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Critiques de Genevieve Peigne (6)
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L'Interlocutrice

Un récit des plus étonnants et troublants sur la maladie d'Alzheimer ...



L'auteure découvre quelques mois après le décès de sa maman une collection de romans policiers que cette dernière a annotés, au fil de la maladie..., commentés à sa façon, pour conjurer inconsciemment son mal-être, sa solitude, ses états, ses humeurs, difficultés quotidiennes...et même des dialogues imaginaires avec les personnages de ces enquêtes policières...où elle se glisse comme elle-même, "personnage"





"Ce n'est pas parce qu'Odette n'a presque plus de mots qu'elle n'échange pas.Maigret, Imogène, Rebecca, Hercule, Miss Marple, Roger Acroyd, avec eux le courant passe. (p. 68)"



A l'ouvrage sont ajoutés les reproductions de pages de ces livres"doublement écrits et habités" de la main maternelle...

Un récit bouleversant qui fut adapté au théâtre la première fois, en janvier 2006 par Hélène Vincent, sur une scène du T.N.P de Villeurbanne....



Un hommage vibrant aux pouvoirs inouïs des mots et de la lecture.



"Je comprends lentement qu'écrire sur ses livres est une trouvaille géniale-je

pèse mes mots-qui la soustrait aux questions que nous lui aurions posées

si elle avait écrit sur des feuilles ou carnets.



Sont publiés ici, les carnets posthumes d'un écrivain. (...)

Voilà pourquoi votre mère n'est pas muette.

Voilà comment Odette garde pied en société.



Le livre est une entrée de secours."

(p.98)



Une lecture très forte qui ne peut provoquer que des émotions intenses quant à l'accompagnement et à la compréhension complexe de nos proches vieillissant, atteints de dégénérescence neurologique...



Et voici que nos amis, les Livres, viennent encore à la rescousse, même si de manière insolite...Une lecture très spéciale, qui risque de m'imprégner un fort long moment...
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L'Interlocutrice

"Les poèmes, disait Eluard, ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où se meurt toute mémoire." Et il ajoutait :" on rêve sur un poème comme on rêve sur un être".



Odette justement perd la mémoire, Odette sombre dans la démence lobo-frontale, elle perd la boule, elle perd le fil, elle perd les mots: les polars de sa collection du Masque ouvrent à son esprit en déroute leurs propres "marges de silence" pour qu'elle inscrive ses réponses aux questions qu'elle ne peut plus se poser, pour qu'elle accroche sa parole incohérente , répétitive et appauvrie au train bien filé des enquêtes d'Hercule Poirot ou d'Imogène.



Sa fille, l'écrivain Geneviève Peigné, quelques années après la mort d'Odette, retrouve ces 23 livres "écrits" par sa mère. Elle en donne d'abord le texte à dire à une comédienne de talent -Hélène Vincent- puis se décide à renouer le dialogue de l'écrit entre elle et sa mère deux fois perdue.Elle co-écrit avec sa mère disparue L'interlocutrice.



Une figure naît: celle d'Odette, souffrante, prosaïque, obstinée.



Et aussi des images qui "cognent à la vitre" comme disaient les surréalistes; celle, par exemple, de cet "écran noir", déclinée sur toutes les variations que lui offre encore la syntaxe- laquelle reste solide jusqu'au bout.



On lit alors un poème crépusculaire et inquiétant. Une plongée en apnée dans l'indicible.



" A force d'obstination à basculer les mots en tous sens, ce qu'on baptise l'indicible, on l'entend bien qui s'agite- pas tout à fait silencieux, non? "



Ecran noir dans les marges blanches.



Un livre respectueux, pudique, poétique; une lecture douloureuse, angoissante, déchirante.



Je l'ai lu jusqu'au malaise, hier soir, et j'écris très vite, ce matin, ma critique, pour n'y plus penser (??) tant cette écriture tâtonnante, ce discours obsessionnel à la fois incohérent et hautement signifiant m'ont ramenée trois ans en arrière, devant d'autres petits mots balbutiants, trouvés un peu partout dans son bureau, écrits d'une écriture tremblée où je ne reconnaissais plus le trait ferme et élégant, ni surtout l'alacrité d'esprit de mon père - ce grand lecteur de livres qui n'a pas osé, lui, inscrire son naufrage dans la marge de ses meilleurs compagnons..laissant les siens sur le silence d'un dialogue inachevé.







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L'Interlocutrice

Extrait de chronique :

"Le livre est court, intense. Une centaine de pages, une vingtaine de fac-similés, reproduits par Le Nouvel Attila. De nombreuses voix. Qui s’emmêlent, résonnent, se brouillent, refusent de s’estomper : du blanc, le texte se détache. Sabon Next, Fedra Mono. Les lettres sortent des pages, tranchent, débordent, piquent à vif. L’Interlocutrice est une rencontre. Entre les lignes, Imogène, Odette, Geneviève, se croisent, s’interpellent, se répondent. Dialogues à sens unique. Imogène est de papier et Odette est morte. Seule reste Geneviève, et l’ellipse. Par contraste avec les livres annotés, ici le vide s’invite. Il emplit les pages et les non-dits. Comme si, une fois encore, la mère allait emplir l’espace laissé vierge. Un jeu d’échos, de miroirs, et peut-être une invitation au lecteur." (...)
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L'Interlocutrice

Les poignants messages d’un au-delà d’Alzheimer, inscrits dans les marges de romans populaires, et les questions qu’ils nous posent.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/09/14/note-de-lecture-linterlocutrice-genevieve-peigne/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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L'Interlocutrice

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L'Interlocutrice

Comment rendre leur dignité aux dernières années de la vie de ceux qui nous ont donné le jour ? Comment parler de la dégradation des facultés mentales sans tomber dans le pathos, la description de la déchéance, la compassion ? Et comment se consoler du temps qui passe et des liens défaits ?

L’interlocutrice, le livre de Geneviève Peigné, dont elle dit que sa mère, Odette, est co-auteure, tente de répondre à ces questions. Odette aimait lire des polars. À la fin de sa vie, elle a intercalé entre les lignes des livres d’Exbrayat, Agatha Christie, Simenon et d’autres ses propres réponses aux phrases des dialogues, ses commentaires aussi sur les pages de titre. Sa fille retrouve les livres après sa mort et les lit comme des trésors, fenêtres ouvertes sur la lutte de sa mère pour survivre avec une pensée qui se désarticule.

Ce livre raconte un combat contre la maladie. Non, il n’est pas vide, le cerveau de ceux qui ont « l’Alz » et qui aujourd’hui survivent longtemps après l’apparition des premiers symptômes. Oui, ils essayent, envers et contre tout, de poursuivre ce qu’ils faisaient quand leur tête ne les trahissait pas. Odette s’est battue, toute seule, pour continuer à exister comme un être pensant, lisant. Elle a fait ce qu’elle a pu, pas grand-chose si l’on se situe du côté de la normalité, formidable effort si on considère sa maladie.

Ce livre est aussi un livre d’amour, comme on le dirait d’une lettre d’amour. Qui d’autre qu’un fils ou une fille aimant pourrait prêter attention à ces griffonnages, les lire, les relire, les classer, se pencher sur ces ultimes signes d’intelligence, les mettre en valeur, écrire : Ma mère était un écrivain ? Jusqu’à adopter le style syncopé, les phrases courtes, parfois sans verbe, les ruptures de ton, comme pour se mettre au diapason de la pensée qui résiste encore. Un Je t’aime au-delà de la mort.


Lien : http://maryseesterle.com/lec..
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