Quand on veut écrire l'histoire d'une idée morale, il faut toujours parler de la religion. La religion est le milieu par excellence des idées morales. C'est dans les religions que se sont déposées les premières croyances de l'humanité. Ces croyances, à leur tour, ont dominé non seulement les individus, mais les sociétés. Les actes de la vie sociale constituaient, à l'origine, une fonction religieuse. Longtemps même après que les croyances primitives ont diminué ou disparu, les lois, les coutumes,le langage portent encore leur empreinte. Tout homme trouve dans les traditions, les mœurs, les lois, les coutumes, la langue, la littérature de son pays un ensemble d'idées morales auxquelles il ne peut échapper.
Aucun de ces anciens philosophes, sauf peut-être Démocrite, n'a construit un véritable système de philosophie morale, et ce sont ces sortes de spéculations qui ont toujours été le plus favorables à la croyance au libre arbitre. Socrate est le premier philosophe qui ait eu surtout des préoccupations morales. Aussi a-t-il rencontré sur son chemin la question du pouvoir de l'homme sur ses actions et a-t-il sur ce point ébauché une doctrine que le plus grand de ses disciples s'est appropriée en y introduisant à la fois quelques éclaircissements et quelques ménagements.