La pauvreté en esprit n’est qu’une condition préalable, simplement un premier stade de la véritable conduite de vie ; le Sermon sur la montagne promet la béatitude, mais pour Fichte, c’est la vie même qui s’appelle « vie bienheureuse ». La pauvreté en esprit, c’est se libérer de son propre conditionnement psychologique, afin de se livrer à sa nécessite propre, métaphysique et métapsychique, la plus profonde. Renoncer à soi, afin de réaliser par-là l’œuvre qui, de mon point de vue, ne m’appartient que fortuitement, mais par laquelle je deviens nécessaire à moi-même.
La renommée mondiale de Tolstoï, sa grande importance et son actualité pour le mouvement ouvrier russe dans la période d'avant et d'après la révolution de 1905 ont eu pour conséquence que presque tous les théoriciens connus de la IIe Internationale ont dû, de manière plus ou moins détaillée, se confronter à cet auteur.
C'est ainsi que nous devons vivre : notre vie est sans valeur, sans signification, et nous serions prêts à chaque instant à la consacrer à la mort, nous attendons même à chaque instant simplement l'autorisation de la rejeter. Et pourtant, nous devons vivre, intensément, vivre de toutes nos forces et de tous nos sens. Car nous ne sommes qu'un récipient, mais le seul récipient de l'apparition de l'esprit ; ce n'est qu'en nous que peut être versé le vin de la révélation, ce n'est qu'en nous, à travers nous, que sa vraie révélation peut advenir que sa transsubstantiation peut avoir lieu. Nous n'avons donc aucun droit de nous dérober.
(P44)
Avant tout, l'ouvrier ne peut prendre conscience de son être social que s'il prend conscience de lui-même comme marchandise
(...)Le caractère spécifique du travail comme marchandise, qui sans cette conscience est un moteur inconnu de l'évolution économique, s'objective lui-même par cette conscience. Mais en se manifestant, l'objectivité spéciale de cette sorte de marchandise, qui, sous une enveloppe réifiée, est une relation entre hommes, sous une croûte quantitative, un noyau qualitatif vivant, permet de dévoiler le caractère fétichiste DE TOUTE MARCHANDISE, caractère fondé sur la force de travail comme marchandise.
La bonté est le devoir et la vertu d’une caste plus haute que la mienne.

Le roi Midas errait, fatigué, parmi les tristes cyprès, et n’attendait plus rien de la vie, quand il rencontra de nouveau une jeune fille. Ses cheveux étaient noirs et son regard triste et malmené par la dure vie ; sa démarche était lasse, ses yeux brûlaient de tristes feux et les souffrances passées sonnaient dans ses paroles brillantes. Ils se rapprochèrent vivement l’un de l’autre, bien qu’ils soient las tous les deux. Chacun se hâtait seul et voulait passer près de l’autre, pourtant la longue solitude leur déchirait l’âme, et tout en eux désirait la caresse de paroles compréhensives. […] Et le roi Midas parla très longtemps, et la fille trouvait, dans sa propre vie, des récits semblables à ce qu’il avait vécu. Et lorsque le roi Midas parla du chemin, et lui dit pourquoi il avait suivi justement celui-là, et d’où il venait et où menait le chemin, et où il ne fallait pas s’arrêter et qu’est-ce qui obligeait pourtant à s’arrêter, alors la fille parla aussi de son propre chemin, et sur le sien aussi, il y avait des endroits où il ne fallait pas s’arrêter. Et chacun des chemins leur donnait l’impression que c’était seulement maintenant qu’il menait vers de belles haltes. Ils sentaient que le chemin d’aucun d’eux ne menait nulle part et qu’ils devaient tous deux diriger leurs pas ailleurs, sur un chemin qu’ils n’avaient fréquenté ni l’un ni l’autre.
Le temps est tout, l'homme n'est plus rien ; il est tout au plus la carcasse du temps. Il n'y est plus question de la qualité. La quantité seule décide de tout : heure par heure, journée par journée. Le temps perd ainsi son caractère qualitatif, changeant, fluide : il se fige en un continuum exactement délimité, quantitativement mesurable, en un espace.
Quand la bonté apparaît en nous, c’est que le paradis est devenu réalité et que la divinité s’est éveillée en nous.
Le Prince Mychkine et Aliocha sont bons ; qu’est-ce que cela signifie ? Je ne peux pas le dire autrement : leur savoir est devenu action, leur pensée a quitté la connaissance purement discursive, leur considération de l’homme est devenue une intuition intellectuelle : ce sont des gnostiques de l’action.
Ce qui, dans son destin, est typique pour la structure de toute la société, c'est qu'en s'objectivant et en devenant marchandise, une fonction de l'homme manifeste avec une vigueur extrême le caractère déshumanisé et déshumanisant de la relation marchande.