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Citations de Georges Devereux (14)


« Au début de mes recherches sur Baubo, j'ai accepté l'affirmation de Nilsson selon laquelle Baubo serait d'origine égyptienne. Mais la découverte accidentelle d'un mythe japonais très semblable à celui de la consolation de Déméter m'amené à penser que ce genre de mythe – et (ou) le rite de l'exhibition "consolante" de la vulve – ne constituent pas toujours un trait culturel, transmis d'une civilisation à l'autre. Souvent il s'agit d'un produit fantasmatique de l'inconscient, susceptible d'être transformé en trait culturel si la structure ('pattern') et la thématique d'une culture donnée s'y prêtent. » (p. 81)
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Celui qui prête serment hypothèque son avenir à son présent, en garantissant son comportement futur. (p. 37)
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Mais il existe un processus psychologique de réification, et c'est cette culture "réifiée" qui exerce une influence sur les personnes en tant que composante de la personnalité de chacun.
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La conclusion s'impose qu'étant donné la tendance de certains parents à punir toute manifestation d'individualité de leurs enfants, nos patients finissent par croire que le fait même de vouloir posséder une individualité sera considéré par des être tout-puissants comme une outrecuidance, punissable par la destruction de l'identité et même de la simple existence du coupable. (page 66)
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« Ces faits expliquent, à mon avis, pourquoi le surmoi tend à conserver les attributs d'un matériel nettement hétéropsychique [particulièrement provenant de quelque divinité], et pourquoi il représente un conglomérat fortuit, plutôt qu'une véritable structure ; bref, pourquoi le surmoi est essentiellement composé de tout ce qui n'a pu être ni compris, ni maîtrisé, ni transformé en matériel autopsychique au moment où les événements, dont le précipité constitue le surmoi, se sont produits. » (pp. 61-62)
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De nos jours, le but inavoué des pseudo-démocraties hypocrites est de se constituer en une population d' enfants intelligents, tandis que les totalitarismes cherchent à se constituer en une population d'adultes stupides. [...] Cette tendance de « régularisation par amoindrissement » est particulièrement frappante dans l'éducation des enfants. J'ai dit naguère, et je ne cesse d'insister , que nous apprenons à nos enfants tant et si bien l'art « d'être enfants » qu'ils ont toute la peine du monde à devenir adultes.
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Dès que nous comprenons une chose ou un être dès que nous en établissons l'identité, dès que nous pouvons prévoir son comportement nous avons une emprise sur lui, nous sommes en mesure d'intervenir dans sa vie , tant pour le bien que pour le mal.
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(Au niveau épistémologique) c'est le contre-transfert, plutôt que le transfert, qui constitue la donnée la plus cruciale de toute science du comportement.
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« Je crois qu'en psychanalyse on pourrait modifier le mot de Descartes "cogito ergo sum" et dire : Je pense afin de m'assurer que je continue d'exister à travers le temps. Un être qui manquerait totalement de mémoire se sentirait comme un nouveau-né à chaque instant. » (p. 55)
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« [… L']identité n'est pas une première donnée. Elle résulte d'un assemblage à la fois planifié et fortuit, dont les possibilités et la portée sont limitées tant par la nature du "projet" que par le matériel dont il dispose, et dont il exploite les possibilités avec plus ou moins de succès. En même temps, divers secteurs de son "projet" peuvent se faire une concurrence pour le même matériel. » (p. 49)
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Tout clinicien sait que devant un groupe quelconque de visiteurs, étudiants en psychologie par exemple, les malades d'un hôpital psychiatrique assumeront volontiers leurs "rôles" les plus flamboyants.
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"Je déteste mettre les choses clairement, et même exprimer quoi que ce soit en mots. Admettre une chose à haute voix signifie lui attribuer une réalité, et prendre un engagement envers elle. Avoir dit une chose me fixe et m'immobilise par rapport à cette chose - je ne peux plus la déformer, l'éviter."
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Longtemps, j'ai pensé qu'un maître transmettait des contenus de pensée et que ce qu'il montrait – sa gentillesse ou ses mouvements d'humeurs, ses colères, ses préférences, l'intérêt ou l'antipathie qu'il manifestait à ses élèves – ne pouvaient être que l'expression de singularités personnelles. Aujourd'hui, je sais qu'il n'en est rien ! La totalité du maître est dans son caractère – pas dans son enseignement – dans son être ! Un maître s'infiltre tout entier jusqu'au noyau de son élève ; jusqu'à devenir une instance de sa personne. Ainsi, aujourd'hui, lorsque je repense aux explications, aux théories qu'il m'aurait enseignées, je ne parviens même plus à les identifier ; diluées, elles sont devenues une part de moi-même, comme une invisible couche qui tapisse mes parois et me protège quelque peu de l'étonnement et de la frayeur. Et lorsque je relis l'un de ses textes, j'y reconnais les questions qui m'habitent toujours, m'étonne de les voir là totalement développées, en des termes plus précis et plus vigoureux que les miens – la plupart du temps, pourtant, je ne partage pas les réponses qu'il a données. Un maître est le contraire d'un professeur… il installe des questions à demeure – pas des réponses! – des questions qui resteront sans doute la vie durant les clés pour le monde. C'est ainsi que je comprends la devise talmudique : assé leha rav , "trouve-toi un maître" car plus encore que celui de ton père, son être décidera de ta vie… De même qu'il instruit en enfouissant aux endroits les plus inattendus de la personnalité des questions dont on ne peut plus se défaire, un maître transmet toujours de manière négative – par ses fureurs et ses anathèmes, actes et pensées qui sèment d'interminables "pourquoi?" dans l'esprit de ses élèves. On peut, bien sûr, éviter d'y répondre, feindre d'être compréhensif, ponctuer sa perplexité par de fatalistes "il était ainsi", rien n'y fait, c'est même par ce moyen qu'il s'installe encore plus profond.

Il venait de Hongrie, de Lugoj, en Transylvanie, une région aujourd'hui roumaine où résidaient autrefois d'importantes communautés juives. Il évoquait volontiers la réussite de son neveu, Edward Teller, physicien célèbre que tout le monde savait juif. Quelques psychanalystes, originaires d'Europe de l'Est, rencontrés un jour ou l'autre me disaient qu'ils l'avaient cotoyé aux États-Unis où on le connaissait juif. Et lorsque je le lui demandais, il me répondait, niant l'évidence : "Si j'étais juif, pourquoi est-ce que je le cacherais ?" Il le cachait ! Il le cachait mais l'exhibait tout à la fois, comme le ministre cachait la lettre volée dans la nouvelle d'Edgar Poe. J'appris après sa mort qu'il se nommait en vérité Dobo, Georg Dobo et qu'il était bien juif – en roumain : evreu[1]. Il suffisait donc de prendre la première lettre de son nom, d'y adjoindre le nom de son peuple pour comprendre la fabrication de son nouveau nom. Que transmettait-il ainsi sinon cette expérience profonde qu'il avait sans doute durement acquise : l'appartenance n'est pas une identité mais un cœur, à la fois indispensable et fragile – qui donc exhibe son viscère à la vue de tous ? Le cœur, on ne peut l'apercevoir qu'à la mort, et encore… après dissection ! Le "disséquer", c'était bien ce qu'il m'avait contraint à faire. Mais après ce travail, je pouvais saisir les messages qu'il avait semés tout au long de son œuvre.

" … la possession d'une identité est une véritable outrecuidance qui, automatiquement, incite les autres à anéantir non seulement cette identité, mais l'existence même du présomptueux… "

Ainsi débute un de ses plus brillants articles cliniques[2]. Mais en modifiant son nom, en dissimulant son appartenance culturelle, il ne souhaitait pas seulement se défendre, il lui fallait aussi entreprendre, installer solidement sa pensée – ou plutôt son inspiration – dans l'âme même de ses élèves – ne fût-ce que dans un seul… Car se cacher, ce n'était pas seulement se défendre, c'était aussi attaquer : " … la renonciation, aussi bien que le déguisement de l'identité sont à la fois défensifs et offensifs. La coloration protectrice du tigre ou du léopard le cache à la fois de ses ennemis et de sa proie. "[3] L'identité culturelle serait donc, selon cet enseignement, cette source où s'abreuvent les forces vives de la personne, mais aussi cet organe fragile, toujours susceptible d'être attaqué par les autres , les étrangers. Cela, il ne l'a pas écrit – et comment l'aurait-il pu ? – mais il l'a démontré au travers des arcanes infinies de ses textes. Une citation, choisie presque au hasard tant ses textes fourmillent :

" Cas 16. – Róheim se disait hongrois, mais, sous l'influence des nazis, la plupart des Hongrois n'étaient pas de cet avis et le forcèrent à s'exiler.

Cas 17. – Les Hongrois affirmaient que, quoique né en Hongrie, Herzl était juif et Herzl était d'accord avec eux.

Cas 18. – Ceux des Hongrois qui ont été influencés par les nazis affirmaient : Róheim est juif. Róheim, l'exilé, était si peu d'accord avec eux qu'à sa demande son cercueil avait été recouvert d'un drapeau hongrois lors de ses obsèques à New-York. "[4]

La véritable question se pose donc ainsi : Devereux, Hongrois, hungarophone et hungarophile, était-il "un Róheim" ou bien "un Herzl" ? Partisan de la dissolution de l'ethnie, dont les caractéristiques seraient ramenées au rang de manifestations singulières – voire folkloriques – de réalités triviales décrites par la psychanalyse, comme Róheim[5]? Ou bien, comme Herzl, militant pour l'abandon des dispositifs millénaires adoptés par les Juifs pour échapper à l'acculturation[6], par exemple en instituant un état ? Il a saisi cette problématique, sans doute après guerre, et l'a assumée dans toute sa violence. Il a tenté une réponse originale, proposé une troisième voie. C'est, à mon sens, à partir de cette matrice, qu'il convient de lire son œuvre ; pour comprendre qu'elle constitue une sorte "d'objet actif", un fétiche qui travaille le lecteur de l'intérieur.

Freud, à l'image des intellectuels ashkénazes de son temps, préconisait l'explicitation et la maîtrise du caché, récusant ce qui constitue le ciment des ethnies, c'est-à-dire, avant tout, leurs dispositifs thérapeutiques. Il affirmait qu'il existait la psychanalyse d’un côté, seule pensée "scientifique", toutes les techniques traditionnelles de soin de l’autre, dans lesquelles il ne voyait qu'un seul principe actif : la suggestion[7]. Il pensait aussi que la psychanalyse allait permettre à la raison de se répandre à travers le monde, combattant le monstre obscur du mysticisme. Comme la médecine avant elle, elle allait opérer une sorte de révolution, sortir l'humanité primitive de son magma originaire. Freud était une sorte de socialiste utopique, rêvant lui aussi d'apporter la lumière au peuple mais, à la différence de Lénine, non pas sous forme d'électricité mais de désillusion. De plus, il pensait que la psychanalyse allait non seulement remplacer mais aussi expliquer le fonctionnement de tout système thérapeutique, notamment culturel. On oublie si souvent de rappeler que la psychanalyse est avant tout une machine à disqualifier chamanes, prêtres, guérisseurs et, de ce fait, rabbins-guérisseurs et maîtres talmudiques tout autant. Car en opérant ainsi, à visage découvert, Freud s'est laissé piéger par sa propre théorie. Cherchant à répandre une pensée anti-culturelle à travers le monde, il s'est finalement retrouvé incapable de rendre compte de son propre sentiment d'appartenance. Si la judéité n'est qu'un lointain avatar du meurtre du père originel[8], comment expliquer alors que l'individu Sigmund Freud, parfaitement formé, désillusionné à souhait, purifié de toute croyance, se soit tout de même "senti juif" tout au long de son existence[9] ?

Devereux nourrissait aussi une confiance aveugle dans le progrès de la connaissance. Ce progrès, lui aussi l'imaginait "psychanalytique". Il pensait que s'il nous fallait étudier, respecter les techniques traditionnelles de soin, on devait néanmoins les considérer comme irrationnelles, sortes de fantasmes généralisés à l'échelle d'un peuple. Mais là encore, il faut prendre garde à ne pas prendre ses affirmations théoriques pour argent comptant. Et d'ailleurs, ce qu'il s'imaginait penser ne nous importe guère. Bien plus important est ce qu'il faisait, ce qu'il agissait en écrivant ! Il avançait en singulier stratège : affirmant d'un côté, mais décrivant de l'autre. C'est certainement dans Ethnopsychiatrie des Indiens mohave , son chef d'œuvre, qu'il démontre le mieux ses capacités d'action sur le lecteur.
Georges Devereux, Ethnopsychiatrie des Indiens Mohaves. Paris, Synthelabo, les empêcheurs de penser en rond, 1996
D'une main, il le guide vers des propositions classiques aux habitués de la littérature psychanalytique, traduisant les comportements individuels, les rites, les mythes mohaves en jetons psychanalytiques qu'il redistribue avec la virtuosité d'un montreur de foire. Mais de l'autre main, avec la maîtrise du passeur de frontières, il le conduit à s'intéresser à la "névrose du chasseur", à la "psychose du scalpeur" ou à celle du "tueur de sorcier". Il décrit les maladies découlant du refus d'assumer ses pouvoir chamaniques, celles provenant de l'impureté des étrangers et celles données par la fréquentation des "fantômes ennemis". Il donne consistance à des pensées complexes mais si étrangères : l'action des morts, en rêve, dans la vie quotidienne, sous forme de spectres, lors des rites funéraires. Il fréquente les chamanes, les interroge, plaisante avec eux, les jauge, les compare les uns aux autres et ne cache ni ses amitiés ni ses antipathies. Alors, après la lecture d'un tel livre, on s'étonne : à quoi donc lui a servi la psychanalyse ? À rien… sauf à laisser passer les théories mohaves sans mobiliser les résistances du lecteur. Qui a habité tant de mondes ne peut être l'homme d'une seule pensée, d'une seule théorie. Mais comment le dire ? Pouvait-il écri
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