Je veux des histoires de ville, des contradictions et des exaltations urbaines, la vie d'aujourd'hui quoi, comme moteur de création. Notre existence appelle un traitement plus complexe qu'une toune folklorique.
Comme j'ai une propension à la rêverie, je me surprends à passer des heures à regarder dehors, en fantasmant sur la vie des gens. Parfois, une remontée d'angoisse me saisit à la pensée que je ne fous rien.
Sur le plan le plus quotidien, quand je déprime à Moncton, je voudrais me retrouver à Bouctouche. À Bouctouche, j'ai la bougeotte pour Moncton. J'ai l'impression que je ne veux plus être où je suis.
Je constatais que je me trouvais dans un lieu privilégié pour écrire, que j'évoluais dans la serre chaude de l'imaginaire par le simple fait de passer à la table de cuisine. À vrai dire, tout ce que j'essayais de comprendre, c'est ce que je faisais ici et comment j'arriverais à en sortir, car j'avais la certitude qu'il fallait aller ailleurs pour écrire.
à jeun ce matin
j'ai lu les poèmes de la ville
comme si quelqu'un m'avait laissé un mot
d'avertissement
Il est des mots
dont la seule mention éveille
la certitude d'habiter un espace
qui répond au sens de ces mots
le téléphone me réveille dans une chambre de motel
en matin de pluie de fête d'action de grâce
je bouscule jusqu'au restaurant
avant de rouler à gorge sèche
jusqu'à moncton
laissant le goût sauvage de ton cou
sur mes lèvres
dans le stationnement d'edmundston