Georges Rémond (II)

J’avoue que j’ai pris mon temps, mais quelle découverte et quel plaisir de chevaucher en compagnie de Georges Rémond, au milieu de la caravane, sur cette route depuis les territoires du Sud tunisien jusqu’à l’Égypte, à travers la Tripolitaine, le désert de la Syrte et la Cyrénaïque. Nous sommes en 1912, la guerre de colonisation par les Italiens commencée en 1911, prélude à la Première Guerre mondiale, très peu connue, nous réserve quelques surprises. L’armée italienne, forte en hommes et en matériel se retranche dans des places fortes conquises et ne cherche pas à affronter les soldats turco-arabes qui pourtant ne cessent de réclamer l’affrontement et n’obtiennent que « des escarmouches ». Cette guerre d’ailleurs, le peuple l’aime car « elle a été la pacification du pays. Voilà bien la première fois que tant de tribus se trouvent réunies l’une à côté de l’autre, sans se précipiter aux armes pour se massacrer. » Ainsi paradoxalement, c’est sans encombre, si ce n’est ceux habituels d’un tel voyage, que ce reporter du journal « l’illustration » accomplit sa traversée qu’il nous fait découvrir magnifiquement dans ses notes et par ses photos. Des paysages oniriques qui ont fait ressurgir en moi les impressions vécues devant certains tableaux de Dali, quand le vide donne aux objets ou personnages une importance prépondérante, ceux aussi de Van Gogh pour la couleur de son ciel étoilé et ce jaune si particulier. Un dépaysement total et une découverte sublimée par ces notes sensibles et poétiques. Et puis il y a la rencontre avec les peuples turcs et arabes que nous apprenons à mieux connaître sous la plume évocatrice de l’auteur et qui fait voler en éclats nos préjugés. Le moins que l’on puisse dire est que cette région est terre de contrastes, que ce soit dans sa géographie, son climat et dans le caractère de son peuple. Un très beau et très intéressant récit que je vous souhaite de découvrir. Je remercie « masse critique » et les Éditions « Turquoise » de ce très beau présent.

Quel périple ! Qui aime la Libye et le journalisme ne pourra qu'être séduit par cet ouvrage déjà ancien.

On trouve dans les mots de Rémond une âme fascinée par ce magnifique et âpre pays, par sa population fière et sauvage, par ses officiers turcs empreints d'esprit de sacrifice et d'idéal.

On découvre au fil des pages, un cœur qui sait encore s'émerveiller de cet "ailleurs" qui touche à l'essentiel, de ces hommes semblables et si différents. Cela fait du bien à lire.

Ces notes de guerre datent de 1912. Elles sont pourtant d'une actualité criantes. Les caractères décrits ne me semblent pas avoir beaucoup évolués. Certains traits se sont même amplifiés traçant de profondes lignes de fracture entre deux mondes.

Mais plus que cela, la pertinence de ce carnet de voyage tient surtout au fait qu'il démontre que notre vieil Occident n'a que peu appris de son vingtième siècle. Nos récents agissements en Afrique du Nord, au Proche ou au Moyen-Orient sont hélas la répétition des erreurs de nos pères. Ces leçons sont bien difficile à entendre pour notre orgueil.

Rémond est un Lawrence d'Arabie qui s'ignore, touché au cœur par l'âme arabe et le dépouillement minéral et littéral du désert. Une passion qu'il sait faire résonner avec verve, réalisme et un brin de romantisme désuet. Un vrai plaisir de lecture !

Intéressant témoignage historique que ces notes d'un journaliste ayant parcouru la Libye en 1911 et 1912, pendant la "guerre" italo-turque dans cette région du Sahara. Passionnante plongée dans la vie saharienne et ses scènes de voyage. Un texte qu'il faut prendre le temps de découvrir car construit dans une narration pas toujours très rythmée mais attachante. Les illustrations d'époques sont aussi très éloquentes. A découvrir pour les plus intéressés par cette époque et cette géographie.