La cinquantaine est un peu comme le show business. Ne pas abdiquer et durer. Rester dans la vie. Et commencer sérieusement à se demander ce que l’on voudra être et faire quand on sera vraiment vieille. Idéalement, une meilleure version de soi-même. Même si les petites vieilles irritables et sarcastiques à la Tatie Danielle font beaucoup rire, c’est plutôt le mal-être que la paix intérieure qu’exprime leur méchanceté qui saisit. Nul ne s’y trompe.
Comment ne pas singer la jeune femme ni anticiper la vieille ? Trouver la juste mesure. Résister aux tentations de foncer à trop vive allure, de nous épuiser et de nous travestir. Ou d’abandonner et de nous enterrer vivantes. Comment garder toute notre sensibilité en éveil, nos yeux grands ouverts et notre cœur davantage encore ? Nous avons des choix à faire.
La perspective de la mort commence à nous tarauder. Et s’il n’y avait que ça. Autour de soi, des amis reçoivent des sentences de cancer, meurent subitement ou luttent courageusement pour sauver leur peau, nous renvoyant à nos pires hantises. Les plus optimistes disent qu’il faut plutôt remercier le ciel d’être encore en vie. Et choisir d’aborder chaque jour, chaque moment même, comme un cadeau. Vertueuse attitude. Mais la vie a ce don de nous envoyer son lot de présents mal enveloppés, histoire de faire évoluer nos âmes. L’Univers est à la fois prévisible et débordant d’ironie quand on finit par saisir un peu son mode de fonctionnement.
...il existe deux types de femmes, même si cela semble réducteur. Celles pour qui ces regards sont importants, voire capitaux, et les autres qui ont toujours été relativement dérangées, gênées, choquées même par les œillades concupiscentes et les autres supposées marques d’admiration de n’importe quel quidam. Ne plus être définie d’abord comme un objet sexuel ne veut pas dire que nous renonçons à être femme, que nous éliminons de manière permanente les joies de la féminité. Cela implique seulement qu’il est possible de ne pas jouer de petite comédie sexuelle et de risquer une nouvelle honnêteté sentimentale.
Le quotidien est fait de choses jugées sans importance au regard de l’humaine destinée. De pensées éphémères, inconstantes, contradictoires et successives. J’ai reçu en héritage, en même temps qu’une forme cruelle de lucidité et de propension à l’autodérision, le goût de la vie. Un surplus d’énergie vitale, de temps libre et de sensibilité m’a portée à m’intéresser à un grand nombre de choses et à privilégier l’attention aux plaisirs comme une panacée à la dépression. À tenter de faire cohabiter la légèreté et le poids des jours. Mais la conscience de la folie du monde est souvent implacable.
La cinquantaine permet d’avoir ce degré de compréhension-là et nous appelle à accueillir toute chose avec un certain sourire.
Refuser cette invitation, c’est s’engager sur la voie de l’insanité.
Je fais partie de cette génération qui instaure un nouvel âge entre jeunesse et vieillesse. Mais les moments de passage demeurent difficiles. Des tas d’ouvrages ont été écrits sur le sujet au cours des dernières années. Presque tous par des femmes pour leurs consœurs et traitant principalement de l’inéluctable ménopause et de ses effets plus ou moins ravageurs.
Il y a beaucoup d’amour dans le monde mais aussi beaucoup de négativité, de jalousie et de haine.