Première partie de la conférence sur Georges Duhamel donnée le 25 mai 2016 à l'Institut Henri Poincaré à l'occasion du Festival Quartier du Livre (Paris 5ème) par Philippe Castro.
Il faut, à certaines heures, que l'homme soucieux, anxieux, tourmenté, se retire dans la solitude et qu'il ouvre un livre pour y chercher un principe d'intérêt, un thème de divertissement, une raison de réconfort et d'oubli.
Le livre est l’ami de la solitude. Il nourrit l’individualisme libérateur. Dans la lecture solitaire, l’homme qui se cherche lui-même a quelque chance de se rencontrer.
Le roman est l’histoire des hommes, tandis que l’histoire est le roman du passé.
Jouer, c'est rêver avec tout son corps.
Si la civilisation n'est pas dans le coeur de l'homme, eh bien ! elle n'est nulle part.
Celui qui n'aime que soi connaîtra, dès ce monde, toutes les douleurs de l'enfer.
En dépit de toute protestation de sympathie, l'être, dans sa chair, souffre toujours solitairement, et c'est aussi pourquoi la guerre est possible...
Trois jours après notre dernière escale aux Canaries, les voix du vieux monde s'éteignirent.
Pendant cinquante ou soixante heures, ce fut le silence total, tout au moins pour le joujou du capitaine en second, car, là-haut, chez les marconistes, on entendait les navires en route à travers l'Atlantique poursuivre jour et nuit leur crépitante conversation.
Un soir enfin, le capitaine me passa le casque.
"La voici ! dit-il. La voici, votre Amérique !" On percevait des harmonies plaintives, presque funèbres. "Ce sont, dit l'officier, des hymnes religieux chantés par les cœurs nègres. Ça ou le Jazz...". Il ajouta bientôt : "l'Amérique, vous allez maintenant la sentir mieux, d'heure en heure."......
(extrait de "A bord du monde futur", chapitre I de "Scènes de la vie future" paru aux éditions "Mercure de France" en 1930)
Pitié pour la graine que le vent a jetée sur les pierres calcinées et qui meurt dans les tourments en serrant contre son cœur un message inentendu !
Pitié pour la semence qui vient de tomber sur la terre grasse, et qui n’en a pas fini avec ce monde incohérent !
Les machines reviendront, sans doute. L’homme connaîtra, de nouveau, la joie de faire travailler à sa place les esclaves de cuivre et d’acier. En attendant, il comprend avec tristesse que les victoires de la civilisation sont enivrantes, mais précaires et que les machines nous ont fait perdre en même temps le goût de l’effort servile et les gros muscles qu’il faut pour sortir de ces épreuves avec un certain succès.