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Citations de Georges Minois (263)


« Cette histoire mouvementée de la solitude a laissé de nombreuses traces, littéraires surtout : les solitaires sont souvent très bavards par écrit. »
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D’abord, on constate que la solitude est une constante de l’histoire de l’humanité, toujours présente aujourd’hui, ce qui en fait un élément essentiel de la condition humaine.
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7. « En ouvrant un traité au titre aussi explosif, le croyant s'attend sans doute à y trouver des horreurs contre ce qu'il tient pour sacré, à voir surgir une foule de démons qui vont piétiner ses idoles. De ce point de vue, il risque d'être déçu. À l'époque où le traité apparaît et devient semi-public, son contenu a déjà perdu de sa force agressive. Ses arguments sont connus, voire banalisés, dans les milieux hétérodoxes. On n'y trouve pas de révélations fracassantes, de nouveautés décisives contre les trois personnages. Il s'agit plutôt d'une récapitulation des arguments antireligieux développés depuis Celse et Julien jusqu'aux athées modernes, reliés de façon plus ou moins cohérente pour former une sorte de vade-mecum du parfait mécréant, la petite Bible de l'incroyant, le petit "livre rouge" de l'irréligion.
Certes, les propos, directs et agressifs, le ton polémique et délibérément blasphématoire donnent une force d'impact encore considérable, à une époque où de tels écrits sont absolument interdits. Mais il n'y a rien de radicalement neuf. On a pu se poser la question de savoir pourquoi un tel livre n'a pas immédiatement été inscrit à l'Index des livres prohibés, alors que par exemple on y trouve les œuvres de Nicolas Malebranche dès 1689 […] Le De tribus latin ne connaîtra jamais les honneurs de l'Index, et le Traité des trois imposteurs n'y sera inscrit que le 28 août 1783, donc plus de soixante ans après la parution de La Vie et l'Esprit de Spinoza. Tout le monde parlait pourtant de ce livre, mais sans l'avoir lu. Sa rareté l'a sans doute protégé pendant longtemps. L'inscription à l'Index sera la consécration de son succès. » (pp. 243-244)
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6. « Peut-on encore parler d'un texte original et authentique du De tribus impostoribus ? Ces notions n'ont plus guère de sens devant la prolifération des copies, la multiplication des variantes, l'anonymat des scribes. Tous les exemplaires sont d'une certaine façon "authentiques" dans leur originalité ; ce sont tous d'authentiques impostures. Cela dit, l'esprit général se retrouve à travers toutes les versions et les variantes portent sur des problèmes particuliers d'inspiration et d'accentuation. » (p. 207)
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5. « Né au XIIIe, le mythe du Traité des trois imposteurs, après avoir circulé pendant des siècles en Europe sous forme de rumeur, prend corps au début du XVIIIe. Brusquement, le texte apparaît, ou plutôt les textes, car il en existe une grande variété, dans des langues diverses, avec des variantes multiples. Cette prolifération pose autant de problèmes que le vide des cinq siècles précédents. D'où viennent toutes ces copies, manuscrites et imprimées, qui surgissent un peu partout par une sorte de génération spontanée ? Les érudits, les historiens des idées se penchent depuis longtemps sur ce mystère, qui est d'autant plus difficile à élucider que le traité appartient à la littérature clandestine, un genre dont la spécificité est de cultiver le secret, secret des origines, des auteurs, de la diffusion. […] Même les contemporains, auteurs, libraires et collectionneurs du XVIIIe siècle, ne sont pas d'accord entre eux sur l'origine des textes ; […]
Problème de base : nous disposons dès l'origine d'un texte latin, le De tribus impostoribus, et d'un texte français, le Traité des trois imposteurs, entre lesquels existent d'importantes différences, mais aussi d'évidentes interférences. » (pp. 189-190)
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4. « Jusqu'à l'aube du XVIIe siècle, le Traité des trois imposteurs est surtout un épouvantail, agité par les apologistes des religions pour discréditer les incrédules, sceptiques et athées, dont le nombre a fortement augmenté à l'occasion des conflits interconfessionnels. Athée, pédéraste et auteur du De tribus : l'amalgame insultant est quasiment rituel. Cela renforce la certitude pour tous que le fameux traité blasphématoire existe, même si personne ne l'a vu. Puisque tant de gens sont supposés l'avoir écrit, c'est qu'il doit exister. Ce n'est même pas la peine de le chercher.
Ce qui change avec le XVIIe siècle, c'est qu'on passe justement de la chasse à l'auteur à la chasse au traité. Ce renversement des priorités est bien sûr progressif, et il est révélateur de l'évolution intellectuelle globale. L'âge de Descartes exige des pièces à conviction. Fontenelle et la dent d'or ne sont pas loin : prouvons d'abord que le traité existe, avant d'en rechercher l'auteur ; remettons les bœufs devant la charrue. Le nouvel esprit s'accompagne aussi d'un déplacement géographique : le XVIe siècle avait surtout cherché l'auteur en Italie et en Suisse ; le XVIIe cherche le manuscrit plus au nord, car le centre de gravité de l'incrédulité s'est lui aussi déplacé. » (pp. 108-109)
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3. « Il s'agit bien pour Machiavel d'une "fraude", d'une imposture. La religion païenne n'était plus crédible, on l'a remplacée par une autre, qui remplit la même fonction :
"Ainsi donc, il est du devoir des princes et des chefs d'une république de maintenir sur ses fondements la religion qu'on y professe ; car alors, rien de plus facile que de conserver son peuple religieux, et par conséquent bon et uni. Aussi tout ce qui tend à favoriser la religion doit-il être bienvenu, quand même on en reconnaîtrait la fausseté ; et on le doit d'autant plus qu'on a plus de sagesse et de connaissance de la nature humaine. De l'attention des hommes sages à se conformer à ces maximes est née la foi aux miracles que l'on célèbre dans les religions, même les plus fausses."
La question n'est donc pas la vérité de la religion, mais son utilité. Et il est indispensable de la compléter par l'armée : est née la théorie du sabre et du goupillon. » (pp. 79-80)
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2. « Le mystère rebondit à la Renaissance ; il s'épaissit et prend consistance. Pour la première fois, certains disent avoir vu le fameux traité. Mais plus son existence est avérée, moins on est sûr de son auteur. La multiplication des cas d'hétérodoxie, les conflits religieux à l'intérieur du christianisme, la résurgence des courants ésotériques, astrologiques, aussi bien que rationalistes de l'Antiquité classique brouillent les cartes. Le De tribus [impostoribus], malédiction pour les uns, porte-drapeau pour les autres, acquiert le statut de véritable mythe, exacerbé par l'échec de toutes les tentatives de mettre la main sur le manuscrit. Il devient une sorte de Graal de l'athéisme, dont la quête remonte de l'Italie vers la Suisse, la France, puis les Provinces-Unies, l'Allemagne du Nord, l'Angleterre. La plupart des humanistes du XVIe siècle y sont mêlés. Le contexte culturel de la Renaissance et de la Réforme expliquent largement l'intérêt porté à ce traité fantôme. » (p. 72)
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1. « Si on dénie aux prophètes leur qualité d'intermédiaires privilégiés avec Dieu, on en fait d'une certaine manière des imposteurs. Certains le disent même explicitement. C'est le cas du mouvement qarmate, et de son principal représentant, Abu Tahir al-Djannabi, né en 907. Les qarmates sont une secte dissidente, issue des ismaéliens, une branche ésotérique du chiisme. Leurs croyances sont un mélange de manichéisme, de néoplatonisme, de gnosticisme, d'ésotérisme et d'opposition farouche aux religions existantes. Ils prônent la communauté des biens, la subversion de la société musulmane, et rejettent les fondateurs des grandes religions comme des imposteurs. Un texte initiatique envoyé vers le milieu du Xe siècle à Abu Tahir, et publié en 1920 par Louis Massignon, montrait comment réfuter Moïse, Jésus et Mahomet en utilisant leurs contradictions. […] Un deuxième texte, également publié par Louis Massignon, est encore plus explicite. Rédigé vers 1070, il rapporte le propos suivant attribué à Abu Tahir : "En ce monde trois individus ont corrompu les hommes, un berger [Moïse], un médecin [Jésus] et un chamelier [Mahomet]. Et ce chamelier a été le pire escamoteur, le pire prestidigitateur des trois." Il s'agit, chronologiquement, du premier énoncé du thème des trois imposteurs. » (p. 48)
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Les trois frères révoltés s'engagent à se soutenir multiforme contre leur père. Mais ce sont encore trois adolescents, qui non seulement manquent de maturité mais aussi de caractère, tout au moins Henri et Geoffroy. Henri, l'aîné, dix-huit ans, est au centre de la rébellion.
Page 68
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Le jeune Richard est évidemment au courant des rumeurs circulent au sujet des frasques de sa mère, et dans vouloir exagérer l'impact psychologique de ce fait, il faut tout de même rappeler un certain nombre de circonstances propres à troubler l'esprit des enfants d'Aliénor. Outre l'adultère supposé de son oncle, on raconte également que la duchesse d'Aquitaine avait eu des rapports intimes avec son futur beau-père, le comte d'Anjou Geoffroy, père de son second mari Henri Plantagenêt: " Geoffroy Plantagenêt, lorsqu'il était sénéchal de France, avait usé celle ", dit un chroniqueur, et pour le cistercien Hélimand de Froidmont Aliénor " ne se conduisait pas comme une reine, mais comme une putain " et, outre ses maris, aurait aussi couché avec son beau-père et avec son oncle.
Page 32
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L'entourage de la jeune Aliénor savait également que la reine reprochait au roi son manque d'ardeur au lit: " J'ai épousé un moine ", aurait-elle déclaré. Ce n'est qu'au bout de sept ans de mariage qu'elle connait son premier enfant, Marie, en 1145, suivi cinq sans plus tard d'une deuxième fille, Alice. Tout change avec son deuxième mari, le fougueux Henri, dix-huit ans, à qui cette femme expérimentée de trente ans donné tout de suite un fils.
Page 31 et 32
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Dans sa violence, l'attaque n'est pas seulement morale, elle devient sociale, et l'on devine des regards inquiets, embarrassés, choqués, chez les assistants, nobles parents de l'illustre défunt.
Page 83
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L'Angleterre a un système de droit commun beaucoup plus avancé que le continent. Les documents législatives, les Assises, s'appliquent à tout le royaume, et l'ordre public est assuré par les sheriffs, agents du pouvoir central qui sont en même temps des nobles locaux. Dotés de grands pouvoirs dans tous les domaines, ils ne sont pas exempts d'arbitraire et de corruption, mais ce sont le plus souvent d'efficaces rouages du gouvernement local.
Page 19
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L'Angleterre n'en est qu'un élément, qui n'est même pas le vaste ni le plus peuplé, mais qui est le mieux organisé et qui grâce à la Manche constitue un refuge hors d'atteinte des ennemis potentiels venus du continent. Le gouvernement en est assuré par la Curia regis, la Cour du roi, réunion restreinte de barons, prélats et toute personne convoquée par le roi suivant les affaires à traiter. Sa compétence est universelle, et elle peut aussi bien jouer le rôle de cour de justice que d'assemblée administrative ou financière.
Page 18
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Car toute religion a ses modérés et ses extrémistes, ces derniers se considérant comme l’élite des purs, chargés d’une mission sainte d’épuration morale de la société. Tant qu’il y aura des religions, il y aura des cabales de dévots.

Épilogue
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Et puis, en cette fin du XVIIe siècle, le climat culturel a changé. Certes, le pays est gouverné par un couple de dévots, le vieux roi et Mme de Maintenon, mais ils sont désormais en décalage avec l’opinion de l’élite intellectuelle. On est en pleine « crise de la conscience européenne » : l’heure n’est plus à la dévotion, mais à l’esprit critique. Voltaire est né deux ans plus tôt ; c’est l’aube du Siècle de la Raison. Les Annales vont dormir sur une étagère de la bibliothèque des dominicains de la rue Saint-Honoré, puis à la Bibliothèque Nationale à partir de 1793. La Compagnie du SaintSacrement ne renaîtra pas.
Tout au moins pas sous ce nom. Mais le parti dévot, lui, ne meurt pas. Phénix ou serpent de mer, comme on voudra, il ne cesse de renaître ou de refaire surface, cabale devenue lobby, toujours actif, depuis le Saint-Sacrement jusqu’à l’Opus Dei, véhicule d’un activisme religieux, intégriste ou fondamentaliste, qui connaît un inquiétant regain de pouvoir dans le contexte des résurgences religieuses du xixe siècle et de leurs succédanés des xxe et xxie siècles.

Epilogue
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Deux ans plus tard, en 1673, c’est à Dijon qu’apparaît une association qui reprend les objectifs et les méthodes du Saint-Sacrement. Elle est dirigée par un prêtre exalté, Bénigne Joly, qui proclame son intention de purger la ville des « outrages dont les impies et les libertins déshonoraient Dieu. » Il recrute une véritable milice dévote – que son pieux biographe appelle « une armée d’anges fidèles et zélés » –, qui espionne, dénonce, agresse, kidnappe les pécheurs, et surtout les pécheresses. (...)
L’année suivante, 1678, Bénigne Joly, fléau de Dieu autoproclamé, lance une violente campagne contre les prostituées, déclarant « qu’il n’y avait point de supplice assez rigoureux pour elles », et que, « comme des empoisonneuses de fontaines publiques, elles méritaient qu’on les fît brûler toutes vives. » Faute de pouvoir leur infliger ce châtiment, il loue un local dans lequel il fait enfermer les filles qu’il fait capturer, et il appelle cette prison la « Communauté du Bon Pasteur », établissement charitable pour femmes et filles pénitentes.

Épilogue
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La Compagnie du Saint-Sacrement est morte, mais la cabale des dévots est un phénix qui n’a pas fini de renaître de ses cendres jusqu’à nos jours.

Épilogue
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La Compagnie du Saint-Sacrement est morte, mais la cabale des dévots est un phénix qui n’a pas fini de renaître de ses cendres jusqu’à nos jours.

Épilogue
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