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Critiques de Georges Bernanos (309)
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La grande peur des bien-pensants

Premier écrit politique de l'écrivain, la grande de peur des bien-pensants est un hommage à un homme politique français, Edouard Drumont. Ce dernier est auteur de « La France juive », pamphlet qui dénonce entre autre la main-mise des juifs sur tout le système financier (thème hautement original), et fondateur de la « Ligue nationale antisémitique de France ». Tout un programme.



Cet hommage est l'occasion de revenir sur les événements politiques qui ont secoué la France 50 ans plus tôt. Quand on est monarchiste et catholique, on ne vit pas forcément très bien l'instauration de la troisième république et la séparation de l'église et de l'état. Surtout que pour l'auteur, il y avait plusieurs situations qui auraient pu faire rebasculer le pays dans la « bonne » direction, mais qui ont échouées par lâcheté, par naïveté, par mauvais calcul, au moment de faire le dernier geste. Ces situations sont d'ailleurs toujours amèrement remâchées aujourd'hui par les successeurs du mouvement : le boulangisme, l'affaire Dreyfus, le décret Crémieux, ...



Même s'il faut reconnaître que Bernanos écrit très bien, il donne dans ce livre dans l'exagération à outrance. Peut-être que le décalage de ses écrits avec notre époque s'est encore creusé ? Toujours est-il qu'on a l'impression de voir quelqu'un vider en vain ses poumons pour tenter de redonner forme à une baudruche crevée.
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Les grands cimetières sous la lune

Ma lecture récente de "Sous le soleil de Satan" m’a amené à m’interroger sur les nombreuses contradictions soulevées par Bernanos en ce qui concerne la lucidité et la clairvoyance d’une pensée telle que la sienne d’une part et son attachement à l’église catholique et à ses textes canoniques d’autre part. En effet, comment pouvait-on être aussi historiquement avisé sur la construction des dogmes religieux et en même temps se cramponner à une vérité donnée, présentée comme indiscutable et souveraine ?

Une partie du paradoxe se dévoile dans "Sous le soleil de Satan", à travers les doutes sur la foi du jeune prêtre, personnage central de ce roman. Le mystère s’éclaircit encore plus à la lecture de "Les grands cimetières sous la lune", essai composé à Majorque sous les feux de la guerre civile espagnole en 1938. Bernanos n’y traite pas seulement de l’énigme de la Foi, mais surtout de son absence de plus en plus criante et dramatique. Si le soleil est peut-être la marque de la divinité, qu’elle soit bienfaisante ou, comme dans le célèbre roman de Bernanos, malfaisante, la lune serait alors la marque des êtres humains, inconstants et versatiles. Cette lune couvre de ses rayons étouffés les carnages et la folie des hommes, massacrant à tout va au nom de Dieu. Sous la forme de l’interpellation, Bernanos fustige les ecclésiastiques, les hommes de Dieu, les professionnels de la religion chrétienne, les moralistes, mais aussi les bourreaux droitistes, les assoiffés de sang qui n’hésitent pas à se couvrir du blanc-seing de l’Eglise pour justifier leur désir de mort. Cet écrivain conservateur et monarchiste s’oppose alors ouvertement à Franco, aux fascistes et à leurs fervents défenseurs en France, annonçant, avec intuition, le chaos vers lequel l’Europe se jette insensément et rageusement. Pour Bernanos, la fin de Dieu, annoncée par Nietzsche, se double d’une abdication et d’un dévoiement de ses représentants sur Terre. L’Eglise catholique a affirmé et confirmé par son soutien à Franco que Dieu n’existait plus pour les hommes.

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Un mauvais rêve

Un roman dont je me demande encore bien pourquoi je ne l'ai pas abandonné, ou plutôt si, pour une de ses rares qualités : une tendance à s'améliorer au fil des pages. Sinon, l'écriture est belle mais la lecture pas vraiment fluide. C'est verbeux, ou plutôt les personnages ont tous tendance à s'écouter parler et même penser. La première partie, où Bernanos plante le décor et égratigne ses contemporains au travers des protagonistes, est longue comme un jour sans pain. J'ai trouvé qu'il n'y en avait pas un de supportable, tous sont aussi antipathiques, chacun dans son genre. Mais vers la fin de cette partie on sent pointer le drame. Enfin arrive la deuxième partie, bien plus prenante, qui ressemble un minimum à un roman policier, qui s'annonce prometteur (le premier chapitre est même brillant), mais voilà … c'est un roman posthume inachevé. Heureusement on sait quand même qui est l'assassin ! Ce n'est pas un roman que je recommanderais sauf si vous êtes fan de Bernanos, ce qui n'est pas mon cas.
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Sous le soleil de Satan

J’ai lu Sous le soleil de Satan de Georges Bernanos il y a déjà quelques années, à une époque où je ne publiais pas encore de billets ou de chroniques sur mes lectures… J’ai retrouvé mes notes et mes annotations avec un immense plaisir et re-parcouru ce roman, publié en 1926, qui traite de manière originale du mal et de la rédemption ; pour reprendre une citation de son auteur, il s’agit d’« une complainte horrible du péché, sans amertume ni solennité, mais grave, mais orthodoxe et d’une inapaisable véracité »…



Ce livre raconte le parcours d’un prêtre dans une paroisse perdue de l’Artois et de son chemin de la tentation à la sainteté et, à travers lui et les personnages souffrants qu’il va croiser, la lutte ancestrale et éternelle du bien et du mal.

La construction de ce roman mérite que l’on s’y arrête : un prologue, suivi de deux parties…

Mais le prologue intitulé « Histoire de Mouchette » est un peu trop long et constitue un véritable élément du récit ; personnellement, j’aurais tendance à dire que Mouchette et Donissan sont deux personnages d’égale importance. Le prologue reprend le parcours de Germaine Malorthy dite Mouchette, fille d’un minotier prospère de l’Artois, et le récit de ses amours avec le Marquis de Cadignan et le docteur Gallet. Une rapide présentation des personnages est suivie d’une série de confrontations stériles. C’est un petit drame provincial comme aurait pu en écrire Balzac, avec une morale finale puisque Mouchette accouche d’un enfant illégitime mort-né dans la maison de santé où on l’a faite interner.

La première partie a pour titre « La tentation du désespoir » ; c’est la plus longue du roman où elle occupe donc une position centrale. Avec l’apparition de Donissan, l’action proprement dite commence donc. Encore une fois, le récit s’organise autour d’une série de confrontations : deux prêtres se demandent ce qu’ils vont pouvoir faire de Donissan, puis le vieux prêtre reconnaît la sincérité du plus jeune avant de trouver son expérience surnaturelle plutôt embarrassante et équivoque, Donissan rencontre Satan puis Mouchette, qu’il tente de remettre sur le droit chemin. Les scènes avec Satan et Mouchette sont les clés de voûte du livre. Le suicide de Mouchette est admirablement décrit, raconté directement, puis rapporté par la gouvernante du curé, et, enfin, matérialisé par une ellipse, une zone blanche dans le texte, qui sera comblée par le contenu d’une lettre de l’évêque évoquant la scène de l’église et ses conséquences.

Nous faisons un bond en avant de quelques années pour la deuxième partie. Le récit est plus fragmenté avec beaucoup de changements dans le ton narratif : rapport, monologue… La scène du miracle raté fait pendant à la rencontre avec le diable car, quand le curé de Luzarnes provoque Donissan en le poussant à tenter de ressusciter un enfant, c’est encore le mal qui est à pied d’œuvre. Georges Bernanos a encore ménagé des confrontations en cascade avec le monde contemporain de son écriture quand Donissan doit rencontrer successivement des figures négatives de la modernité : le prêtre « progressiste » déjà cité (le curé de Luzarnes), un médecin positiviste de province (le docteur Gambillet) et un écrivain célèbre (Saint-Marin) qui serait un alter ego d’Anatole France, athée notoire, esthète matérialiste.

Dans la genèse de l’œuvre, il faut savoir que Georges Bernanos aurait d’abord écrit la deuxième partie, puis le prologue, et enfin la première partie, présentant d’abord Donissan seul, puis Mouchette seule, pour les confronter enfin dans la grande scène de la première partie.



Les personnages sont véritablement incarnés.

Mouchette est l’incarnation de la pècheresse face à la sainteté de Donissan, mais pas seulement ; elle porte la notion du mal dans la racine de son patronyme, Malorthy, et, peut-être, la brulure de l’ortie mais, à côté de l’image de Marie-Madeleine, elle véhicule aussi la figure d’Eve ou encore de Marie. Son nom la prédestine en quelque sorte tandis que son surnom la rachète, dit sa fragilité et son obstination tenace. Elle est prise en tenaille entre son père et ses amants, piégée. Quand elle rencontre Donissan, elle est complètement perdue, pour elle-même et pour Dieu. Il y a dans l’écriture comme une véritable tendresse de l’auteur pour son personnage. Georges Bernanos n’est jamais moralisateur, toujours respectueux de l’énergie juvénile et du désir de liberté de Mouchette. Personnellement, je regrette qu’on ne parle plus d’elle dans la deuxième partie…

Le personnage de Donissan porte sans doute en lui des pans de personnalités de prêtres que Georges Bernanos a pu fréquenter tout au long de son enfance jusqu’à l’écriture du roman. Donissan est aussi inspiré de la figure du curé d’Ars, canonisé en 1920. La racine de son nom évoque à la fois le don et la figure de Dieu par le mot latin dominus ; la syllabe finale fait penser au sang du Christ, donné pour racheter les pêchés des hommes. Sa force physique va de pair avec la simplicité de son âme. Le schéma narratif propose une suite de scènes intenses et chargées d’émotions, un chassé-croisé de points de vue autour du personnage de Donissan.

Les personnages secondaires sont également très bien travaillés. Ainsi, par exemple, Menou-Segrais n’est pas un prêtre ordinaire ; il est doté d’une intuition hors du commun, mais aussi d’une indépendance d’esprit qui lui permet de faire preuve d’audace dans son jugement, d’un anticonformisme qui le rend capable d’accepter l’extraordinaire et le surnaturel. C’est peut-être Georges Bernanos lui-même qui s’invite et s’incarne dans ce personnage proche et bienveillant.

Dans ce roman très rural, les lieux ont aussi leur importance avec les paysages de l’Artois, où l’auteur a passé une partie de son enfance et où il a côtoyé une population rurale, souvent pauvre et où il a sans doute développé son intérêt pour les humbles.



Georges Bernanos a commencé l’écriture de ce roman peu de temps après la fin de la première guerre mondiale. Bien que réformé initialement pour raison de santé, il avait tenu à participer aux combats ce qui l’avait terriblement marqué… De plus, il a ressenti un véritable dégout devant la joie du peuple français après l’armistice, a eu l’impression que l’on oubliait un peu vite les souffrances des poilus, d’où l’envie de montrer la sainteté de son personnage, de s’interroger sur les notions de bien et de mal, de convoquer le surnaturel parce que le mal, les horreurs vécues pendant la guerre ne trouvaient pas d’explications rationnelles. On peut se demander ce qu’il aurait écrit à notre époque s’il l’avait connue (mort en 1948) …

Avant d’être un écrivain, Georges Bernanos était un homme très engagé, en politique, en religion notamment ; c’est à ces niveaux-là que son écriture prend et fait sens. Lui-même, issu d’un milieu ultra-conservateur, se considérait comme un laïc engagé, témoin du Christ ; on pourrait résumer ses idéaux à la foi catholique, à l’héroïsme et au don de soi. Il avait « une vision catholique du réel » pour reprendre le titre d’une de ses conférences…

Sous le soleil de Satan a connu un grand succès lors de sa publication en 1926, mais a aussi suscité des critiques de la part des milieux catholiques, reprochant notamment le fait que Donissan ne soit pas un saint irréprochable. Mais Georges Bernanos l’a créé vulnérable justement pour que ses points faibles mettent en lumière la puissance du mal.



Sous le soleil de Satan est un roman magistral, désespéré et éclairé à la fois… Sa force vient de la part anachronique de l’apparition satanique, de la place donnée à la sainteté, à la grâce et au miracle à peine vingt ans après le vote de la séparation de l’église et de l’État. Satan est partout, dans la figure du maquignon et intériorisé dans les démons intérieurs de chaque personnage, mais le salut est possible pour tous.

Un roman à lire et à relire, à étudier aussi.

À voir ou à revoir également le très beau film de Maurice Pialat avec Gérard Depardieu et Sandrine Bonnaire dans les rôles principaux.

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Journal d'un curé de campagne

Pour écrire une courte critique du"journal d'un curé de campagne"de Georges Bernanos,il faut restituer le livre dans son contexte religieux et historique de 1936.

Il aborde des thèmes tel que la spiritualité, la mort, le mal, la corruption ,le rôle de l'église dans la société.D'ailleurs ,ce livre est certainement l'annonce de la désertification des églises, et plus encore de la raréfaction des prêtres .

Ce que je retiens de cette lecture ,c'est le doute à tous les étages.

Ce curé doute de lui-même, de sa foi également.

Ces aïeux, ses supérieurs, ces homologues qui officient dans ces villages gris doutent eux aussi de lui.

Ces paroissiens, du plus riche au plus pauvre, du plus corrompu au plus humble, du plus ignoble au plus respectable doutent aussi de lui.

Je doute, moi aussi, avoir tout compris de cette lecture où il faut rester concentré afin de communier avec l'auteur.
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Journal d'un curé de campagne

Il n'est pas surprenant que le "Journal d'un curé de campagne" de Georges Bernanos ait reçu le grand prix du roman de l'Académie française l'année de sa publication en 1936. Pour moi, la qualité de l'écriture est inversement proportionnelle à l'intérêt que j'éprouve pour la vie du jeune curé de la paroisse d'Ambricourt en Picardie, dans les années 30. Et je trouve que Bernanos écrit vraiment très bien. A contrario, j'ai été peu sensible à la dévotion du prêtre solitaire et malade qui ne peut se confier qu'à son journal. Je suis athée et j'ai donc beaucoup de désaccord sur les propos de l'auteur catholique mais je trouve quand même qu'il est très inspiré. Il réussit écrire un texte poignant y compris quand certaines phrases me font bondir parce que je n'y crois pas, comme "Ce que je puis vous affirmer néanmoins, c'est qu'il n'y a pas un royaume des vivants et un royaume des morts, mais qu'il n'y a que le royaume de Dieu. Vivants ou morts, nous sommes tous dedans." Personnellement, je n'y suis pas mais je vais continuer à découvrir cet auteur.





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Journal d'un curé de campagne

Le nouveau curé d' Ambricourt, un jeune prêtre,zélé, s' installe dans sa paroisse.

La fragilité de sa santé est largement compensée par son énergie morale et son

désir d' aider ses paroissiens à sortir de l' ennui qui les ronge .Mais, accaparé

par de multiples soucis de la vie quotidienne, dont le manque d' argent, incapa-

-ble d' accomplir son ministère avec autorité suffisante, il accumule les maladres

-ses .
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Les grands cimetières sous la lune

Il est des livres que je reprends de temps à autre. Les grands cimetières sous la lune sont de ceux-là et je ne me l’explique pas. Personne ne m’est plus étranger que Bernanos, catholique, royaliste, ancien combattant de 14, père d’une ribambelle enfants… rien et pourtant j’aime ce livre ainsi que d’autres livres de lui, Journal d’un curé de campagne, Un crime, et dans un coup de folie, La grande peur des bien pensants, livre incompréhensible, dont les repères historiques m’échappent, époque où le magister de Maurras s’exerce encore, où Bernanos prend à parti le sourdingue marseillais car traitre à Drumont, ou je ne sais.

Rien ne me rattache à Georges Bernanos, ni sa foi catholique, ni son idéal monarchiste. Camelot du Roi, antidreyfusard, maurrassien… il est difficile de suivre les méandres de ses combats, à moins d’une agrégation ès « droites françaises ». Politiquement introuvable, antidémocrate certainement. Bernanos, est à peine un contemporain, un personnage convexe, comme son buste de Port Royal, un personnage impossible, père de onze enfants, ayant épousé une descendante de Jeanne d’Arc (on croirait une blague), assureur, écrivain, installé en 1934, à Palma de Majorque : « parce que le prix du bœuf et des pommes de terre y est encore abordable ». Il ne savait pas qu’il allait trouver la guerre civile.

Témoin de hasard de la guerre civile, il n’en montre que les abords, car la guerre civile est essentiellement invisible, diffuse, habituée du petit jour et du crépuscule. La guerre civile est un état d’incertitude et les seules réalités sont les têtes ou les cadavres que l’on retrouve au matin et devant lesquelles les questionnements se posent encore. Parce qu’on ne sait rien, les gens meurt et tout devient conjecture. « La guerre civile ne m’a fait vraiment peur que le jour où je me suis aperçu que j’en respirais, presque à mon insu, sans haut-le-cœur, l’air fade et sanglant. »

Il n’y a rien de spectaculaire dans Bernanos. Nous sommes loin du journalisme, de Malraux, d’Hemingway et Bernanos retrace cette atmosphère de guerre civile qu’il a vécue à Palma de Majorque, qui a été le point d’appui de la Légion espagnole et des règulares, qui ont formé le fer de lance des troupes franquistes de Yaguë. Il ne voit pas grand chose, peut-être ces camions pleins de paysans, les mains encore pleines de travail, qui vont être exécutés dans le soir. il entend, il entend à la radio la charla de Queippo de LLano (que l’on peut découvrir sur You Tube), il parle sans doute dans son castillan approximatif à ses voisins ; à ses nombreux enfants, dont au moins un (Ifi) est phalangiste et qui lui rapportent ce qu’ils voient ou entendent, car les enfants en savent plus que les parents dans ces temps incertains.

En France nous connaissons peu la guerre civile espagnole, on en reste à l’histoire des vaincus, à la geste des brigadistes, des républicains, à Malraux. Nous avons une vision manichéenne. Bernanos est sans illusion. Sa dénonciation du franquisme ne signifie en rien son adhésion aux idées de la République espagnole. Ici il faudrait rappeler quelques éléments d’histoire de l’Espagne, de la seconde République après l’épisode Primo de rivera, la radicalisation des gauches, l’éphémère République socialiste asturienne…

Bernanos m’intéresse car il écrit bien, son humour cruel, sa description des soldats de 14 anxieux à l’idée de rater le train pour l’Enfer, comme s’ils se rendaient à Viroflay, l’effet comique à répétition de l’oubli du nom de Salazar, sa totale indépendance d’esprit, le personnage est facile à comprendre au final, c’est un croyant hors de l’Eglise officielle, hors de tout, seul.

Alors oui, ce livre vaut pour son regard dont la force marque l’esprit comme des blessures.


Lien : http://jsander.blogs.nouvelo..
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Un crime

Ce livre (policier?) m'a semblé tout aussi tortueux qu' étouffant et poisseux...

Comme cette fièvre qui mange le petit juge et le curé nouveau.

Le récit se déroule comme un cauchemar, dont on a du mal à s' extirper et dont certaines bribes nous échappent.

Bernanos excelle dans cette sonde des âmes tourmentées, en recherche d'une vérité qui se dérobe.

Au reste, pourquoi le juge se sent-il proche du curé? Leurs tâches respectives ne se rejoignent-elles pas dans leur quête?

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Dialogue d'ombres

Dialogue d'ombres

Un réel régal avec ce petit dialogue entre deux amoureux, la tension est retenue comme par un fil qui se laisse de temps en temps emporter par le vent comme un serf-volant, deux personnes qui s'aiment et qui préparent leur fuite, mais seulement dans leur dialogue, on découvre non seulement qu'ils entretiennent quelque frustration entre eux mais aussi ils ont tous les deux besoin d'amour pour compenser le vide de leur enfance, ils ont besoin de se consoler de cette nouvelle vie qu'ils s’apprêtent à mettre en oeuvre, Françoise exprime tout son amour pour Jacques mais elle ne veut pas l'épouser, elle veut simplement être sa maîtresse, Jacques, lui, a besoin de bien plus que ça, on comprend qu'il veut voir en la femme sa mère qu'il n'a pas connu...



C'est un dialogue très énigmatique qui nous laisse dans notre soif, on aurait voulu en savoir un peu plus...
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Sous le soleil de Satan

Quel étonnant parallèle entre cette lecture de "Sous le soleil de Satan" et celle des deux volumes d’"Humain, trop humain" de Nietzsche qui l’a encadrée. Alors que le philosophe allemand annonce la mort de Dieu et tente par son œuvre de lui porter le coup fatal, Georges Bernanos, écrivain hanté par l’idée de la mort, exprime, dans son premier roman, le désespoir d’un curé de la région picarde doutant de sa foi qui, pour éprouver cette existence divine, mettra Dieu au défi, afin de se libérer de cet étouffant fardeau (je préviens qu’il s’agit de ma propre interprétation de l’œuvre). Le succès de ce livre doit beaucoup à sa merveilleuse et profonde poésie. Y figure essentiellement une description de la vie intérieure des personnages magnifiquement traduite par Bernanos, même si ce dernier nous précise les difficultés d’une telle entreprise : « Les comparaisons sont peu de chose, quand il faut les emprunter à la vie commune pour donner quelque idée des événements de la vie intérieure et de leur majesté. »
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Dialogues des Carmélites

Bernanos n'est pas un auteur facile à lire : ses écrits reflètent une âme tourmentée, sa plume nous entraîne des envolées les plus mystiques et les plus hautes, à la bassesse et la faiblesse de l'homme. Impossible de sortir indemne ou indifférent de la lecture d'une de ses oeuvres.

Le Dialogue des Carmélites, pièce de théâtre adaptée à partir d'une nouvelle de Gertrud von Le Fort ne fait pas exception. Avec un profond réalisme, Bernanos nous décrit les profondeurs de l'âme humaine : la peur de l'homme face à la mort, les grands désirs, l'héroïsme, la foi pure et joyeuse, ou sévère et janséniste. Force et faiblesse. Grandeur et bassesse.

Le thème central de cette pièce est bien celui de la mort, vécue douloureusement, difficilement, dans la révolte ou dans l'acceptation, comme un sacrifice consenti. Dolorisme diraient certains, ou martyr diraient d'autres. Il n'en reste pas moins que Bernanos fait preuve d'une connaissance de l'âme humaine absolument époustouflante, sur un sujet quelque peu tabou : celui de notre propre confrontation à la mort. Et sous-tend à toute cette oeuvre, cette petite musique, légère et à peine distinguable, celle de la joie, chant délicat de la confiance puisée à la source de la foi en Dieu.
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La France contre les robots

Un livre que l'on croirait écrit aujourd'hui alors qu'il date de 1944. Visionnaire.

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Journal d'un curé de campagne

Un jeune prêtre fait ses premières classes à Ambricourt, petite paroisse rurale. A travers son journal, nous suivons le parcours mystique et désespéré d’un homme de foi confronté aux contradictions de son Eglise, mais aussi aux incompréhensions d’une société qui a du mal à tolérer les individus qui sortent du rang, non pas pour se démarquer par simple volonté, mais parce qu’irrésistiblement poussés par leurs inébranlables convictions.

L’une des plus belles œuvres de Bernanos, intense, spirituelle et exigeante .

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Un crime

Drôle de roman qui ne m'a vraiment pas convaincue... Tout du long, les réactions des personnages, nombreux, sont incompréhensibles. L'histoire est tortueuse et laisse certains pans complètement inexpliqués, jusqu'à cette fin qui n'apporte pas toute la clarté nécessaire, même si je crois avoir compris les ressorts essentiels de l'histoire... Je ne suis vraiment pas sûre de retenter ma chance avec Bernanos...
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Dialogues des Carmélites

Très difficile de donner son avis sur une oeuvre destinée à être présentée à des spectateurs plutôt qu'à des lecteurs. Et difficile de donner son avis sur une oeuvre d'un tel auteur.



Alors il me reste à dire que j'ai beaucoup aimé: le style, la belle langue, les mots qui coulent mais qui font réfléchir, les personnages qu'on voit si peu mais qui sont pourtant déjà denses, et la description émouvante du courage, de la peur et du sentiment de fraternité de femmes, qu'on comprenne leur chemin ou non.
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Journal d'un curé de campagne



Un jeune et sérieux curé de la France rurale se sent être en un échec total. D'un point de vue purement humain, il ne se trompe pas. Nous n'apprenons jamais son nom. Tout le roman est un journal intime dans lequel il confie ses doutes et sa solitude, son sens de la futilité, il se débat avec ce qu'il pense être la vocation ("Continue à marcher jusqu'au bout, et essaie de finir tranquillement au bord de la route sans te débarrasser de ton équipement.") L'impuissance face à la souffrance, les affrontements avec les membres du clergé, l'histoire de ses propres dysfonctionnements familiaux, et même le dégoût de son propre corps en raison de douleurs chroniques à l'estomac et d'une alimentation appauvrie. Il sait qu'il est physiquement maladroit et socialement maladroit. Il décrit ses paroissiens comme ennuyés, ennuyeux et mesquins. Ils parlent de lui comme d'un buveur honteux et d'un coureur de jupons, tous deux risibles. Le prêtre aime son troupeau ; il visite toutes les maisons, et il prie pour eux. Il a un sens aigu de l'histoire et son propre rôle obscur à jouer. Il est un observateur avisé de la faiblesse, de la fragilité et de la chute de la nature humaine, en particulier la sienne. Quand il meurt d'un cancer de l'estomac encore jeune, Bernanos peint le portrait de ce que nous réalisons être un véritable saint. Sur son lit de mort, à la fin du livre, le prêtre confesse : « Est-ce important ? La grâce est partout.”
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Sous le soleil de Satan

Ce n’est pas une crise de conviction qui torture l’abbé Donissan, sa foi lui reste chevillée au corps, mais bien une crise de conscience. Il se sait comme tout un chacun la cible de Satan, lequel est aux aguets du moindre défaut de la cuirasse du croyant, laissant les athées et autres agnostiques au désespoir de la sainte église.



Alors que Dieu reste définitivement muet et inaccessible, faisant dire à Saint-Exupéry qu’un dieu qui se laisse toucher n’est plus un dieu, Satan quant à lui sait prendre figure humaine pour séduire celui dont la foi vacille. Ce sont les traits de Mouchette la jeune dévergondée qui séduit Pierre et Paul et les détourne du droit chemin tracé par les évangiles, ou encore les traits du maquignon qui se propose de remettre l’abbé sur le bon chemin alors qu’il est perdu dans la nuit. L’abbé Donissan doit compter sur la voix intérieure silencieuse que fait vibrer sa foi pour contrecarrer ces tentatives de séduction, elles bien audibles, du mal incarné.



Cette lecture est à l’image de l’abbé perdu dans la nuit. Elle tourne en rond et revient inexorablement à son point central d’obsession. Faisant de cet ouvrage un sempiternel combat spirituel du croyant dans toute la candeur de sa conviction. Un combat intérieur qui rend les événements, car il y en a quand même, marginaux au regard de cette claustrophobie spirituelle obsédante.



Une torture de l’abbé que Bernanos a bien communiqué au lecteur baptisé que je suis, me faisant de la lecture de cet ouvrage un véritable supplice chinois. Mais Satan ne m’a pas convaincu à l’autodafé auquel il m’exhortait dans le tuyau de l’oreille, je me suis fait le devoir d’aller au bout de ce chemin de croix. J’ai fait ma BA de l’année en matière de respect du travail de l’écrivain.



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Sous le soleil de Satan

La jeune Germaine, alias Mouchette, est enceinte. Un pur parjure pour une gamine de 16 ans non mariée dans la campagne du début du 20ème siècle. Son père soupçonne le marquis de Cardignan, lequel nie. Mais il est bien l'amant de Mouchette, tout comme le médecin Gallet...



Il fut un temps où la France découvrit un nouveau groupe issu de la téléréalité : les What 4. Jeu de mots bidon (les membres étaient quatre), musique à envier les sourds, tout le monde avait fini par se dire "effectivement, what for ?".

Quand on referme le livre de Bernanos, la même question nous frappe l'esprit, lequel est resté insensible tout au long de la lecture. Mais pourquoi ? Pourquoi j'ai lu ça ? Pourquoi cette histoire a vu le jour ? Pourquoi ce succès à l'époque de sa sortie ? POURQUOI GRAND DIEU POURQUOI ???

Dans un style plus ou moins amphigourique mais sans contexte exclusif, l'auteur nous balade dans un vide narratif où l'intrigue se cache avec vice, voire irrévérence. Soit disant que l'histoire parle d'une jeune dévergondée attirée par le Mal qu'un jeune abbé mis à l'épreuve par Satan doit remettre sur le droit chemin. Ce synopsis quasi mensonger que l'on peut trouver sur toutes les quatrièmes de couverture trie en réalité les rares évènements du livre et laisse de côté les 95% restants, un blabla nébuleux tantôt interrogateur, tantôt philosophico-religieux, tantôt introspectif, le tout dans un enchaînement traînant en longueur et alambique, une langue aux relents campagnards, une syntaxe toute personnelle et une construction soporifique.

Seule la première partie sort un peu du lot, bien qu'elle dépeigne une image de la femme hautement stéréotypée avec une jeune fille libertine hystérique, tentatrice et parano limite psychopathe. Le personnage de l'abbé couve en outre lui aussi sa part de clichés, lui qui est sur-timide, sur-appliqué, sur-pénitent au point qu'on frôle le fanatisme...

Ainsi, il n'est pas aisé de suivre, pas facile de s'intéresser, pas évident de s'interroger sur quelconque point soulevé.

Pourquoi, oui pourquoi ? Et pour quoi ? Pour montrer que Satan est plus fort que Dieu ?? Que l'homme est faible face aux tentations ?? Que la religion n'apporte pas toutes les réponses ??? Ah nan je sais : pour prouver que Satan ne sera jamais "plus haut que tous les soleils qui manquent à tes rêves ou que toutes les étoiles qui brillent en toi." Oui, ça doit être ça...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Journal d'un curé de campagne

Il s'agit d'une réflexion philosophique et spirituelle d'un curé de campagne concernant sa vie, sa mission, ses relations avec la prière, les autres paroissiens, et sa maladie.

Magnifique, très émouvant et très simple ! L'auteur va très loin dans sa réflexion sur la foi, sur la capacité d'aimer. D'autant plus beau que ce n'est pas une figure d'autorité qui est révélée ici. Mais un homme dans son humilité, avec ses maladresses, ses pauvretés et ses richesses intérieures ! Vraiment magnifique ! J'en recommande la lecture !
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