Travaux de
Georges Navel
Il a d'abord été longtemps ouvrier d'usine, en effet. Ce défricheur du bled, cet arracheur de souches, ce coupeur de lavande, ce terrassier, cet apiculteur, que tour à tour ont fait de lui le temps, sa fantaisie, l'occasion, l'aventure, a été ajusteur chez Renault, chez Berliet, chez Citroën.
C'est le désordre de la guerre et ce grand remuement des choses et des gens qui l'ont décidément pris un jour à Paris et poussé vers les champs, le soleil et la mer qui déjà l'avaient attiré.
Ce qu'il me dit, et ce sont choses qu'il ne semble pas qu'avant lui on ait dites, c'est l'effort ouvrier, le plaisir de cette maîtrise des mains faite d'un long acquis et de patients sacrifices, de cette adaptation du corps, de cette ruse du corps en prise avec la matière difficile "qui n'obéit qu'à certaines mains", le plaisir d'exercer certaines facultés qu'on n'aurait pas attendues là, "qui tiennent de la science du boxeur et de l'intuition de l'artiste".
Navel s'étonne et s'enchante de ce que des gestes en apparence routiniers peuvent engager d'intelligence et par là dégager de joie...
(préface signée Paul Géraldy insérée en début de l'édition parue chez "Folio" en 1979)
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