Betts, qui avait d'invraisemblables déboires familiaux, avait pris le parti de rire comme d'autres se mettent à boire.
Le colonel s’écria :
- sapristi, ce sont des chiennes et si elles courent la campagne, elles auront chacune une portée de petits chiots plus ou moins bâtards ! Que s’est-il passé ?
Les policiers lui firent boire un peu plus de cognac, espérant ainsi raviver ses souvenirs. Springer porta la main à sa tête et s’exclama :
- Ce salaud d’Allasac a dû me frapper ! Je le tuerai. J’ai une bosse grosse comme un œuf sur le crâne ! Où est-il ?
Après avoir pris soin de leur collègue de Douglas, les deux policiers de Peel visitèrent la maison et découvrirent le colonel Springer, ligoté sous l’escalier et bâillonné de telle façon qu’il n’avait pu émettre aucun son susceptible de faire connaître sa présence à Knell. Les yeux exorbités, le visage quasiment coupé en deux par le bâillon, les bras liés aux jambes, il ressemblait à un poulet prêt pour la broche.
L’agent Tramper découvrit une bouteille de cognac dans l’armoire et d’en boire une lampée qu’il jugea bien méritée. Après avoir secoué le colonel, il lui fit absorber une gorgée d’alcool. Springer toussa, se redressa, en redemanda, et chuchota :
- Où sont mes chiens ?
- Je l’ignore, Monsieur. D’après ce que nous avons entendu en arrivant, ils doivent être enfermés quelque part.
La police semblait dépassée par les événements : Springer était inconscient ; Knell, en route pour l’hôpital ; le Français en fuite et le meurtre du casino toujours d’actualité. Tramper retira son casque, s’essuya le front et songea que le rythme paisible de la vie dans l’île de Man semblait brisé par l’activité malfaisante du mystérieux Français.
Nous parlions des curraghs, Littlejohn. Il n'y a e lieux pareils nulle part ailleurs...Les maisons et les fermes sont bâties sur de petites îles parmi les terres asséchées. en hiver le vent souffle de toutes les directions, et en été le soleil brûle. En ce moment, tout est en fleurs. Les gens sont très spéciaux, eux aussi. Les mêmes familles habitent la région depuis de nombreuses générations. Ce sont des gens calmes qui mènent leur petite vie tranquille et se marient entre eux.
- c'est pas beau des travailleuse.
- il ne pas y avoir que des putes.
- et pourquoi pas? des travailleurs et des putes ,
au moins comme ça on
saurait pourquoi on travaille.
- Le salaud ! s’exclama-t-il lorsqu’il fut délivre.
Les policiers coupèrent ses liens et le colonel perdit connaissance.
Miss Emmeline Popple arriva à trois heures précises. Avec son petit chapeau noir en forme de cache-théière et son ample manteau noir traînant sur le sol, elle faisait irrésistiblement penser à un personnage de mélodrame.
... Ah! on a pas le droit de parler ainsi d'un mort!
C'était d'ailleurs suffisant. Le portrait de l'oncle Fred se complétait.