D’où je viens, il y a des vies plus malheureuses que la mienne. Des vies qui s’accrochent à l’espoir de trouver l’opportunité pour partir vers le nord et pouvoir aider les parents qui n’en peuvent plus de souffrir; vieillissant plus vite que le temps parce qu’ils sont privés de tout.
On apprecie un livre pour l'echo qu'il suscite en nous des les premières pages, comme les premières notes d'une chanson. Un livre c'est comme une chanson. Il doit y avoir une musique, un rythme, une histoire...quelque chose se passe et on aime le livre, on l'écoute jusqu'au bout.
Avant d’arriver en France, je n’ai jamais vu de Juif. En vrai je veux dire. Une fois, un ami nous a dit qu’un Juif est arrivé de France pour sonder le terrain ... Il l’a vu de ses propres yeux et lui a dit bonjour. Plusieurs fois nous nous sommes postés devant l’hôtel pour le voir sortir ou entrer. En vain. Nous étions curieux de voir un Juif en vrai, je vous assure. Parce que c’est le peuple dont on parle le plus au monde. À cause de la cruauté d’Hitler, bien sûr; mais aussi du conflit israélo-palestinien dont on parle tous les jours dans les journaux. On est né avec ce conflit et ce sera peut-être celui dont on entendra parler avant le dernier soupir...
Il a tout fait pour vivre en France et s'intégrer, il a appris le français, il mange la cuisine française, le fromage et tout. Il fait toujours la bise aux femmes au lieu de leur serrer la main...mais sa demande d'asile a été déboutée. Il lui restait une derniére chance avec le recours , et il cherchait jour et nuit d'autres preuves a ajouter a son dossier pour donner plus de crédibilité a sa demande....
Klaus n’était pas de grande taille, contrairement à ce que disait mon grand-père des Allemands. Il disait, mon grand-père, que tous les allemands étaient de grande taille. Et il aimait les appeler «Allemands plus solides que le fer», non seulement pour leur physique mais surtout pour leurs constructions d’une solidité impressionnante. Et il nous parlait de leurs réalisations depuis le début de la colonisation, depuis ces années 1880 où ils débarquèrent chez nous avec leur chef Nachtigal. Ils étaient là pour «civiliser nos aïeux» et leur montrer comment construire des bâtiments en blocs de pierre et des routes en asphalte. Ces routes qui leur facilitaient surtout le transport des matières premières vers la côte pour les envoyer loin, par l’océan, vers l’Europe....
Je ressens un apaisement en regardant, par la fenêtre, passer des vaches alignées les unes derrière les autres, comme si elles obéissaient à un ordre. C’est agréable de les voir, marchant à la queue leu leu, allant de plus en plus vite par moments comme si elles se croyaient en retard. Attirées peut-être par des herbes qui sentent bon quelque part... (... )
Je regarde les vaches s’en aller comme si c’était le seul spectacle que je pouvais m’offrir pour faire évaporer cette tristesse suscitée par le souvenir de mon père. Et pour supporter l’attente. Que puis-je faire d’autre que de regarder ces bêtes dans leur procession ordonnée par l’instinct et d’attendre que le temps passe ?
Beaucoup sont partis comme ça, juste avec quelques affaires ou avec rien du tout. Lorsque l’occasion s’est présentée, ils sont partis comme on fuit un danger, sans aucune préparation. Ils se sont jetés dans l’aventure avec pour seul bagage l’espoir.
... nous nous confions nos envies, nos désirs de voyager, partir loin de ces terres où nous vivons au jour le jour, sans espoir, plus vieux que nos jours, aussi malheureux que nos pères qui vivent moins longtemps qu’ailleurs à cause des soucis de tous les jours.
Les livres m'ont aidé à lutter contre les superstitions qui nourrissent nos peurs et détruisent nos vie.
Pourquoi les choses interdites sont-elles toujours aussi attirantes ?