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3.4/5 (sur 5 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Fécamp , le 01/01/1882
Mort(e) à : Paris 10e , le 02/12/1946
Biographie :

Georges Normandy, pseudonyme de Georges Charles Segaut, est un écrivain, dramaturge et critique littéraire français, admirateur et ami de Jean Lorrain.

Source : wikipedia
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
SONNET
Ha ! que je porte et de haine et d'envie
Au médecin qui vient, soir et matin,
Sans nul propos tâtonner le tétin,
Le sein, le ventre et les flancs de ma mie !
Las ! Il n'est pas si soigneux de sa vie
Comme elle pense ! Il est méchant et fin.
Cent fois le jour il la visite afin
De voir son sein qui d'aimer le convie.
Vous qui avez de sa fièvre le soin,
Parents, chassez ce médecin bien loin.
Ce' médecin, amoureux de Marie,
Qui fait semblant de la venir panser.
Qu'il plût à Dieu, pour le récompenser,
Qu'il eût son mal et qu'elle fût guérie !
Konsard
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On n'a pas su comprendre Lorrain. On n'a pas su voir que ce malade cachait son mal par tous les moyens ; on n'a pas voulu, peut-être, discerner que son ironie féroce, d'apparence, n'était qu'une amusette de grand enfant esclave des mots, — et pour n'avoir pas distingué tout cela, on a nié son talent, on l'a satisfait en refusant de reconnaître les qualités si rares dont il fut orgueilleux à juste titre, on a eu la criminelle injustice de lui faire dire dans ce rire spécial ou se montrait toute la souffrance qu'il voulait dissimuler : « Ce qui m'aide à vivre c'est de savoir que je suis odieux à tant de gens ! » Ah ! Jean Lorrain était bien trop fier pour avouer ses détresses, ses souffrances et ses regrets.
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La poésie doit, dit-il, refléter les idées et les préoccupations de ce temps et ne plus s'attarder aux routines du passé... Elle doit exprimer, selon le mode le plus général, les pensées directrices de l'humanité vers l'idéal nouveau... Ce que le Peuple veut simplement, c'est plus de justice, plus de raison, plus de savoir; c'est que les hommes deviennent meilleurs puisque nous cherchons à les faire moins malheureux. Cet idéal n'est inférieur à aucun autre, et il a cet avantage de ne contenir qu'une part minime de chimère. Il est possible à réaliser. Il est cependant assez beau pour tenter les poètes.
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L'ARCHANGE
...Or l'archange gardait le fabuleux jardin,
Impassible, immortel, sans voir et sans connaître
Les siècles qui roulaient au-dessus de l'Eden.

Son regard résorbé, sur l'ordre de son maître,
Comme au trône éternel, contemplait l'Infini,
Dans ce verbe émané de la bouche de l'Être.

Son aile ouvrait une envergure de granit
Et les pieds sans repos de sa veille inlassable
S'incrustaient dans le seuil clos à l'homme banni.

Le glaive haut dardait une flamme immuable :
Et, de le voir brûler ,au lointain horizon,
Les fils tristes d'Adam s'abîmaient sur les sables.

Son ardeur accablait leur naïve raison ;
Et leurs yeux neufs blessés à leur lumière torse,
N'osaient plus s'évader du mur de la prison.

Ils peinaient, aux travaux maudits livrant leur force;
Ils râlaient, la sueur au front, les sombres rois !
Et leur peau se fendait comme une vieille écorce.

Ils disputaient la glèbe aux pieds traîtres des bois;
Et les dures moissons de la terre méchante
Manquaient aux noirs sillons qu'avait creusés l'effroi.

Et toujours ignorant de l'humaine tourmente.
Symbole morne des tendances sans appel.
L'ange trouait la nuit de sa lame sanglante

Et les hommes étreints par la haine du ciel,
Entre un double horizon que répétait le glaive,
Sentaient l'âpre regret tarir leurs yeux mortels.

Ils cherchaient, au mirage inquiet de leurs rêves,
L'Oasis inconnue où jamais n'entreront
La race lamentable empreinte au péché d'Eve.

Quand l'orage inclément sur leurs chaumes hurlait,
Ils pensaient à la flûte idéale des brises,
Dans l'aurore sans fin au coeur des rameaux frais.

Et tandis que l'hiver mordait leurs faces grises,
Que la neige, chassée au fouet ivre des vents,
Comblait le fossé lâche où le faux pas s'enlise,

Ils songeaient, sous les églantines du levant,
Aux loisirs parfumés de l'herbe printanière,
Au pied de l'arbre altier où parlait le Serpent.

Mais la crainte de voir, regardant en arrière,
La vengeance de Dieu flamboyer dans la nuit,
Et l'horreur de la mort enchaînaient leurs paupières...

Pourtant, longtemps après, comme gorgés d'ennui.
Un soir, ils soulevaient leurs prunelles farouches,
Encore hantés du vol de leurs songes enfuis.

Un cri, jailli soudain expira sur leur bouche,
Et l'angoisse serra leurs flancs d'un tel étau
Qu'ils durent s'appuyer, stupides, à leurs couches.

Au fond des cieux brillants de limpides joyaux,
'Leur regard incrédule en vain fouilla... Le glaive,
Le glaive n'était plus sur le ciel libre et beau!

Alors comme un grand vent subitement s'élève,
Propage une onde grave au front des bois songeurs,
Et roule sans mourir sur l'arène des grèves.

Un titanique espoir enfla soudain leurs coeurs ;
Leurs mains, vers l'horizon, fiévreuses, se tendirent,
Et sans attendre l'aube et ses pâles rougeurs,

Adolescents nerveux dont saccadaient les rires,
Vieillards, enfants, l'épouse au poing fort de l'époux,
Dans des rumeurs de flots leurs exodes partirent.

On eut dit une mer aux incessants remous;
Leur flux passait des monts, s'étalait dans les plaines.
Forçait le hallier fauve où s'étonnaient les loups ;

Et palpitant d'orgueil sur leurs vagues hautaines.
Mêlant à l'océan l'émoi de la forêt,
S'échevelaient, brandis, de verts rameaux de chêne.

Sur leurs fronts, l'Allégresse aux cris ardents courait;
a Nos flancs enfanteront sans deuil ! » chantaient les mères ;
L'aïeul : « Nous n'aurons plus la crainte des cyprès ! »

Le pauvre : « Nos haillons s'ourleront de lumière ! »
La vierge : « Un pur amour gonfle à jamais nos seins ».
Et tous : a Nous monterons au trône de la terre ! »

Et le bruit de leur joie et de leurs pas lointains
Que les ailes des vents portaient dans l'étendue,
Un peu pareil au vol bourdonnant d'un essaim,

Puis à l'onde en rumeur dans les brumes perdue,
Océan proche enfin aux géantes clameurs,
Vint battre de l'Eden la porte défendue.

L'archange contemplait le Verbe du Seigneur:
Il frissonna soudain dans l'extase et l'ivresse,
Saisi qu'un choc mortel pût ébranler son coeur.

« Qui donc m'arrache à Dieu? » s'écria sa détresse.
Mais comme aux champs impurs ses yeux voyaient bouler
Dérisoires, l'audace humaine et la faiblesse;

« Maitre, ton glaive ardent, dit-il, va les brûler! »
Et levant son regard confiant vers les nues,
Il parlait an Très-Haut, du firmament voilé.

Mais... ciel! où s'arrêtait sa prunelle éperdue?
Quel dôme obscur cachait le paradis serein ?
Et quel arbre crispait ses branches inconnues

Autour du glaive noir comme un tison éteint?
« Dieu ! » cria-t-il. — L'appel revint. — « Dieu !» — Le silence...
" Et les hommes toujours montaient vers le Jardin.

Alors, sentant faiblir l'inutile vaillance,
A l'envol triomphant des rameaux enlacés,
Hagard, il devina l'Arbre de la Science.

C'était Lui !... Sur l'Eden sa force avait poussé,
Siècle à siècle, couvrant le jardin de sa sève;
Et voici que, raillant l'enceinte du fossé,

Il défiait le ciel, il enchaînait le Glaive,
Et, mûr, sa branche offrait l'inaltérable fruit
Aux nouveaux dieux issus du songe antique d'Ève!

Et l'archange mourut, sans comprendre la nuit.
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La force des choses mène l'Humanité dans certaines directions malgré des élans trop brusques que compensent d'ailleurs des divagations, des rétrogressions et des arrêts inévitables.
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L'amour, cet enfant libertin,
Hait tout ce qui sent le ménage.
Sa mère, pour être volage,
Ne perd rien de son air divin.

abbé de Chaulieu, Billet
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La frivolité, le sarcasme, l'intempérance et l'érotisme ne sont, souvent, que des masques destinés à cacher l'Angoisse, le Désespoir... ou la Sagesse.
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« L'heure qui passe! » Ah! le bon titre que voilà pour un livre d'évocation parisienne ! Car c'est surtout à Paris, dans l'immense va-et-vient des idées et des foules, que l'heure brûle les étapes, à peine posée sur le cadran. Les martins-pêcheurs ne filent pas plus vite entre les rives de la Seine. Elle n'est pas toujours aussi jolie queux, le ciel n'ayant jamais assez de bleu pour l'apurer comme il le voudrait : mais elle leur ressemble tout au moins par la fantastique rapidité de l'essor, même quand elle est toute baignée de ténèbres et quelle n'a qu'une pauvre goutte d'ombre au bout du bec. Cet essor est, d'ailleurs, si invariablement pittoresque, en dépit de son perpétuel recommencement, qu'un artiste, épris de mouvement, de vie et d'imprévu, ne pourrait pas le souhaiter ou le rêver autrement.
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J'aime les quais, j'aime les ports
Plantés de mâts chargés de toile ;
J'aime la mer sous les étoiles,
J'aime la mer sous le ciel d'or.

Cuirassés d'escadre ou vapeurs,
Bricks de commerce ou yachts de courser
Luisants et clairs comme des sources,
Moteurs battant comme nos coeurs,

Je vous admire et vous envie,
Vous nous invitez aux départs...
Je voudrais pouvoir sans retard
Vous suivre tous. — toute ma vie !

Partir cent fois, partir toujours,
Aller vers des terres nouvelles,
Sous les voiles qui sont les ailes
Des navires géants et lourds,

Fuir les hommes et la douleur
D'aimer qui ne peut vous comprendre,
Et n'avoir plus à se défendre
Des importuns et des menteurs,

Vivre sur les flots anonymes,
Toujours mouvants, toujours fleuris,
Songer à ceux qui ont péri
Sous ces monts bleus aux blanches cîmes !...

Ils sont morts, jadis ou naguère,
Loin de tous, sans râles, sans cris,
Seuls !... Moi, j'aurais un grand mépris
Du trépas, si loin de la Terre.

Pas de familles éplorées
Autour d'un triste moribond...
Ah ! pouvoir faire le Grand Bond
Dans cette immensité moirée !

Ne point songer à ceux qu'on laisse,
Ne point se savoir regretté,
Disparaître un matin d'été,
Sombrer comme une lueur baisse...

Avoir vu tous les horizons
De notre monde... avant les autres !. .
Le Gange où des gavials se vautrent,
Le Far-West peuplé de bisons,

Le Japon fleuri de glycines,
Les vallons où croît le cyprès,
Les plaines, les lacs, les forêts...
Le soleil, la neige, la bruine

Sur tous les sites, sans repos !
Après avoir vécu, sans but ni trêve,
Une existence ardente et brève,
Parmi l'infini bleu des eaux !...

Ainsi, devant l'âtre où l'on tisonne, je fais danser dans ma mémoire, comme les flammes que je vois, des rimes, — de folles rimes d'aman !
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Il descendit à Toulon. Je le vis s'éloigner, après un dernier signe de la main, raidi dans son attitude indifférente ou narquoise suivant les heures, sous les regards stupéfaits de la foule. C'est ce qu'il appelait « ameuter la basse rue ». Et pendant que la « coupe-vent », luisante et noire, se ruait, à travers les vignes, vers Marseille, vers Paris, « la ville empoisonnée », je craignis ce qui est advenu. Bien qu'il eût tracé, de son écriture d'enfant nerveux, cette ligne harmonieuse : « Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve », je ne devais plus le revoir jamais...
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