Hommage à Geneviève Clancy.
Les labyrinthes sont des champs célestiels.
La violence, ce volcan ouvert où brille un olivier.
Le souffle raconte la passion non écrite de l'errance
des racines.
Quand l'utopie, ce pas qui garde l'horizon ne parvient
plus aux rives pour leur donner un sens le rêve a froid.
Vient le temps d'éclairer la page où l'on entend le signe
entre ses figures.
« Aphorismes », éd. L'Harmattan, 2006.
La beauté n'est pas un hasard
.
La beauté est de ses choses prochaines qu'il faut aller chercher comme un visage témoin de la source sous le feu.
C'est ainsi qu'elles sont belles ces femmes, plus longue que les arbres et qui veillent sur l'adieu. Elles chantent au levant qu'un matin efface la poussière de l'exode.
Elles entrent dans le rêve pour qu'il s'attarde sur l'histoire.
À la ligue les tragédiennes les mères de fedayin.
Elles portent dans le flanc l'appel du tragique : cette obstination de l'espérance qui envahit l'esprit d'un sentiment frappé d'une lumière plus loin que le monde.
Silhouette gardienne du jour, elles montent et descendent les allées des camps, avenir d'une mémoire du café, du pain, du jasmin tissés ou l'exil et décide sa maison à l'infini du trait d'une carte.
Je me souviens des regards qui croisent sur l'horizon intérieur, des mains qui sèment la force de la feuille dans l'écorce sèche, de là, hanche appuyant le visage de l'enfant assassiné sur la courbe chaude de l'enfant qui va naître.
À la ligue je me souviens des chants dans le vent qui frappe le sable, de la gravure douce des visages parlant de la Terre.
Palestiniennes...
Passagère de la cordillère des ombres, les lignes de veille près des puits mêlés de lumière et misère, l'attache boréale du combat repose sur la branche de vos blessures.
Contre la pierre en son vol, dans les blancs du couchant, l’Olivier prie pour l'oiseau qu'on enterre debout.
Fiancées du vertige emportées des ruelles, vous distribuez au mur la colère du soleil et un berceau attend la mer.
Sous la résine des mots, le lit de l'abîme comme
un archange du temps.
L'écriture est cette blessure musicale où le mythe
n'est plus qu'un morceau de nostalgie.
La solitude : cette face de l'impensé, énigme du monde,
disparition de ce qui s'est effacé pour que viennent
les témoins de l'oubli.
pp. 40, 55 & 60
De l’entente originaire avec l’éternité - extrait
La nuit résonne de la fréquence des mondes. Par son intimité avec l’inapprochable, elle est le passage voilé de l’éternité intérieure. Présence de l’être à sa solitude, elle s’accorde à l’épure d’infini de la pensée de l’univers comme immanence.
La poésie est un pan de nuit, le mot métamorphosé en regard devient soleil et pénètre l’écart des choses. Là prend naissance une langue sans césure : c’est le verbe de l’Ouvert.
Le monde qu’elle rend visible n’est pas d’étendue mais de passages, de profondeurs.
Ainsi nous sommes vus par ce que nous regardons, et c’est le pouvoir d’accueil de la beauté, comme écoute initiale où l’on entend rêver les fonds.
Ici la nuit vient boire en l’homme. …
Le poème se fera l’accueillir de cette haleine des ailleurs, il s’en fera le berceau, où se dissipent les ténèbres pour laisser passage à la clarté de la nuit.