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3.84/5 (sur 25 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Avignon , le 03/09/1988
Biographie :

Geoffroy Lejeune est un journaliste et chroniqueur français.

Après des études de droit et une école de journalisme (2011), il se fait remarquer au magazine Le Point et devient, en juin 2013, rédacteur en chef adjoint du service politique à "Valeurs actuelles".

Entre 2016 et 2023, il est le directeur de la rédaction du magazine "Valeurs actuelles". Il prend ensuite la tête de la rédaction du "Journal du dimanche" en 2023.

Il est chroniqueur sur Public Sénat, intervenant hebdomadaire sur Europe 1 et tient aussi une chronique politique quotidienne dans la matinale de Sud Radio.

Il a écrit "Une élection ordinaire" (2015) qui relate l'élection d'Éric Zemmour à la présidence de la République en 2017. En 2021, il publie "Zemmour Président, de la fiction à la réalité".

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Qui est Geoffroy Lejeune, l'homme qui reprend la tête du JDD ?


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- Tu as pensé à l'image de la France ? Il est laid, nul, il grossit des fesses et du ventre. Tu imagines l'image que ton pays renvoie à l'étranger ?
L'argument fit mouche. Oui, Hollande était laid, c'était même un ectoplasme. L'idée que ce petit calculateur mesquin, con comme une valise sans poignée, puisse réussir sa réélection, là où lui avait échoué, cinq ans plus tôt, était insupportable. Carla Bruni était intarissable, et s'était lancée dans une tirade ponctuée de jurons italiens. Elle le ravissait.
- Et puis regarde, parmi tous ces gens qui votent pour Zemmour, il n'y a pas que des idiots ! Tiens prends Michel, par exemple...
Elle avait raison. Houellebecq ressemblait à un débris humain, buvait comme un trou, était sale comme un peigne, mais il était tout sauf débile. Il avait adoré, d'ailleurs, son dernier roman, au point de se procurer -Soumission- en édition originale. La pièce valait deux mille cinq cents euros, mais il était fier de la posséder.
- Et le Front national ? Tu as pensé à tous ceux qui vont dire que je suis le premier chef de la droite républicaine qui favorise une alliance avec l'extrême droite ?
- Mais Zemmour, c'est quelqu'un de cultivé, ce n'est pas le Front national !, poursuivit Carla. Et puis le Front national, si tu enlève Marine Le Pen, ce n'est pas terrible...
Elle marquait des points, Marine Le Pen était épaisse, peu distinguée, agressive, mais il fallait arrêter avec la diabolisation. Le père, par exemple, était un type fin, amusant, brillant orateur. Il avait secrètement admiré son éloquence et s'en était, à certains moments, inspiré. Il devait convenir que la victoire de Zemmour signifiait aussi la mort de Marine Le Pen, et cela lui remontait le moral. Il regardait passer les plats sans toucher aux aliments gras, et fut ramené à sa conversation par le bruit de Carla s'allumant une cigarette.
- Ce que je ne comprends pas, reprit-il, c'est cet effondrement. J'ai fait une bonne campagne, et rien n'a marché.
- Les français ne veulent pas remettre sur le trône le roi à qui ils viennent de couper la tête, voilà l'enseignement. Moi, je pense que tu as perdu dès 2007, avec le -Fouquet's- et le yacht de Bolloré. Un président ne s'amuse pas sur un bateau alors que la France a faim.
Il sursauta et lui coupa la parole.
- Je n'étais pas encore président ! Et en 2007, la France n'avait pas faim !
- C'était une connerie, mon Nicolas. Tu n'étais pas avec la bonne gonzesse à l'époque, c'est sans doute pour ça...
Il avala d'un trait son verre d'eau pétillante et demanda un café à son intendant. Il irait courir, puis se baigner, et appellerait Brice en fin d'après-midi pour discuter de sa décision. Il partirait ensuite en vacances, loin, et reprendrait sa vie de conférencier. Il coulerait enfin des jours heureux avec Carla.
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- Tu sais que j'ai déjeuné ici le lendemain du jour où tu m'as viré ?, grinça Montebourg de sa voix de châtelain. J'étais avec Hamon et Aurélie, on avait juré de te faire la peau.
L'ancien promoteur de la -démondialisation- parlait comme si l'affaire était vieille de trente ans. Lui aussi avait vécu la solitude, durant trois ans. Il avait vaguement espéré retrouver le chemin du pouvoir, mais toutes ses tentatives étaient restées vaines. Il avait envoyé des cartes postales à son électorat, en gravissant le Mont-Beuvron, et perpétuant le rendez-vous des frondeurs sur ses terres de Frangy-en-Bresse, en signant des tribunes dans la presse pour appeler à une troisième gauche, mais tout échouait. Le PS aurait besoin d'une clarification idéologique, se disait-il, mais il se refusait à la provoquer.
Il n'avait pas eu besoin de chercher loin le responsable de l'atrophie intellectuelle de son camp : Hollande, et sa tambouille solférinienne. Hollande, et ses synthèses improbables. Hollande, et son cynisme destructeur.
- On a un intérêt commun, dit-il rompant le silence. Si Hollande est réélu, on est morts, toi et moi.
Si Valls avait accepté de le voir, se dit-il, c'est qu'il attendait, lui aussi, un électrochoc. Il devait entendre son discours, et marcher avec lui. L'ancien Premier ministre baissa les yeux et engloutit une fourchette de purée. Il avait l'oeil noir mais brillant. Il écoutait.
- Moi, j'ai été dégagé pour incompatibilité politique, mais toi, il t'a viré parce que tu le gênais, poursuivit l'ancien ministre.
Valls s'était redressé, avait liquidé d'un trait son verre. Montebourg insista. Hollande était dans la vengeance perpétuelle, ritualisée. Il exécutait sournoisement, un par un, les quinquagénaires socialistes. Il n'avait pas supporté, lorsqu'il était à la tête du PS, de voir cette bande d'ambitieux lui savonner la planche en espérant le voir chuter. Il avait joué au benêt mais n'avait jamais oublié. En 2012, il les avait fait ministres pour mieux les tuer. Il suffisait de faire le compte : Cahuzac, carbonisé avec son compte en Suisse. Peillon, dégagé en deux ans à cause d'une polémique sur les rythmes scolaires. Moscovici, placardisé à la Commission européenne au motif que ses résultats étaient mauvais. Batho, virée en une journée pour s'être plainte de la baisse de son budget. Hamon, Filipetti, dézingués en même temps que lui.
- Et toi, et moi... Il ne reste plus que Cazeneuve, un gros naze sans ambition. Il a réussi son coup.
(p.196)
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Il avait analysé très tôt les raisons de la défaite culturelle de son camp. Il avait observé Giscard, Chirac, Sarkozy et les avait vus perdre leurs moyens dès qu'ils étaient assimilés à des héritiers du pétainisme. Plus encore que la reductio ad hitlerum, la France souffrait, selon lui, que ses élites portent sur leurs épaules le poids de la culpabilité. L'accueil des immigrés, la fin des frontières, la dissolution de l'Etat-nation étaient les fruits de ce complexe. La France était livrée aux -hordes de barbares- parce qu'elle refusait de se défendre. Il avait voulu briser cette inhibition. Crever l'abcès.
Il s'était installé dans le paysage médiatique avec la sensation de pénétrer le -coeur du réacteur-. Dans les émissions grand public où il débattait, il assistait à la fabrication de la pensée unique. La culpabilisation du petit peuple, l'interdiction de certains mots, thèmes ou idées, naissait sur les plateaux télé, et il s'était servi de son exposition pour introduire la contradiction, le doute, la faille dans le système. Puis il avait décidé de le faire exploser. Selon lui, les valeurs de mai 68 avaient accouché d'un nouvel ordre dont on commençait, plus de quarante ans après, à percevoir les incohérences. La réalité explosait à la face du pays. Il voulait accélérer ce processus, avait mué en agent de riposte idéologique. Il s'était employé méthodiquement à déconstruire le discours dominant. Il avait poussé cette entreprise jusqu'à s'attaquer au tabou des tabous, celui qui revenait comme un boomerang dans les pattes de quiconque voulait défier la bien-pensance : l'occupation.
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Assis à l'arrière de l'Espace Renault qui le conduisait rue de Solférino, Jean-Christophe -Camba- Cambadélis, contrairement à son habitude, dédaigna la liasse de journaux posée sur ses genoux. Les façades du boulevard Saint-Germain défilaient sous ses yeux mais ne divertissaient pas son esprit brumeux. Qu'arrivait-il à François ? Depuis plusieurs semaines, plusieurs mois, il sentait le président de la République fuyant. Hollande ne l'appelait plus, prenait à peine le temps de lui consacrer des apartés après leurs réunions à l'Elysée, le snobait presque... Il avait tenté de lui expliquer à maintes reprises que 2017 serait une partie serrée, que la France s'était tellement droitisée sous son quinquennat que même la lutte à mort entre Le Pen et Sarkozy ne l'assurait pas de figurer au second tour. Il avait peu d'estime pour Hollande. Il pensait même que le rondouillard corrézien était parvenu à l'Elysée parce qu'il était le moins bon des socialistes, le seul capable de mettre ses convictions - en avait-il ? - sous le boisseau pour négocier des synthèses improbables, et le plus capable de mentir avec aplomb à ses interlocuteurs. Il n'avait que faire du destin politique du chef de l'Etat, mais cette fois, ils étaient dans la même barque. Hollande réélu, -Camba- aurait enfin ce grand ministère qui lui avait échappé toute sa vie. Hollande battu, il perdrait son poste de patron du PS et resterait vingt ans député d'opposition.
Il posa sa semelle sur le pavé mouillé de la cour intérieure de Solférino, et se dirigea vers l'entrée du bâtiment. En poussant la porte en plexiglas, il pesta contre Hollande et sa certitude d'être protégé par une bonne étoile. Sous son mandat, la gauche avait perdu ses mairies, ses départements, ses régions, avec la casse sociale que cela impliquait et les milliers de postes supprimés. S'il continuait, la gauche finirait par sortir de l'histoire. Comme avait dit ce connard de Valls, elle pouvait mourir.
(p.101)
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En gravissant les marches de Montretout, elle ressassait ces pensées. Comment pouvait-elle, si jeune, prendre autant de décisions seules ? Pour une fois, elle écouterait son avis, et s'y rangerait. Leur relation s'était détériorée. Elle avait tenté de ménager son grand-père, au moment de la crise familiale de 2015, mais avait finalement dû le condamner publiquement. Lors de leur dernière rencontre, elle avait même insinué qu'il était -vieux et sénile- lui reprochant de tout faire pour saborder sa compagne pour les élections régionales en PACA. Il lui vouait une rage féroce, persuadé que la petite l'avait lâché pour assurer ses arrières. Il s'était senti trahi. Elle frôla le vieux papier peint du couloir en longeant les murs lézardés, et frappa à la porte du vaste bureau du premier étage. Le Pen l'y attendait, un journal entre les mains, affalé dans un profond fauteuil.
- Bonjour Daddy, osa-t-elle timidement.
- Embrasse-moi !, répliqua-t-il.
Le vieux grand-père ne changerait donc jamais. Il jouerait toujours son numéro de charmeur, usant d'une sensibilité feinte, de ces démonstrations sentimentales qui la précipitaient dans ses bras. Elle éprouvait du remord à revoir ici, chez lui, chez elle, le patriarche. Elle avait soigneusement établi une distance avec lui, se tenait à son écart, construisait son indépendance, matérielle et, surtout, politique. Elle avait donné naissance à Olympe, s'était mariée, avait bétonné son ancrage dans le sud. Mais aujourd'hui, elle avait besoin de lui, de son flair, de son assurance. Elle ne venait plus voir son grand-père, elle parlait à l'homme politique.
(p.82)
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Elle caressa d'une main ferme Sergent et Major, les deux molosses de son grand-père. Marion Maréchal-Le Pen avait gravi ces marches des milliers de fois, mais jamais n'avait ressenti une telle émotion. La demeure de Montretout avait abrité sa jeunesse, jusqu'à son entrée à l'Assemblée nationale. Son enfance, son adolescence, avaient passé entre les murs décrépits de la bâtisse. Elle adorait ces lieux, leur odeur, leur histoire. Elle s'amusait parfois à imaginer les hôtes que son grand-père y avait accueillis. La plupart venaient dans la clandestinité, craignaient d'être aperçus, vu ou enregistrés, franchissaient les lourdes portes du manoir, consumés par le remord d'entrer chez le diable. Combien de fois Le Pen lui avait-il conté, sans jamais donner les noms, ces visites d'intellectuels, journalistes, hauts fonctionnaires, politiques, venus prodiguer leurs conseils ou négocier des accords, dans la pénombre de Montretout ? La maison était celle de lointains souvenirs, un lieu chargé d'émotions, lourd de secrets. Cette visite, elle en avait la vague impression, pourrait être sa dernière.
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Sarkozy avait toujours cru que Buisson quémanderait une place à ses côtés. Il avait gardé cet atout dans sa manche, pour le dégainer au meilleur moment. La primaire ne lui faisait pas peur. Il ne ferait qu'une bouchée de Juppé, tellement vieux qu'il manquait -d'y passer à chaque canicule-, Fillon était mort, cramé, carbonisé. Le Maire était un pâle cousin de Juppé, le centrisme en bandoulière et le charisme d'un poulpe mort. Quant aux autres... Tous ces petits malins avaient cru lui tordre le bras en imposant une primaire, mais ce serait son élection. Il avait fait mine de se faire forcer la main, et croyait les avoir piégés. Il fallait deux millions d'électeurs pour franchir ce premier obstacle, dix pour aller au second tour de la présidentielle et vingt pour gagner. Il était seul, à droite, à bénéficier de ce socle.
Il répétait ces phrases comme un mantra, pour se persuader autant que pour convaincre son auditoire. Sa nervosité trahissait, au contraire, une peur. Il commençait à craindre ce premier tour et la compétition avec Marine Le Pen.
(p.75)
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Aucune nouvelle ne pouvait mettre Le Pen plus en joie. Il avait, pour Zemmour, plus que de la considération : une véritable admiration. Il ne ratait pas une de ses émissions, pas une de ses chroniques, pas un de ses éditoriaux. Il avait aimé, dans les années 90, le journaliste atypique, qui convoquait l'histoire dans leurs discutions. Il sentait chez ce petit être une grande vivacité d'esprit, et surtout, une liberté de ton devenue trop rare. Ils avaient fait plus ample connaissance durant la campagne de 2002, que Zemmour avait suivie pour Le Figaro, et leur complicité n'en avait été que renforcée. Entre les deux tours de cette maudite élection, Le Pen n'avait embarqué que deux journalistes à bord de son avion : Serge Moati, et Zemmour. La proximité était née à ce moment-là. Le journaliste lui avait même dit, avant le 21 avril 2002, qu'il était certain de le voir accéder au second tour. Lui n'y croyait pas.
(p.40)
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Marine Le Pen allait faire 30 % au premier tour de la présidentielle. Il allait changer de stratégie. Abandonner le centre, et le laisser mourir avec Bayrou. Il irait la combattre sur son terrain.
- Je vais la dégonfler comme un ballon de baudruche, la grosse. Tu vois ? Je vais prendre ma petite aiguille et je vais la faire exploser en vol, pschitt ! Je vais être au second tour face à Hollande et là tu peux en être sûr, toute la droite votera pour moi et on l'explosera, le gros.
Il s'était mis à crier. Buisson restait impassible, et Sarkozy sentit qu'il l'avait ébranlé. Il se leva pour achever sa tirade :
- Personne ne m'arrive à la cheville. Je vais tous les exploser. Comme toujours, ils disent que je suis mort, mais comme toujours, je vais les ex-plo-ser. Je suis une machine de guerre.
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Son roman se voulait une dissection des années SOS Racisme, et la phrase de Finkielkraut narguait le lecteur en exergue : -L'antiracisme est le communisme du XXIe siècle- On suivait les deux héros de ce drame depuis leur prime jeunesse. Le Juif s'assimilait, travaillait à l'école, brillait, réussissait, gagnait de l'argent, mourait. L'Arabe se communautarisait, devenait un cancre, chutait, fréquentait les mosquées salafistes, tuait. C'était manichéen, mais d'une étonnante acuité.
(p.161)
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