent que des soldats perdent la vie sur un sol qui n'est pas le leur.
Beaucoup ont traversé les océans pour libérer un petit pays dont la plupart n'avaient jamais entendu parler. (...)
Au final, des hommes meurent dans les forêts de l'Ardenne. Peu importe leur nationalité ou leur uniforme: leur sang abreuve le sol fertile de la région en un cruel rituel de feu et de cendres.
Il réveille ce qui dort dans la pénombre de la forêt du Pas-du-Loup.
Pour trois jours d’obscurité, j’invoque trois nuits de lumière. Pour la mort, j’appelle la vie. Aux ténèbres, j’oppose l’espoir !
Marylou est arrivée. Elle adore s’enfoncer dans la forêt avec sa grand-mère, apprendre ses secrets, parler avec les fées et les nutons sans les offenser, se reposer au pied de l’Arbre-aux-Murmures et tendre l’oreille pour surprendre les souvenirs que celui-ci accepte de partager avec celles et ceux qui savent l’écouter.
Dire que des adultes veulent l’abattre ! Les yeux de la fillette piquent. Elle les essuie d’un revers de manche rageur et renifle un coup pour faire bonne mesure. Les lapins et les oiseaux ne seront pas les seuls à se retrouver sans abri si des bulldozers détruisent la forêt. Où les fées et les nutons pourront-ils se réfugier ?
Ces chuchotis, elle les connait : c’est l’Arbre-aux-Murmures. Il chante pour elle, et ses souvenirs distillés lui parviennent malgré la distance, lui remettent en mémoire son identité. Qui elle est vraiment.
"Lorsque les deux ensorceleuses quittent les lieux, l'endroit reste inchangé. Sur le visage de roche, cependant, la marque de la bouche a changé, elle esquisse un sourire paisible."
En vain ! Sam est désormais protégé par le pacte de sang passé par la jeune ensorceleuse.
— Je croyais faire un cauchemar, murmure-t-il à l’oreille de la jeune fille qui secoue la tête en signe de dénégation.
Quel soulagement ! Il est redevenu lui-même ! Comment lui expliquer la situation ?
Alors, tu as manqué te faire manger par un croquemitaine, mais tout va bien maintenant…
La vitesse grise Sam, et il se laisse totalement aller au plaisir de la course. Autour de lui, tout n'est plus que lignes pâles et floues. Seule Niella garde une certaine consistance: elle se déplace à la même vitesse que lui. Tous deux filent dans le vent et la neige, certains de rattraper Alexandre avant qu'il n'atteigne le château de la Reine des Neiges.
"À leurs pieds, la neige fond et laisse place à la nature florissante qui s'ouvre en corolle et grimpe le long de leurs jambes. Une hirondelle ne fait peut-être pas le printemps, mais Niella n'a rien d'ordinaire."
"Une multitude de fées étincelantes se pressent à leurs côtés et illuminent les marais. Elles entourent les deux petits humains de leur présence pépiante et chaleureuse."