Georg Wilhelm Friedrich Hegel

La "grandeur" d'une nation et les individus qui illustrent cette grandeur, voilà qui, d'après Hegel, n'a qu'un temps et correspond à une phase d'expansion qui ne saurait durer éternellement : c'est le génie d'une nation ou d'un peuple qui saisit cela et porte les qualités humaines, artistiques, culturelles, économiques, sociales, juridiques et "militaires" de cette nation et de ce peuple au plus haut à un moment donné de l'Histoire, jusqu'à ce que vienne l'heure d'un autre peuple, dans d'autres aires géographiques. Car rien ne dure, et la nation ou le peuple qui a brillé hier ou qui est phare aujourd'hui, demain laissera sa place à une autre puissance, en plein dynamisme.

Est-ce une Loi de l'Histoire et une Loi de nature ?

Ce n'est pas le lieu ici de dire si Hegel a tort ou raison, mais il faut bien admettre que le propos est intéressant.

Rappelons que cette thématique faisait l'objet d'un cours magistral et que la réflexion de ceux qui le recevaient pouvait fort bien alimenter la pensée du philosophe.



François Sarindar

Au cours de cette lecture, j'ai appris qu'il existait deux types de beauté. Cela m'a pas mal suppris. En effet, il y a la beauté naturelle, celle présente dans la nature, et la beauté artistique, celle présente par exemple sur un tableau.

Hegel nous offre ici une magnifique analyse de ces deux types de beauté avec leurs effets sur ceux qui les utilisent. Je veux parler des artistes et des créateurs en général, et pas seulement des peintres.

Presque l'intégralité de ce livre philosophique, tient sur cette analyse du beau. Mais une question reste encore en suspend: qu'est ce que le beau à proprement parler? Hegel nous donnera sûrement la réponse dans ce livre.

Un excellent livre en tout cas que j'ai beaucoup apprécié.

Il est des livres dont l'apprivoisement est ardu. Il est des pensées qui se perdent en se cherchant. Qu'a été pour moi la lecture de la Phénoménologie de l'esprit? Une marche à tâtons dans un labyrinthe, une noyade dans la complexité d'un esprit que se crée et s'abolit lui-même. Tout, dans la pensée abstraite (ô combien abstraite) de Hegel, se retourne sans cesse, se perd et se retrouve autre, erre du mouvement à l'être, de l'action à la conscience, de l'extérieur évident puis évidé à l'intérieur qui ne se connaît lui-même qu'en se supprimant. Alors que tout aurait dû se terminer dans le savoir absolu, je me retrouve dans la perplexité la plus totale. Mon esprit, en se mirant dans celui de Hegel qui se veut miroir de l'esprit universel, se déforme, il se défait, reconnaît sa défaite et avoue ne pas comprendre grand chose ni à Hegel ni à lui-même.

Ce que cet ensemble fait apparaître de plus remarquable, c’est que la maladie à moins nuit à la trop mince production d’écrits philosophiques de Hegel que la surcharge scolaire et administrative qui lui est tombée dessus, sitôt qu’il prit la décision de se consacrer entièrement à la pensée.

Sinon, en général, le contenu intéressera sans aucun doute l’historien érudit, mais risque fort d’ennuyer le philosophe.

Voila un livre paradoxal . Autant la leçon d'histoire d'Hegel est captivante car elle est vue par le prisme de l'esprit , autant quand il s'aventure dans la justification de l'impérialisme l'on a beaucoup de mal . En somme , voila un livre qui passionne et qui agace fortement dans le méme temps . Chacun se fera son idée.

Une pensée très stimulante à mettre en parallèle avec Nietzsche, Foucault et l'actualité.

C'est finalement une lecture très intuitive - il faut vivre avec les mots, les rejoindre, danser avec eux, se faufiler dans les espaces, puis entrer dans les mots et éprouver ce que cela fait de se déplacer comme eux, de voir le panorama depuis l'intérieur de leur coquille, de ressortir de l'autre côté et de les regarder à l'envers, revenir, se glisser dans les phrases comme on se couche dans le bassin de la piscine. Il faut avoir l'esprit très libre, ne pas se laisser impressionner par des phrases qui paraissent au premier abord n'avoir aucun sens comme on s'interdit de prêter attention aux regards des nageurs dans les autres lignes, comme on s'astreint à faire ses mouvements à son rythme, sans pression, avec concentration et humilité dans le but de gagner une facilité de mouvement et la libération de l'esprit de tout ce qui l'encombre. A ne rechercher avec concentration que le plaisir de l'eau - ou des mots - glisser le long de son corps on finit par se sentir plus tranquille et l'on peut progresser sans plus penser à rien mais en se déplaçant avec aisance. Voilà, maintenant cela vient tout seul.

On trouvera donc ici la prodigieuse préface de La Phénoménologie de l'esprit dans la traduction, à ce jour indépassée, de Jean Hyppolite. Les exigeants bénéficieront, en prime, du texte allemand.

On ne commente pas un tel ouvrage, introduction à l'un des sommets de la philosophie, pour ne pas dire Le sommet. Signalons toutefois qu'il n'existe pas de meilleure entrée à l'apprentissage de la pensée dialectique, bref à la clarté d'esprit.

On trouvera dans les citations quelques brefs extraits, cailloux blancs et noirs suggérant l'entrée du royaume.

Autant j'avais aimé Lire les presocratiques de Luc Brisson autant ce livre de Hegel de près de 200 ans est fastidieux et obscur. Je n'ai pas aimé du tout. Les parties sur Héraclite et sur Anaxagore sont particulièrement verbeuses et j'ajoute inutilement complexes.

Selon George-Guillaume-Frédéric Hegel notre esprit n'a qu'une chose à faire:



Se réaliser dans le contexte historique de son époque.



En observant le ciel, l'homme s'est rapidement démarqué du contenu d'une nature céleste amorphe, sans libre arbitre, aliénée par un principe qu'elle subit tout en le validant en permanence sans espoir de le comprendre.



Un agneau inconscient, sans révolte envergure cosmique incommensurable manoeuvrée et soumise à la réglementation sans surprise de son existence.



Seule la raison gouverne le monde en bouleversant sans cesse par sa réactivité le courant d'une histoire dont elle assurera la continuité par son investissement.



Celui-ci n'étant certainement que la refonte passive ou agressive de toutes ses institutions ne faisant que rafraîchir leurs moeurs dans un espace temporel, sauvegardant leurs différentes origines en les faisant voyager dans leurs propres modifications.



Notre entendement au même titre que l'univers victime de sa récurrence ne serait-il pas que la réactualisation éternelle de ses propres concepts?



Une association récursive entre la nature et l'esprit dont le but est de se nourrir de leurs propres dépendances.

L’esthétique de Hegel est sans aucun doute une référence en philosophie de l’art, mais qui veut comprendre cette référence doit avoir la volonté d’aller au bout de ces massives 750 pages. Le texte se présente comme une grande dissertation, en trois parties : l’idée du beau artistique, ses formes particulières et les arts particuliers. Ces trois grandes parties sont sous-divisées en une multitude de sous-parties. D’un point de vue formel, l’ouvrage suit donc une structure qui facilite la lecture ; d’autant plus que Hegel n’hésite pas, entre deux parties, à revenir sur des idées déjà développés plus avant.



Si la structure de l’œuvre est facile à suivre, le propos, lui, est plus complexe. Hegel définit d’abord l’art, ce qu’il a été, ce qu’il est, ce qu’il aspire à être. Tout au long de l’ouvrage, Hegel analyse, décrit, explique… Et ce, dans des termes parfois compliqués pour le lecteur non-initié. C’est finalement la préface écrite par Benoît Timmermans qui aide à comprendre le texte dans son ensemble. Dans le détail, seules une certaine culture philosophique permet d’appréhender la richesse de l’écrit dont la complexité nuit parfois à comprendre les développements, qui sont pourtant pertinents.



La thèse soutenue – sauf erreurs de ma part- est que l’art a pour finalité la représentation de l’absolu, objectif qui arrive à terme après avoir traversé le symbolisme, le classicisme, et le romantisme. Hegel prédit la mort de l’art et la Fontaine de Duchamp qui annonce un âge nouveau pour l’art lui donnera raison. Il faut bien comprendre que l’art pour Hegel doit représenter l’absolu à travers le sensible spiritualisé, objectif qui n’est plus à partir du début du XXème siècle.



L’esthétique est un texte à lire et relire, à analyser pour en comprendre le sens profond mais l’on ne peut en sortir sans admettre que Hegel a réussi à mettre le doigt sur l’essence de l’art. Je dois admettre que les connaissances philosophiques me manquent probablement pour critiquer correctement ce texte majeur, mais, quand bien même la lecture fut compliquée, certains extraits demeurent accessibles et enrichissants.

Pour comprendre la conscience et l'existence qui dépend de cette méme conscience , il est utile de découvrir ce grand ouvrage . Hegel applique une philosophie utile à l'homme , une philosophie ou l'on peut trouver des pistes , des indications qui peuvent conduire à une meilleure perception des défis de la vie quine peuvent étres franchis sans l'aide de la conscience . Pour parvenir à comprendre cette recherche existentielle , il est utile de découvrir les travaux sur cette thématique comme ceux présents ici . Hegel est un enseignant de trés grand niveau pour ceux qui veulent partir à la recherche de la compréhension de leur esprit. Un ouvrage ardu mais passionnant .

Le cercle des cercles de l'Esprit absolu, c'est ainsi que le terme d'encyclopédie est ici compris dans ce travail philosophique inouï, cet incontournable classique de la pensée qui n'était encore qu'un guide pour étudiants, un plan pour un ouvrage futur.

Dommage que la maladie se soit mise entre les pattes de l'Esprit...

C'est étrangement écrit car la pensée hégélienne elle-même est confuse (quoique intéressante). Elle est confuse malgré sa haute technicité. Mais on pouvait s'y attendre. Hegel, en voulant totaliser le devenir et atteindre l'identité par un procès de différenciation qui se veut à la fois "psychologique" et réel (suppression de l'identité simplement posée, suppression de la différence ainsi exposée et, enfin, identité en retour incluant la différence supprimée), s'exposait presque nécessairement à un tel défaut. L'ambition est l'une des plus hautes, la plus haute peut-être, de l'histoire de la pensée occidentale. L'intelligence hégélienne se veut totale. Elle l'est, au point de confondre ses objets. S'il est possible d'expliquer Hegel, reproduire avec exactitude sa pensée est très difficile.

Illisible d'un bout à l'autre. Il aurait fallu dire à M. Hegel que chercher absolument à être incompréhensible n'est pas de la philosophie, ni même de la pensée tout court. Cette "pensée" est d'ailleurs contradictoire, dans son incompréhensibilité, c'est dire.... Ce livre reflète la mentalité d'un autre temps, dans un autre pays, l'Allemagne, où les étudiants étaient apparemment subjugués par les professeurs qui leur tenaient des discours fumeux et insensés, sans chercher à remettre en cause l'absurdité du discours, puisque le statut social du professeur entraînait l'adhésion automatique de l'étudiant à son discours. Autrement dit, Hegel pouvait sortir n'importe quelle sornette intellectuelle, celle-ci serait vénérée par les étudiants. Et la phénoménologie de l'esprit est un aperçu de ce que M. Hegel disait en cours.

Ce livre m'a été offert par un babélien distingué que j'espère retrouver sur ce forum ; ton silence m'étonne d'ailleurs Tybert972 !!



Je dois dire que je m'attendais à quelque chose d'autre. J'ai eu l'impression d'effectuer une lecture "charabiesque", difficile d'accès, tant les textes sont obscurs, le sens de la démonstration incompréhensible. Et pourtant j'aime Hegel.



Par ailleurs, cet esprit du christianisme qu'il prétend nous donner à voir est précédé d'un "esprit du judaïsme" dont la véhémente critique qu'il en fait ne laisse pas de créer un malaise. Le jugement très négatif qu'il porte sur le judaïsme est sans appel, comme si c'était cela que l'on devait attendre d'un philosophe...



Entre parenthèse, je me suis laissé dire que les modernes philosophes ont perdu en cours de route le but de la philosophie, à savoir l'édification de l'homme...



Mais l'excuse toute trouvée, est qu'il s'agit d'écrits de jeunesse... Fort heureusement pour la philosophie, il a mûri... Pat

Une lumineuse présentation de la pensée hégélienne replacée dans son contexte, ses sources et ses influences. Le choix des extraits des différents ouvrages de Hegel, traduits par Papaioannou lui-même, est généralement très pertinent. Le tout faisant de ce petit livre l'introduction idéale à cette pensée critique de la philosophie tout à fait fondamentale.

Dans ce dernier tome la Science de la logique devient davantage une science de la logique car l'on étudie explicitement les figures du syllogisme en fonction du système métaphysique hégélien (les interprétations du syllogisme sont d'ailleurs assez spécifiques et même, à certains égards, personnelles). C'est aussi le tome le plus élégant conceptuellement, une sorte d'achèvement de la dialectique générale hégélienne. La logique subjective ici décrite revient dans l'objectivité. C'est l'achèvement du concept qui passait subjectivement dans le jugement qui lui-même passait dans le syllogisme. La téléologie, la vie, le mécanisme : tout cela figure dans la suite de la réflexion portant sur cette objectivité dans laquelle le concept fait retour. Et l'Idée vient achever la doctrine du concept - Hegel venant achever la métaphysique depuis Platon selon bien des sources.

Un index très pratique et très complet en principe. Mais les pages mentionnées ne sont pas celles de l'édition allemande originale. Si on dispose de la version des éditions VRIN il faut alors acheter ou louer la version des éditions Kimé. Peut-être que cela s'explique par une certaine politique éditoriale ou commerciale... Toujours est-il qu'il faut savoir s'y retrouver.

Souvent étrange, en tout cas déstabilisant. La finesse de l'analyse suppose un esprit préparé : mais cet esprit existe-t-il tant que la dialectique hégélienne bouscule la logique traditionnelle ?