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4.15/5 (sur 13 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Berlin , le 20/09/1918
Mort(e) à : Madison , le 22/01/1999
Biographie :

George Lachmann Mosse (né le 20 septembre 1918 à Berlin, mort le 22 janvier 1999, à Madison, au Wisconsin) est un historien américain d'origine allemande.
Il a exercé une forte influence sur les historiens du fascisme et du nazisme dans le monde anglo-saxon mais aussi en Italie et, plus tard, en Allemagne mais le monde universitaire francophone l'a largement ignoré de son vivant.

George Mosse nait dans une famille juive influente : son grand-père avait fondé le Berliner Tageblatt, qui aura un grand succès et restera jusqu'en 1933 un bastion de l'anti-nazisme ; au début des années 1930, les Mosse étaient à la tête d'un empire de la presse et de l'édition. George Mosse était quant à lui plutôt de gauche (il était membre d'un groupe d'étudiants socialistes durant sa jeunesse) mais anti-marxiste et sioniste, et il assumait publiquement son homosexualité.
En 1933, il fuit en Suisse avant de s'installer en Angleterre avec sa famille en raison de la montée du national-socialisme. Il étudie à la Bootham School puis il s'installe aux États-Unis en 1936.
Il obtient un BS du Haverford College (Pennsylvanie) en 1941 et un PhD de Harvard en 1946. Par la suite, il enseigne dans plusieurs université prestigieuses : à l'Université de l'Iowa (1944-1955]), à l'Université du Wisconsin à Madison à partir de 1955 - où il restera jusqu'à sa retraite en 1988. Il enseignera également à Stanford, à l'Université hébraïque de Jérusalem, à Munich, Cornell, Amsterdam, Tel Aviv, ou encore Cambridge.
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Source : Wikipédia
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George L. MOSSE : l'image de l'homme
Olivier BARROT présente le livre de George L. MOSSE : "L'image de l'homme", qui analyse la conception traditionnelle de la virilité (l'homme ne doit pas se plaindre, il doit allier courage et sang-froid, etc); l'auteur retrace l'origine et l'évolution de cette conception pour en montrer la relativité et les dangers.

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Hitler respecta sa promesse de ne pas se contenter de diatribes antisémites, lesquelles devinrent de plus en plus extrémistes et de plus en plus centrales dans son programme. On a considéré que cette évolution prouvait la nature psychopathique du mouvement nazi - pas seulement chez Hitler, mais également chez ses partisans. Ainsi, un homme comme Julius Streicher reçut toute liberté pour traduire ses névroses et ses frustrations sexuelles par son obsession des Juifs. On en vit d'autres qui, animés de sentiments de haine primaire, cédèrent à la pression sociale et les dirigèrent contre les Juifs. Bien évidemment, pour une grande part, de profonds désordres psychologiques étaient à la base des manifestations de loyauté à l'égard du parti. Ces désordres étaient réels et plutôt pernicieux, mais ils n'expliquent pas les excès du parti et la mise en oeuvre des programmes antijuifs. Bien que l'attrait exercé par le nazisme ait fort bien pu s'expliquer par la libération de pulsions primitives satisfaites par la haine institutionnalisée des Juifs, cela ne constitue en aucune façon la raison première du succès remporté par le parti. Considérer d'un point de vue psychologique la dynamique antisémite du parti peut fournir des indices dans des cas particuliers - ou dans tout les cas, si l'on part du principe que toute les actions des hommes se prêtent à une explication psychologique -, mais on se trompe en considérant qu'il s'agit de la seule ou de la principale réponse, parce qu'on tend à ne voir dans le national-socialisme qu'une simple aberration résolvant une crise temporaire particulière. Ce serait soutenir, qui plus est, que l'antisémitisme aurait pu être éliminé en réorientant les impulsions psychiques de la population inadaptée de l'Allemagne. L'interprétation psychologique pêche également par une insuffisance bien plus grave : elle nie la nature endémique de l'antisémitisme pour ne le considérer que comme un phénomène transitoire répondant à certains besoin psychologiques qui auraient pu être satisfaits par d'autres minorité émissaire si les Juifs n'avaient pas existé.
Nous contestons le bien fondé de cette approche. Elle occulte le caractère historique, social et idéologique de l'antisémitisme qui, en tant qu'élément du mouvement volkisch, avait été institutionnalisé et avait fourni à de nombreux allemands une grille de lecture du monde et de la place de l'homme dans ce monde. L'immense popularité dont bénéficièrent sans discontinuer les œuvres littéraires que nous avons analysées, les modes de pensée affichés par les peintres et par la jeunesse, tout cela témoigne du fait que l'antisémitisme ne dépendait pas d'une crise passagère, mais imprégnait toutes les questions nationales. L'idéologie volkisch ne peut donc être considérée comme un phénomène transitoire : ce fut une nouvelle religion dont les origines, comme celles de toutes religions et confessions, non seulement s'introduisirent dans le subconscient de l'homme, mais pénétrèrent de plus en plus profondément pour devenir un mode de vie entièrement nouveau. Ces sentiments finirent par devenir eux-mêmes une tradition aisément acceptable, constituant un témoignage du poids du caractère sacré de l'objectif volkisch. Hitler promit seulement de réaliser une conception de la vie qui avait imprégné une grande partie de la nation bien avant qu'il n'entre en scène.
Le fait que l'attrait exercé par l'antisémitisme était déjà largement répandu, et ne dépendait pas des aspects psychopathes de tel ou tel pour être accepté, est illustré par la façon dont le Juif était représenté. Alors que l'image du Juif en tant qu'individu aurait pu satisfaire les frustrations d'une personne mentalement dérangée, cette "individualisation" n'aurait pas permit d'atteindre l'objectif souhaité dans une idéologie politique. Pour que le Juif, par son image, suscite un sentiment quelconque, il devait être rendu abstrait et dépersonnalisé. Il est toujours possible qu'un cas personnel contredise une affirmation générale en fournissant une preuve concrète, vivante du contraire. Pour que les Juifs deviennent le repoussoir d'un mouvement de masse, il fallait les transformer en symbole afin de les rendre différent des êtres humains. L'agitation de masse nécessitait de surcroît simplicité et cohérence, ce qui ne s'accommodait pas de distinctions subtiles susceptibles d'exclure certains Juifs de la condamnation. Hitler suivit la voie de ses précurseurs volkisch en présentant le mal juif non pas sous des aspects relevant de la nature humaines, mais comme un stéréotype abstrait.
L'abstraction de plus en plus marqué du Juif reflétait le processus de dépersonnalisation. Dès lors qu'on avait nié qu'il fut pourvu d'une âme et de véritables émotions, dès lors qu'on avait catalogué sa religion comme une foi fossile dépourvue de contenu éthique, le Juif était quasi déshumanisé. Qui pourrait ressentir de la peine ou de la commisération pour un être dépouillé de toute dimension humaine? Du moment que la population avait accepté cette description du Juif, il était possible de le considérer comme un moins que rien, une silhouette ne suscitant aucune compassion humaine - seul le nombre impressionnant de Juifs morts en martyrs allait, dans les années à venir, ébranler l'imagination.
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Après la démobilisation, les statistiques firent état d'une brusque élévation du taux de meurtres commis par des hommes sans antécédents judiciaires. Un criminologue contemporain [Moritz Liepmann] a attribué ce fait à la facilité avec laquelle on tuait pendant la guerre et à la situation sociale et économique désespérée. [...] Les lois pénalisant le meurtre furent affaiblies et ce, y compris par la République qui décida d'exempter les actes de violence considérés comme patriotiques. [...] Personne ne s'offusqua de l'affaiblissement des barrières légales contre le crime. Ainsi, immédiatement après la guerre, la Cour Suprême allemande (La Reichgericht) décréta l'existence de ces cas "supra-légaux", exemptant ainsi certains meurtres du poids de la loi. Elle donna en exemple les assassinats commis par les francs-tireurs dans leur lutte contre les Polonais en Haute-Silésie. Plus tard la cour fit marche arrière mais un précédent avait été instauré.
[...] Ainsi, la République elle-même avait ouvert la voie à l'amnistie proclamée en 1933, immédiatement après la prise du pouvoir par le parti national-socialiste, laquelle graciait tous les nazis qui avaient transgressé la loi d'une manière ou d'une autre pendant leur lutte pour le pouvoir.

Les après-guerre / La brutalisation du champ politique allemand
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Notre étude sur les étudiants et les professeurs montre clairement qu'une importante partie de la bourgeoisie allemande entra dans la république de Weimar sans être en état de participer à l'expérience d'une démocratie parlementaire. Ces bourgeois ne furent pas les seuls dans ce cas là, pas plus qu'ils ne furent proscrits ou discrédités ; il s'agissait de membres respectés de la société, appartenant à l’establishment. Ce groupe exprima une hostilité ouverte envers la tolérance montrée par la république à l'égard des partis politiques qui tendaient à diviser le Volk. La république fut d'emblée confrontée à un handicap que l'on ne peut réduire aux conséquences indirectes de la crise économique. Le tournant rapide vers la droite pris par la jeunesse bourgeoise affecta également la république. Ce n'était pas non plus une évolution fortuite déclenchée par la guerre et les diverses crises économiques, mais l'aboutissement d'une évolution historique induite par l’endoctrinement complet de pans importants de la bourgeoisie auxquels avaient été inculqués le néo-romantisme et l'idéologie germanique. Ce fut surtout la foi dans le Volk qui conféra une telle puissance à la crise nationale. Aussi bien la jeune génération que l'ancienne éprouvèrent des difficultés à résister à l'appel d'une idéologie qui promettait de résoudre les problèmes de la nation en termes volkisch, par un retour entre des mains allemandes de tous les biens, pouvoirs et capacités se trouvant prétendument retenus par des intérêts étrangers et antivolkisch.
S'estimant victimes d'une crise permanente de la nation, de nombreux allemands en arrivèrent à se considérer comme des chevaliers caracolant bravement entre la mort et le diable. Le célèbre tableau de Durer intitulé "Le Chevalier, la Mort et le Diable" devint le symbole de la situation du Volk. C'était une exhortation à une action héroïque. L'étude de ces sentiments, notamment tels qu'ils s'exprimèrent dans les visions poétiques, contribuera à éclairer d'importants aspects de l'idéologie puisque, on le sait, le chevalier, c'est-à-dire l'Allemand héroïque, finira par triompher.
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George Lachmann Mosse
Les droites de l'Europe, poursuivant leur lutte contre la dégénérescence, tenaient la guerre comme restauratrice d'une authentique virilité. Et si cette vision fut codifiée par le fascisme, elle était unanimement partagée.
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Le massacre arménien, qui coûta la vie à presque un million de personnes, eut lieu pendant la guerre, sous prétexte de chasser - on ne parla évidemment pas d'extermination - l'ennemi intérieur. Il fut aussi très vite oublié, sauf par les arméniens eux-mêmes ; Adolf Hitler n'avait pas tort de déclarer en 1939 (en pensant à ses propres projets criminels) : "Qui, après tout, parle de l'anéantissement des arméniens?".
Nous reviendrons plus tard sur l'attitude face aux ennemis politiques, ou prétendus tels, mais il y a un lien évident entre la confrontation à la mort de masse de la Grande Guerre et le peu de prix accordé, ensuite, à la vie individuelle.

Les après-guerre / La brutalisation du champ politique allemand
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