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Critiques de Geraldine Brooks (96)
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1666

Lecture affection pour Géraldine Brooks dont c’est mon troisième roman après le mystérieux « Livre d’Hanna » et l’émouvant « La Solitude du Dr March » qu’au passage je conseille aux amateurs de romans historiques très étayés et malgré tout distrayants.



Lecture récréation par la magie des mots de cette écrivaine longtemps correspondante de guerre, qui sait si bien insuffler un esprit romanesque à des situations abominables.



Lecture malédiction que ce 1666, « Annus Mirabilis » où la peste ravage un d’Angleterre village qui n’obtiendra qu’un médiocre dénouement nonobstant un confinement constant.



Lecture distanciation des êtres réclamée par Michael le Pasteur, qui pourtant n’est pas de l’institut, secondé par Anna, mère-courage, mère-veilleuse, notre héroïne dans ce roman aux accents de maintenant.



Lecture bénédiction quand on a compris qu’est étrangère la Main de Dieu à des pandémies transmises par des puces en 1666 et quelques soi-disant pangolins en 2020.



Lecture protection contre la cupidité, la vénalité et l’avidité de quelques-uns dans des situations extrêmes où il est tellement facile de profiter de la naïveté de la majorité.



Lecture transition entre hier et aujourd’hui où quoiqu’il arrive les tragédies seront de ce monde quelques soient les époques, les lieux et les ethnies et bien évidemment chacun aura à les gérer en fonction de sa sensibilité, de son éducation et de ses croyances.



Lecture transformation car hier n’a jamais été comme aujourd’hui et que demain ne sera plus jamais comme hier.



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Le Livre d'Hanna

J’ai hésité à lire ce livre. J’avais du mal à m’immerger dans l’histoire au départ. Puis j’ai insisté (et il en valait la peine).



Une jeune femme conservatrice de livres anciens se voit confier un ouvrage « la haggadah de Sarajevo ». Elle y découvre des traces insolites et là se révèle son histoire chapitre par chapitre, entrecoupé de la vie de la jeune fille.



C’est un recueil juif, donc vous devinez le récit qui tourne autour de ce livre de sa construction en 1480 jusqu’à son sauvetage en 1940. Roman entre réalité et romance, un très belle ouvrage.





Extrait :



— … Tu sais que je ne suis pas croyant. Mais, Hanna, j’ai passé de nombreuses nuits éveillées ici, dans cette pièce, à me dire que la Haggadah était venue à Sarajevo pour une raison précise. Elle était ici pour nous éprouver, pour voir s’il y avait des gens capables de comprendre que ce qui nous unissait était plus fort que ce qui nous divisait. Que le fait d’être un homme compte plus que d’être juif, musulman, catholique ou orthodoxe.



Bonne lecture !
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1666

J’ai beaucoup aimé ce roman. Nous somme en 1666. Un village d’Angleterre est ravagé par la peste. Ses habitants, guidés par leur pasteur, font le serment de ne pas fuir et de rester dans le périmètre du village afin de ne pas propager la terrible maladie. Dans cet huis-clos étouffant où s’égrènent toutes les passions humaines (folie, peur, bonté, avidité, haine…), Hanna, servante effacée, se distingue par son dévouement, son don de soi dans le soin qu’elle apporte aux mourants. On suit pas à pas Hanna, survivante de la peste, et on assiste à sa métamorphose. Dans les épreuves, elle devient plus forte, plus déterminée. Elle apprend avec avidité. Et pour finir, cette servante obéissante, soumise, sans envergure, devient une femme libre qui fait ses propres choix sans jamais se renier. 1666 est un formidable hymne à la vie. Un grand et beau roman que je vous recommande de lire.
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Le Livre d'Hanna

Le livre d'Hanna est une oeuvre de fiction inspirée par la vraie histoire d'un manuscrit Hébreu connu sous le nom de Haggadah de Sarajevo.



La Haggadah de Sarajevo découverte en Bosnie en 1894, manuscrit orné de magnifiques enluminures.



Son histoire à travers les siècles.



L'histoire d'Hanna, aussi, jeune restauratrice passionnée de manuscrits anciens.

Hanna qui préservera l'art et un élément du patrimoine culturel mondial.



Au fil des pages se dénouent les secrets de ceux qui ont tenu cet ouvrage sacré entre leurs mains.



Des caractères très fins, tracés en caractères arabes révèleront l'artiste qui a peint d'un ton à peine plus foncé que le safran de sa robe les hachures minuscules qui font la particularité de cet ouvrage .

La femme au safran :

"Zahra bint Ibrahim al-Tarek, dite al-Mora à Séville"

al-Mora - ça veut dire la Mauresque.



Intrigue intéressante qui fait des allers retours à travers les siècles, une partie pour ma part qui m'a moins intéressé, mais dans l'ensemble j'ai apprécié.









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Le Livre d'Hanna

Voici un roman comme je les aime : un délicat mélange d'Histoire et d'histoire. Pendant quelques centaines de pages, on remonte le temps à la suite de ce livre vieux de plus de 500 ans, au travers du travail d'analyse et de conservation réalisé au XXIème siècle, on part à la rencontre des différentes personnes qui l'ont eu en main dans des moments tragiques, jusqu'à la naissance des premières pages.

C'est magnifiquement documenté, et ce fut pour moi l'occasion de découvrir de nombreux sujets que j'ignorais, à commencer par la liturgie hébraïque et différentes périodes de l'Histoire des religions en Europe.

Étrangement, ce texte fait écho à tout ce qu'on peut entendre autour de la montée de l'antisémitisme ces dernières années... En fait, je ne suis pas convaincue par cette montée, j'ai plutôt maintenant l'impression que le Monde est globalement anti-sémitique et que ce "sentiment" a été tu ou caché pendant quelques dizaines d'années, mais que finalement tout revient comme avant. Malheureusement l'Histoire est un éternel recommencement.... et c'est bien ce que raconte ce roman.
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1666

1666 était sur ma liste pense-bête depuis le premier confinement en mars 2020. Mais impossible de me le procurer rapidement, les bibliothèques et les librairies étant fermées. Quand j'ai enfin pu l'acheter, l'urgence n'était plus de lire un livre traitant de la grande peste qui ravagea l'Angleterre en 1665-1666.

Arrivée sans doute par bateau dans le grand port de Londres, la peste s'est répandue quand de nombreuses personnes, la cour et les nobles en tête, quittèrent la ville pour se réfugier dans leurs terres, en propageant la maladie.

Géraldie Brooks, pour son roman, se base sur la visite faite à Eyam, un petit village qui s'était auto-confiné, provoquant la disparition d'une grande partie de sa population, mais ayant sans doute permis d'en sauver bien davantage.

Un beau livre, même si la fin est un petit peu trop tirée par les cheveux à mon goût.
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1666

Un roman qui se lit facilement mais très réaliste, très triste et pour tout dire peu ragoutant ! Il raconte la peste bubonique de 1666 dans un village anglais, arrivée de Londres dans les replis d'étoffes.



Le village va être mis en quarantaine à l'instigation du pasteur ce qui va éviter la propagation aux alentours mais pour autant ne va pas protéger les habitants, son mode de contamination est encore inconnu et les principes d'hygiène à peine mieux !



C'est un roman historiquement, anthropologiquement et humainement intéressant avec tous les débordements que peuvent provoquer la foi, la peur, la maladie et l'alcool ! Jusqu'aux femmes accusées de sorcellerie alors qu'elles appliquent des mesures d'hygiène et renforcent l'immunité avec des plantes. L'obscurantisme dans toute sa splendeur !



L'histoire gravite principalement autour de Anna Frith, veuve de mineur d'étain et servante au domaine et chez le pasteur qui va faire preuve d'humanité et de bon sens.



J'ai vraiment aimé les ¾ du livre mais à un moment ça a tourné d'une façon qui ma interloqué, que je n'ai pas appréciée et à laquelle je n'ai pas trouvé de place dans ce récit ! La fin façon “mille et une nuits” pourquoi pas mais ce qui aurait pu me rester en mémoire comme une très très bonne lecture est redescendu au niveau bonne lecture !



Lu dans le cadre du Défi 1001 pages féminines



Challenge PLUME FEMININE 2021

Lecture THEMATIQUE avril 2021 : Plumes féminines
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Le Livre d'Hanna

J'ai lu les soixante-dix premières pages avec beaucoup de plaisir et de curiosité. On y suit les pas d'une jeune Australienne chargée de restaurer la célèbre Haggada de Sarajevo, miraculeusement sauvée suite à l'incendie de la Bibliothèque nationale de Sarajevo en août 1992 dû à l'artillerie serbe.

Le récit alterne entre 1996 et 1941 au moment où les Nazis occupent la capitale de la Bosnie-Hezégovine.

La confrontation entre Hanna et Ozren Karaman, le jeune conservateur de la Bibliothèque m'a rappelé des discussions que j'ai eues à Sarajevo en 1996. D'un côté la confiance en la vie et l'idéalisme naïf de la jeune occidentale, de l'autre la désillusion et le cynisme aigu de la génération bosnienne née dans les années 1970. Après avoir connu le décollage économique de la Yougoslavie dans les années 1980, couronné par les Jeux Olympiques d'Hiver de 1984, quatre ans de guerre civile et 10'000 morts... Depuis, un pays éclaté entre trois communautés, une économie à genoux, une corruption digne de l'Amérique latine, des écarts de niveau de vie entre riches (mafieux) et le reste de la population qui deviennent abyssaux, un chômage de 50% et, last but not least, aucune perspective d'amélioration en vue...

Des scènes de vie qu'il faut avoir vécues pour sentir à quel point les propos de Géraldine Brooks sonnent juste.

C'est aussi l'impression que j'ai eue en lisant le flashback qui narre la séparation définitive (en 1941) entre Lola (18 ans), sa mère Rashela et Dora sa petite soeur. Suite à une rafle allemande, R. et D. se retrouvent enfermés dans la synagogue de Sarajevo avec des centaines d'autres juifs. Lola parvient à entrer par la fenêtre des toilettes et se faufile discrètement jusque vers sa famille. Elle propose à sa mère d'emmener sa soeur, mais celle-ci refuse en arguant du fait que Lola ne pourra s'enfuir que seule dans la montagne. Une scène déchirante qui m'a fait monter les larmes tant elle semble réelle...

J'ai par contre moins aimé la suite qui se déroule dans des époques antérieures pour lesquels je ne ressens pas d'attirance particulière. Mais mon épouse a adoré. Alors pourquoi pas vous ?
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La solitude du docteur March

L’auteur réinvente l’histoire du père des « Quatre filles du docteur March ».

Elle s’est inspirée du célèbre livre de Louisa May Alcott et aussi des journaux intimes et de la correspondance des différents protagonistes pour raconter l’année que le docteur March a passé dans le sud pendant la guerre de Sécession, en tant qu’aumonier.

Nous parcourons donc sa jeunesse et découvrons comment il est devenu un ardent défenseur du droit des noirs. Confronté à des injustices flagrantes, le Docteur March va peu à peu s’intéresser au sort des esclaves.

Par les lettres qu’il envoie et qu’il reçoit, nous prenons également des nouvelles de sa femme et de ses filles.



Ce récit passionnant, mêle l’histoire personnelle d’un homme, entièrement dévoué à une cause à celle de l’Amérique.

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Le Livre d'Hanna

De mon "premier" Geraldine Brooks, je retiendrai surtout le courage et le dévouement doublé d'acharnement de certains hommes et femmes qui un jour ont décidé de risquer leur vie pour protéger l'héritage de leur religion et leur histoire sacrée.



Le rythme est soutenu et le travail de recherche est époustouflant de justesse. La trame qui alterne les périodes et les personnages est tissée dans un décor vivant, toujours en mouvement.

Les descriptions d'anciennes techniques utilisées par les artisans, relieurs et conservateurs sont toujours passionnantes et attisent la soif d'apprendre, de comprendre.



Le taux d'humidité est parfaitement maîtrisé, la lumière et la température juste parfaites et Geraldine Brooks une conservatrice qui brode sur du vélin.





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1666

Ce roman est inspiré de l’histoire vraie du village anglais d’Eyam, dont les habitants en 1666, décidèrent de s’auto-confiner volontairement afin d’éviter la propagation de la peste noire et qui par cette décision (ce sacrifice même, puisque près de deux tiers des villageois furent décimés), sauvèrent probablement beaucoup de vies à travers le pays.



Cette histoire est racontée selon le point de vue d’Anna, une jeune servante qui durant cette période fit montre d’un courage et d’une générosité incomparable.

Elle-même durement touchée par la maladie, elle va être rapidement confrontée à l’ignorance et la superstition qui vont bientôt étreindre le village. La peste qui a tendance à emporter plus facilement les sujets jeunes en épargnant les plus âgés, fait perdre la raison à plus d’un et les plus viles réactions apparaissent : chasse au sorcière, couardise, cupidité…



Au milieu de de tout cela, Anna va se mettre au service de la communauté avec générosité et malgré son manque d’éducation, va apprendre peu à peu à soigner et soulager les malades, s’instruire, étudier les plantes, et au final s’émanciper de sa condition de femme simple et peu instruite.



Ce roman a un goût particulier après la période de coronavirus que nous avons connue. Il nous offre une autre vision du rapport à la mort et à la maladie, au sacrifice et à la solidarité. Ces gens, à l’époque ignorants des mécanismes de la maladie, ont dû faire face à un péril inconnu et terrifiant, bien plus ravageur que celui que nous avons-nous-même connu et ils ont pourtant fait preuve d’une résilience admirable malgré les pertes terribles qu’ils ont subis.



Un très beau roman et surtout le portait d’une femme qui a su gagner sa liberté à force de volonté et de générosité.

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Le Livre d'Hanna

Hanna, restauratrice australienne de livres rares et précieux, se voit confier la mystérieuse Haggadah de Sarajevo pour étude et conservation alors que la guerre en Bosnie vient tout juste de finir. Elle découvre alors dans l'ouvrage vieux de cinq siècles des éléments extérieurs qui pourraient permettre de retracer son parcours. Des flasbacks nous révèlent tout...



Tout avait très bien commencé, avec une intrigue intéressante, une narration plaisante et un premier flashback passionnant. Mais une fois qu'on a passé ça, on comprend très vite la structure du livre qui devient hyper répétitive à la longue, avec à chaque fois les mêmes procédés appliqués à la lettre qui appellent les flashbacks, tout comme la construction de ces mêmes flashbacks qui se terminent à chaque fois en révélant comment le minuscule élément extérieur s'est retrouvé dans le livre. Les chapitres consacrés aux flashbacks deviennent alors très longs, surtout qu'on passe un temps fou avec certains personnages qui font des actions dont on se fiche réellement.

Et puis, passée la moitié, le livre rajoute l'intrigue de la lignée de Hanna, dont on aurait aussi pu carrément se passer. Mais ce n'est pas tout !! On assiste également à la fin à un vol organisé digne d'un film hollywoodien ! Non mais, c'était franchement un peu trop gros et too much.

D'ailleurs, du too much, à la fin, Geraldine Brooks n'en a pas eu assez, car elle a osé créer un hasard tellement énorme que la notion de miracle même ne tient plus.

Bref, d'autres choses me sont personnellement sorties par les yeux, mais au bout du compte, il est fort possible qu'on ne trouve pas ce qu'on était venu chercher avec ce bouquin qui part quand même un peu en vrille. Cela ne m'étonne même pas qu'une adaptation soit en cours d'étude, vu le caractère historico-dramatique de l'oeuvre.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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La solitude du docteur March

Quand on a beaucoup aimé un livre dans sa jeunesse, la tentation est grande de vouloir lire un livre qui prend pour héros l'un de ses personnages. Mais fatalement, l'appréhension de voir l'oeuvre et l'esprit de l'auteur trahis est proportionnelle à la tentation ... aussi, quand le titre de ce roman a attiré mon regard, j'ai un peu hésité, tiraillée entre l'envie d'en savoir plus et la crainte de "dénaturer" mon souvenir d'une lecture de jeunesse ...



Eh bien disons-le tout net : je ne regrette absolument pas cette lecture ! Loin de trahir le souvenir très vif que j'ai des Quatre Filles du Docteur March et de tous les autres romans pour la jeunesse non traduits en français de Louisa May Alcott, ce titre m'a enchanté en braquant un projecteur éblouissant et sans concessions sur un personnage fantôme qui est pourtant présent dès le titre du roman, et dont on ressent bien à quel point il occupe une place centrale dans la vie et l'oeuvre de Louisa May Alcott : le Père (avec un grand P) !



Dans La Solitude du Docteur March, pourtant, ce n'est pas vraiment avec le père que nous avons rendez-vous, mais avec l'homme. L'idéaliste, l'abolitionniste, le rêveur, le mari, l'amant, le soldat pacifiste, le prédicateur et le professeur. Toutes ces figures tourbillonnent dans les pages du roman, sous la plume experte de Géraldine Brooks. Nos découvrons tour à tour le jeune homme pauvre mais ambitieux qui se fait colporteur sur les routes du Sud des Etats-Unis, l'homme fortuné qui tombe éperdument amoureux d'une jeune femme au tempérament explosif et fonde une famille et l'aumônier qui s'est engagé dans la guerre par conviction mais doit faire face à une violence qui le révolte, qu'elle soit dans le camp adverse ou dans son propre camp, et qui va réveiller des souvenirs enfouis profondément dans sa mémoire.



L'auteur nous propose toute une vie dans ces pages, et même plus, car Marmee a aussi droit à la parole dans l'avant-dernière partie du livre, quand elle part rejoindre son mari gravement blessé. Et même si cette partie n'est pas celle qui contient le plus de scènes horribles (elles émaillent tout le roman pour nous rappeler à chaque instant l'horreur de l'esclavage et celle de la guerre), c'est celle que je trouve la plus terrible pour le personnage principal, car elle révèle la somme de mésententes et d'incompréhensions qui s'élève entre deux personnes qui s'aiment pourtant profondément, et qui ont toutes deux la conviction d'agir dans le sens que l'autre souhaite ... triste leçon ...



Les personnages secondaires sont eux aussi poignants et remarquables, que ce soit du côté des esclaves et des soldats ou de celui de l'entourage des March à Concord. On aime particulièrement reconnaître l'irascible tante March, et certain épisode impliquant la petite Beth jette un éclairage nouveau sur le personnage.



Bref, sans hésiter, je recommanderai ce livre à tous ceux qui ont lu dans leur jeunesse et aimé Les Quatre Filles du Docteur March, mais aussi à ceux qui considèrent ce roman comme mièvre et convenu, ils seront sans doute surpris. Je précise que ce livre m'a fait réaliser pour la première fois que les quatre filles du Docteur March et Scarlett O'Hara étaient contemporaines ... oui, je sais, cela semble tomber sous le sens, mais ici, c'est palpable ...
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L'autre rive du monde

Est-ce l'époque lointaine, les premiers pionniers foulant le nouveau monde, les histoires d'indiens, de croyances et de spiritualité, l'accès à la connaissance, une amitié fidèle, une île mystérieuse, ou le personnage féminin si volontaire qui m'ont fait aimer ce roman de Geraldine Brooks ? Un peu de tout cela. Dans une fresque plus romanesque qu'historique, l'auteure nous transporte dans l'Amérique du dix-septième siècle, au temps des premières colonies anglaises, en s'inspirant d'un fait réel : le premier indien, un jeune wôpanââk, Caleb Cheeshahteaumuck sort diplomé de la Faculté de Harvard.

En 1660, quelques pionniers venus d'Angleterre débarquent sur une île au large de Cape Code. Parmi eux, le pasteur John Mayfield s'y installe avec sa famille ayant pour mission d'évangéliser les tribus locales, les Wampanoag, envoûtées selon lui par Satan. Bethia, sa fille, une enfant curieuse et intelligente, rencontre un jour en se promenant dans l'île, Caleb. Une véritable amitié va naître entre eux, ad vitam aeternam. Chacun va s'ouvrir à l'autre avec tolérance, s'enseignant mutuellement leur langue. Alors que l'une découvrira les rites indiens, l'autre entendra les Saintes Ecritures. Ces échanges apporteront à ses deux jeunes gens en devenir un enrichissement culturel certain.

A la suite d'une terrible épidémie au sein de la tribu indienne, Caleb, sans famille, est recueilli par le pasteur Mayfield, qui ne tarde pas à s'aperçevoir de l'intelligence du jeune homme. La vie suit son cours sur l'île avec son lot de joies et de peines. Quand Bethia et son frère Makepiece se retrouvent orphelins, leur grand-père décide d'envoyer l'ainé, Caleb et un autre jeune indien converti à la faculté. L'argent lui faisant défaut, Bethia sera inféodée au directeur de l'école pour permettre à son frère d'étudier.

Cette histoire est racontée par Bethia, à travers le journal qu'elle a tenu de 1660 à 1715. Si elle évoque le parcours incroyable de Caleb, elle parle surtout de sa propre vie avec les épreuves endurées et les instants plus heureux : le décès de ses parents, la terrible condition des femmes, son désir de connaissance, ses amitiés, son amour pour un professeur de Harvard, son île... J'aurai d'ailleurs apprécié en savoir davantage sur le personnage de Caleb, en ayant son propre point de vue. En effet, au fur et à mesure du roman, il passe au second plan, ce que j'ai trouvé un peu dommage.

Malgré cela, on passe un très bon moment de lecture avec cette fresque romanesque où deux mondes, les puritains et les amérindiens, tentent avec difficulté un rapprochement.


Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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La solitude du docteur March

Dans le roman de Louisa May Alcott, le docteur March est le grand absent. Dans ce récit parallèle à l'histoire originale, l'autrice imagine la guerre telle que vécue par ce père de famille. Pour ce faire, elle crée un passé à ce personnage si laconique. On le découvre jeune colporteur dans le Connecticut, vingt ans avant la guerre de Sécession. Dans la demeure d'un riche planteur de coton, il rencontre Grace, belle esclave qui jouit d'un statut particulier, mais qui, par sa faute, subira un terrible châtiment. On suit ensuite le jeune homme et ses engagements nordistes, son mariage avec Margaret, dite Marmee, et sa décision de s'engager comme aumônier quand la guerre éclate. Sur le front, il découvre les atrocités commises par son propre camp et les souffrances des esclaves, bien loin d'être révolues. Et surtout, il retrouve Grace et doit se confronter à la culpabilité qui le ronge depuis des années.



Le roman est le récit du docteur March, agrémenté des lettres qu'il envoie à son épouse et ses filles. Ce fervent abolitionniste, plein d'idéaux et de fougue, refuse cependant d'exposer ses chères « petites femmes » à l'horreur de la guerre. Alors, il tait, il minimise, il détourne l'attention. « Je me disculpe de la censure à laquelle je me soumets : je n'ai jamais promis d'écrire la vérité. » (p. 13) Il chérit ses souvenirs du temps de la paix, de son tendre mariage avec Marmee et de son implication dans le chemin de fer souterrain. Renvoyé du régiment où il officiait, il se voit confier la gestion et l'éducation de la contrebande de guerre, à savoir les esclaves libérés qui apprennent à travailler pour un salaire. « L'abolitionnisme et le pacifisme étaient issus d'une même conviction foncière : il y a quelque chose de Dieu en chacun, et l'on ne peut donc réduire un homme en esclavage, pas plus qu'on ne peut le tuer, même pour libérer ceux qui sont asservis. » (p. 233 & 234)



Geraldine Brooks développe des points à peine évoqués par Louisa May Alcott, comme le caractère impétueux de Marmee, ce qui donne au personnage une épaisseur plus intéressante que sa seule dimension de mère aimante et d'épouse sacrificielle. L'autrice explicite aussi la faillite de la famille March et détaille la maladie du docteur et les soins que lui apporte son épouse. Pour autant, Geraldine Brooks n'a pas cherché à faire du docteur March un homme de notre temps : elle le laisse bien ancré dans son siècle, avec ses certitudes paternalistes à l'égard de sa femme, ses filles et des anciens esclaves. « Au lieu de développer un penchant pour l'oisiveté ou la vanité ou un esprit à qui tout est mâché, mes filles ont acquis énergie, assiduité et indépendance. En ces temps difficiles, je ne crois pas qu'elles aient perdu au change. » (p. 189) Cette histoire s'insère donc très naturellement dans les blancs laissés dans Les quatre filles du docteur March, et ce d'autant plus que les notes finales indiquent que l'autrice s'est inspirée de la famille de Louisa May Alcott pour imaginer son personnage et son texte. Voici une suite/réécriture tout à fait réussie !
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La solitude du docteur March

Certains d'entre vous vont me prendre, encore une fois, pour un rabat-joie. Mon billet sur ce roman se veut beaucoup plus mesuré que ceux enregistrés sur Babelio.



Le principe de donner vie au docteur March, qui n'a pas sa place dans le roman de Louisa May Alcott, est une excellente idée d'écriture. Dans le roman d'Alcott, le docteur est cantonné à un rôle immatériel de mari et de père parti à la guerre défendre une cause noble en cohérence avec les convictions familiales.



Je n'ai pas lu les Quatre Filles du docteur March, j'ai vu les nombreuses adaptations cinématographiques qui font de ce livre, à mon sens, un conte de Noël, ce qui est de circonstance.



Mais le docteur March que propose Geraldine Brooks est une déception. Elle en a fait un personnage trop moderne, que cela soit dans ses idées politiques voire culinaires, puisqu'il est vegan !? de même dans ses actes, il n'agit pas en homme du XIXème siècle. A cela, il est vrai, c'est un personnage qui m'a déplu. Un comportement insupportable, très pontifiant, donnant des avis sur tout, mais incapable de courage. Il le reconnaît lui-même en estimant que bravoure et couardise sont proches. Je lui ai trouvé un aspect anti-héros.



Alors, effectivement, je peux affirmer que je n'ai pas eu mon plaisir à cette lecture, sauf au moment où l'auteure change de personnage principal en passant du docteur à sa femme. Je n'ai pas apprécié ce livre. Cela reste évidemment très personnel
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Le Livre d'Hanna

Une histoire qui fait voyager en Europe et dans le temps....



Hanna, s'aventure petit à petit à la découverte d'un livre médiéval, une Hagada, (livre religieux Juif ) inestimable conservée à Sarajevo.



A travers son travail minutieux, elle va de découverte en découverte. Le lecteur est alors plongé à d'autres époques, l'auteur nous fait remonter le temps et l'histoire de ce livre.



Les chapitres nous emportent tour à tour dans une période de l'histoire où ce livre y a joué un rôle, où les Juifs ont eu une histoire bien particulière souvent douloureuse. Ici point de héros, mais plusieurs héros, des destins romancés et captivants.



Pas de lien entre eux, j'aurai aimé suivre un peu plus chaque personnage auquel on s'attache assez vite. Lorsque nous arrivons à apprécier les finesses de chaque récit, la tranche de vie s'arrête et nous passons à une autre époque.

Cela est certes bien écrit, cela nous captive facilement, mais j'aime bien suivre des personnages du début à la fin, avoir une idée de leur chemin... cela est assez frustrant de les laisser "sur le bord de la route" et d'aller à la rencontre de nouveaux.

De plus, la propre histoire d'Hanna m'a laissée un peu perplexe.

En bref un bon roman historique qui manque d'Un héros charismatique, une lecture bien plaisante cependant!
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La solitude du docteur March

Génial ! Très bien écrit, super bien documenté, un rythme soutenu et surtout, un récit qu'on ne peut pas lâcher !

Si « Les quatre filles du docteur March » est une belle histoire, pleine de tendresse et de courage au féminin, ce roman est l'histoire de son fantôme ou plutôt du personnage toujours absent mais omniprésent en filigrane, le docteur March !

Ce n'est pas une suite, d'ailleurs déjà écrite par son auteur Louisa May Alcott, c'est un récit en parallèle qui respecte le style et surtout l'histoire de cette famille qui vit au rythme des lettres du docteur ; lettres tendres, poétiques, pleine d'amour et de tendresse qui retracent très peu la vie réelle du pasteur en pleine guerre de sécession, en pleine découverte du gouffre entre la réalité philosophique et la réalité tout court !

Chapeau à l'auteure qui d'un beau coup de plume nous offre le questionnement d'un homme bon et cultivé face à une réalité dure et souvent inhumaine avec, en toile de fond, une épouse engagée et quatre filles aimées.

Une superbe idée cadeau en cette période de fêtes :-)
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Le Livre d'Hanna

Avec l'étude de ce livre ancien, on part à travers les époques et les méandres de l'histoire. Un récit bouleversant qui met en scène différents personnages qui ont rencontré ce livre et qui l'ont tour à tour sauvé de la destruction. Hanna, spécialiste des écrits religieux anciens a pour mission d'étudier l'Haggadah de Sarajevo qui refait surface après la guerre dans les Balkans. L'auteur alterne la vie d'Hanna, ses questions, ses rencontres, ses recherches… avec les chapitres qui nous racontent l'épopée de ce livre à travers les continents dans un récit émouvant. Ce sont plusieurs histoires en une qui se dévoilent au lecteur et qui l'entraîne à travers les guerres et la folie des hommes. De Venise à Jérusalem, de l'inquisition à notre époque, c'est une rencontre érudite et prenante que l'auteur nous propose à travers ce récit. Une lecture qui m'a vraiment séduite tant par la construction de ce livre que par l'histoire qu'il nous raconte.
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La solitude du docteur March

Dernière d'une famille qui compte quatre filles et me faisant surnommer Emy, à une lettre près, l'identification était parfaite. Les « Quatre filles du docteur March » ont bercé mon enfance et aujourd'hui encore, je ne me lasse pas de leurs frasques, histoires d'amour et autres inventions. Aussi, quand je remarquai ce livre signé Geraldine Brooks sur l'étagère d'une librairie, l'appel littéraire fut irrésistible ; j'allais enfin découvrir ce que cachait la seule part d'ombre qui subsistât pour moi chez les March.

Au fil de ma lecture, j'ai compris que je m'étais plongée dans quelque chose de bien moins futile qu'une intrigue reprenant l'univers créé par Louisa May Alcott. On connaissait, grâce à cette dernière, la société des années 1860 qui avait subi la guerre de Sécession, n'ayant d'autre choix que de rester au foyer en voyant les hommes partir au front.

Ici, l'auteur dépeint la vie de ceux qui ont pris part au conflit, qui ont caché la vérité des atrocités à leur famille et se sont tus à leur retour. Pour ce faire, elle emprunte la voix du docteur March, humaniste et fervent défenseur de la cause des esclaves ; elle le place aux côtés de grands noms du XIXème siècle, bien réels, ceux-là : Henry David Thoreau ou Bronson Alcott pour ne citer qu'eux.

Si la guerre n'est dans l'histoire originale qu'une ombre planant au-dessus du tableau de l'idéal familial des March, et le père une silhouette un peu moins floue quand vient Noël, Geraldine Brooks insuffle autant de vie que possible à ces deux éléments. Chaque phrase est prodigieuse, rendant le récit d'une réalité géniale ; l'Histoire de la guerre de Sécession est là, mais elle est teintée des sensations du narrateur. Enfin, les valeurs morales des March, si parfaites qu'elles en deviennent parfois exaspérantes, se trouvent fissurées par les doutes, les erreurs, les réflexions qui les traversent, comme tous les hommes, au fond, et achèvent de donner à l’œuvre de Geraldine Brooks ce qui la rend si renversante.
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