AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Geneviève Dormann (101)


Geneviève Dormann
Les féministes sont tellement insupportables qu'elles sont arrivées à rendre misogynes jusqu'aux femmes elles-mêmes.
Commenter  J’apprécie          220
Il lui arrivait parfois de se heurter aux portes closes lorsqu'elle y venait en dehors des heures d'office et elle en éprouvait un véritable désespoir. Comment peut-on fermer les portes d'une église au nez de l'angoisse qui vient s'y réfugier ? Un curé à qui elle avait posé la question avait regardé d'un air soupçonneux cette jeune fille qui ne ressemblait guère à ses ouailles habituelles. Il avait parlé de précautions nécessaires, de surveillance difficile, d'heures d'ouverture, Une réponse de gardien de musée.
Commenter  J’apprécie          210
Il était habillé, comme la première fois, d'un chandail blanc à col roulé. Un de ces chandails à côtes torsadées, en laine brute qu'en Irlande tricotent les femmes des marins, avec un dessin propre à chaque famille et qui sert à identifier les corps des hommes noyés, que la mer rejette. Un losange, une natte, un point de riz, la tricoteuse en larmes se penche vers la grève et reconnait les mailles qu'elle a alignées pendant des soirées d'hiver pour son Duncan O'Brian. Il n'y a pas de doute : les losanges sont au O'Brian, depuis tant et tant d'années. Si seulement le tricot avait eu les dessins ovales des Kennedy, elle aurait espéré encore que Ducan avait abordé un pays lointain après le naufrage et reviendrait un jour.
Commenter  J’apprécie          180
Dieu que ce Paris ressemble peu à ce qu'elle en a imaginé ! Cette ville immense, bruyante, tourbillonnante, cette foule, ce mouvement incessant des fiacres, des charrettes, des tombereaux, des calèches et des cabriolets (...) Et ce vacarme qui cesse à peine la nuit, ces hurlements, ces cris des marchands d'herbes, de fruits, d'eau, de balais, de sable. Ce tintamarre des attelages qui se heurtent, s'accrochent dans les rues étroites, s'agglutinent en d'inextricables agglomérats d'où fusent jurons, invectives et claquements de fouet. Et cette saleté, cette boue qui gicle de partout dès qu'il pleut, rend les pavés glissants, mortels.
Commenter  J’apprécie          160
Depuis qu'elle est au monde, elle est confrontée à la mort. Les êtres qu'elle aime sont morts ou disparus : sa mère quand elle était enfant, puis son père. Volatilisée cette jeune tante Louise qui était pour elle comme une sœur élue. Et ses amis, ses cousins tous ceux-là, guillotinés à Nantes ou abattus dans les bois de Vendée. Ce n'est pas pour rien que la tête de Mlle de la Biliais tourbillonne dans ses cauchemars. De cette funèbre jeunesse, Sophie a tiré une certaine dureté (qu'on lui reprochera) et la conviction viscérale que la vie est fragile, si brève et qu'il convient d'y faire honneur durant qu'il en est temps. Et qu'il ne faut pas perdre une minute d'un bonheur menacé à si courte échéance. L'avenir ne la démentira pas.
Commenter  J’apprécie          160
Mais pas de danger qu'elle s'effondre ni même qu'elle se mette à pleurer ici, en pleine esplanade. Elle n'a pas été élevée dans ces idées-là. La grand'mère Martha était implacable à ce sujet : "On ne pleure pas n'importe où. Si tu as envie de pleurer, va aux cabinets." Elle y est souvent allée. En trente-deux ans, Verena Wäber a sangloté dans d'innombrables chiottes. Elle a connu les chagrins puants des cabinets de pensionnats, les chagrins chics des restaurants de luxe aux discrètes chasses d'eau azurées, elle a eu des chagrins campagnards, à la turque, et des chagrins cosmopolites d'aéroports que l'on paie modestement, à la sortie, par un penny ou un pfenning ou une roupie. De toute façon, le chagrin, c'est de la merde, pas autre chose. Pas mettre le pied dedans. Donc, Verena attendra pour pleurer. Si elle pleure.
Commenter  J’apprécie          160
Un père disparu dont le corps n'a pas été retrouvé met longtemps à mourir. Longtemps Sophie Trébuchet espérera voir revenir le marin tant aimé. Puis, les années passant, elle abandonnera son image aux vagues. On lui dira qu'il a donné sa vie pour le Roi, pour la France. Elle se persuadera qu'il a glissé, un soir, dans une mer sans fond, par une nuit sans lune... C'est une fin habituelle pour les hommes de son pays.
Commenter  J’apprécie          160
Même si cela ne s'avoue guère, la femme qui épouse le fils qu'on préfère est toujours, pour sa mère une ennemie. Menteuse est celle qui dira le contraire. Normal : on abandonne pas de gaieté de cœur à une autre femelle un homme qu'on a tenu dans son ventre. C'est aussi pourquoi les jeunes filles préfèrent épouser des orphelins.
Ce qui agaçait Mme de Carnoët, c'était d'avoir été mise au pied du mur dans cette affaire, de n'avoir pas vu venir 'l'ennemie", de ne pas avoir eu la possibilité de la choisir comme un moindre mal. Qu'elle fût anglaise ne faisait qu'ajouter à l'inimitié viscérale de Françoise de Carnoët, une notion de fatalité historique. Ainsi Albion continuait à s'acharner sur la France. Non contente de lui avoir empoisonné l'existence depuis la nuit des temps, d'avoir brûlé Jeanne D'Arc, coulé ses bateaux, débarqué au Cap Malheureux pour voler l'Isle de France, voici qu'elle posait sa patte avide sur Yves de Carnoët. Et impossible, désormais, de clamer fièrement que jamais sang britannique ne s'était mêlé à celui de la famille.
Commenter  J’apprécie          150
Ma grand'mère Martha ressemblait à ces femmes inaltérables dont les traits romains et la charpente solide ont toujours inspiré les sculpteurs pour symboliser les institutions et les grandes idées. Les ans et les coups du sort n'avaient pas altéré sa haute stature qui semblait devoir toujours dominer les pusillanimités en tout genre de cette vallée de larmes.
Le nez droit, la natte épaisse qui couronnait sa tête aux traits réguliers, la musculature puissante de son corps, on les trouvait, de pierre ou de bronze, sur les monuments et dans les squares. Martha Eschenbrenner aurait très bien pu brandir une palme de la main droite en soutenant un poilu défaillant de la main gauche. Ou cracher de l'eau, toute nue, au milieu d'un bassin, parmi des chevaux cabrés.
Commenter  J’apprécie          150
Je me souviens que, pendant toute cette année 1967, j'ai vécu dans un état d'attente et d'impatience. Attente de quoi ? Impatience de quoi ? je n'en savais rien. Le désir des désirs. J'étais comme un océan transformé en lac et qui aurait la nostalgie de ses marées, de ses vagues et de ses tempêtes.
Commenter  J’apprécie          140
En grandissant, Matthias est devenu très bizarre. Long, mince et mou. A seize ans, on aurait dit qu'il avait du mal à porter sa carcasse. Il ne s'asseyait pas mais s'alanguissait, se renversait sur les fauteuils, les tables ou même par terre. Un garçon liquide.
Commenter  J’apprécie          140
Elle vagabonde dans les forêts avoisinantes, avec des enfants de son âge. On cueille des fleurs et des fraises des bois. On attrape des papillons. (...)
On pêche des carpes dans les étangs et des écrevisses dans les rivières (...)
On se roule dans la paille des granges, on barbote dans le grain sous les hangars des moulins. (...) Sophie rentre le soir, fourbue, les joues roses, de la paille dans les cheveux.
Commenter  J’apprécie          130
La France, c'était les murailles de Saint-Malo et les robes en crêoe de Chine de Nina Ricci, et Surcouf et Coco Chanel et les fantômes étincelants de Versailles et le muscat de Frontignan si doux les soirs d'été, et les chevaliers de la Table Ronde aux tournois des Cinq Nations et Jeanne d4arc parfumée au Shalimar de Guerlain et le champagne rose ruisselant sur les toits bleus des Invalides et Molière au volant d'une voiture Peugeot - un luxe, à Maurice - et l'Apollon de Bellac dans les vignes du Romanée-Conti, la mer de Charles Trenet et le père de Foucauld, la fille aînée de l’Église aux galas de l'Opéra, l'Alsace et la Lorraine, les thés du Claridge et la flèche de Chartres, la victoire du Grand Port, Sacha Guitry dans la violette de Toulouse, le sourire de l'Ange de Reims et la barbe immortelle de Victor Hugo sur les remparts du Mont-Saint-Michel, où la mer monte à la vitesse d'un cheval au galop, les bêtises de Cambrai et la douceur angevine, la valse lente d'une hirondelle sur les adieux de Fontainebleau. La France, c'est-à-dire la culture, l'esprit, le luxe, la beauté, la grandeur. Tout ce qui venait de France était beau et bon. Ils le savaient bien, ici, les marchands de goyaves du marché qui nommaient goyaves de Chine les fruits de qualité inférieure et goyaves-de-Chine-de-France, les meilleurs.
Commenter  J’apprécie          130
L'aimable Abel, qui jamais ne pleure, hurlait à en faire tomber les gargouilles.
Commenter  J’apprécie          120
Comme un siècle plus tôt en France, l'éducation des filles est axée sur cette trouvaille du mari. Toutes les distractions, modestes ou grandioses, sont des occasions organisées de rencontre, depuis les goûters d'enfants, ces fêtes- quatre-heures auxquelles on se rend accompagné de sa nénène en tablier blanc, les réceptions, les dîners, les parties de chasse, les tournois de tennis, les déjeuners de week-end dans les campements du bord de mer et, surtout le grand, le fastueux bal du Dodo, à Curepipe, le soir de la Saint-Sylvestre. N'y sont conviés que les membres du club du Dodo et leurs enfants. Le club le plus sélectif du monde fondé en 1928, dont on ne fait partie qu'en montrant patte vraiment blanche. Ce club dont son fils Vivian disait narquoisement que c'était tout de même une drôle d'idée de l'avoir mis sous le patronage du dodo, ce dronte, ce Didus ineptus, ce gros dindon imbécile, privé d'ailes et de queue, cet oiseau disparu depuis plus de deux siècles, exterminé par les Hollandais qui s'en étaient gavés malgré le goût répugnant de sa chair nourrie de graines de tombalacoque. Un fantôme d'oiseau qui n'avait d'esprit que dans l'imagination de Lewis Carroll et encore, il fallait voir comment Alice le traitait. Une drôle d'idée, vraiment, à moins que son inventeur ait pressenti le désagrégation inévitable de cette toute petite société de Franco-Mauriciens, amoindrie d'année en année, submergée par les Indiens, les Chinois et les métis qui la dominent en nombre, cette minorité déjà réduite aux abois, qui se raidit dans ses traditions pour se protéger, se replie sur elle-même et finira par disparaître un jour, comme le dodo.
Commenter  J’apprécie          110
Les cyclones qui balayent l'île depuis la nuit des temps ont donné à ses habitants un fatalisme qui exclut les gémissements. Dans un mois, les plantes auront repoussé, la mer à nouveau sera claire. Le cyclone sera passé. D'autres seront peut-être pires. Tous sont inévitables. A quoi bon se plaindre ? Rares sont les années épargnées. Un vieillard, à la fin de sa vie, en a vu passer au moins cent cinquante. Et Bénie se demande parfois si son flegme en face du malheur, sa faculté de rebondissement, son aptitude à effacer les chagrins, cet espoir indéracinable qui subsiste en elle au fond de la plus sombre détresse, si cela ne lui vient pas d'une longue hérédité cyclonique.
Commenter  J’apprécie          110
Elle refuse qu'on pose l'enfant dans le berceau accolé à son lit. Elle sent, elle sait qu'il ne faut pas l'éloigner d'elle une seconde.
(...) Elle pose le bébé contre sa peau. Dieu, qu'il est petit ! Il tient tout entier, si léger, dans les deux mains de sa mère.
(...) Mille fois , dans la nuit, elle contrôle le souffle imperceptible, la caresse de ses lèvres, de sa langue, l'adjurant de vivre.
Pas un tressaillement, pas une crispation de l'enfant ne lui échappe. (...) Victor, dit-elle, mon petit Fanneau.
Commenter  J’apprécie          100
Les roses nous survivent, dit Fanneau. Planter un rosier, c'est peut-être
l'entreprise humaine la plus importante. Nous nous y emploierons, si tu le veux bien. Des roses, partout par milliers. Un champ de roses.
Commenter  J’apprécie          90
A douze ans, Sophie n'aime guère la lecture. Elle déchiffre lentement, perd le fil des phrases et s'impatiente. Elle préfère mille fois écouter les histoires de sa tante et de Julie Péan. Jusqu'au jour où Mme Robin a la bonne idée de s'arrêter net au beau milieu d'un conte de Perrault, au moment le plus passionnant. Sophie, frustrée, insiste pour en savoir la fin mais la tante Robin demeure inébranlable. Elle pose le livre de contes sous les yeux de Sophie. La fin du conte est là. Elle n'a qu'à la lire elle-même. Et c'est ainsi que Sophie Trébuchet découvre que les livres racontent des histoires à volonté, inlassablement, de jour et de nuit, pour peu qu'on prenne la peine de les ouvrir. Désormais, elle ne pourra plus s'en passer.
Commenter  J’apprécie          90
Que j'ai aimé ce livre , plein de vie et de courage et il en fallait pour vivre sous le régime de la terreur , et pourtant cette jeune fille pétillante , réussira à quitter sa ville natale et se retrouvera à Paris ou l 'amour et de nombreuses aventures l'attendent .Et qui aurait pu penser qu'elle deviendra un jour la mère d'un grand écrivain
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Geneviève Dormann (912)Voir plus

Quiz Voir plus

Littérature en vrac (1/2)

Qui a écrit "Parce que c'était lui, parce que c'était moi"

Blaise Pascal
Michel de Montaigne
François Rabelais
Victor Hugo

15 questions
21 lecteurs ont répondu
Thèmes : littératureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}