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3.75/5 (sur 22 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Vieux-Rouen-sur-Bresle (Seine-Maritime) , le 20/06/1910
Mort(e) à : Béziers (Hérault) , 1993
Biographie :

Louis Leboucher, dit Georges Mounin, est un linguiste français, professeur de linguistique et de sémiologie à l'Université d'Aix-en-Provence.

Ses œuvres traitent un vaste ensemble de sujets, allant de l'histoire de la linguistique à la définition de celle-ci et de ses branches et problèmes traditionnels (sémiologie, sémantique, traduction...) à sa relation avec d'autres domaines de connaissance (philosophie, littérature, dont la poésie en particulier, société).

Marxiste strict dans le domaine social et historique, il fut également un spécialiste de l'Italie de la Renaissance.

Source : Wikipédia
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Bibliographie de Georges Mounin   (20)Voir plus

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La traduction, donc, est un contact de langues, est un fait de bilinguisme. Mais ce fait de bilinguisme très spécial pourrait être, à première vue, rejeté comme inintéressant parce qu'aberrant. La traduction, bien qu'étant une situation non contestable de contact de langue, en serait décrite comme le cas-limite: celui, statistiquement très rare, où la résistance aux conséquences habituelles du bilinguisme est la plus consciente et la plus organisée; le cas où le locuteur bilingue lutte consciemment contre toute déviation de la norme linguistique, contre toute interférence –ce qui restreindra considérablement la collecte de faits intéressants de ce genre dans les textes traduits.
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Au contraire de ce que pense Valery, ce n'est pas parce que tel langage est éternel qu'il y a poésie; c'est parce qu'il y a poésie, qu'il devient éternel. Il ne s' agit pas d'abord d'éterniser son langage : il peut y avoir des lois pour exprimer ses émotions, il n'y en a pas pour les éprouver. Ce n'est pas la matière linguistique qui doit être indestructible, c'est ce que l'homme a voulu lui faire dire. Sinon, l'on aura écrit pour les Athénée à venir, les philologues et les compilateurs, les historiens de la langue et de la littérature : mais non pour les hommes. C'est une émotion d'abord et qui le vaille, qu'il faut éterniser. (p. 105)

La poésie

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En règle générale, ce n'est pas à la lecture qu'on reçoit le poème. Ni à la première lecture, évidemment, ni à celles qui suivent bien souvent. (Non qu'on ne puisse être ébloui, frappé; bien au contraire.) L'esprit sensible aux poèmes, mais fruste encore, inexpérimenté, s'étonne parfois, se décourage à constater ceci : qu'il a envie de prendre un poète préféré, qu'il le prend, qu'il le lit, - et qu'il ne se passe rien. Quelquefois nous savons que le poème est beau, mais nous ne le sentons pas; ou bien, avec désespoir, nous ne le sentons plus. Nous croyons que le poème est devenu aride, alors que presque toujours c'est nous qui le sommes. La lecture est acquisition, la plupart du temps, et non possession. Les vrais lecteurs des poètes le savent bien, les poèmes ne se lisent pas, on les fréquente, on les sait par coeur, à son insu même. Puis un jour, au hasard, une émotion personnelle interrompt votre méditation, votre rêverie, votre travail, n'importe où : la création du poème par le lecteur est une opération parallèle à celle du poème par le poète. Pour le lecteur aussi la poésie est involontaire, l'authentique rencontre avec la poésie et non l'échauffement artificieux sur un texte. (p. 44)

Plaisir au poème
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J'aperçois aussi deux poètes parmi tant d'autres, pour avoir marqué, mais dans une langue d'une propriété admirable, ces rapports entre deux modes de connaissance distincts, qu'ils ne confondaient ni n'opposaient : "La poésie écrit Wordsworth, est le souffle et l'esprit subtil de tout savoir; l'expression passionnée qui se lit sur le visage, de toute science". et dans sa Defense of Poetry, Shelley : "Poetry is at once the center and circumference of knowledge... It is at the same time the root and the blossom of all other systems of thoughts" - "La poésie est à la fois le centre et la circonférence de la connaissance... Elle est en même temps la racine et la fleur de tous les autres modes de penser. " (p. 94)

La poésie
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Prenons le cas du mot français bouc. Son sens peut être acquis, soit par définition déictique ou référentielle (on montre à l’enfant l’animal) ; soit par définition linguistique (on lui dit que le mot signifie : mâle de la chèvre) ; soit en extrayant la signification de ce terme des contextes variés dans lesquelles il est apparu pour un locuteur (et rien n’empêche, à cet égard, que certains francophones conçoivent assez longtemps le bouc comme une espèce particulière, et non le mâle de la chèvre). Et déjà ces trois cas sont bien différents quant aux connotations qu’acquiert le terme : à qui n’a jamais senti l’odeur à la fois suffocante et nauséeuse, inimaginablement puissante aussi, du bouc, il manquera toujours une connotation capitale du terme, même si le locuteur en question sait que le bouc sent mauvais, particulièrement mauvais. Mais, de toute façon, la signification du mot « bouc » obéira, pour chaque locuteur, à la règle indiquée par Bloomfield : « la signification n’est rien de plus que le résultat des situations dans lesquelles il a entendu cette forme ». Ceci implique que la signification au sens de Bloomfield tend vers la compréhension totale du mot bouc au sens des logiciens, c’est-à-dire l’ensemble des caractères inhérents à l’être dénoté par ce terme (y compris la compréhension subjective du terme, l’ensemble des éléments émotionnels, « additionnels », attachés au terme). La signification du terme est donc susceptible de s’enrichir indéfiniment. Si le locuteur est campagnard, de tout ce qu’il verra sur le comportement, génital par exemple, du bouc. Ou, s’il est citadin, de tout ce qu’il arrivera qu’il lise sur la salacité du bouc. Lorsque le locuteur utilisera ou entendra l’expression : « c’est un vieux bouc », la connotation péjorative du terme ne sera pas du tout la même, en énergie, dans les deux cas.
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Char est un de ces voyageurs interstellaires dont l'imagination parcourt le continuum espace-temps sans recourir au véhicule des métaphores poussives et soigneusement construites. (p. 61)

Paraphrase
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Char a commencé lui aussi très tôt, plus peut-être que nul autre, cette correction expérimentale du surréalisme; et l'a faite à mon sens plus totale. Doué d'un élan poétique antérieur à toute formule, il confronte les lois qu'on lui propose avec ce qu'il sent qu'il faut faire. En d'autres termes, il ne va pas de la formule poétique au fait poétique (ceci est poétique parce que conforme à la définition de l'image surréaliste); mais de la donnée poétique dont il possède en soi le sens irrécusable, à la formule (telle expression est bonne parce qu'elle exprime ce que je sens qu'il faut traduire). [...]
René Char se distingue par son extrême attention à la poésie elle-même, qu'aucune question secondaire de métier ne lui fait jamais perdre de vue. Sa méditation reste essentiellement une méditation sur la présence de la poésie; et non sur les moyens de la poésie. Toutes les discussions sur les mille et une manières de creuser des fontaines ne le détournent jamais de penser à l'eau sans laquelle les fontaines sont des édifices inutiles. (p. 77)

L'apprentissage de la poésie
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Rilke affirme que « presque tout ce qui nous arrive est inexprimable », et que « au fond, et précisément pour l’essentiel, nous sommes indiciblement seuls ». Un disciple de Humboldt, au début de notre siècle, a formulé la théorie absolue de cette situation, c’est Nicolas Roubakine. Il affirme « qu’un livre n’est pas autre chose que la projection extérieure de la mentalité du lecteur » (« un livre, dit-il aussi, c’est ce qu’on pense de lui […]. Personne ne sait rien des livres que les impressions et opinions qu’il en a. ») Ou encore : « Il est indispensable de se défaire de cette idée trop répandue que chaque livre possède un contenu qui lui est propre, et que ce contenu peut être transmis, lors de la lecture, à n’importe quel lecteur. » Peut-être personne au monde n’a-t-il jamais réellement compris les fables de La Fontaine ? En France, l’œuvre entière d’un des critiques littéraires les plus doués d’aujourd’hui, sinon l’un des plus connus, — Maurice Blanchot —, s’appuie sur l’analyse éternellement reprise de ce paradoxe irritant pour la littérature, que « toute communication directe [au moyen du langage] est impossible ».
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Pour Saussure, le sens d’un mot dépend étroitement de l’existence ou de l’inexistence de tous les autres mots qui touchent ou peuvent toucher la réalité désignée par ce mot : le sens du mot "redouter" se voit délimité par l’existence d’autres mots tels que "craindre", "avoir peur", etc.… dont l’ensemble forme, non pas un inventaire par addition, mais un système, c’est-à-dire une espèce de filet dont toutes les mailles sémantiques sont interdépendantes. Si l’on déforme une maille, toutes les autres se déforment par contrecoup [...] Si certains mots du système "redouter", "craindre", "avoir peur", "être effrayé", "trembler que", "n’être pas tranquille pour", etc.… n’existaient pas en français, le sens du signifiant « craindre », par exemple, recouvrirait toute l’étendue de ses significations apparentées.
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Le message véhicule généralement, en plus de son contenu proprement linguistique, des indices ou des symptômes qui renseignent l'auditeur sur le locuteur lui-même, sans que celui-ci ait l'intention de les communiquer.
Sa voix nous renseigne souvent sur son âge, son sexe, sa corpulence peut-être, son état de santé, son origine géographique, son classement social, son état d'âme du moment.
(page 51)
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