[...] ... [La concierge] s'était ressaisie. Il continuait :
- "Je puis en tous cas leur demander si, hier au soir, ils n'ont rien entendu. Ils étaient ici ?
- Mme Gouin y était.
- Toute la journée ?
- Oui. Sa soeur est venue la voir et est restée jusqu'à onze heures et demie.
- Et le professeur ?
- Il est parti pour l'hôpital vers huit heures.
- Quand est-il rentré ?
- A onze heures un quart environ. Un peu avant le départ de sa belle-soeur.
- Le professeur se rend souvent le soir à l'hôpital ?
- Assez rarement. Seulement quand il y a un cas urgent.
- Il est là-haut en ce moment ?
- Non. Il ne rentre presque jamais avant l'heure du dîner. Il a bien un bureau dans l'appartement, mais il ne reçoit pas de malades, sauf dans des cas exceptionnels.
- Je vais aller questionner sa femme."
Elle le laissa se lever, se diriger vers la chaise sur laquelle il avait déposé son pardessus. Il allait ouvrir la porte quand elle murmura :
- "Monsieur Maigret !"
Il s'y attendait un peu et se retourna avec un léger sourire. Comme elle cherchait ses mots, l'air presque suppliant, il prononça :
- "C'est lui ?"
Elle se méprit.
- "Vous ne voulez pas dire que c'est le professeur qui ... ?
- Mais non, ce n'est pas ce que je veux dire. Ce dont je suis presque sûr, c'est que c'est le professeur Gouin qui a installé Louise Filon dans la maison."
Elle fit oui de la tête, à regret. ... [...]