Embracing the mess -- how compassion saved my life | Garrard Conley | TEDxBG
3 nov. 2014
Sous-titres
On fait tous semblant. C'est juste que certains d'entre nous en sont plus conscients que d'autres.
Le jour de ma naissance, dans l'intervalle entre le moment où mes parents avaient pu me serrer dans leurs bras et celui où la sage-femme était venue m'emmener à la nursery, mon père avait tracé, très délicatement, un trait en zigzag sur le talon de mon pied gauche avec la pointe de son couteau de chasse. Une minuscule cicatrice pour prouver que j'étais à lui, un symbole pour s'assurer que les infirmières ne m'échangeraient pas par mégarde avec un autre bébé. Il se méfiait de tout et de tout le monde.
Le jargon d'ex-gay m'était désormais devenu familier, même si je me rappelais encore le choc que j'avais eu en le découvrant sur le site de l'établissement, endroit où j'avais également lu pour la première fois que cette homosexualité que j'avais tenté d'ignorer durant la majeure partie de mon existence était selon toute vraisemblance « hors de contrôle », et que j'allais sûrement finir par faire des horreurs avec un chien si je ne me soignais pas vite.
Comment pouvait-on en savoir autant sur notre famille ? Chez nous, on ne parlait pas ; et quand, parfois, un fragment de notre histoire s'échappait de nos lèvres, c'était toujours par accident, en brefs éclats, ou de façon cryptée.
J'avais entamé cette thérapie en pensant que ma sexualité n'importait pas, mais j'avais découvert que toutes les facettes de ma personnalité étaient intimement connectées. En ôtant l'une d'elles, on faisait s'écrouler tout le reste.
Je m'assois dans mon lit, des petits points devant les yeux, des traits orange et jaunes striant mes murs blancs et majoritairement nus. Il y a encore des clous là où je viens d'enlever les photos de moi avec mon dernier copain, un vestige des nombreuses victimes laissées par une longue série de relations qui n'ont pas duré, avec des avances faites et acceptées, et le rejet dès que les choses deviennent trop sérieuses. Je ne laisserai personne approcher suffisamment pour me faire du mal.
[...] je me rends compte que mon expérience est peut-être particulière, mais en aucun cas inédite. Les minorités continuent à être opprimées et manipulées par des groupes à la fois nuisibles et bien intentionnés, et des idées nocives continuent à faire naître de nouveaux comportements politiques dans le monde entier. Je ne comprends pas en revanche, et ne comprendrai peut-être jamais, comment nous avons tous pu nous retrouver mêlés au mouvement ex-gay.
J'avais entamé cette thérapie en pensant que ma sexualité n'importait pas, mais j'ai découvert que toutes les facettes de ma personnalité étaient intimement connectées. En ôtant l'une d'entre elles, on faisait s'écrouler tout le reste.
Selon J., accéder à cette étape prenait un temps infini. Il y avait entre celle où il se trouvait en ce moment, l’étape Quatre « Apprendre à faire un Inventaire Moral honnête et approfondi de soi-même » et la Cinq « savoir reconnaître face à notre Père, à nous et à un autre être humain l’exacte nature de nos fautes », un véritable gouffre, où brûlaient les flammes de l’enfer. Admettre la nature approximative de nos péchés c’était une chose, mais « l’exacte » ? Nous comprenions à peine comment fonctionnaient nos tentations ! Même si j’avais vraiment voulu tout faire pour me guérir, de là où j’étais – l’étape Un – il me semblait presque impossible de les expliquer en détail.
Moi qui étais terrifié à l'idée que mes aïeux, bien installés au Paradis, devaient sûrement de là-haut me juger pour mes préférences sexuelles, je me retrouvais d'un coup à les juger, eux, pour le mal qu'ils avaient fait au peuple noir américain. Je me demanderais moins d'un an plus tard, à LIA, pourquoi on ne trouvait pas l'esclavage et le racisme dans la liste des péchés possibles (...), pourquoi des pans entiers de l'Histoire semblaient avoir été oubliés.